LOUIS JORDAN - Rhythm and Blues
LOUIS JORDAN - Rhythm and Blues
Ref.: FA5017

LOUIS JORDAN 1938 - 1950

LOUIS JORDAN

Ref.: FA5017

Artistic Direction : ALAIN TOMAS

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 1 hours 48 minutes

Nbre. CD : 2

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Presentation

LOUIS JORDAN 1938 - 1950



Louis Jordan created festive music, unique in its kind and which characterises the quintessence of Rhythm and Blues. This 2-CD set features his 1938-1950 recordings. Includes a 32 page booklet with both French and English notes.



Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    SWINGING IN A COCOANUT
    LOUIS JORDAN
    WILLIAMS
    00:02:47
    1938
  • 2
    AT THE SWING CAT S BALL
    LOUIS JORDAN
    CAMPBELL
    00:02:31
    1938
  • 3
    JUNE TENTH JAMBOREE
    LOUIS JORDAN
    PRICE
    00:02:45
    1940
  • 4
    SOMEBODY DONE HOODOOED THE HOODOO MAN
    LOUIS JORDAN
    WILSON
    00:02:41
    1940
  • 5
    PINETOP S BOOGIE WOOGIE
    LOUIS JORDAN
    PINETOP SMITH
    00:02:57
    1941
  • 6
    MAMA MAMA BLUES (RUSTY DUSTY BLUES)
    LOUIS JORDAN
    WILLIAMS
    00:03:06
    1941
  • 7
    KNOCK ME A KISS
    LOUIS JORDAN
    JACKSON
    00:02:49
    1941
  • 8
    I M GONNA MOVE TO THE OUTSKIRTS OF TOWN
    LOUIS JORDAN
    CASEY BILL WELDON
    00:02:53
    1941
  • 9
    IS YOU IS OR IS YOU AIN T MY BABY
    LOUIS JORDAN
    B AUSTIN
    00:02:45
    1943
  • 10
    BUZZ ME
    LOUIS JORDAN
    MOORE
    00:02:51
    1945
  • 11
    CALDONIA BOOGIE
    LOUIS JORDAN
    MOORE
    00:02:44
    1945
  • 12
    SOMEBODY DONE CHANGED THE LOCK ON MY DOOR
    LOUIS JORDAN
    CASEY BILL WELDON
    00:03:16
    1945
  • 13
    SALT PORK WEST VIRGINIA
    LOUIS JORDAN
    MOORE
    00:03:01
    1945
  • 14
    PETOOTIE PIE
    LOUIS JORDAN
    PAPARELLI
    00:02:37
    1945
  • 15
    BEWARE
    LOUIS JORDAN
    LASCO
    00:02:53
    1946
  • 16
    DON T LET THE SUN CATCH YOU CRYIN
    LOUIS JORDAN
    GREECE
    00:03:00
    1946
  • 17
    CHOO CHOO CH BOOGIE
    LOUIS JORDAN
    WALTER HORTON
    00:02:45
    1946
  • 18
    LET THE GOOD TIMES ROLL
    LOUIS JORDAN
    DEE SPO
    00:02:47
    1946
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    AIN T NOBODY HERE BUT US CHICKENS
    LOUIS JORDAN
    WHITNEY
    00:03:06
    1946
  • 2
    REED PETITE AND GONE
    LOUIS JORDAN
    LEE
    00:02:44
    1946
  • 3
    BOOGIE WOOGIE PLATE
    LOUIS JORDAN
    J BUSHKIN
    00:02:47
    1947
  • 4
    BARNYARD BOOGIE
    LOUIS JORDAN
    GRAY
    00:02:48
    1947
  • 5
    EARLY IN THE MORNING
    LOUIS JORDAN
    A HICKMAN
    00:03:23
    1947
  • 6
    INFLATION BLUES
    LOUIS JORDAN
    SOUTHERN
    00:03:00
    1947
  • 7
    YOU RE MUCH TOO FAT (AND THAT S THAT )
    LOUIS JORDAN
    LORRE
    00:02:43
    1947
  • 8
    DADDY O
    LOUIS JORDAN
    DON RAYE
    00:03:18
    1947
  • 9
    COLE SLAW
    LOUIS JORDAN
    STONE
    00:02:44
    1949
  • 10
    ONION
    LOUIS JORDAN
    DOGGETT
    00:02:54
    1949
  • 11
    HEED MY WARNING
    LOUIS JORDAN
    LOUIS JORDAN
    00:03:21
    1949
  • 12
    PSYCHO LOCO
    LOUIS JORDAN
    LOUIS JORDAN
    00:03:02
    1949
  • 13
    BABY IT S COLD OUTSIDE
    LOUIS JORDAN
    FRANK LOESSER
    00:02:43
    1949
  • 14
    SATURDAY NIGHT FISH FRY PARTS 1 AND 2
    LOUIS JORDAN
    LOUIS JORDAN
    00:05:24
    1949
  • 15
    TAMBURITZA BOOGIE
    LOUIS JORDAN
    CRLENICA
    00:03:13
    1950
  • 16
    LEMONADE
    LOUIS JORDAN
    GRAY
    00:03:17
    1950
  • 17
    IT S A GREAT GREAT PLEASURE
    LOUIS JORDAN
    TENNYSON
    00:03:10
    1950
  • 18
    LIFE IS SO PECULIAR
    LOUIS JORDAN
    VAN HENSEN
    00:03:20
    1950
Booklet

