KATMANDOU 1969 - LA FÊTE DE LA PETITE DÉESSE VIVANTE
KATMANDOU 1969 - LA FÊTE DE LA PETITE DÉESSE VIVANTE
Ref.: FA5244

MUSIQUE & TÉMOIGNAGES - ENREGISTREMENTS HISTORIQUES DE FRANÇOIS JOUFFA

FRANCOIS JOUFFA

Ref.: FA5244

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 1 hours 54 minutes

Nbre. CD : 2

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Presentation

MUSIQUE & TÉMOIGNAGES - ENREGISTREMENTS HISTORIQUES DE FRANÇOIS JOUFFA



Music and spoken archives
I was in Kathmandu in 1969 and I think I haven’t pulled myself together yet; I still didn’t get over it’ wrote François Jouffa. While he was a young reporter for the French radio station Europe n°1, he recorded every sounds during his trip with a minicassette (a new technology at that time) hidden in a small Indian shoulder bag. A record company got interested and issued a LP from this musical journey. Many years later Jimmy Page, Led Zeppelin’s ‘guitar hero’, confirmed to François Jouffa, for whom it was beyond belief, that his vinyl of about forty minutes had been both for him and the singer Robert Plant a bedside disc when they were composing Kashmir, great inter national success and starting point of the world pop music fashion. This 2 CD boxset (with a 44 pages booklet in both French and English) delivers a musical trip into the Celebration of the little Living Goddess, during the Festivities of Indra (CD1) and two long interviews by François Jouffa (CD2, in French). Exactly forty years after these recordings were made, Frémeaux & Associés are proud to present, for the first time, the complete set of captured sounds that had been preserved all along this initiatory trip out of time and out of space. Claude Colombini & Patrick Frémeaux



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Press
"Aujourd'hui, Jouffa ne refuse jamais une balade au pays des souvenirs. Dans Vinyl Fraise, c'était même son unique ambition. Mais s'il est un voyage dont il n'est jamais revenu, c'est celui qui l'a mené à Katmandou, en 1969, avec sa femme Sylvie. Equipé d'un petit magnéto, il traque la couleur locale (ambiances orientales, chants traditionnels) dont les jeunes Occidentaux se délectent. Un 33 tours sera édité peu après son retour. L'an dernier, le producteur de Led Zeppelin lui a rappelé que « Jimmy Page et ses acolytes baignaient dans ce reportage au moment où ils composaient Kashmir! »." par Guillaume BARA - LIBERATION
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« J’étais à Katmandou en 1969, je pense ne m’en être jamais remis; je n’en suis toujours pas revenu ». Ainsi parlait François Jouffa, alors jeune reporter à Europe 1. En précurseur de la world music, Jouffa enregistre avec une minicassette cachée dans son sac en bandoulière… De ces enregistrements historiques, voici un voyage musical qui plonge l’auditeur dans l’atmosphère de la fête de la Kumari, la petite déesse vivante et aussi des documents parlés où il est notamment question, autour de Christian Heck, alors étudiant à Strasbourg, des hippies du Népal. L’ALSACE
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François Jouffa n’est jamais vraiment revenu du voyage qu’il effectua à Katmandou en 1969. Alors jeune reporter sur Europe 1, il avait enregistré tout son périple grâce à un magnétophone mini-cassette caché dans son sac. Cette découverte de l’Orient, à la fin des années soixante, ce témoignage, aurait servi de livre de chevet à Led Zeppelin pour composer Kashmir. En tout cas, certainement, c’est un récit sonore et musical illustré avec justesse et respect. Un voyage initiatique en live, aujourd’hui réédité par Frémeaux et Associés. Jeanne-Marie BELLEJOUR - REVUE DES MEDIATHEQUES ET DES COLLECTIONS MUSICALES
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"Enregistré par François Jouffa, correspondant de Rock&Folk a la fin des années 60, ce disque est un témoignage à la fois puissant et magnifique de cet idéal que fut Katmandou pour les Hippies. Crucial !" par ELECTRIC MELODY
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"En matière de musique ethnique, les enregistrements de terrain donnent souvent lieu à des productions discographiques cernées d'études, d'analyses et de commentaires très doctes qui ne semblent concerner qu'un public passionné d'ethnomusicologie. Celui-ci est de nature un peu différente puisque réalisé à l'origine par François JOUFFA, journaliste surtout connu pour ses articles, ouvrages et interviews de grands noms de la pop music des années 1960-70 et ses émissions de radio. Il est cependant aussi un grand amateur de musiques du monde et a réalisé de nombreux enregistrements pour des labels comme Arion, Playasound, etc. Son engouement pour les musiques issues de cultures extra-européennes ne date pas d'hier puisque sa première captation de terrain a eu lieu en 1969, à l'occasion d'un voyage au Népal, dont l'auteur clame volontiers qu'il ne s'en est « jamais remis ». Cet enregistrement a donné lieu en 1970 à un 33 Tours chez Vogue, Katmandou, musique foklorique et religieuse du Népal, qui a fait parler de lui et a très certainement bercé les rêves en herbe de nombreux hippies tout comme il a éveillé la curiosité d'un public séduit par les sons venus d'ailleurs. C'est ce disque que réédite, dans une version augmentée, le label Frémeaux et Associés, réputé pour la qualité de son travail muséographique de sauvegarde et de diffusion du patrimoine sonore. François JOUFFA disposait à l'époque d'un magnétophone mini-cassette qu'il avait planqué dans son sac en bandoulière, et c'est ainsi qu'il a capté en septembre 1969, au détour des rues de Katmandou, les musiques et les sons du festival Indrajatra, fête religieuse liée au culte d'Indra, le « roi des Dieux » au Népal, et pendant laquelle on célèbre également Kumari, la « vierge sacrée », ou la « déesse vivante », avatar de Taleju, la déesse protectrice des rois népalais. C'est une petite fille de cinq ans qui doit jouer son rôle ; elle est ainsi promenée sur son « trône » à travers la ville. La procession est prétexte à des manifestations festives bigarrées et bruyantes et à des libations qui durent huit jours, transformant Katmandou en une cour des miracles à l'orientale.  Les enregistrements de François JOUFFA font découvrir un bel assortiment de musiques et de chants populaires ou religieux propres à la culture népalaise : psalmodies de prêtres tibétains ; vièle sarangi ou harmonium joués par des mendiants ; chants dévotionnels divers et variés ; orchestre rituel constitué de trompes, tambours et gongs... On y entend de plus un chansonnier bilingue critiquant le système, de simples passants qui « protègent » la petite Déesse Vivante de leurs flûtes, tambours et cymbales, mais aussi, histoire de rappeler qu'on est bien « in situ », des aboiements de chiens, des palabres, des cris, des rires, des klaxons, des chants d'oiseaux et, parce qu'on est en 1969, on tombe aussi sur des musiciens qui, sous l'emprise de la ganja et du charas, jouent d'une manière extrêmement.. chavirée ! Le son est évidemment quelque peu daté, mais a été restauré au mieux. Les 21 plages qui composent le CD doivent s'écouter d'une traite, comme on regarderait un documentaire d'époque, si l'on veut ressentir à fond cette sensation de « voyage dans l'espace » doublé d'une « incursion dans le temps », comme l'écrit dans son article Sylvie JOUFFA, la femme de François JOUFFA, et dont les photos ornent aussi l'épais livret de ce double CD. Il faut moins écouter ces archives comme le choix raisonné et averti d'un répertoire traditionnel scrupuleusement sélectionné selon des bases ethnomusicologiques savantes et fouillées que comme l'illustration sonore d'une expédition qui est liée à un contexte socio-historique particulier (la fascination exercée par l'Orient sur les esprits occidentaux, les voyages « spirituels » effectués par les communautés hippies et plus prosaïquement l'attrait de la vente libre de drogues sur le territoire népalais...). Les témoignages recueillis par François JOUFFA auprès d'un diplomate du consul de France à Katmandou et d'un jeune étudiant strasbourgeois devant le Taj Mahal, en Inde, lesquels documents constituent la matière du second CD, vont dans ce sens et sont riches d'informations en tous genres et de réflexions vis-à-vis de ce contexte. Naturellement, le fait que ces enregistrements de terrain de François JOUFFA ressortent pratiquement en même temps que les coffrets CD et DVD célébrant le festival de Woodstock et la culture qui va avec n'est que pure coïncidence... Mais sur un plan plus musical, cet album a une double valeur au regard de l'évolution du marché des musiques du monde. Comme il est rappelé dans le livret, le 33 tours paru en 1970 chez Vogue a fortement inspiré Jimmy PAGE et Robert PLANT pour l'écriture du célèbre « classique » de LED ZEPPELIN Kashmir, et il n'est pas inutile de rappeler que ceux-ci ont contribué à populariser la world music auprès d'un public non spécialiste avec leur album No Quarter (Unledded) de 1994 qui contient des réarrangements de plusieurs pièces ledzeppelinesques à la sauce ethnique, avec le concours de musiciens égyptiens. Mais encore, Katmandou 1969 peut être perçu aujourd'hui comme le précurseur de ces productions discographiques réalisées par des « traqueurs de sons locaux » dont le label américain Sublime Frequencies, par exemple, s'est depuis fait ouvertement la spécialité. On pourra du reste écouter en parallèle Katmandou 1969 avec le CD Harmika Yab-Yum, Folk Sounds from Nepal, qui contient des archives de la radio népalaise et des enregistrements in situ réalisés vingt ans après ceux de JOUFFA, histoire d'entendre ce qui a changé, ou non, dans les rues du paysage musical traditionnel et populaire népalais."par Stéphane FOUGERE - ETHNOTEMPOS
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« En septembre / octobre 1969, François Jouffa (alors reporter à Europe 1) parcourt Katmandou en compagnie de sa compagne Sylvie. Un petit magnétophone caché dans son sac, il enregistre tout son périple. Ces musiques, chants et sons divers feront l’objet d’un 33 tours. Jimmy Page et Robert Plant (du groupe Led Zeppelin) feront même de cette rondelle de vinyle leur disque de chevet. Quarante ans après Frémeaux & Associés présente l’intégrale des captations sonores de ce voyage sous la forme d’un double CD et d’un somptueux livret. Le premier disque nous plonge dans l’atmosphère (ambiances sonores, musiques et chants traditionnels ou religieux) de « La fête de la petite déesse vivante » lors du festival Indrajatra en septembre 1969. Le deuxième CD reproduit deux longs entretiens réalisés à l’époque par François Jouffa : l’un avec le consul de France de Katmandou, l’autre avec un étudiant voyageur rencontré devant le Taj Mahal à Agra en Inde. Un formidable et passionnant récit musical et sonore. »Par Frantz-Minh Raimbourg — TRAD MAG
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"Ce qui m'a le plus surpris, là-dedans, comme dans le coffret "Katmandou 1969" que je suis en train d'écouter, c'est la qualité sonore : constante, incroyable, fascinante ! Quel boulot de reconstitution il a dû falloir." par NUMA SADOUL
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« Ce disque est né d’un reportage pour Europe n°1, en septembre 1969, au moment où débutent les fêtes religieuses dédiées au Dieu Indra et à la Déesse Vivante… « En 24 heures, le centre de Katmandou se transforme en théâtre : je crois rêver. Les danses succèdent aux processions, les airs de flûtes aux rythmes des cymbales ; et des tambours précèdent et suivent toutes les cérémonies. (…) J’étais à Katmandou en 1969, je pense ne m’en être jamais remis ; je n’en suis toujours pas revenu », raconte François Jouffa, spécialiste de la musique populaire de l’après-guerre historien de la chanson et du rock — la dernière édition de son Histoire du Rock, écrite en collaboration avec Jacques Barsamian, a été publiée chez Taillandier. Et c’est à la lueur de ce disque que l’on découvre que cette mémoire vivante des années 60-70 (il est imbattable sur les sixties !) est aussi un ethnomusicologue spécialisé dans les peuples d’Asie : une quarantaine d’albums à son actif en 40 ans ! Avec Katmandou 1969, ce sont donc près de deux heures d’enregistrements à base de musiques, de bruits de la rue et de conversations… Un livret très documenté et illustré accompagne ce véritable « trip musical » à écouter… religieusement ! »Par Raoul BELLAÏCHE - JE CHANTE
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"Philippe Gloaguen gardera toujours un souvenir particulier de (...) François Jouffa dont la voix avait accompagné ses soirées adolescentes. (...) En 1969, Jouffa avait été le premier journaliste français (de cette génération) à se rendre à Katmandou. Il était parti avec Sylvie, sa compagne, et un petit mini-cassette doté d'un micro sophistiqué. Son idée était d'enregistrer toutes les musiques qu'il trouverait entre Bombay et le Népal (...). En revenant, il portait des chemises indiennes, des colliers en bois de santal des vieux sages indiens, les sadous. Il s'étonnait que son rédacteur en chef, Jean Gorini, ne l'envoie plus couvrir avec son Nagra la sortie du Conseil de ministres. Par contre, il avait été convié à débattre à l'antenne d'une question grave : " Pour ou contre Katmandou et la route ?" Son contradicteur était un autre journaliste qui s'était rendu au Népal dans la même période, Dominique Jamet du Figaro Littéraire. Jamet n'était pas encore mitterrandophile mais très à droite et contre les hippies. Jouffa était plutôt pour (...). Lors de ce débat, Jouffa diffusa des extraits de ses enregistrements de musique népalaise. Le directeur artistique de chez Vogue lui proposa d'en faire un disque qui marchera fort bien. On y entendait des musiques des fêtes de septembre en l'honneur du dieu de la pluie, Indra. Des cymbales, des trompes tibétaines, des harmoniums indiens... François Jouffa partira ensuite dans d'autres pays, à la recherche d'autres musiques. Il y aura beaucoup d'autres disques (...). Pendant 15 ans, Philippe Gloaguen  publiera dans le Manuel du Routard un article de François Jouffa sur l'enregistrement des musiques du monde."par Philippe Trapier, "Génération routard", 1994.
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"Certains disques sont révolutionnaires. Je suis Dieu de Gérard Manset (1968) qui bouleversera la chanson française. L’album Jaune de Jean-Pierre Ferland en 1970, dont le Québec ne s’est toujours pas remis. Melody Nelson en 1971. Et cætera. En mars 1970, les disques Vogue sortent un 33 tours d’enregistrements effectués par un jeune journaliste, François Jouffa, à Katmandou quelques mois auparavant. Un quart de siècle plus tard, Robert Plant et Jimmy Page affirmeront que Katmandou1969  était leur disque de chevet quand ils composèrent Kashmir ! Cet album mythique vient d'être réédité chez Frémeaux & Associés. Rencontre avec l'ethnomusicologue François Jouffa, journaliste, auteur et animateur (Europe 1, France Inter), infatigable voyageur, l’homme qui cotoya Bob Dylan, les Beatles et les Stones, Elvis Presley, Stevie Wonder, Jimi Hendrix, Jim Morrison, Bob Marley… et Johnny Hallyday." par Baptiste VIGNOL - MAIS QU'EST-CE QU'ON NOUS CHANTE ?
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Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Au temple au singes de Swayambunath
    Anonyme
    00:01:49
    1969
  • 2
    Les gongs des prêtres tibétains
    Anonyme
    00:00:34
    1969
  • 3
    Un enchantement de chants d'oiseaux
    Chants d'oiseaux
    00:00:32
    1969
  • 4
    Les longues trompes Baha
    Anonyme
    00:01:10
    1969
  • 5
    Flûtes Muhali, cymbales Jhyali, tambours Dholak
    Anonyme
    00:08:20
    1969
  • 6
    Prêtres tibetains
    Anonyme
    00:01:10
    1969
  • 7
    Des femmes chantent et prient pour des jours meilleurs
    Anonyme
    00:03:24
    1969
  • 8
    Le jour se lève au son des flûtes et des cymbales
    Anonyme
    00:00:51
    1969
  • 9
    Des mendiants chantent en s'accompagnant d'une vièle Saranghi
    Anonyme
    00:02:22
    1969
  • 10
    Plusieurs hommes imitent la course du dieu Ganesh
    Anonyme
    00:01:01
    1969
  • 11
    Deux garconnets rythmant au Tabla le nom de Narayan
    Anonyme
    00:01:58
    1969
  • 12
    Sur la place du marché, des chanteurs attirent les badauds
    Anonyme
    00:01:53
    1969
  • 13
    Un baladin raconte un passage du Ramayana
    Anonyme
    00:01:24
    1969
  • 14
    Un chansonnier des rues improvise
    Anonyme
    00:01:43
    1969
  • 15
    La musique Dhintala Singtang
    Anonyme
    00:00:55
    1969
  • 16
    L'orchestre rituel Jyapu
    Anonyme
    00:01:35
    1969
  • 17
    Des vieillards interprètent des chants poétiques
    Anonyme
    00:02:30
    1969
  • 18
    Des musiciens sous l'effet de la Marijuana Ganja
    Anonyme
    00:02:26
    1969
  • 19
    Chants folkloriques et religieux
    Anonyme
    00:05:14
    1969
  • 20
    Une mendiante s'accompagne à l'harmonium
    Anonyme
    00:08:59
    1969
  • 21
    Fin du voyage musical dans un rickhaw
    Jouffa François
    Jouffa François
    00:03:04
    1969
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Daniel Omnès, consul de France à Katmandou
    Omnès Daniel
    Omnès Daniel
    00:04:51
    1969
  • 2
    Daniel Omnès, consul de France à Katmandou
    Omnès Daniel
    Omnès Daniel
    00:05:15
    1969
  • 3
    Daniel Omnès, consul de France à Katmandou
    Omnès Daniel
    Omnès Daniel
    00:04:48
    1969
  • 4
    Daniel Omnès, consul de France à Katmandou
    Omnès Daniel
    Omnès Daniel
    00:05:37
    1969
  • 5
    Daniel Omnès, consul de France à Katmandou
    Omnès Daniel
    Omnès Daniel
    00:05:12
    1969
  • 6
    Daniel Omnès, consul de France à Katmandou
    Omnès Daniel
    Omnès Daniel
    00:04:38
    1969
  • 7
    Christian Heck, étudiant de Strasbourg, voyageur, boursier Zellidja
    Heck Christian
    Heck Christian
    00:05:19
    1969
  • 8
    Christian Heck, étudiant de Strasbourg, voyageur, boursier Zellidja
    Heck Christian
    Heck Christian
    00:05:49
    1969
  • 9
    Christian Heck, étudiant de Strasbourg, voyageur, boursier Zellidja
    Heck Christian
    Heck Christian
    00:04:50
    1969
  • 10
    Christian Heck, étudiant de Strasbourg, voyageur, boursier Zellidja
    Heck Christian
    Heck Christian
    00:05:44
    1969
  • 11
    Christian Heck, étudiant de Strasbourg, voyageur, boursier Zellidja
    Heck Christian
    Heck Christian
    00:04:15
    1969
  • 12
    Christian Heck, étudiant de Strasbourg, voyageur, boursier Zellidja
    Heck Christian
    Heck Christian
    00:04:50
    1969
Booklet

