Louis Armstrong était sorti de l'anonymat et n'allait plus jamais y replonger par Jazz Magazine

Le titre du coffret donne le ton : on entre le « dur » ! Ou, pour être plus explicite, on attaque les premiers chefs d’œuvre gravés avec le « Hot Five ». Cornet Shop Suey bien sûr, mais aussi Heebie Jeebies, Muskrat Ramble… Au total, 22 titres enregistrés par le fameux premier orchestre de Louis Armstrong (au cornet, mais surtout à la trompette), avec Kid Ory au trombone, Johnny Dodds à la clarinette, John St.Cyr au Banjo et Lil Harding-Armstrong au piano. Ou 23, en comptant un titre ou le quintet accompagne les chanteurs Butterbeans et Susie. Et même 26, en ajoutant les trois tires enregistrés sous un label concurrent sous le nom des « Lill’s Hot Shots » (!). Une anecdote concernant ces titres « clandestins » : au patron d’Okeh, la firme avec laquelle il était sous contrat, Armstrong aurait déclaré, faussement penaud : « Je sais pas qui chante, boss, mais je le ferai plus ! ». Le coffret permet également d’écouter Armstrong au sein d’autres formations, en accompagnement (cornet ou trompette – piano) de vocalistes, ou dans les orchestres de Clarence Williams, Fletcher Henderson, Erskine Tate… Soit, répartis sur 3 CD, soixante-cinq morceaux enregistrés par un monsieur qui, à la fin de l’année 1925, commença enfin à voir son nom imprimé sur les étiquettes. Louis Armstrong était sorti de l’anonymat et n’allait plus jamais y replonger.
Patrick POMMIER - JAZZ MAGAZINE