LOUIS JORDAN 1938-1950 - FA 5017

LOUIS  JORDAN
1938-1950

En synthétisant de manière per­sonnelle les différentes composantes de la musique afro-américaine de son époque, Louis Jordan a très largement contribué à la création d’une musique de qualité au cachet unique qui sera commercialisée par les maisons de disques sous l’étiquette Rhythm & Blues, un substitut à l’appellation Race Records. Sa production est devenue et restée un modèle pour toute une génération de musiciens. Ray Charles et Chuck Berry, Sonny Rollins et Ornette Coleman ont exprimé toute l’admiration qu’ils lui portaient. B.B. King et Clarence Gatemouth Brown lui ont rendu hommage en gravant des albums reprenant ses propres compositions. Surnommé “the king of the juke-boxes”, Louis Jordan connaîtra cinquante cinq fois les honneurs du Billboard dans la catégorie top ten hits. Joel Whitburn, le statisticien des Charts, a estimé que cette performance exceptionnelle le classe au cinquième rang du palmarès des artistes de rhythm & blues, toutes époques confondues, en termes de ventes de disques et de passage dans les Charts. Considéré comme le père du Rock And Roll, paternité qu’il a toujours niée, Louis Jordan a très largement contribué à populariser la musique noire auprès du public blanc, et ceci avec naturel et dignité, sans jamais pouvoir être taxé du qualificatif d’Oncle Tom. L’histoire d’une musique qui rime avec joie de vivre.
ENTRE PHILADELPHIE ET NEW YORK
Louis Thomas Jordan est né le 8 juillet 1908 à Brinkley, une petite ville de l’Arkansas située à une centaine de kilomètres de Memphis. Élevé par sa grand-mère, il manifeste très tôt un vif intérêt pour la musique. L’environnement familial est favorable. Son père, James Aaron Jordan, un musicien accompli, élève de W.C. Handy et membre des Rabbit Foot Minstrels, dirige le Brinkley Brass Band et lui donne quelques leçons de trombone avant de l’orienter vers la clari­nette plus adaptée à sa taille. Sa tante Lizzie Reid, la pianiste de la Mount Olive Baptist Church, lui apprend le solfège. Cette formation est complétée par des cours d’harmonie dispensés par Naomi Gettis, un professeur réputé de la ville. Progressant rapidement, le jeune garçon peut effectuer des remplacements dans la formation paternelle. Le temps des vacances, il joue avec les Rabbit Foot Minstrels dans le cadre des tournées du TOBA, la Theater Owner’s Booking Association, appelée aussi Tough One Black Asses par les artistes noirs qui dénonçaient ainsi leurs conditions de travail épouvantables. À la même époque, il se produit avec des formations régionales comme les Dixie Melody Syncopators et le Silas Green show. En 1929, ses études terminées, il décide de devenir professionnel et rejoint à El Dorado, une ville pétrolière de l’Arkansas, les Imperial Serenaders du pianiste Jimmy Pryor puis le Belvedere Orchestra de Ruby “Junie Bug” Williams qui travaille au Green Gables Club de Hot Springs (Arkansas). Pendant cette période d’apprentissage, Louis Jordan acquiert une expérience qui lui sera fort utile. Il maîtrise les saxophones soprano, alto, ténor et baryton et élargit son répertoire en y incluant des morceaux de jazz et les airs à la mode que proposent ce type de groupes. Mais surtout, s’initiant au métier d’entertainer, il danse, participe à des sketches et observe le jeu de scène de ses collègues ainsi que les réactions du public.
