« Un travail indispensable ! » par Jukebox Magazine

Frémeaux poursuit un travail indispensable, la réédition intelligente et aussi complète que possible de ce géant de la chanson française, Charles Trenet. Responsable de la série et auteur du texte, Daniel Nevers dédicace le 12e volet à Cabu (1938-2015), fanatique du « Fou chantant ». Dans ce CD double (46 plages, livret 32 p. français-anglais) se trouve un récital donné par Charles Trenet le 19 novembre 1956 à l’Olympia (16 chansons). Un temps cinéma, la célèbre salle parisienne est redevenue music-hall en février 1954, dirigée par Bruno Coquatrix. Charles Trenet s’y produit cette année-là puis en 1955 et à nouveau en 1956 pour un mois. Sa prestation lors de la générale est enregistrée puis publiée en album (Columbia 122), mise en vente le lendemain, soir de la première ! Succès confirmés et nouveautés sont interprétés : « Où Sont-Ils Donc ? », « A La Porte Du Garage », « Revoir Paris », « Mam’zelle Clio », « Boum ! », etc. Avec son humour habituel, parfois grinçant, Charles Trenet dément un article de « France-Dimanche » qui prétend qu’il entrait en guerre contre Brassens, Bécaud, etc. Sa plus belle réponse prend la forme de « Moi, J’Aime Le Music-Hall ». En juin 1958, il enregistre au studio Magellan un super 45 tours plus un cinquième titre au parfum nostalgique, diffusé plus tard avec succès, « Le Piano De La Plage ». En mai 1959, Charles Trenet grave « Les Relations Mondaines ». Quelques jours après il réenregistre des œuvres anciennes. « Bonsoir, Jolie Madame », « Le Soleil A Rendez-Vous Avec La Lune », « La Route Enchantée », « En Quittant Une Ville ». Ce florilège présente aussi des interprètes, Colette Renard, Catherine Sauvage, Annie Fratellini, Les Djinns, Mouloudji. Des  versions instrumentales, plutôt jazz, sont jouées par Michel de Viers & Jean-Pierre Sasson Quintet, Georges Arvanitas Trio, André Reweliotti, Bernard Zac & Claude Gousset. En 1957, avec la complicité de Boris Vian, son directeur artistique chez Fontana, André Popp trafique le son des instruments en variant les vitesses d’enregistrement. Les résultats – dont « La Java Du Diable », « La Polka du Roi » - sortent en 33 tours sous le nom d’Elsa Poppin et sa Musique Sidérante.
Par Jean-William THOURY – JUKEBOX MAGAZINE