« La volonté de bonheur comme passion propre à l’Occident » par Radio Canada

" Un nouveau stupéfiant collectif envahit les sociétés occidentales, constate Pascal Bruckner : le culte du bonheur ! Terrible commandement auquel il est d’autant plus difficile de se soustraire qu’il prétend faire notre bien. "
Le bonheur en question…
" Soyez heureux ! Sous son air aimable, y a-t-il injonction plus paradoxale, plus terrible ? demande P. Bruckner – Car c’est l’injonction qu’on a l’impression d’entendre partout : dans la publicité, dans la politique, etc. – Elle formule un commandement auquel il est d’autant plus difficile de se soustraire qu’il est sans objet. Comment savoir si on est heureux ? Qui fixe la norme ? Pourquoi faut-il l’être, pourquoi cette recommandation prend-elle la forme de l’impératif ? – Mêlez-vous donc de vos affaires ! Voilà comment on pourrait réagir. – Et que répondre à ceux qui vous disent piteusement : je n’y arrive pas ? "
" Rien de plus vague, poursuit Bruckner, que l’idée de bonheur, ce vieux mot prostitué, frelaté, tellement empoisonné qu’on voudrait le bannir de la langue. Depuis l’Antiquité, il n’est rien d’autre que l’histoire de ses sens contradictoires et successifs : déjà saint Augustin en son temps dénombrait pas moins de 289 opinions diverses sur le sujet […] " C’est tout dire… Ce qui intéresse Bruckner, c’est cette espèce de volonté de bonheur comme passion propre  à l’Occident depuis les Révolutions française et américaine.
Par RADIO CANADA