« Une affaire de cœur » par Jazz Magazine

Préfaçant cette sélection conçue et commentée par le regretté Alain Tercinet, Alain Gerber pointe ce problème : « Si l’art de Duke Ellington ou d’un Count Basie relève de l’esthétique, celui de Woody Herman fut avant tout une affaire de cœur. C’est sans doute la raison pour laquelle il prétendait – à tort de toute évidence – que ses orchestres n’avaient jamais eu de style qui leur fût propre. » Et si c’est « à tort », ce n’est cependant pas sans raisons que cette « Quintessence » ne paraît pas la plus quintessentielle de la fameuse collection. Réservant les plus tardives de ces faces aux plus fins connaisseurs (qui les traquent sur des peut-être eût-il mieux valu se concentrer sur l’époque où l’orchestre débordait de cet enthousiasme premier qui déteignait sur l’Histoire en cours ou s’imprégnait de ses plus récents soubresauts (du swing au bop, du bop au jazz west coast), notamment du temps où les « Four Brothers » amortissaient du molleton de leurs saxophones (Al Cohn, Zoot Sims, Stan Getz, Serge Chaloff) l’impact rutilant des cuivres du « Second Herd » (le « second troupeau » d’Herman). Mais, si le second de ses deux CD sous-titré « 1952-1962 » ne raconte plus la grande Histoire, on peut aussi bien s’y précipiter pour entendre Conte Candoli, Nat Adderley, Cy Touff, Richie Kamuca et Bill Perkins surgir des arrangements de Ralph Burns, Manny Albam, Jimmy Giuffre et Al Cohn.

Par François MARINOT – JAZZ MAGAZINE