« Un chanteur au sommet de son art » par Chants…Songs

« La collection Live in Paris permet de retrouver Yves Montand sur la scène du théâtre de l’Étoile en 1958 et 1962. Un chanteur au sommet de son art.

Montand a débarqué à Paris en février 1944 après avoir fait ses premières armes, maladroitement, sur les scènes méridionales. La rencontre avec Édith Piaf et leur relation de près de deux ans marquera un virage dans sa carrière et sera déterminante pour ses prestations scéniques. C’est sur la scène de l’Étoile qu’il débutera en janvier 1945 en première partie de la Môme. Un an plus tard, il y sera sans Piaf. L’Étoile, une salle de 1500 places située près de la place Wagram, haut lieu du music-hall parisien deviendra un endroit où le chanteur aura ses habitudes.

Dans Live in Paris 1962 + Bonus ’58, on retrouve l’artiste dans un tour de chant peaufiné du début à la fin. Accompagné par un orchestre solide – outre le fidèle pianiste Bob Castella, on y entend , entre autres, Hubert Rostaing, fin clarinettiste, ou Didi Duprat à la guitare – Yves Montand livre une série de grandes chansons, avec quelques titres qui ont moins traversé les époques comme Fumer le cigare ou la belle chanson L’Enfant de Paris, dédiés à Molière.Il y a aussi une belle version d’un futur tube de Claude Nougaro, Le Jazz et la Java, dont Montand partage la création avec un certain Marcel Amont. Une version marquée du coup de griffe du grand accordéoniste Freddy Balta.

Ces concerts sont marqués par la double personnalité d’un Montand, capable de toucher aussi bien le peuple avec une chanson comme Luna Park, La Musique et Sir Godfrey qu’un public plus intello, sensible à ses versions des poèmes de Prévert – Quelqu’un ou la sensuelle Sanguine – de Bernard Dimey ou de Louis Aragon avec deux chansons splendides mises en musique par Léo Ferré (L’Étrangère et Est-ce ainsi que les hommes vivent ?).

Même sans l’image, on perçoit la manière dont Montand sait « incarner », en futur grand comédien qu’il est, une histoire que ce soit dans Les Saltimbanques (un texte d’Apollinaire) ou cette Musique où il met dans la même chanson sur un pied d’égalité Bach, Ravel et… Vincent Scotto, le marseillais de l’étape, sans oublier Luna Park. Sans oublier des textes plus engagés, témoins des convictions politiques de l’artiste à l’époque comme Le Chat de la voisine.

L’Étoile sera démolie en 1964 et Montand chantera ensuite à l’Olympia, notamment pour son grand retour à la scène en 1981. Mais, en ce début des années 60, comme le prouve ces spectacles captés par Europe 1, il est vraiment au sommet de son art et sa voix est magnifique, soutenue par les arrangements de l’orchestre de Bob Castella. Et bien des chansons ici interprétées se retrouveront dans le répertoire de ces futurs concerts. »

Par François CARDINALI – CHANTS…SONGS