katmandou 1969


La fête de la petite Déesse Vivante - Musique & témoignages
Celebration of the little Living Goddess - Music & spoken archives
Enregistrements historiques de François Jouffa 
Le Festival d’Indra (Indrajatra) et la fête de la petite Déesse Vivante
Présentation de l’éditeur
«J’étais à Katmandou en 1969, je pense ne m’en être jamais remis ; je n’en suis toujours pas revenu». C’est une citation de François Jouffa sur le site des Éditions Tallandier chez qui il a publié une définitive Histoire du Rock. Car cet auteur a la particularité d’être à la fois un historien de la musique populaire et de la chanson, tout en étant un ethnomusicologue spécialisé dans les peuples d’Asie. Grâce à Katmandou !  Si, maintenant, sa discographie est riche d’une quarantaine d’albums 33 tours et CD enregistrés par lui in situ, c’est grâce à cette découverte de l’Orient, fin des années 60, quand quelques jeunes Occidentaux prenaient la route, «les Chemins de Katmandou», pour aller s’imprégner sur place des découvertes spirituelles d’Alexandra David-Néel. Et pour revivre les aventures d’un roman graphique fascinant d’Hergé : assis sur les marches d’un temple avec sa compagne Sylvie, François s’est d’ailleurs mis à pleurer d’émotion en ayant conscience qu’ils se trouvaient exactement dans une case de la page 12 de Tintin au Tibet. Alors jeune reporter à Europe n°1, il avait enregistré tous les sons de leur périple au moyen d’un mini-cassette (une toute nouvelle technologie) caché dans un petit sac indien en bandoulière. Une firme de disques s’intéressa, ensuite, à ces musiques folkloriques et religieuses d’une partie du monde alors fréquentée seulement par des sportifs de haut niveau, mais que les expériences musicales et  hallucinatoires des Beatles rendaient à la mode. Des années plus tard, nouvelle crise de larmes, de joie cette fois, quand le «guitar hero» Jimmy Page du groupe Led Zeppelin confirma à François, stupéfait, que cette rondelle de vinyle de quelques quarante minutes avait été leur disque de chevet, à lui et au chanteur Robert Plant, quand ils compo­sèrent Kashmir, succès international et point de départ de la vogue de la world music pop. Les retombées médiatiques du voyage effectué par le jeune et nouveau couple Jouffa (c’était en fait leur… voyage de noces) au pays de la petite Déesse Vivante avaient influencé toute une génération. Pour preuve, Philippe Gloaguen écrivit dans ses mémoires Génération Routard, combien il avait trouvé « impressionnants » les récits de François à la radio. Dans le Manuel du Routard, il avait carrément noté : «François Jouffa est à l’ethnomusique ce que Gutenberg est à l’imprimerie». Exactement quarante ans après les enregistrements, Frémeaux & Associés sont fiers de vous présenter l’intégrale inédite des captations sonores de ce voyage initiatique hors du temps et de l’espace.
Claude Colombini & Patrick Frémeaux 

