« Il reste insurpassable » par Jazz Mag-Jazzman

Treizième volume de cette intégrale Louis Armstrong, concoctée par Daniel Nevers. Avec amour, humour et une érudition qui laisse toujours pantois. Rien, dans le copieux livret, qui n’ait été vérifié, recoupé, justifié par des témoignages de musiciens ou de spécialistes. Un travail de bénédictin. Le moindre doute sur une date, la moindre interpolation de morceau donnent lieu à des investigations dignes d’une enquête policière. Des anecdotes significatives viennent parfois illustrer le propos. C’est assez dire que nous tenons là un texte de référence. Il est consacré à l’année 1947, un tournant dans la carrière de Satchmo qui se voit contraint, devant la crise des big bands, de condenser l’effectif de ses formations et d’adopter la formule du all-stars. Il la conservera, avec de nombreux changements, jusqu’à la fin de sa carrière. A l’époque, il ne réduit pas pour autant ses activités, se multipliant sur tout les fronts, cinéma (New Orleans, A Song Is Born), concerts (au Town Hall, au Symphony Hall), radio (This Is Jazz, Henry Morgan Show), séances de studio. Tout cela, d’un intérêt inégal  - difficile de se maintenir, avec constance sur les sommets ! – ne saurait pourtant laisser indifférent. Ne serait-ce que pour comparer plusieurs versions d’un même morceau. Et se rendre compte que certains partenaires du trompettiste mériteraient d’être redécouverts. Je pense notamment au tromboniste George Brunis, qu’éclipsa plus ou moins le succès de Jack Teagarden. Ou encore au Cozy Cole (Tiger Rag). Quant à Armstrong lui-même, s’il chante désormais plus volontiers que naguère, il n’a rien perdu, à la trompette, de sa sonorité, de son swing, de son imagination. Ni de cet art d’irradier et de communiquer la joie. En quoi il reste insurpassable. Jacques ABOUCAYA/JAZZ MAG-JAZZMAN