« Raul Barboza » par La Chronique d’Amnesty International

Son père, musicien d’origine indienne guarani, lui a acheté son premier accordéon diatonique à l’âge de sept ans et enseigné la musique « à l’oreille ». Dans les années cinquante, le duo fils-père joue dans les bals cette « musique de domestiques », jugée vulgaire par la bourgeoisie argentine. Depuis, Raul Barboza est devenu l’ambassadeur du chamané (qui signifie « improvisation »), issu d’un métissage qui emprunte à la polka, la mazurka, la valse auquel Raul ajoute le swing du jazz... Mais nul n’est prophète en son pays, et c’est en France que le musicien a remporté ses premiers succès. Il y débarque en 1987, sans papiers mais avec son chamané. Onze ans plus tard, le réalisateur Bruno Bontzolskis choisit un extrait de son album La tierra sin mal pour le film Chacun pour soi présenté au festival de Cannes. Une consécration. Chant des ruraux alors que le tango est né dans un contexte urbain, le chamané de Barboza est une musique tellurique, sensuelle et sauvage qui raconte la nature, la terre, le quotidien et le respect de la vie… Car l’homme place son art sous les auspices d’une éthique sans concession. « Jouer, comme faire l’amour, c’est donner sans rien demander », précise l’artiste. Quand il était petit on l’appelait Raulito el mago (le magicien). Devenu grand il confirme sa vocation.
A.C. – LA CHRONIQUE D’AMNESTY INTERNATIONAL