« L’émotion d’un texte » par Lire

Seuls le cinéma ou la visite de certains hauts lieux nous ramènent de temps à autre vers le Moyen Age. La littérature de cet âge qui ne se concevait en rien comme intermédiaire n’est souvent, hélas ! qu’un souvenir scolaire. Or, il nous suffit d’écouter Daniel Mesguich lire la Ballade des pendus de François Villon pour être soudain embarqués par l’émotion d’un texte aussi présent à notre cœur qu’à ses contemporains, et peut-être plus car nous l’abordons aujourd’hui à travers le souvenir de Corbières, de Rimbaud, d’Apollinaire et d’autres encore : « La pluie nous a débués et lavés/ Et le soleil dessechés et noircis./ Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés/ Et arraché la barbe et les sourcils./ Jamais nul temps nous ne sommes assis;/ Puis çà, puis là, comme le vent varie,/ A son plaisir sans cesser nous charrie,/ Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre. / Ne soyez donc de notre confrérie, / Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! ». Alain Viala, qui est titulaire de la chaire de littérature française à Oxford et professeur émérite à la Sorbonne, nous propose avec ce cours lumineux de littérature une plongée certes littéraire mais également historique dans cet âge intermédiaire, ce Medium Aevum qui va de la fin de l’Empire romain au XVème siècle où cette notion à été inventée. Prenant place entre deux époques que l’on considérait comme deux sommets, l’Antiquité et la Renaissance, cette période de notre histoire a longtemps été dévaluée même après que les historiens en ont montré la grandeur. JS-LIRE