TROIS QUESTIONS A... PATRICK FREMEAUX PAR LETTRE DE L'INA


TROIS QUESTIONS A… PATRICK FREMEAUX

PDG de Frémeaux & Associés, Patrick Frémeaux défend le patrimoine sonore, dont il édite, depuis dix ans, les perles rares, une démarche à la fois commerciale, politique et culturelle.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser aux archives sonores ?
Ce qui m’intéresse, c’est le contenu culturel qui existe dans le patrimoine sonore. A cause de la prééminence de la télévision et de l’écrit, tout ce qui touche à l’oralité a été largement mis à l’écart, y compris de la commercialisation. Notre démarche découle donc d’un double souci : mettre à la disposition du public des enregistrements qui ont un caractère historique et culturel fort, et défendre l’oralité comme mode de transmission des savoirs, de la réflexion et de l’émotion. Il me semble important que les discours de Blum ou du Général de Gaulle, mais aussi la lecture de L’Etranger par Camus soient disponibles dans toutes les médiathèques et vendus dans le monde entier.

Comment envisagez-vous vos relations avec l’INA ?
Contrairement à d’autres établissements publics, l’INA a parfaitement compris la synergie possible avec une société privée comme la nôtre. La diffusion des archives sonores est l’une des bases de la conservation du patrimoine, et la coordination entre l’INA et Frémeaux & Associés permet de dépasser le simple rôle de conservation pour s’engager dans un rôle muséographique orienté vers le grand public. L’opposition public-privé me semble d’ailleurs bien dépassée, particulièrement dans l’audiovisuel. Qui dit société privée ne dit pas forcément recherche de rendement économique immédiat. Pour notre part, contrairement à ce qui se pratique en général dans le milieu de l’édition, nous amortissons nos produits sur la longue durée.

Quels sont vos projets pour 2003 ?
Avec l’INA, nous préparons actuellement un coffret consacré à Françoise Dolto et une anthologie de la philosophie en cinq ou six CD, qui permettra d’entendre Sartre, Merleau-Ponty, Bachelard, Jankélévitch, Althusser ou Bergson. Ils expliquent eux-mêmes les notions dont ils ont été les créateurs ou les promoteurs. Ces sont des documents historiques extraordinaires, une remarquable vulgarisation de la pensée française, et c’est aussi une grande première mondiale. Parallèlement, nous produisons aussi des entretiens avec des personnalités importantes d’aujourd’hui. Nous préparons ainsi un disque d’entretiens avec Claude Bolling, qui racontera sa rencontre avec Duke Ellington, et un autre consacré aux relations entre l’humanitaire et le politique, avec Hubert Védrine et Rony Braumann. »

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