«Ce que je souhaitais c’était parcourir ce pays natal du Bouddha, voir dans quel décor avaient éclos les idées qui l’avaient poussé à devenir un Bouddha. Tu me diras que les vingt-cinq siècles écoulés ont dû changer ce décor. Evidemment, mais pas tant pourtant qu’on pourrait le croire. La vie est lente en Orient et spécialement dans des coins reculés fermés à la civilisation comme l’est le Népal.»
Alexandra David-Néel, Journal de voyage. Lettres à son mari, 22 décembre 1912.  
«Ce sourire du Népalais, le plus exquis que je connaisse, exquis, pas excessif, pas troublant, mais ravi, sans arrière-pensée, pur.»
Henri Michaux, Un Barbare en Asie, 1933. 
Capitaine Haddock : «C’est une trompette, ça ? ... Et c’est par ici qu’on souffle ?…» - POOAA Capitaine Haddock : «Oh ! pardon !»
Hergé, Tintin au Tibet, 1960.  
«Je ne laisse à personne faire ma corvée d’eau. Mes deux jerrycans en plastique du Bazar de l’Hôtel-de-Ville, je les transporte chaque matin dans la maison de la déesse vivante où se trouve la fontaine la plus proche. Dépassé, l’Olympe ! Il faudra que je le raconte à mes petits-enfants : au Népal, j’allais puiser l’eau dans la demeure d’une déesse, sans métaphore, d’une déesse vivante. (…) Je voudrais bien voir cette petite divine pucelle.»
Jack Thieuloy, L’Inde des grands chemins, 1971.  
Katmandou 69
La petite Déesse Vi­vante existe, je l’ai rencontrée à Katmandou au Népal. Je l’ai vue apparaître, la première fois, furtivement, à la fenêtre de bois sculpté de son appartement, construit dans l’aile de l’ancien Palais royal. L’archi­tecture de cette demeure m’a frappée par la richesse de sa décoration. Il s’agit, en fait, d’un véritable puzzle de bois dans lequel chaque pièce s’emboîte parfaitement. Selon la tradition, on n’utilise ni clou, ni colle.  La Kumari (vierge) sacrée, autre appellation de la Déesse Vivante, est une petite fille de huit ans, très belle, mystérieuse et impas­sible, habillée de brocarts et coiffée d’une couronne d’or. Son regard, lourdement maquillé, semble fixer tristement le ciel, à la recherche – peut-être – de cerfs-volants (principal jouet népalais) que les enfants de son âge font planer au-dessus des toits en pagodes. Elle, la petite recluse, qui n’a pas le droit de s’amuser… J’ai eu un choc en débarquant à Katmandou, un choc enchanté…  On se retrouve plongé, d’un seul coup, dans un monde médiéval où tout semble avoir été préservé depuis des siècles. Le Népal n’a été ouvert aux étrangers qu’en 1953. C’est non seulement un voyage dans l’espace, c’est aussi une incursion dans le temps. À Katmandou, ce qui frappe le plus, c’est le regard accueillant de ses habitants. Ils sont paisibles et semblent dépourvus d’agressivité. Un éternel sourire sur la face ! Simplement, ils ont les mains très baladeuses, et aiment à tâter les seins et les fesses des étrangères. Mais, toujours avec un sourire désarmant… Je suis arrivée au Népal, après un voyage passionnant mais épuisant en Inde, au début de la pleine lune de septembre 1969, quelques jours avant le Festival d’Indrajatra, la manifestation la plus spectaculaire du Népal, au cours de laquelle la Déesse Vivante sort du palais où elle vit enfermée le reste de l’année. J’entre de plein pied dans la fête. On n’est plus devant un écran de télé. Le spectacle est dans la rue, en Technicolor et en Dolby Stéréo. Le pays entier vibre au rythme de cent jours de fêtes par an (soit environ un jour sur trois). Et qui dit fêtes, dit musiques, danses, cérémonies religieuses, processions. Le tout avec des costumes éblouissants, de couleurs vives, rehaussés de superbes masques démoniaques.
J’ai quitté l’Inde en fin de mousson, ayant souffert physiquement et psychologiquement de la chaleur moite, du manque de nourriture, et surtout de la misère environnante. Dans les ruelles de Katmandou, les gens on l’air plus heureux, et ne me poursuivent plus, par grappes, dans la rue, dans l’espoir d’un “backshish”, d’une pièce. Le climat y est plus frais qu’en Inde. Enfin, la nourriture est très bonne. Une multitude de restaurants chinois, népalais et tibétains, nous est proposée. On peut manger entre autres soupes et légumes, le très consistant steak de buffle. Bref, on renaît ! Toutes ces raisons font que le Népal m’est apparu comme un paradis en comparaison de l’enfer indien. Katmandou, pour moi, c’est Mégève, en Haute-Savoie, avec un petit air de “Tintin au Tibet”. Un Mégève avec des temples à chaque coin de rue ; et les montagnes qui encerclent la ville à perte de vue, la chaîne de l’Himalaya, formant un collier blanc et bleu ciel autour de la vallée. Le contraste avec l’Inde est tellement saisissant que tout paraît merveilleux, même le lit humide du Camp Hôtel. Un refuge moyen pour freaks friqués, très bien situé dans le centre de Katmandou, près de la place centrale (Durbar Square) entourée de temples et de palais où se déroulent les festivités. L’hôtelier est un homme charmant qui aurait bien du métier à enseigner à ses collègues français. Le premier jour, il m’invite à par­­tager son repas népalais composé d’un plat de riz blanc arrosé de “Dal”, sauce à base de lentilles, d’une soupe chinoise avec des “Momos”, sortes de raviolis fourrés à la viande. Le tout accompagné de “Chang”, un alcool de riz qui a un goût de cidre, et qui monte d’un coup à la tête. Il me demande de signer son livre d’or. Plutôt un de ses livres d’or, car il en a cinq. Véritables sources d’informations, ces gros bouquins renferment des citations, des signatures (certaines de pop stars des sixties), des adresses et des photos qui feraient pâlir de jalousie un agent des Renseignements Généraux ou un policier parisien de la Brigade des mœurs et des stupéfiants. Mais, “officiellement”, la consommation de la drogue douce (opium, haschisch), que l’on trouvait dans des “Government Shops” (boutiques agréées par le gouvernement), sera interdite après 1973.  Katmandou, c’est aussi le lieu de vacances des Européens aisés de tous pays, installés à Goa en Inde. Ils y font un séjour, tous les ans, entre juin et octobre, pour fuir la mousson indienne. On les voit, l’après-midi, aller d’une boîte à une autre, d’une pâtisserie à un restaurant. Boire du “Lahssi”, sorte de yaourt liquide et mousseux, ou manger des gâteaux à l’opium dans les “Pie Shops”. Beaucoup fument la “Ganja”, red, green ou gold, l’herbe locale. “Tu sais, me dit un voyageur, cette herbe n’est pas très forte, c’est une herbe brute que les Népalais ne trient même pas et que les enfants, ici, fument dès l’âge de huit ans.” Ce n’est peut-être pas très fort, mais, en passant dans New Road (le quartier des ambassades), une jeune Française, habillée d’un pyjama népalais de grosse toile couleur vert pomme, rie aux larmes en regardant son compagnon, un garçon brun : “Je te vois tout petit, petit. Tu es ridicule, de plus en plus petit.” Il est vrai qu’il n’est pas très grand, un mètre soixante-cinq environ, mais pas au point d’être considéré comme un nain ! “Tu es gros comme une poule, comme un œuf, reprit la blonde en riant de plus belle. Tu disparais dans un tourbillon. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je n’entends plus. J’ai des tampons de coton dans mes oreilles.” En continuant son étrange monologue, elle a traversé la rue pour entrer dans la Coopérative Suisse déguster du gruyère népalais. Souvent, des enfants me proposent de changer des dollars au taux du marché noir, d’acheter des peintures (“Thanka”) et des bijoux anciens tibétains ou, bien sûr, de l’herbe du pays.  Une roupie cinquante népalaise le “Tola”, soit onze grammes, soixante-dix centimes d’un nouveau franc [onze centimes d’euro].  À la sortie ouest de Katmandou, en haut d’une des innombrables collines de la vallée, j’ai vu un spectacle plus proche de l’univers surréaliste de Jérôme Bosch que de la réalité du 20e siècle. Je suis arrivée au “Monkey Temple”, le Temple aux Singes, Swayam­bunath. J’y accède en montant plusieurs centaines de marches, accompagnée d’un vieillard et d’un enfant jouant des airs folkloriques sur des minuscules violons rustiques “Saranghi” de leur fabrication. J’y croise des dizaines et des centaines de singes. Certains, les plus jeunes, descendent la rampe de l’escalier sur leurs derrières rouges. D’autres, assis en file “indienne” – et c’est là, semble-t-il, leur plus grande occupation – se retirent, du bout des ongles, les puces de leur crâne.
Après avoir croisé un nombre incalculable de petits temples et de grands Bouddhas assis, peints en jaune, je pose le pied sur la plateforme centrale, là où le spectacle permanent concurrence le domaine du rêve. Une foule de lamas, prêtres Tibétains réfugiés, drapés dans leurs toges oranges, le crâne entièrement rasé et le sourire perpétuellement méditatif, tourne inlassablement autour d’un temple à dôme doré, en psalmodiant des prières. Au passage, instinctivement, ils font virevolter le cercle des moulins à prières enfilés, comme un immense collier, autour du “Stupa”, l’édifice sacré. En haut du monument, deux grands yeux peints bleu ciel surveillent, sérieusement, leur manège. Dans un grouillement de vaches sacrées rachitiques, de chiens à demi crevés, de pigeons, de canards, de gros corbeaux et d’enfants tous nus, un pèlerin “Saddhou”, religieux aux cheveux longs, me propose pour dix roupies, quelques cinq francs [soit soixante-seize centimes d’euro], une fortune pour lui, son collier à prière en bois de santal. Des Bouddhistes offrent des fleurs et du riz aux différentes divinités logées dans des niches, que des singes voleurs et affamés subtilisent aussitôt. Je suis donc, à Katmandou, au début des fêtes dédiées au dieu Indra. Pour célébrer cette divinité qui incarne l’eau du ciel, pour la remercier de la future mousson abondante qui permettra aux buffles noirs de trouver encore de l’herbe grasse, pour accueillir aussi de nouvelles récoltes, le peuple népalais, les Bouddhistes comme les Hindouistes, danse, chante, prie et joue de la musique. Mais Indra signifie aussi “le Roi des Dieux” et c’est également le surnom du roi du Népal, monarque absolu. Ce Festival célèbre, ainsi, le renforcement de son pouvoir. C’est aussi l’occasion d’acclamer la Vierge Sacrée, la Kumari, ou Déesse Vivante, qui sortira exceptionnellement de son palais dont l’entrée est gardée par deux lions de pierre. Les cinq prêtres, qui l’avaient désignée, accompagnent la fillette dans toutes les processions. Le moment crucial de ces journées de liesse est l’instant où le roi [alors Mahendra Bir Bikram Shah], accompagné de sa famille et entouré de tous les ambassadeurs des pays amis et voisins (URSS, Chine et Inde), se prosterne à ses pieds pour recevoir sa bénédiction quand elle lui appose, du bout du doigt, le Point Rouge, la “Tika”, sur le front. Cette cérémonie symbolise, pour le peuple, la légitimité de la royauté. Après le départ du roi, des milliers de fidèles tentent d’approcher la petite vierge pour l’apercevoir, assise sur son trône doré, protégée ici par de grands lions de cuivre, et pour recevoir également sa bénédiction.
La Kumari est adorée comme si elle était la vraie Déesse Taleju, protectrice ancestrale des rois du Népal. Une légende raconte  comment cette pratique traditionnelle s’est instituée : au cours d’une partie de dés avec la Déesse, un ancien roi aurait eu des pensées impures envers elle. Il aurait même tenté de la séduire. La Déesse, offensée, aurait décidé de disparaître et de retirer sa protection. Après une très longues pénitence, ce roi fut averti qu’elle serait désormais présente sous la forme charnelle d’une petite fillette de la caste des orfèvres (c’est une caste très pauvre). Ce culte est maintenant pratiqué depuis treize siècles. Cette petite fille est sélectionnée vers l’âge de cinq ans. Elle doit avoir un corps sans défaut avec trente deux signes précis. Je vous en cite quelques-uns des plus caractéristiques : ligne de la plante des pieds formant un cercle ; talons proportionnés ; longs doigts de pieds ; cuisses de biche ; organes sexuels enfoncés dans le bassin ; épaules rondes ; poitrine de lion ; longs bras ; langue petite et pro­por­tionnée ; voix grave comme celle d’un moineau ; tête ronde, etc. Une fois choisie, la Vierge sacrée habitera dans son palais. Là, tous ses désirs seront exaucés. Mais, elle ne devra jamais se blesser, ni trop bouger, ni jouer, afin de ne pas s’écorcher. En effet, la vue de son sang mettrait fin à son caractère sacré. Elle est donc condamnée à rester presque immobile. Et c’est à l’âge de la puberté, et des premières règles, que son règne prendra fin. Elle sera remplacée par une nouvelle élue. On la renverra dans sa famille, comblée de cadeaux. Mais… en quelque sorte, maudite. Car, malheur à qui l’épouserait ! En effet, une superstition prétend que son mari mourrait dans les mois suivants. Alors, la malheureuse, ex Déesse Vivante, vénérée dans son enfance, terminera sa vie la plupart du temps en solitaire et quelque peu névrosée, mais surtout dans l’anonymat le plus complet. La fête débute, et une longue file de paysans et militaires tirent le tronc d’un arbre abattu en l’honneur d’Indra. Un prêtre bouddhiste récite en chantant des textes en sanskrit et prépare ses offrandes, des enfants jouent avec des cerfs-volants de toutes les couleurs. Une procession se forme, et je la suis. Des hommes tendant des cordes, un mât formé du tronc de l’arbre est élevé. Des soldats tirent des salves en l’air avec leurs fusils. La foule chamarrée applaudit. Les spectateurs déposent alors des offrandes près de l’immense poteau. On découvre un gigantesque masque de bronze, caché tout le reste de l’année par des croisillons de bois. Il s’agit de Bhairava, forme la plus terrible de Shiva. Ce masque est fixé sur le mur arrière de l’ancien Palais Royal. Pendant huit nuits consécutives, le peuple se bousculera joyeusement pour tenter d’avaler une gorgée de bière de riz, considérée comme don divin “Prasad”, qui jaillit d’un tuyau dissimulé dans la bouche de la divinité. On dit même qu’un petit poisson est mêlé à la réserve d’alcool, et que celui qui pourra l’attraper en buvant sera le plus heureux de la vallée. C’est en me mêlant à cette foule, que des dizaines de mains ont frôlé toutes les parties de mon corps. Mes timides tentatives de protestations n’ont pas diminué les sourires qui illuminaient les visages.  En vingt-quatre heures, le centre de Katmandou se transforme en théâtre : je crois rêver. Les danses succèdent aux processions, les airs de flûtes aux rythmes des cymbales ; et des tambours précèdent et suivent toutes les cérémonies. Un matin, la petite Déesse est promenée dans un lourd chariot doré, tiré par des dizaines de paysans à travers de la ville. Des musiciens et des danseurs masqués l’accompagnent. La foule se presse pour l’apercevoir. On lui lance des fleurs et des grains de riz. J’ai du mal à l’approcher, et encore plus à la photographier.
J’apprendrais, par la suite, que c’est strictement interdit. Une autre fois, des acteurs habillés de corsages à paillettes et de pagnes en tissus précieux, miment une danse du sabre. Ils portent de magnifiques masques en papier mâché de couleurs vives, représentant des dieux. Leurs mouvements sont scandés par une musique lancinante. La foule, de plus en plus importante, s’agglutine sur les différents niveaux des temples tout autour de la place de l’ancien Palais Royal, comme sur d’immenses gradins. Les toits des maisons en pagode sont noirs de monde. Les femmes ont revêtus leurs plus beaux saris, de couleurs fluo et brodés de dorures. L’encens et les parfums embaument l’air. La Déesse Vivante apparaît à son balcon, coiffée d’une lourde tiare d’or et de pierres précieuses. Son front est orné de la “Tika” rouge (le troisième œil), symbole de l’énergie féminine et de la couleur du sang. Ses yeux sont soulignés de grands traits de khôl noir. Les cérémonies se poursuivent d’une façon désordonnée, et je suis surprise de rencontrer, dans la cour d’un temple, une bande de danseurs masqués mimant un combat des dieux dans un endroit presque désert. Ou, dans un coin de la place principale, le soir venu, un groupe de jeunes lettrés et de vieillards chantant des prières, accroupis sur une estrade, devant des images saintes. Accompagnés par un joueur d’harmonium, ils frappent sur différents instruments à percussions dont un tabla indien. Et ils racontent une légende dédiée à Kali, Déesse de la destruction et de la renaissance, éclairés par des bougies. Ces scènes se reproduiront tous les soirs.  La Déesse sera promenée trois jours de suite dans son chariot doré. Ensuite, elle retournera dans son palais. Elle assistera de son balcon à la fin des festivités, actrice principale des cérémonies. Le peuple veille tard le soir, et je croise souvent des gens ivres de bière et d’alcool de riz, qui titubent et s’affalent le long des chemins. Mais, au matin, tout recommence. Musiques et danses non-stop. Je regarde les danseurs, venus des différents quartiers de la ville,  arriver en bandes, ou les chanteurs participer à des concours de cantiques. Des enfants se réunissent pour mimer en dansant des épisodes du Mahabharata (l’une des deux grandes épopées de l’Inde ancienne avec le Ramayana). Le dernier soir, des hommes aux tiares fantastiques entraînent la foule dans une cour de l’ancien Palais pour exécuter une danse rituelle autour d’un buffle. Sabres à la main, ils excitent l’animal, comme au cours d’une corrida, pendant un très long moment, et ils finissent par lui trancher la tête… Au milieu de la nuit, un groupe d’hommes abat le mât élevé le premier jour de la fête. Et quand le tronc tombe, la foule se précipite pour arracher un morceau de fibre de l’arbre sacré. Puis, on traîne le reste de l’arbre vers la rivière Vishnumati qui longe Katmandou, toujours en musique et en danses, afin de l’immerger. Une dernière salve, tirée par les soldats de la Garde royale, annonce la fin des festivités qui auront duré huit jours et huit nuits. Le calme revenu, le lendemain matin, je reste encore éblouie par le spectacle de ces dernières journées. Et, longtemps, je me sentirai imprégnée par la magie de cette fête. Je peux encore, aujourd’hui, me replonger facilement dans cette ambiance, par le souvenir des odeurs respirées, l’écho des musiques caractéristiques qui résonnent toujours à mes oreilles. Et surtout les visions inoubliables, d’un autre monde et d’un autre âge. 
Sylvie Roman, 
Traffic n° 3, décembre 1985 
Nota : en ouverture du texte, page 4, la photo est celle du masque de Bhairava, la forme la plus terrible de Shiva. 
Documentation : Sylvie Roman-Jouffa et François Jouffa ont relaté (textes et photos) leur voyage initiatique de 1969 en Inde et au Népal, dans : 
- Le quotidien L’Aurore des mardi 14 octobre 1969, mercredi 15 octobre 1969, jeudi 16 octobre 1969 et vendredi 17 octobre 1969.
- Le mensuel Rock & Folk n° 34 de novembre 1969 et n° 35 de décembre 1969.
- L’hebdomadaire Pop Music - Superhebdo n° 71 du 5 août 1971.
- Le mensuel Traffic n° 3 de décembre 1985.
- Le livre Pourquoi n’êtes-vous pas hippie ?, Éditions La Palatine, 1970.
- Le livre La Culture Pop des années 70 (le Pop-notes de François Jouffa), Éditions Spengler, 1994.
Des photos de Sylvie Jouffa en Inde et au Népal sont parues dans le livre Les Années Cool, une jeunesse de rêves, 1969-1979, Éditions du Panama, 2006.  À la suite des émissions radiophoniques commentées par François Jouffa et illustrées par ses documents musicaux, en octobre 1969, sur Europe n° 1, en parallèle à la sortie du film «Les Chemins de Katmandou» (avec Renaud Verley, Jane Birkin et Serge Gainsbourg) réalisé par André Cayatte d’après le roman éponyme de René Barjavel, les disques Vogue avaient édité un 33 tours 30 cm de 44 minutes et 40 secondes, distribué en mai 1970 et titré Katmandou, musique folklorique et religieuse du Népal. Enregistré à Katmandou par François Jouffa (référence LVLX.501). 
Le culte d’Indra au Népal
Le culte d’Indra, populaire au Népal, plonge ses racines dans l’Inde ancienne. Mais alors que sur sa terre d’origine, il connaît un certain désintérêt, ce depuis la naissance de l’hindouisme, les Népalais continuent à rendre hommage au roi des dieux du panthéon védique, notamment lors de l’Indrajatra qui témoigne à la fois de la survivance de croyances indiennes passées et du syncrétisme religieux qui fondent la spécificité de la religion népalaise.  Les principaux aspects du dieu se sont constitués à partir d’éléments à la fois historiques, philosophiques et mythologiques qui témoignent de l’évolution du rapport aux divinités. Comme bien souvent, la mythologie autour d’Indra recouvre plusieurs réalités à la fois ; elle peut être perçue comme simple produit de l’imaginaire, reflet partiel d’une réalité historique, véhicule d’une vérité philosophique, ou comme moyen de décrire les phénomènes naturels. Plusieurs registres de lecture peuvent donc être adoptés. Façonnant un dieu guerrier à leur image, les chefs militaires Indo-aryens adoptèrent le titre d’Indra qui devait leur conférer une certaine légitimité de règne. Signifiant “chef” à l’origine, il fut par la suite associé au principal dieu du panthéon védique, ce titre royal devenant alors le nom même du souverain de ces dieux. L’usage ancien du mot Indra a disparu en Inde, mais - jusqu’à la proclamation récente de la République démocratique fédérale du Népal en 2008 et l’abolition de la monarchie hindouiste - il persistait dans la Vallée de Katmandou où les rois népalais portaient parfois encore ce titre de “chef”. Il n’est d’ailleurs pas anodin de souligner que le mois de septembre était l’époque où, dans le Népal médiéval, les rois de la Vallée avaient coutume de partir en guerre pour conquérir de nouvelles terres et soumettre les vassaux rebelles à leur autorité.  
