« Deux nouveaux chapitres de l´histoire des musiques caraïbes à Paris » par Jazz Magazine

Frémeaux nous livre deux nouveaux chapitres de l´histoire des musiques caraïbes à Paris. Antilles françaises et espagnoles sont à l’honneur de deux coffrets couvrant des périodes similaires. Dans « Mambo à Paris, 1949-1953 », Eric Rémy nous ouvre la porte des dancings et des studios parisiens en pleine vogue du mambo, alors que le cyclone tropical soufflé par Dizzy Gillespie vient de dévaster Pleyel et que les faces de Charlie Parker avec Machito gagnent le marché français dans le sillage de Perez Prado. Les jazzmen français, qui traversent des heures difficiles, ne tardent pas à se jeter sur ce nouveau gâteau. Chez Eddie Warner (jazzman d’origine allemande ayant fui le nazisme en France), ils trouvent encore quelque place pour l’improvisation, alors qu’elle se fait plus rare chez Henri Rossotti. Quelques musiciens caraïbes prennent la tête de ces orchestres « tropicaux », tel Benny Bennet, Vénézuelien grandi à New York, ou le Cubain Ruben Calzado. Mais, à part les percussionnistes, leurs orchestres sont en grande majorité composés de musiciens français (hélas non détaillés dans les crédits, mais parmi lesquels les « liner notes » nous signalent la présence de trombonistes comme André Paquinet, Benny Vasseur et Charles Verstraete). Certains tiennent même la baguette, tels Aimé Bareli, Jacques Helian et André Ekyan. « Rythmes des Antilles, 1951-1954 » est nettement moins jazzy, même si l’on y croise des personnalités, tels les clarinettistes Sylvio Siobud, Robert Mavounzy et Ernest Léardée, qui est ici la vedette. En annexe, Jean-Pierre Meunier nous offre une intégrale du chanteur et guitariste André Salvador, rapidement oublié dans l’ombre de son frère Henri et dont le jazzfan appréciera plus particulièrement le « Hey ! Ba Ba Re Bop » de 1951 avec l’orchestre d’André Ekyan.
Frank BERGEROT - JAZZ MAGAZINE