« L’héritage sonore d’un créateur multicolore » Par Jazz Magazine - Jazz Man

« Vous le croyiez organiste… Eddy Louiss, c’est le Louis Laine de Paul Claudel dans l’Echange, le jeune métis « affamé d’horizon », le nageur insaisissable, pourtant fragile et convoité par le mercantilisme, menacé par le charme irrésistible des métropoles et les tentations autodestructrices de ses nuits folles. D’où la carrière en pointillé, la discographie fantasque, de ruptures en autoproductions, traversées de réflexes d’autodéfense. La discographie d’Eddy Louiss, c’est celle de cet « être musical total », habité par le chant intérieur de la plasticité du rythme jusque dans ses muscles les plus infimes. Vous le croyiez organiste, il est pianiste évidement, mais aussi vibraphoniste, percussionniste, chanteur, trompettiste… Et l’orgue, il le fait tantôt sonner comme un orchestre de balafons, tantôt souffler comme les cuivres d’un big band, tantôt chanter comme une mère qui berce son enfant. C’est l’instrument de l’homme-orchestre, et l’on comprend mieux la fascination qu’exerce sur lui l’univers de la synthèse sonore et de ses claviers à tout faire. La discographie d’Eddy, c’est tout ça, et l’on commencera par la voix. Celle de Pierre, le père, auteur-compositeur, chanteur, guitariste et trompettiste, dont l’orchestre est photographié  au Casino de Trouville en 1957, la trompette à la main avec Eddy à ses côtés. Jean-Pierre Meunier réédita son œuvre enregistrée entre 1965 et 1975. Et l’on surprend ici et là l’orgue, le piano ou le vibraphone qu’Eddy envoyait préenregistrés sur bandes à son père qui produisait déjà lui –même ses disques dans son studio de Martinique à Tartane (Pierre Louiss, «Creole Swing »). »
Par JAZZ MAGAZINE – JAZZ MAN (2010)