La civilisation de l’Indus, qui s’est épanouie entre la seconde moitié du IIIe millénaire et les débuts du IIe millénaire av. J.-C., doit avoir considéré les phénomènes naturels comme des entités divines ayant des qualités propres, mais pas encore une forme humanisée.  Avec l’arrivée des envahisseurs Indo-aryens, la situation évolua progressivement, ces derniers cherchant des formes supports pour l’objet de leur dévotion. En effet, au cours  de l’époque védique, se mit en forme un panthéon de divinités dont les traits se précisèrent petit à petit avant d’être transcrits et assemblés dans un corpus de textes rédigés en sanskrit, appelé le «Veda», littéralement le «Savoir». Indra, auquel est consacré le plus grand nombre d’hymnes dans le Rig-Veda, est le plus important des dieux des éléments. Grand ordonnateur du Ciel, il est dit qu’«Indra, pour rendre toutes les choses visibles, a élevé le soleil dans le ciel et a chargé d’eau, le nuage» (Livre I, 7, 3). Mais le mythe le plus souvent évoqué à son propos est celui du combat et de la mise à mort de Vrita, présenté sous la forme d’un dragon ou d’un nuage : lors de l’assèchement de la terre, Indra se vit offrir en libation le soma, une plante liée aux pratiques rituelles dont on tirait un breuvage enivrant. Dans cette ivresse, il partit en guerre contre Vrita, le démon de la sécheresse, qu’il mit à mort grâce à ses armes, le tonnerre et la foudre. Il se mit alors à pleuvoir, Indra avait ainsi sauvé la terre et ses habitants. Diverses interpré­tations, qui se complètent plus qu’elles ne s’excluent, ont été données de ce combat. Pour certains, tel que Jan Gonda (Les religions de l’Inde, I, Védisme et hindouisme ancien, Paris, 1979), il s’agit d’un mythe de création, ou plutôt de re-création de l’ordre de l’univers, insistant ainsi sur sa dimension cosmique. D’autres insistent davantage sur la signification de Vrita, qui se traduit par «résistance» en sanskrit, et de sa mise à mort qui témoigne à la fois de la force des éléments du Ciel et de la prospérité que ces derniers apportent aux hommes.   Indra a dépassé les frontières de la seule Inde ; on le retrouve notamment représenté au Cambodge ou en Thaïlande pour des raisons qui semblent avant tout esthétiques et narratives. Tel n’est pas le cas au Népal où, aujourd’hui encore, l’adoption d’Indra est soulignée par l’importance accordée à son culte. 
Alors que, sur le sous-continent indien, le culte d’Indra – devenu un dieu mineur du panthéon hindou – est tombé en désuétude avec le déclin du védisme, il en va autrement dans la Vallée de Katmandou où sa célébration continue à rythmer la vie religieuse. L’importance d’Indra, le roi des dieux à l’aspect guerrier, est aisément compréhensible dans un système de rivalité constante entre chefferies. Pour autant, cela n’explique pas en soi la survivance de ce culte ancien lié à la royauté et l’importance accordée au dieu Vishnu en tant qu’équivalent divin du souverain sur terre, ce rôle ayant le plus souvent été transféré du premier au second, comme c’est le cas en Inde, sa mère patrie. Considéré comme l’un des dieux les plus populaires du Népal, Indra est particulièrement lié à la ville de Katmandou dont il est la divinité patronale. Sa fête, qui a lieu chaque année au mois de septembre durant environ neuf jours, aurait été instituée au Xe siècle par le roi Gunamakadeva qui aurait, dit-on, fondé la ville.   Malgré la relative pauvreté des sources dont nous disposons sur l’histoire ancienne du Népal – terme qui désignait alors la seule Vallée de Katmandou – il est possible que le choix de ce dieu védique ait été influencé, tout au moins en partie, par des raisons climatiques. Les habitants de la Vallée semblent avoir connu une période de grave sécheresse à la fin du Xe siècle. Outre l’adoption du dieu de l’orage comme divinité tutélaire de la ville de Katmandou sous le règne de Gunamakadeva (980-998), nous savons d’après les sources textuelles que son successeur, le roi Narendradeva (998-999), introduisit le culte d’Avalokiteshvara Rouge, divinité principale de la ville de Patan, et qu’ainsi il sauva le pays de la sécheresse et assura la prospérité des récoltes.  
Des nombreuses fêtes religieuses que connaît le pays, l’Indrajatra est sans doute la plus populaire. A cette occasion, le dieu de la pluie qui accorde la mousson est invoqué pour la prospérité ainsi apportée aux agriculteurs, mais c’est aussi pour les Népalais l’anniversaire de la détention d’Indra que leurs ancêtres avaient fait prisonniers. Une légende raconte, en effet, que le roi des dieux est apparu un jour dans la Vallée de Katmandou pour y cueillir des fleurs qu’il voulait offrir à sa mère. Mais ce faisant, dans un jardin, il fut pris pour un vulgaire voleur. Aussi resta-t-il pieds et poings liés jusqu’à ce que sa mère, inquiète de son absence, descendit du ciel pour le chercher. Elle dut alors dévoiler l’identité divine de son fils et, en échange de sa libération, elle promit de réaliser deux miracles : celui de faire apparaître la rosée chaque matin et celui d’accueillir au paradis les âmes de tous ceux qui décéderaient dans l’année. Outre l’intégration du culte des morts et d’éléments locaux au culte du dieu d’origine védique, les réjouissances allient également la figure de la Kumari royale et la forme terrible de Shiva. Mais, par delà l’arbitraire apparent de ces associations de divinités issues de l’Inde védique et brahmanique, de croyances locales et de cultes ancestraux, se dessine un ensemble cohérent de valeurs, partagées avec l’Inde, qui mettent en exergue l’importance du monarque universel dans le maintien du dharma qui n’est autre que l’ordre socio-cosmique. L’unité des festivités semble en effet avoir été pensée autour du concept, bien connu en Inde, de monarque universel qui justifie l’association des entités réunies en raison de la similitude ou de la complé­mentarité des notions qu’elles véhiculent.  Le monarque universel désigne communément le souverain, qui appartient aux kshatriya, la caste des guerriers, et dont le rôle est à la fois de protéger ses sujets par les armes et de leur apporter la prospérité, essentiellement en maintenant un certain équilibre entre les mondes grâce à l’observance de rites qu’il lui incombe de respecter.  Tout monarque régnant généralement sur un territoire, sa figure est traditionnellement associée à une divinité féminine qui en est la protectrice et qui, dans la Vallée de Katmandou, est incarnée par la petite Déesse Vivante, elle-même représentante de la déesse Taleju sur terre. Veillant sur le royaume du souverain qu’elle protège, ces divinités féminines sont aussi perçues, de façon allégorique, comme les épouses nécessaires des rois, la royauté ne pouvant se concevoir sans un territoire. Cette association, fort ancienne, d’un domaine et d’une divinité féminine aux côtés du roi, s’explique par le rôle très tôt conféré à certaines déesses considérées comme les protectrices divines du territoire. Ce sont encore ces divinités féminines qui renouvellent la légitimité du pouvoir royal en apposant, en l’espèce, un signe bénéfique sur le front du souverain népalais. 
Si le Festival d’Indra constitue un admirable exemple de syncrétisme religieux, les représentations matérielles du dieu témoignent également d’un mélange, voire d’un métissage des cultures. Indra peut être évoqué de multiples façons, par un simple poteau sacrificiel en bois, des effigies en chiffon du dieu, sa bannière rouge brodée d’or... sans oublier les images traditionnelles d’Indra, celles qui le montrent avec au moins l’un de ses attributs dont le plus répandu est le foudre, avec ou sans sa monture, l’éléphant royal Airavata, parfois comparé à un nuage. Mais d’autres formes du dieu, spécifiques aux ateliers népalais, sont issues de la légende locale sur la détention d’Indra. Outre les petites statuettes en bois du dieu entourées de ficelles qui rappellent sa captivité, les statues d’Indra aux bras tendus et marqués de signes religieux sur le front, aux mains et aux pieds, sont consacrées à la mémoire des ancêtres défunts. Au XVIIIe siècle, alors qu’ils visitèrent la Vallée, des moines capucins qui virent ces effigies, les bras tendus, pensèrent se trouver face à des représentations du Christ. L’anecdote peut faire sourire, mais elle révèle néanmoins la difficulté des Occidentaux à porter un regard neuf sur des  civilisations qui leur étaient alors inconnues.   Vers le XIIIe siècle, des sectes tantriques qui ont associé la figure de Bhairava, la forme la plus terrible de Shiva, au dieu guerrier Indra ont ainsi créé, au Népal, un lien étroit entre les deux redoutables divinités. On remarquera, par ailleurs, qu’outre leur aspect guerrier, Bhairava «Celui qui épouvante», partage avec Indra une autre facette, plus rarement évoquée au sujet du dieu d’origine védique, qui est celle de l’excès, de l’abus, de la décadence. Cela se traduit, notamment, par le fait qu’au cours de l’Indrajatra, ce soit de la bouche du masque imposant de Bhairava que coule le flot d’alcool de riz. Parmi les autres signes de l’exagération rituelle que partagent les deux dieux, on notera également les plaisirs charnels, qui se traduisent par l’érotisme des représentations, la violence ou bien la démesure de l’ascèse.
Susie Jouffa
© 2009 FRÉMEAUX & ASSOCIÉS 
CD n°1. Un voyage musical – Durée : 53 minutes 05 secondes
Chaque plage est numérotée et peut s’écouter séparément. Mais, pour donner l’illusion d’être embarqué dans un voyage musical, pour se retrouver plongé dans l’atmosphère sonore de la fête de la petite Déesse Vivante, lors du Fes­tival Indrajatra, en septembre 1969, il nous a semblé agréable d’enchaîner tous les morceaux. Ouvrez les oreilles, fermez les yeux !   
1. Au Temple aux Singes de Swayambunath, un prêtre bouddhiste Guvaju récite des textes sanskrits et prépare ses offrandes parmi des enfants qui jouent au cerf-volant (1’49”).   
2. Se succèdent les gongs des prêtres tibétains (0’35”).  
3. Aux alentours du temple, c’est un enchantement de chants d’oiseaux (0’33”).  
4. En ville, derrière le Palais Royal, de la bouche du gigantesque masque de bronze de Bhairava, “le Terrible”, divinité commune aux Hindous et aux Bouddhistes de Katmandou, jaillit un alcool de riz blanc et mousseux au son des longues trompes Baha qui excitent la foule enivrée (1’11”).  
5. Des ruraux, habillés de toiles de jute couleur de la terre qu’ils cultivent, protègent la petite Déesse Vivante en lui jouant de la flûte Muhali rythmée par des petites cymbales en laiton Jhyali et des tambours Dholak. Coiffés de masques effrayants où le rouge domine, sabre au poing, bracelets de corail et clochettes aux chevilles, ils miment en gestes saccadés les batailles entre les bons et les mauvais esprits par des danses Mahankale (8’21”).  
6. Des prêtres tibétains égrènent inlassablement leurs colliers à prière en souriant sous le portrait du dalaï-lama exilé en Inde depuis maintenant dix ans (1’11”).  
7. Plus de huit mille Tibétains sont alors réfugiés au Népal. Plusieurs centaines d’entre eux ont reconstitué un de leurs villages à Jawalakhel. Des femmes, de tous âges, fabriquent des tapis en chantant et en priant pour des jours meilleurs, au rythme de leurs petits maillets qui tendent les fils colorés de laine tissés (3’25”).  
8. Le jour se lève au son des flûtes et des petites cymbales Bavu quand les pélerins empruntent le chemin de terre qui monte vers la colline de Swayambunath, pour aller se prosterner et méditer sous le regard protecteur des quatre paires d’yeux peints de Bouddha, sans compter quatre fois le troisième œil (0’51”).  
9. Des mendiants des ruelles du vieux Katmandou chantent en s’accompagnant d’une vièle Saranghi à quatre cordes (2’23”). 
10. Plusieurs hommes, glissés sous une large toile grise surmontée d’une tête de Ganesh, le dieu hindou à tête d’éléphant, imitent la course du pachyderme dans le labyrinthe des rues du Bazar, riant quand ils renversent sur leur passage des Népalais éméchés qui titubent (1’02”).
11. Deux garçonnets aveugles quémandent l’aumône, rythmant au Tabla le nom de Narayana, leur dieu protecteur, une des formes de Vishnou (1’59”).
12. Sur la place du marché, des chanteurs attirent les badauds et se font de la publicité pour vendre les livrets des airs populaires qu’ils ont composés (1’54”).
13. En s’accompagnant de petites cymbales, au milieu du flot des automobiles de la New Road, un baladin raconte un passage du Ramayana, l’épopée hindouiste du demi-dieu Rama et de son épouse Sita capturée par le prince des démons Ravana (1’24”).
14. Un chansonnier des rues improvise une critique acerbe des fonctionnaires, dans un mélange chanté de népalais et d’anglais, tout en se frappant le torse (1’44”).
15. Cette musique Dhintala Singtang symbolise le travail d’une divinité qui réussit à achever un monstre géant qui terrorisait la population. Pour perpétuer ce mythe, des hommes de la caste des Duiya mettent à mort des buffles spécialement élevés pour le sacrifice (0’56”).
16. La Kumari Royale, petite Déesse Vivante, est promenée sur son lourd char doré tiré par des dizaines de paysans. L’orchestre rituel Jyapu se compose de trompes droites en cuivre Penta, tambours à deux peaux lacées Dhymaya, cymbales Bhusya et gongs en bronze Tainai. Des hommes, portant des masques de divi­nités, leur ouvrent le chemin à travers une foule respectueuse mais bruyante (1’35”).
17. En fin de journée, la nuit tombée, des jeunes lettrés comme des vieillards interprètent des chants poétiques dévotionnels Bhazan sur le parvis d’un temple. Éclairés par des torches, accroupis sur une estrade devant des images pieuses, entraînés par un harmonium, ils rythment sur différentes percussions un air dédié à Kali la Noire, déesse mère destructrice et créatrice à la fois (2’31”).
18. La petite Déesse Vivante, toujours portée avec déférence, revient vers son palais après avoir pu rendre visite à ses parents, des artisans du peuple Newar. Notons que les fillettes sacrées sont issues de familles de prêtres bouddhistes, une forme d’intégration à la fois religieuse et politique. Les musiciens sont maintenant sous l’effet de la marijuana Ganja et du haschisch Charas, ce qui s’entend nettement dans leur façon aléatoire de jouer (2’26”).
19. Chants folkloriques et religieux, liesse populaire, toux et problèmes de poumons en altitude (5’16”).
20. Malgré le bruit de la circulation automobile dans la ville nouvelle et les aboiements de chiens, une mendiante s’accompagne à l’harmonium pour d’interminables chansons d’amour à la mode, nettement influencées par les musiques modernes des films indiens. À ce sujet, le poète indien Rabindranath Tagore écrivait dans Souvenirs d’enfance : «À cette époque, l’harmonium n’avait pas encore ruiné la musique de notre pays». Un extrait de ce morceau avait été utilisé dans la B.O. du film «La Bonzesse» réalisé à Paris et au Sri Lanka en 1973 par François Jouffa avec Sylvie Meyer dans le rôle de la nonne bouddhiste (9’00”).
21. Fin de ce voyage musical hallucinant dans un espace-temps de l’ordre du merveilleux et du fantastique.  Sylvie et François sont dans un cyclo-pousse Rickhaw, Sylvie tombe dans un gâteau de fleurs de pavot. Qu’est-ce qui reste ? Pince-moi : «Le rêve est fini», comme l’affirmera John Lennon quelques mois plus tard dans sa chanson God (3’04”).  
CD n° 2. Documents parlés – Durée : 61 minutes 15 secondes
Quarante ans après ces enregistrements de septembre-octobre 1969, à Katmandou au Népal pour l’un, à Agra en Inde pour l’autre, il nous a semblé intéressant de les graver dans leurs durées originelles et, surtout, sous leurs formes initiales. François Jouffa était reporter à Europe n°1 depuis déjà six ans mais, à l’époque, il ne destinait pas ces deux interviews à la radio. Et, bien sûr, il ne pouvait pas imaginer que, au XXIe siècle, ses enregistrements in situ deviendraient l’objet d’un double disque compact. Pour Jouffa, il s’agissait simplement non pas tant de poser correctement les bonnes questions à ses interlocuteurs, que de les mettre en confiance afin d’en obtenir des informations qu’il pourra utiliser pour ses articles dans la presse écrite quotidienne et mensuelle. C’est pour garder la fraîcheur et l’innocence des documents qu’aujourd’hui, nous n’avons effectué aucun montage et que nous avons préféré laisser les silences, les hésitations, les bafouillages comme les craquements de micro. Mais, aussi, les chants d’oiseaux autour du mausolée d’Agra.   
1. Daniel Omnès, consul de France à Katmandou au Népal. L’entretien s’est passé dans son bureau de l’ambassade. En poste depuis décembre 1967, il offre l’aide de la République aux beatniks et hippies en difficultés morales et financières. À 28 ans, avec ses lunettes à montures d’acier, ce jeune diplomate ressemble à un pion bienveillant de lycée. Juste après Mai 68, il a assisté au débarquement, dans la capitale du Népal, d’étudiants désorientés en quête d’un “ailleurs” et d’un “absolu” en Orient, mais qui ont vu leurs illusions se fracasser contre les murs de l’Himalaya. Fin de voyage et mauvais trip ! Il est notable que l’une des jeunes réfugiées de l’ambassade, dont parlait alors le consul, n’était autre que Charlotte, la propre fille de Pierre Viansson-Ponté, le journaliste qui titrait “Quand la France s’ennuie” son éditorial dans Le Monde du 15 mars 1968, ne discernant pas dans sa propre famille la contre-culture en marche, quelques semaines avant le mai de la révolte (plages 1 à 6 - durée totale : 30’30).  
2. Christian Heck, étudiant de Strasbourg, voyageur, boursier Zellidja. La conversation informelle a eu lieu devant le Taj Mahal à Agra en Inde. Les “Chemins de Katmandou” n’avaient pas tous été des voies sans issues. Parmi les jeunes Routards croisés à cette époque : Robert soignait les lépreux du mouroir de Mère Teresa à Calcutta, Jean étudiait l’architecture des temples népalais, Philippe se perfectionnait en sanskrit à Bénarès, Jean-Paul, séminariste de Marseille, faisait la tournée des fêtes musulmanes du Rajasthan. Et, surtout, Christian Heck, 19 ans, rencontré alors dans le jardin du mausolée Taj Mahal à Agra en Inde : cet étudiant de Strasbourg avait reçu une bourse de l’association Zellidja pour un voyage d’études sur les Ashrams de l’Inde du nord. Sympathique et brillant jeune homme, il est devenu, ensuite, un universitaire reconnu. Aujourd’hui, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Lille 3, Membre senior de l’Institut Universitaire de France (Chaire d’iconographie médiévale), il est l’auteur de nombreux textes de référence, comme L’Échelle céleste dans l’art du Moyen Âge (Flammarion, 1997). Un bel itinéraire pour celui qui, “sur la route”, nous disait : « On ne sait jamais très bien ce qu’on recherche quand on n’a pas trouvé. » (plages 7 à 12 - durée totale : 30’45).   
Textes 2009 : Sylvie Jouffa, François Jouffa et Susie Jouffa.
Photos : Sylvie Roman-Jouffa et François Jouffa en 1969.
Enregistrements par François Jouffa en septembre-octobre 1969 sur Radiola avec micro Beyer adapté et cassettes Philips made in Austria. 
Copie en 1970 au Studio de l’émission Salut les Copains à Europe n°1 sur bandes magnétiques Pyral par Martial Courtois. 
Montage et mixage en 2008 au studio Art & Son par Alexis Frenkel. 
Conseillers artistiques et techniques en 2009 : Alexis Jouffa & Benjamin Goldenstein.   
english notes
The Festival of Indra (Indrajatra) and the celebration of the little Living Goddess
Introduction by the publisher
