On admirera le choix audacieux de Raffalli et de ses trois comparses par Citizen Jazz

"Après le premier volume paru en 2001, le guitariste de jazz manouche Rodolphe Raffalli présente le second opus de son hommage à Georges Brassens, toujours dans le même esprit : rendre à la musique du poète la place qu’elle mérite, elle qui a trop souvent été effacée au profit des superbes paroles de ses chansons." Arnaud Stefani - Citizen Jazz

"Après le premier volume paru en 2001, le guitariste de jazz manouche Rodolphe Raffalli présente le second opus de son hommage à Georges Brassens, toujours dans le même esprit : rendre à la musique du poète la place qu’elle mérite, elle qui a trop souvent été effacée au profit des superbes paroles de ses chansons.
Pour cela, on admirera le choix audacieux de Raffalli et de ses trois comparses habituels : choisir des morceaux parmi les plus connus de Brassens comme, entre autres, "Chanson pour l’Auvergnat", "Les Sabots d’Hélène", "Le Parapluie", "la Mauvaise Réputation", et se hasarder à des interprétations souvent assez éloignées des versions originales.
Ce décalage et cette prise de distance permettent au quartette d’atteindre pleinement son but : l’auditeur évolue rarement en terrain connu et, de fait, se trouve lui-même contraint à une écoute inédite. Les titres sont comme éclairés sous un angle nouveau, leur musicalité semblant soudainement révélée.
Autre grande qualité de ce disque : même s’il reste estampillé "jazz manouche", les musiciens proposent une palette d’interprétation qui plaira à un public bien plus étendu que les seuls amateurs de ce style. Car Raffalli propose naturellement quelques arrangements à l’efficacité redoutable, dans la plus pure tradition manouche, avec la conjugaison d’un tempo rapide, du support rythmique de la pompe et du swing, sur des morceaux comme "Les Sabots d’Hélène" ou "Marinette". Mais ils ne constituent pas, loin de là, la majorité des titres, et cette diversité de styles peut faire penser à l’éclectisme des frères Ferré.
On peut en effet également entendre de superbes ballades, parfois sur un rythme plus lent que les versions de Brassens (comme "Le Parapluie" ou "Rien à Jeter"), une bossa-nova de mauvaise réputation et une magnifique version solo de "La Chasse aux papillons" digne de Joe Pass dans la manière de soutenir la mélodie par un inextricable enchevêtrement de basses et d’accords. Rodolphe Raffalli est certes un virtuose, mais sa plus grande qualité est peut-être de ne jamais se perdre dans des démonstrations qui ne serviraient pas son propos.
Vingt-cinq ans après sa disparition, les compositions de Brassens restent donc toujours d’actualité et leur musicalité mérite d’être redécouverte grâce à des travaux respectueux et intelligents comme celui que propose ici le quartette de Rodolphe Raffalli." Arnaud Stefani - Citizen Jazz