GUILBERT YVETTE

GUILBERT, Yvette (1867-1944) auteur, interprète

Elle fait son apprentissage aux Bouffes du Nord en 1885 ainsi que dans de nombreux théâtres parisiens comme les Variétés et lors de tournées. Tout en fréquentant le Chat Noir, elle est engagée en 1889 à l’Eldorado mais quitte le célèbre café concert au bout de deux ans car son genre détonne au milieu d’une programmation trop “grand public” et racoleuse. Elle entre alors à l’Eden-Concert et y impose son personnage de rousse aux longs gants noirs et à la robe de satin vert. Elle obtient le succès avec Je suis pocharde mais la direction de l’établissement lui refuse les chansons de Léon Xanrof. Elle propose également son tour de chant au Moulin Rouge (1890) mais ne se mêle pas aux frasques du French Cancan, préférant poursuivre la soirée au Divan Japonais, endroit qui correspond mieux à ses ambitions artistiques. Elle crée Les Vierges, Le Fiacre en 1892 et, deux ans plus tard, rencontre Toulouse-Lautrec qui, ainsi que Steinlen et Willette, immortalisera sa silhouette. Aux Etats-Unis durant l’hiver 1894/95, elle grave là-bas ses premiers cylindres (La Soularde de Jules Jouy). Elle renoue ensuite avec les plus grandes scènes : Concert Parisien, Scala, Ambassadeurs, Folies-Bergère où elle chante un répertoire choisi chez les meilleurs auteurs et chansonniers dont Bruant et Xanrof (Le Fiacre, L’Hôtel du n° 3, Elle était très bien). En 1900, plusieurs interventions chirurgicales freinent sa carrière bien qu’elle enregistre de nombreux cylindres et disques entre 1897 et 1907. Entre 1915 et 1922, Yvette Guilbert réside aux Etats-Unis – disques en 18 –, tourne en Angleterre – enregistrements à Londres en 28 – en défendant un répertoire de vieilles chansons françaises qu’elle collecte et adapte à sa manière (la Passion du doux Jésus). Elle apparaît également au cinéma muet (“Faust” de Murnau, “Les Deux orphelines” de Maurice Tourneur) et parlant (“Don Quichotte” de Pabst), enregistre à nouveau ses meilleures chansons en 33/34 et publie plusieurs livres.
Diseuse incomparable, Yvette Guilbert savait, avec art, goût, intelligence, esprit, et servie par une diction impeccable, donner du relief à des chansons finement ciselées, souvent drôles et grivoises. Elle excellait également dans les monologues : Le Jeune homme triste, Éros vanné, Son nombril, repris avec délectation par les Frères Jacques. Elle demeure dans l’histoire comme l’une des plus grandes dames de la chanson française et son nom, comme son étoile, n’ont jamais pâli depuis un siècle.
Jean Buzelin
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS BIOGRAPHIE (BIO YVETTE GUILBERT)
CD Toulouse-Lautrec (FA 5074).