‘I was in Kathmandu in 1969 and I think I haven’t pulled myself together yet; I still didn’t get over it.’ This quotation of François Jouffa is taken from the website of the French publisher Tallandier who issued the ultimate and complete History of Rock. Its author has the peculiarity of being both a historian of song and pop music and an ethnomusicologist specialist in the knowledge of Asia’s culture. And it is thanks to Kathmandu! If his discography is by now rich of about forty albums, LPs and CDs, he recorded in situ it is, as a matter of fact, owing to the discovery of the Eastern world in the late 60’s. At that time a few young Westerners were setting off, on the road to Kathmandu, in order to get wrapped in the spiritual discoveries brought to light by Alexandra David-Néel. But it was also in order to experience the adventures of a fascinating graphic novel by Hergé: while sitting on the steps of a temple with Sylvie, his companion, François began to weep with emotion when he realized he was as in a drawn-strip, page 12 of Tintin in Tibet.  While he was a young reporter for the French radio station Europe n°1, he recorded every sounds during his trip with a minicassette (a new technology at that time) hidden in a small Indian shoulder bag. Then, as the musical and hallucinatory experiences of the Beatles were becoming fashionable, a record company got interested in the various folk and religious music he had recorded and brought from that part of the world, although frequented at that time only by high-level sportsmen. Many years later it was a new shed of tears, of joy that time, when Jimmy Page, the ‘guitar hero’ of Led Zeppelin, confirmed to François Jouffa, for whom it was beyond belief, that his vinyl of about forty minutes had been both for him and the singer Robert Plant a bedside disc when they were composing Kashmir, great international success and starting point of the world pop music fashion. The media fallout of the trip undertaken by the young and newly formed Jouffa couple (it was in fact their… honeymoon) to the land of the Living Goddess has had influenced a whole generation. As a proof of it, Philippe Gloaguen wrote in his memories, Génération Routard, how much he had been ‘impressed’ by the accounts François Jouffa told on the radio. In his Manuel du Routard, the famous travel guide for French backpackers, he wrote straight: ‘François Jouffa is to ethnomusicology as Gutenberg is to typography.’  Exactly forty years after these recordings, Frémeaux & Associés are proud to present, for the first time, the complete set of captured sounds that had been preserved all along this initiatory trip out of time and out of space.
Claude Colombini & Patrick Frémeaux 
‘What I wished was to explore the Buddha’s native country, to see the setting in which arose the ideas that made him become a Buddha. You will tell me that the past twenty-five centuries have probably changed that setting. It is obvious but not as much as one may think. Life goes slow in the East, especially in the distant regions, like Nepal, that are cut off from civilization.’
Alexandra David-Néel, Journal de Voyage. Lettres à son mari, 14th of December 1912 
‘That smile of the Nepalese, the most exquisite I know, exquisite, not excessive, not perturbing, but delightful, without ulterior motives, pure’.
Henri Michaux, Un Barbare en Asie, 1933 
Captain Haddock: ‘Is that thing a trumpet? I suppose you blow in here… - POOAA Captain Haddock: ‘Oh, sorry!’ 
Hergé, Tintin in Tibet, 1962 
‘I won’t let anyone do my water duty. Each morning, I carry the two plastic jerry cans from the Bazar de l’Hôtel-de-Ville [in Paris, France] to the house of the living goddess in which is located the nearest fountain. The Olympus is outdated! I will have to tell my grandchildren: I used to draw water in the residence of a goddess, no metaphor, a living goddess. […] I wish I could see the divine little virgin.’
Jack Thieuloy, India of Main Road, 1971. 
Kathmandu 69
The little Living Goddess do exists; I met her in Kathmandu in Nepal. The first time I saw her, she appeared furtively through the wooden carved window of her apartment built within the wing of the ancient Royal Palace. What struck me the most in the architecture of the residence was the wealth of its adornment. The whole of the construction was like a puzzle made of wood and in which all the rooms perfectly fit together. According to the local tradition, neither nails nor glue were used to build it. The sacred Kumari (virgin), alternative term to designate the Living Goddess, is an eight-year-old little girl, quite pretty, mysterious, impassive and dressed with brocade and wearing a golden crown. Her eyes, heavily made-up seemed to stare sadly at the sky, maybe looking for kites (the most widespread toys in Nepal) guided by children of her age above the roofs of the pagodas. But her, the little recluse, was not allowed to play…  When I arrived in Kathmandu I had a shock, an enchanting shock… Promptly one can only feel immersed in a medieval world where everything seems to have been preserved for ages.  It was only in 1953 that the Nepalese country opened up to foreigners. It wasn’t only a trip into space, it was also an incursion in the time dimension.  The most striking feature of the Nepalese lies in the eyes of its inhabitants who are filled with generosity and kindness. They are peaceful and seem to be devoid of any aggressiveness.  Their faces always reveal a radiant smile. The only inconvenience lies in the propensity of their wandering hands to explore the female foreigners’ breast and bottom. While yet keeping a disarming smile on their faces. After a fascinating trip through India I arrived in Nepal in September 1969. It was the beginning of the full-moon period, a few days before the most spectacular demonstration in Nepal, the Festival of Indra (Indrajatra), in which the Living Goddess comes out from her palace where she is otherwise locked up the rest of the year. I fully enjoyed the celebration. It wasn’t on TV but it was for real. The show was in the street, in Technicolor and in Dolby Stereo. The whole country is regulated by a hundred feasts that punctuate the annual calendar (i.e. almost one out of three days). And as any feast it implies music, dances, rites and processions. The whole of the parade was dressed in sumptuous bright-coloured costumes enhanced by gorgeous masks of evil spirits. 
At the end of the monsoon I left India where I had suffered physically and psychologically from the season’s dampness, from the lack of food and above all, from the surrounding poverty. In the alleys of the old city of Kathmandu, the people seemed happier, or at least less in need, than their Indian fellows as they didn’t follow me in formed groups to ask a ‘backshish’ or beg for some money.  The weather was cooler than in India. Finally, the food was excellent and there were a great number of Chinese, Nepalese and Tibetan restaurants. Between soups and vegetables one could eat the very nourishing buffalo steak.  In short, it was a rebirth!  For all these reasons, Nepal appeared to me as heaven on earth, especially compared to the hell that had been India to me. As I see it Kathmandu could be compared to Chamonix in the French Alps with a little something of Tintin in Tibet. It looked like Chamonix but with temples all around and, surrounding the city as far as the eye could see, the Himalayan chain was forming a white and sky-blued necklace around the valley. The contrast with India was so striking that everything seemed wonderful, even the wet bed of Camp Hotel, an average haven for ‘filthy rich freaks’, well located in the centre of Kathmandu, near the central place (Durbar Square) all around which were the temples and the palaces where took place the festivities and celebrations. The innkeeper was a nice man who could have taught his work to his French colleagues. The first day, he invited me to share his Nepalese meal that consisted in a plate of plain rice served with ‘Dal’, a dish essentially made of lentils, and a Chinese soup with ‘Momos’, a kind of raviolis filled with meat. The lunch ended with a glass of ‘Chang’, a rice wine tasting like cidre that instantly went to my head. He then asked me to sign his gold book, or I shall say, one of his five gold books. These were real sources of information as they contained quotations, signatures (some by pop stars of the sixties), addresses and pictures that could have made green with envy agents of the Intelligence Bureau or French policemen of the vice and drug squad. ‘Officially’ the consumption of light drugs (opium, hashish) we used to find in the authorized ‘Government Shops’ was to be forbidden after 1973. 
Kathmandu was also the place where the well-off Europeans living in Goa, India, used to spend their holidays. Each year, they stayed there, between June and October, in order to avoid the Indian monsoon. One could have seen them, in the afternoon, going from a hippy bar to another and from a cake shop to a restaurant. They usually drank ‘Lahssi’, a sort of liquid and frothy yogurt, and ate opium cakes in the ‘Pie Shops’. Many of them smoke the whether red, green or golden ‘Ganja’, which is the local weed. Once, a traveller told me ‘You know, that pot is quite light. It’s a natural and unselected weed that children start smoking at eight.’ Although it may not have been strong, while going through New Road, the embassy area, a young French lady dressed in a Nepalese pyjama cut in an apple-green coarse fabric was laughing her head off at the sight of her dark-haired companion: ‘You’re small, so small. It’s ridiculous how tiny you can get.’ It is true he was not quite tall, around sixty-five inches, but he could not, at any rate, have been considered a dwarf! ‘You’re fat as a chicken, as an egg’, carried on the blond who was laughing with a renewed vigour. ‘You seem to disappear in a whirl. What’s happening to me? I cannot hear anymore. I have cloth ears’. While she was keeping on with her weird monologue, she crossed the street in order to enjoy a Nepalese made Swiss cheese at the Swiss Cooperative. Quite often, children offered me to change dollars at the black market’s rate, to buy some paintings (‘thangka’), ancient Tibetan jewelleries and, of course, local grass. Eleven grams (the Nepalese ‘Tola’) for one rupee and a half, that is to say seventy centimes of the French former currency [eleven cents in Euros]. On the East road, on top of one of the countless hills of the valley, I saw a scene closer to Hieronymus Bosch surrealist world than to the reality of the 20th century. It was at the Monkey Temple, the Swayambunath, that I had reached after having climbed thousands of steps accompanied by an old man and a child both playing some folkloric tunes with a small rustic violin, a ‘Saranghi’. There I came across dozens and hundreds of monkeys. Some of them, the youngest ones, were sliding on their red butts over the stairs’ railing. Others, seating in a single line, seemed to devote most of their time to remove the louses from each other’s head. 
After I had came across a countless number of small temples and big yellow-painted seated Buddhas, I finally reached the central platform from which the show was so amazing that I couldn’t say if I was actually daydreaming or not: a circle of lamas, the Tibetan refugee priests wrapped in their orange robe, a constant meditative smile on their faces and their head shaved, was tirelessly circumambulating around a temple, essentially consisting in a round mound, while chanting prayers. The procession formed like a huge necklace around the stûpa, the sacred building, as they had their prayer wheels twirl. On top of the monument, two huge painted eyes kept watching over the merry-go-round. In the swarming ambience of scrawny but sacred cows, dogs almost dead, pigeons, ducks, ravens and naked children, a ‘Saddhu’, a religious pilgrim with long hair offered me to buy his prayer beads made in sandalwood for ten rupees, about five francs [seventy six cents in Euros], a real fortune for him. To the divinities sheltered in the niches the Buddhists offered flowers and rice that were immediately robbed by the starving monkeys. So, I was in Kathmandu, at the beginning of the feast dedicated to the god Indra, a divinity tightly linked to the water element. He is invoked in order to assure the rain that will bring a favourable monsoon and will make possible for the black buffaloes to have fresh grass and the people to obtain new harvests. In order to celebrate this divinity, both the Buddhists and the Hindus, dance, sing, pray and play music. And, as Indra is also the ‘king of the gods’, the kings of Nepal used to present themselves as the equivalent of the god on earth. The Festival is the occasion for the king to re-establish the legitimacy of his power. It also gives the opportunity to acclaim the sacred virgin, the Kumari or Living Goddess who is allowed, only for that event, to come out from her palace whose entrance is kept by two lions made of stone. During all of the procession, the five priests who had chosen the little girl stayed along with her. The most important moment of the festival was when king Mahendra Bir Bikram Shah, surrounded by his family and the ambassadors of the allied and near States (USSR, China and India) bowed down at her feet in order to receive her benediction, it was when she marked his forehead with the ‘Tika’, the traditional red dot. To the Nepalese people the ceremony is a symbol of royal legitimacy. After the king had left, thousands of devotees managed to come closer to the little virgin in order to catch sight of her, while she was seating on her golden throne and protected by big copper lions, and to receive her benediction as well. The Kumari is worshipped as though she were the real Goddess Taleju, the ancestral protector of the kings of Nepal. A tale explains how the custom has been established: while playing at dice, an ancient king is said to have had impure thoughts towards her and to have tried to seduce her. Offended, the Goddess would have had decided to disappear and to  withdraw her protection. After a very long penance, the king got informed that the Goddess would appear, from then on, as a little girl from the lower cast amidst the goldsmith. The cult has now been practiced for thirteen centuries.
The little girl is chosen at the age of five.  Her body needs to be defaultless and to bear 32 signs among which the most distinctive features are: the line of the arch foot forming a circle, proportionate heels, long toes, doe-shaped legs, sexual organs embedded in the pelvis, round shoulders, a lion chest, long arms, a small but proportionate tongue, a deep-voice like the one of a sparrow, a round head, etc. After being chosen, the sacred virgin lives in her palace, where all her wishes are being fulfilled. But as she has to never be harmed, she cannot play and has to stand still. The sight of blood would indeed put an end to her sacred character. She is therefore condemned to remain almost immobile. It is the age of puberty, when she starts having her periods, that puts an end to her reign. She is then be replaced by a new chosen child and sent back to her family with plenty of presents. But she will remain… cursed. According to a superstition, the ex-Living Goddesses,  worshipped during their childhood, will end up their lives alone and somewhat neurotic, and above all unknown and unremarked as it is believe that none of their husbands would survive long after their marriage. The Festival had just begun when a long line of peasants and servicemen pulled the trunk of a tree that had been cut down in honour of Indra. A Buddhist priest was reciting prayers in Sanskrit while preparing the offerings, and children were playing with colourful kites. I followed the procession that had just taken form. The post, consisting in the trunk of the tree, had been erected with the help of ropes. Some soldiers fired a salute with their rifles. The brightly coloured crowd began to applaud. Some participants laid offers at the bottom of the huge post. Concealed behind  a wooden crosspiece all along the rest of  the year, a gigantic bronze mask was being  disclosed for the occasion. It was Bhairava, the most terrible form of Shiva. The mask was fixed at the rear wall of the ancient Royal Palace. During eight consecutive nights, everyone joyfully jostled at each other while trying to swallow a gulp of rice bear - which is  considered as a divine gift, ‘Prasad’ - gushing out from a pipe hidden in the divinity’s mouth. A little fish is said to live in the alcohol tank and it is believed that if someone had the chance to capture it while drinking that person would become the happiest inhabitant of the valley. While mingling with the crowd, dozens of hands brushed against each part of my body. My timid attempts to protest had no effect on all the surrounding smiles.
Within 24 hours, the centre of Kathmandu had turned into a big theatre: it was like a dream. The dances were followed by the processions, the flute melodies by the rhythm of the cymbals; and the drums preceded and followed all the ceremonies. One morning, the little goddess had been taken out for a ride on her heavy golden chariot pulled by dozens of peasants through the city. Masked musicians and dancers accompanied her. The crowd hurried in order to see her. Flowers and rice were thrown at her. It was hard to approach her and even more harder to take photographs but, I did learn it after, it was strictly banned. At another moment, actors wearing glittering tops and loincloths made of precious fabric had mimed the sabre dance. Their vivid-coloured masks of papier-mâché were representing the gods. Their movements were accentuated by the insistent music. The growing number of people crowded together on the different levels of the temples surrounding the forefront of the ancient Royal Palace as well as on the huge benches. The houses’ roofs in the shape of a pagoda were teeming with people. Women were dressed in their most beautiful saris. The air was balmy with incenses and fragrances.  The Living Goddess appeared on the balcony, wearing a heavy headpiece in gold ornamented with precious stones. Her forehead was adorned by the blood-coloured ‘Tika’ (the third eye), the symbol of the female energy. Her eyes were lined with black kohl. Although the ceremonies kept going on it was no longer coordinated. I was surprised to see in the courtyard of a temple a group of masked dancers simulating the battle of the gods in that almost empty place. Or to see, in the evening, at a corner of the main square, the gathering of young intellectuals and elders saying prayers and squatting on a platform in front of holy pictures. Accompanied by a harmonium, others were playing different percussion instruments like the Indian tabla. By candlelight, they were also narrating the  legend of Kali, the Goddess of destruction and creation. 
Such animations occurred each night. The Living Goddess had been taken out on her golden chariot three days in a row. Although she was the main character of the festivities, she was brought back into her palace from which balcony she attended the last part of the ceremony. As most of the Nepalese were used to stay up until late at night, it was quite frequent to see drunken people lurching along the roads before they collapsed. But in the morning everything started anew. Non-stop music and dances. I was watching the dancers who came in groups from different areas of the city, or the singers taking part in a contest. Some children, gathered together, were dancing a sequence of the Mahâbhârata (one of the two great epics of Ancient India with the Ramâyâna). The last night of the festival, men with tremendous headdresses dragged the crowd towards the courtyard of the ancient Royal palace where they performed a ritual dance around a buffalo. As bullfight in the Western world, they managed to excite the animal until they actually cut its head off with the sabre they were holding in one hand. In the middle of the night, the post erected on the first day was being cut down. Once the trunk had fallen on the ground, the mob rushed at it and ripped a piece off in order to save a part of the sacred tree. Afterwards, while the music and the dancing were still going on, what was left of the tree was being dragged to the Vishnumati river that runs along the city of Kathmandu where it was to be sunken. The last salvo fired by the officers of the Royal guard announced the end of the  festivities that had longed for eight days and eight nights. The next morning the calm was back but the show I had witnessed the last few days dazzled me with its magic, and that was to last for a long time. Up to the present day the memory of the smells I had breathed, the local music still echoing in my head and, most of all, the visions I had of a another world of other times, made it possible to bring back to life the souvenir I have from that experience.
Sylvie Roman, Traffic n°3, December 1985 
Documentation
Sylvie Roman-Jouffa and François Jouffa gave an account (texts and pictures) of their 1969 initiatory trip in India and Nepal, in:
- The daily paper L’Aurore of Tuesday, the 14th of October 1969 ; Wednesday, the 15th of October 1969 ; Thursday, the 16th of October 1969 and Friday, the 17th of October 1969.
- The monthly Rock & Folk n° 34 in November 1969 and n°35 in December 1969.
- The weekly Pop Music – Superhebdo n°71 on the 5th of August 1971.
- The monthly Traffic n°3 in December 1985.
- The book Pourquoi n’êtes-vous pas hippie? Editions La Palatine, 1970.
- The book La Culture Pop des années 70 (le pop-notes de François Jouffa), Editions Spengler, 1994.
