« Délicatesse, classe et musicalité » par Accordéon & Accordéonistes

Depuis l’aventure « Paris Musette » au début des années 1990, Daniel Colin est une star au Japon. Il se produit régulièrement au pays du Soleil Levant où il est considéré comme une sorte de trésor vivant. Il y publie des disques produits par Kenichi Takahashi pour le label Respect Records « French Café Music » (2007), « Chansons d’amour de Paris » (2008), « Mon cœur est un accordéon » (2011). Ils sont en général repris en licence par Frémeaux. C’est le cas pour cet « Rencontre à Paris » (inédite, en tous cas sur disque), enregistrée dans la capitale en mai/juin 2012 pour Respect Records par deux légendes du dépliant : Daniel Colin (accordéon, bandonéon) et Raul Barboza, l’Argentin de Paris roi du chamamé. L’équipe est la même ou presque : Dominique Cravic (guitare, chant), Claire Elzière (chant), Grégory Veux (piano), Laurent Larcher (contrebasse) pour quelques invités ici ou là. Les japonais considèrent l’accordéon et la chanson tendance rive gauche comme de la musique parisienne typique ou éternelle. Au programme donc un panachage de chansons plus ou moins connues, comme Pigalle, la belle version poético-musicale d’A Paris dans chaque faubourg ou La vie, chanson méconnue de Léo Ferré. Elles sont portées par le timbre de la voix magnifique de Claire, à la justesse absolue, ou par celui très particulier de la voix fragile de Cravic. Ce dernier réussit à nous émouvoir sur une scie comme Les feuilles mortes et donne une interprétation haut de gamme, cochantée avec Claire, de Quel temps fait-il à Paris ?, entre émotion et nostalgie. Il y a des instrumentaux divers et variés sur lesquels ces excellents musiciens conjuguent délicatesse, classe et musicalité. Ainsi les titres indifférents de Tony Murena et La foule sont réinventés par un duo d’accordéonistes à la complicité immense et dont chacun fait un pas vers l’univers de l’autre. C’est aussi le cas sur Ferviente ilusion composition de Barboza, ou le mélancolique Spontané, cosigné par les deux. Cravic signe quant à lui un sensible Amigo Amigos tout en légèreté, avec des arrangements aux petits oignons. Certes, tout cela est calibré pour le Japon. Mais ces cadors dépoussièrent le répertoire avec une musicalité et une poésie rares, l’enrichissant de quelques compos bien senties. En tout cas, c’est une rencontre évidente que celle de Daniel Colin et de Raul Barboza, qui poétisent d’un bout à l’autre ? Royal. F.C. – ACCORDEONS & ACCORDEONISTES