Some photographs shot by Sylvie Jouffa in India and in Nepal were published in the book Les Années Cool, une jeunesse de rêves, 1969-1979, Editions du Panama, 2006. Following the radiophonic shows François Jouffa had commented and illustrated by his own melodic documents, in October 1969, on Europe n°1, and contemporarily to the release of the film ‘The Road to Katmandu’ or ‘Dirty Dolls in Katmandu’ (with Renaud Verley, Jane Birkin and Serge Gainsbourg) directed by André Cayatte and based on René Barjavel’s eponymous novel, the record company Vogue produced a long play vinyl (44 minutes and 40 seconds) distributed in May 1970 and entitled Katmandou, musique folklorique et reli­gieuse du Népal. Enregistré à Katmandou par François Jouffa (reference LVLX.501). 
The worship of Indra in Nepal 
The cult of Indra, quite popular in Nepal, has its roots in Ancient India. Whereas its practice has declined in its country, since the rise of Hinduism, the inhabitants of the Valley of Kathmandu continue to pay tribute to the king of the Vedic gods. Indrajatra, the Festival dedicated to Indra, gives evidence of the survival of ancient Indian beliefs and of the religious syncretism that constitute the main basis of the Nepalese religion.  The main features of the god had been composed from historical, philosophical and mythological elements that are quite meaningful as to the evolution of the relation to god. As it is often the case, the mythology relating to Indra encompasses several realities at the same time; it can be understood as a mere product from the imagination, an allusion to an aspect of history, an instrument to convey a philosophical truth or as a mean to describe and understand the natural phenomenon. It can be comprehended in several ways. Forging a warrior god to their image, the Indo-Aryan military chiefs had coined the term Indra, meaning ‘chief’, as a royal title bestowing legitimacy upon its holder. After its systematic association with the main Vedic god, Indra became the name of the king of the kings. Although the primary use of the word is out-dated in India, the title had been kept in Nepal until the recent proclamation of the Federal Democratic Republic in 2008 and the end of the last Hindu monarchy. By the way, it is significant to mention that the Festival dedicated to the warrior god is in September for, in Medieval times, at that same period, the Nepalese kings used to wage wars in order to capture new lands and submit the rebellious vassals to their authority.  
The Indus civilisation - that had flourished between the second half of the third millennium and the very beginning of the second millennium B.C. - might have considered the natural phenomenon as divine entities with their own features, not yet embodied in hominoid forms. The situation evolved progressively with the arrival of the Indo-Aryan invaders for they were trying to think to the proper supports and forms that would suit their devotion. As a matter of fact, it was during the Vedic period that a pantheon of gods took its shape; in the course of time, the features of each divine character increased in accuracy before it was to be transcribed in Sanskrit and gathered in a corpus of texts known as the Veda, meaning literally ‘Knowledge’. Indra, to whom is dedicated the greatest number of hymns in the Rig Veda, is the most important god of the elements. As the great master of the Sky, it is said that ‘Indra, in order to make things visible, has lifted the sun up into the sky and has filled with water, the cloud’ (Book I, 7, 3). But the myth which is the more often brought up about Indra is the battle against Vrita, the latter being presented whether like a dragon whether like a cloud: while the Earth was drying out, Indra drank the ritual plant, Soma, before his fight with Vrita - that signifies “resistance” in Sanskrit - who was retaining all the water. It began to rain at the end of it. Indra had saved the earth and its inhabitants. Several interpretations, that are not exclusive, have been given about that fight. It can be seen as myth of creation, or shall I say a myth of re-creation of the order of the universe, thus stressing on its cosmic dimension. One can also highlight the way the demon of drought is killed which is meant to show both the strength of the Sky elements and the prosperity these elements bring to people.  Indra has crossed the boundaries of India; one can see the god represented in Cambodia or in Thailand the foremost reasons being essentially esthetical and narrative. Such is not the case in Nepal where, the importance of Indra – still nowadays – is emphasized by the importance given to its cult. Whereas the worship of Indra - now considered as a minor Hindu god - is no longer practiced in India since the Vedic religion has declined, its celebration still regulates the religious life of the Nepalese people. The importance of the archetypal warrior god, king of the gods, can easily be understood in a context of rival chiefdoms. However, it doesn’t explain the survival of that ancient cult linked to royalty and the importance given to the god Vishnu as the divine counterpart of the king on earth; most of the time, like in India, that function has been transferred from the former god to the latter. As one of the most popular gods in Nepal and as the patron of the city of Kathmandu, Indra is especially linked to that town. Its annual festival is said to have been established during the Xth century by king Gunamakadeva who is also considered as the founder of the city itself.  
Despite the relative poverty of the sources of information we have on the ancient history of Nepal - term that used to designate the only Valley of Kathmandu - it is possible that the adoption of the Vedic god Indra had been influenced, in some ways, by climatic conditions. The inhabitants of the Valley seem, indeed, to have undergone a long and harsh period of drought at the end of the Xth century. Beside the adoption of the king of Thunder as the tutelary god of the city of Kathmandu under the reign of Gunamakadeva (980-998), we know from textual sources that his successor to the throne, king Narendradeva (998-999) introduced a cult dedicated to Avalokiteshvara The Red, the tutelary divinity of the city of Patan and that, doing so, he had saved the country from drought and had brought thriving harvests to his people.  Amongst the numerous religious ceremonies of the Nepalese country, the Fest dedicated to Indra is the most popular one. For that occasion, homage is paid to the rain god that grants the monsoon that brings prosperity to the farmers and the peasants. But it is also, for the Nepalese people, the anniversary of Indra’s captivity by their ancestors. According to a legend, the king of the gods once appeared in the Valley of Kathmandu in order to pick up some flowers for his mother. But, while doing so, in a garden, he was mistaken for a vulgar thief. He, therefore, had remained tied up until her mother, worried by his long absence, came down on earth to look for her son. In exchange of his liberation, she had to reveal his divine identity and to accomplish two miracles: to bring dew each morning and to accept in heaven the souls of all the ones would die within the year. In addition to the integration of the worship of the dead and local elements to the worship of the Vedic god, the celebration also includes the royal Kumari and the most terrible form of Shiva. In despite the apparent arbitrariness of the association of Vedic and Brahmanical gods, local beliefs and ancestral worship, a coherent set of values is brought out that gives importance to the universal monarch whose role is to maintain dharma, the socio-cosmic order. The unity of the festi­vities seem, indeed, to stem from this concept, shared with India. As a matter of fact, the notion of universal king explains the asso­ciation of such entities gathered in one single Fest because of the notions they convey.  
The universal monarch can be defined as a sovereign, belonging to the kshatriya, the warrior cast, and whose main role is to protect his people with his army and to bring prosperity, essentially by maintaining harmony between the different worlds thanks to the observance of rites.  As monarchs usually reign over a territory, they are traditionally associated to a feminine divinity who protects the kingdom. In the Valley of Kathmandu, she is embodied in the little Living Goddess who also represents the goddess Taleju on earth. Watching over the realm of the sovereign she protects, the feminine protectors of the territory are also identified as the allegorical spouses of the kings, kingship being unconceivable with no land. The association of a domain and a feminine divinity at the side of the king is quite ancient. The feminine divinities also have the power to renew the king’s legitimacy, as it is the case here, by marking the forehead of the Nepalese king with a red dot.  If the Festival dedicated to Indra is a great example of religious syncretism, the material representations of the god also give testimony of the combination, not to say, the merging of cultures. Indra can be evoked in several ways, by a mere sacrificial post made of wood, rag dolls of the god, his red banner embroidered with golden thread… and, of course, the traditional representations of Indra, those in which he is shown with at least one of his attributes, the most common one being the vajra, and with his mount, the royal white elephant, Airavata, who is sometimes compared to a cloud. But other forms of the god, specific to the Nepalese workshops, are inspired by the local legend of the detention of Indra.  In addition to the wooden statuettes of the god trussed up, the statues of Indra, arms stretched on each side, with religious signs on the forehead, the hands and the feet, are dedicated to the ancestors’ memory. In the XVIIIth century, while they were visiting the Valley, Capuchin monks thought they had found representations of the Christ when they saw the stretched-armed god. It may appear anecdotic but it reveals the difficulty of the Westerners to have a fresh look on civilizations that were, at the time, unknown to them.  In the XIIIth century, followers of the tantric school have associated the figure of Bhairava, the most terrible form of Shiva, to the warrior god Indra, thus creating a link in Nepal between the two dangerous divinities. It is also worthy of noting that both gods have a link with eroticism, abuse and decadence that can explain the stream of alcohol gushing out from the mouth of Bhairava’s imposing mask during  Indra’s Fest. Among the other signs of ritual exaggeration both gods have in common are the sensual pleasures that are depicted in the erotic representations, violence and excessive ascetism.
Susie Jouffa
© 2009 FRÉMEAUX & ASSOCIÉS 
CD n°1. A musical trip – Total playing time: 53 minutes 05 seconds
Each track is numbered and can be listened to separately. But in order to have the illusion to be taken in a musical trip and to get fully immersed in the musical atmosphere of the Living Goddess feast during Indra’s  Festival (Indrajatra) in September 1969, we thought it would be more pleasant to have a continuous and unbroken succession of tracks. Open your ears and shut yours eyes!   
1. A the Monkey Temple, the Swayambunath, the buddhist priest Guvaju is reciting texts in Sanskrit while he is preparing the offerings amidst children playing with kites (1’49’’).  
2. Then follows the gongs of the Tibetan priests (0’35’’).  
3. In the surrounding area around the temple, one can hear the enchanting bird songs (0’33’’).  
4. Within the city, at the rear of the Royal Palace, from the mouth of the huge bronze mask of Bhairava, ‘the Terrible’ – a divinity shared both by Hindus and Buddhists in Kathmandu – is gushing out the white and bubbly rice wine at the sound of the long Baha horns that excite the inebriated crowd (1’11’’).  
5. Peasants, dressed in hessian cloths coloured by the soil they cultivate, are protecting the Living Goddess by playing the Muhali flute to the beat of the Jhyali little brass cymbals and the Dholak drums. With a sabre in one hand, frightening masks of essentially red colour, coral armlets and anklets with little bells, they practice the Mahankale dances by miming in a jerky way the battles between the good and the evil spirits (8’21’’).  
6. While they tirelessly tell their beads, some Tibetan priests have a smile on their face at the sight of the picture of the Dalai Lama who has now been exiled in India for ten years (1’11’’).  
7. More than eight thousand Tibetans then took refuge in Nepal. Hundreds of them have recreated their familiar village in Jawalakhel. While weaving rugs and carpets, women of all ages are singing and praying for the advent of a better day, to the beat of the mallets used to tighten together the colourful woollen threads (3’25’’).  
8. The day had already begun with the sound of flutes and small cymbals Bavu when the pilgrims took the path leading to the hill of Swayambunath where they prostrated themselves before meditating beneath the four pairs of painted eyes of the Buddha, not to mention his four third-eyes (0’51’’).  
9. Beggars, in the alleys of the old Kathmandu, singing and playing the four-stringed viol ‘Sarangi’ (2’23’’).
10. Several men hidden under a large and grey blanket surmounted by the head of Ganesha, the Hindu god with an elephant head, are making a parody of the pachyderm running through the intricated alleys of the Bazar and laugh when they happen to bump into fuddled Nepalese people (1’02’’).
11. Two blind little boys are asking for charity while praising the name of Narayana, their protective god and one of the many forms of Vishnu, to the rhythm of a tabla (1’59’’).
12. On the market place, singers making their own advertisement attract onlookers by selling booklets containing the folk tunes they had composed (1’54’’).
13. While accompanying himself on little cymbals in the midst of New Road’s stream cars, a wandering entertainer is narrating an excerpt from the Ramayana, the Hindu epic about the adventures of the half-god Rama whose wife, Sita, had been kidnapped by Ravana, the lord of the demons (1’24’’).
14. While hitting his chest, a street artist improvises a bitter criticism about the civil servants in a song combining Nepalese and English words (1’44’’).
15. The Dhintala Singtang music praises the achievement of the god who has managed to destroy the evil creatures that had terrified the population. In order to perpetuate the myth, members of the Duiya cast put to death buffaloes especially reared for that purpose (0,56’’).
16. The royal Kumari, the little Living Goddess, is parading on a her heavy golden chariot pulled by a dozen peasants. The ritual orchestra is composed of straight horns made of brass, Penta, and drums with two laced up skins, Dhymaya, cymbals Bhusya and bronze gongs, Tainai. Some men wearing masks with the head of gods open the way through the respectful but clamouring crowd (1’35’’). 
17. In the end of the day, when the night was dark, young and old intellectuals sing devotional poetry in front of the temple. Squatting on a platform in front of pious pictures and enthralled by a melodic harmonium, they beat the tempo on different percussion instruments thus producing a tune dedicated to Kali the Black, the mother goddess both of destruction and creation (2’32’’).
18. The little Living Goddess, always carried with deference, returns to her palace after a visit to her parents, artisans from the Newari people. It is noteworthy of mentioning that the sacred girls are chosen among Buddhist priests’ families for a better religious and political integration of their community. As one can hear from the inaccuracy of the tune, the musicians are now under the influence of marihuana Ganja and hashish Charas (2’26’’). 
19. Folkloric and religious songs, popular festivities, cough and lungs health problems in high altitude (5’16’’).
20. In despite the noise coming from the car traffic of the new town and the dogs’ barking, a begging woman singing endless love songs in fashion – clearly influenced by the modern music of Indian films – accom­panied herself on a harmonium. About that subject, the Indian poet Rabindranath Tagore wrote in My Boyhood Days (1943): ‘In that time, the harmonium had not yet ruined our country’s music’. An extract had been used in the soundtrack of the film La Bonzesse shot in Paris and in Sri Lanka in 1973 and directed by François Jouffa, with Sylvie Meyer playing the part of the Buddhist nun (9’00’’).
21. End of the musical and hallucinatory trip into that wonderful and fantastic parallel space-time. If Sylvie and François were in a rickshaw and Sylvie jumped out in a poppy cake, who would be left? Pinch me: as John Lennon said a few months after in his song God, ‘The dream is over’ (3’04’’).   
CD n°2. Spoken archives – Total playing time : 61  minutes 15 seconds
Forty years after the 1969 recordings, in Kathmandu, Nepal, for one and in Agra, India, for the other, we thought it was more interesting to burn them all in their entirety and, most of all, in their initial forms. At the time, François Jouffa, who was already a reporter at Europe n°1 for six years, didn’t plan to use them in the framework of the French radio. And, of course, he couldn’t have imagined that, in the XXIth century, the sounds he had captured in situ would turn into a double CD. For Jouffa, it was less a matter of asking the right questions to his interlocutors than to put them at ease in order to obtain some useful information to write articles in daily and monthly magazines. In order to keep the original freshness and innocence of the sound documents, we have decided not to resort to sound montage and thus to keep the silences, the hesitations, the spluttering as well as the cracking sounds of the microphone. And also the bird songs around Agra’s mausoleum.   
1. Daniel Omnès, French consul in Kathmandu, Nepal. The interview took place in his office in the embassy. Daniel Omnès who had been holding the post since December 1967 was to offer the help of the French Republic to the beatniks and the hippies in moral and financial difficulties. At the age of 28 the young diplomat wearing steel-framed glasses looked like an understanding high school supervisor.  Right after the events of May 68 he witnessed the mass arrival in the capital of Nepal of confused and disoriented students in quest of absoluteness in the East. But their illusions crashed against the rock face of the Himalaya. End of the trip and bad trip! It is noteworthy to mention that one of the young refugees in the embassy – about whom the consul talked to us – was no other than Charlotte, the own daughter of Pierre Viansson-Ponté, the well-known journalist who wrote in Le Monde, on the 15th of May, 1968, an article entitled ‘Quand la France s’ennuie’ (When France gets bored) while he had not perceived within his own family the on-going counter-culture a few weeks before May’s revolt (tracks 1 to 6 - total time : 30’30).   
2. Christian Heck, French student from Strasbourg, globetrotter, Zellidja scholarship holder. The informal conversation occured in front of the Taj Mahal in Agra, India. All ‘The Roads to Kathmandu’ had not been a no way out. Among the young backpackers we met at that time there was: Robert who took care of the lepers in the dying place of Mother Teresa in Calcutta, Jean who studied the architecture of the Nepalese temples, Philippe who was improving his Sanskrit skills in Benares, and Jean-Paul a seminarian from Marseille who was doing the rounds of the Muslim celebrations all through the Rajasthan. And, above all, there was Christian Heck, 19 years old, whom we met in the garden of the Taj Mahal, the great mausoleum in Agra, India: this student from Strasbourg had received from the association Zellidja a grant for the study of the North India’s ashrams. The nice and brilliant young man then became a respected scholar. He is now a professor of art history at the University of Lille 3, a Senior Member of the Institut Universitaire de France (in hold of the Medieval Iconography chair), and the author of several texts of reference, as L’Echelle céleste dans l’art du Moyen Age (The celestial ladder in Medieval art), Flammarion, 1997. A great itinerary for the one who, ‘on the road’, told us: ‘One doesn’t know what to look for before having found it’ (tracks 7 to 12 - total time : 30’45). 
Texts 2009: Sylvie Jouffa, François Jouffa and Susie Jouffa.
English translation: Susie Jouffa.
Photos: Sylvie Roman-Jouffa and François Jouffa in 1969. Recordings by François Jouffa in September-October 1969 on a Radiola with an adapted Beyer microphone and Philips minicassette tapes made in Austria. 
Copy in 1970 in the studio of the radio teenager show Salut les Copains, at Europe n°1, on magnetic-tapes Pyral by Martial Courtois. 
Editing and mastering in 2008 at the studio Art & Son by Alexis Frenkel.
Artistic and Technical advisors in 2009: Alexis Jouffa & Benjamin Goldenstein.

CD Katmandou 1969 © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)


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François Jouffa
par Libération


"François Jouffa a quitté son bureau d'Europe 1. De cette pièce, rock'n roll hall of fame un peu désuet, c'est tout un pan de l'histoire d'Europe 1 qu'il faut déménager. Des mètres carrés de photos répètent l'image d'un petit jeune homme au regard clair, bras prolongé d'un micro, visage éclaboussé par l'aura des Jim Morrisson, Bob Dylan, Mick Jagger, Cloclo, Eddy, Johnny et les autres. Sur les étagères, quelques-uns des trente volumes édités à partir de 75 ­ l'Age d'or du yéyé, de la « pop music », les Stories de Johnny, des Stones ou d'Elvis martèlent ce passé dans lequel beaucoup l'ont finalement classé.
Sur la porte d'entrée, un article claironne toujours: « Jouffa revient sur Europe 1. » Anachronique consolation: le Petit Prince de la radio (il a débuté sur Europe à 12 ans en interprétant le texte de Saint-Exupéry) vient d'être débarqué de sa planète. La direction de la station lui a sucré, vendredi dernier, l'émission Vinyl Fraise, la dernière qu'il animait, chaque jour, depuis cinq ans. Certains de ses homologues l'enterrent sans larmes ni bouquets: « C'était déjà un miracle qu'il ait tenu jusque-là avec son filon, les années 60 et 70. On ne peut pas toujours vivre sur un gimmick du passé... » Jouffa, c'était le Tintin parisien au pays du rock'n roll, devenu chantre de l'ère flower power. Le temps du rock, pour lui, s'est arrêté en 1977. « Quand le mouvement punk a débarqué, j'étais au bord de la dépression, et avec la cold-wave, c'était encore pire: de la musique grise, sans âme... » Alors il s'est réfugié dans la période 60-75. De cette époque dont il fut un témoin actif, il est devenu peu à peu le conteur. A la vie comme au micro, il se souvient, démêle les entrelacs de son expérience... au risque de bâtir lui-même le placard qui lui ouvre aujourd'hui ses portes. En 1963, à 19 ans, François Jouffa entre à la rédaction d'Europe 1 comme reporter. L'explosion du rock anglo-saxon percute sauvagement la France, il en capte les détonations. Un an plus tard, les Beatles atterrissent au Bourget. Il les accueille au bas de la passerelle, micro à la main, et offre à Europe 1 la première interview des Fab Four en français. Pendant les années qui suivent, il n'est pas une voix des artificiers des sixties qui n'échoue, un jour ou l'autre, sur les bandes de son Nagra.
Parallèlement, bombardé sur tous les fronts par la rédaction d'Europe, il explore de l'intérieur le laboratoire d'idées des années 60, persuadé que le constat de Viansson-Ponté (« La France s'ennuie ») n'est qu'une marque de l'aveuglement d'une génération dépassée. En mai 1967, dans son fanzine Bande à part (BAP), il prône la révolte « dans une vaste campagne de bonheur », faute de voir « les jeunes ouvriers, comme les étudiants, face au monde professionnel et sans travail, se déchaîner ». En 68, juste avant l'explosion de mai, il se fait écarter de l'émission Campus, relais « des nouveaux courants culturels qui submergent le monde des adulte s», pour avoir invité des étudiants gauchistes allemands, dont certains deviendront membre de la bande à Baader. Envoyé sur les barricades, il découvre les joies du reportage à chaud: « Les manifestants nous traitaient de radio-flics et la police de radio-émeutes! » Emporté par son élan, il va même s'essayer au cinéma. En 1973, il tourne la Bonzesse, parcours sulfureux d'une étudiante qui finit par trouver le Nirvana à Ceylan. Le film apparaît à l'affiche du Georges V en 1974, après un an d'interdiction en salle: « Quand Giscard est descendu les Champs-Elysées, une photo parue dans France-Soir l'a montré devant l'affiche. » Certains y verront «le film qui a fait sauter la censure». Aujourd'hui, Jouffa ne refuse jamais une balade au pays des souvenirs. Dans Vinyl Fraise, c'était même son unique ambition. Mais s'il est un voyage dont il n'est jamais revenu, c'est celui qui l'a mené à Katmandou, en 1969, avec sa femme Sylvie. Equipé d'un petit magnéto, il traque la couleur locale (ambiances orientales, chants traditionnels) dont les jeunes Occidentaux se délectent. Un 33 tours sera édité peu après son retour. L'an dernier, le producteur de Led Zeppelin lui a rappelé que « Jimmy Page et ses acolytes baignaient dans ce reportage au moment où ils composaient Kashmir! ».

Depuis, François Jouffa a sillonné Bali, la Thaïlande, le Viêt-nam, la Birmanie, le Triangle d'Or. A chaque retour, il produit un album de musique ethnique, accompagné de notes de voyage. Une activité peu rémunératrice, qu'il aimerait prolonger au micro: « Plutôt que de raconter pour la centième fois ma nuit avec Dylan, je pourrais faire une émission passionnante sur le voyage, les musiques et les gens que l'on découvre. Sur la route, on croise des backpackers (routards) passionnants, des Kerouac d'aujourd'hui. J'ai proposé l'idée, mais personne n'en a voulu jusqu'à présent... » Mais, pour la plupart, Jouffa reste le spécialiste des yéyés, le biographe de Johnny, le gentil animateur de Vinyl Fraise. C'est celui-là qu'Europe 1 a décidé de mettre au clou avec ses photos, la moquette orange à l'étage de son duplex, le petit combi VW marqué du sigle Peace and Love qui décorait son bureau. Enlever Jouffa d'Europe, c'est un signal très clair: la station de la rue François-Ier fait sa mue de fin de siècle, et personne n'est à l'abri, les voix historiques pas plus que les autres. « Ce n'est même plus une page qui se tourne, a conclu un journaliste venu voir la dernière de Vinyl Fraise, c'est la fin du livre. » François Jouffa avoue que la suppression de son émission l'a laissé prostré. Que faire maintenant, alors que tous les programmes radio sont bouclés? Rester digne... Quand il a vu une assistante, elle aussi évincée, fondre en larmes en sortant des locaux, rue François-Ier, il l'a entraînée plus loin. « Viens, ils ne méritent même pas de te voir pleurer... »  Petit Prince éjecté d'Europe 1, piégé par son identification à une époque engloutie via une station ingrate, Jouffa se demande aujourd'hui que faire. Il dénonce la formation de ghettos dans le paysage radio, lui, le pur produit du format généraliste, toujours en se référant aux sixties : « Quand j'étudiais l'audiovisuel à Seattle, en 1962, j'étais outré qu'il y ait des radios différentes pour les Noirs, pour les Juifs, les jeunes, les vieux. Mais c'est ce qui se passe aujourd'hui en France ! Comment les communautés pourraient-elles s'entendre si elles ne se rencontrent pas ? » Il s'en prend également au « ton humiliant de certains jeunes animateurs. On peut me traiter de baba sur le retour, mais je revendique une philosophie d'espoir, de gratification du public, détruire un auditeur à l'antenne pour faire rire les autres est vraiment trop facile ». Alors Jouffa cite Ferré, « Les modes se démodent», répète que le public sera toujours passionné d'entendre une époque racontée par ses témoins. Plus que jamais, il rêve de voyage, se replonge dans des bandes magnétiques ramenées du Viêt-nam (la sortie de l'album est prévue pour 1997), prépare son prochain périple au Cambodge. En Thaïlande, il a récemment découvert la techno. « Ça m'a rappelé les percussions de Ceylan, la transe balinaise, le rock progressif, King Crimson... »"
Guillaume BARA - © Libération
Crédit photo : ©  Sylvie Jouffa

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