Ce dernier aspect prendra une importance considérable dans la suite de sa carrière. Commençant à être apprécié, Louis Jordan parcourt la Pennsylvanie avec le Dr Sell’s Travelling Medicine Show et rencontre, en 1932, à Philadelphie, le trompettiste Charlie Gaines, de 8 ans son aîné, qui le prend sous sa protection. Musicien expérimenté, Charlie Gaines a enregistré avec Fats Waller, Clarence Williams et des chanteuses de blues comme Elvira Johnson, Mary Stafford, Margaret Webster et Edith Wilson. Le 21 décembre 1932, les deux hommes font partie de l’orchestre qui accompagne Louis Armstrong lors de l’enregistrement des fameux Medley of Armstrong Hits Parts 1 & 2. Treize mois plus tard, le 23 mars 1934 exactement, le compositeur et pianiste Clarence Williams, également directeur artistique chez Okeh et l’un des personnages les plus importants du milieu du jazz, invite les deux amis à New York pour graver quatre faces dont I Can’t Dance, I Got Ants In My Pants qui contient le premier vocal du saxophoniste. Sur les conseils du chef d’orchestre et ancien acteur Ralph Cooper, Louis Jordan dé­cide de tenter sa chance à New York qui reste un lieu de passage obligé pour tout jeune musicien ambitieux. Après une période probatoire de six mois nécessaire à l’obtention de la carte du Local 802, le syndicat des musiciens new yorkais, il peut rejoindre la formation de Kaiser Marshall et se produire dans les endroits hip de la ville comme l’Ubangi Club, le Harlem Opera House et l’Apollo Theatre. On le trouve ainsi avec le violoniste Leroy Smith surnommé “The Colored Paul Whiteman” dont l’ensemble pratique un jazz symphonique. Encore une opportunité dont tirera partie Louis Jordan : “Je suis resté un an avec Leroy. Nous nous sommes produits à Atlantic City et à Cleveland. En fait, j’étais le seul à jouer du jazz et à im­proviser mais c’était un orchestre de qualité.” 
À l’automne 1936, remplaçant Edgar Sampson, le compositeur de Stomping at the Savoy qui désire se consacrer à son travail d’arrangeur, Louis Jordan intègre le big band de Chick Webb. À cette époque, Chick Webb est l’idole des danseurs du Savoy. Tous les jeunes batteurs, Gene Krupa, George Wettling et Cozy Cole en tête, viennent l’écouter. Dans son orchestre figurent des musiciens du standing de Taft Jordan, Sandy Williams, Teddy McRae et Wayman Carver. Le crooner Larry Linton, surnommé le silver-toned tenor, et la chanteuse Ella Fitzgerald qui connaîtra son premier grand succès avec A-Tisket, A-Tasket, assurent les parties vocales. Avec ce groupe, Louis Jordan enregistre une quinzaine de faces sous le nom de Chick Webb ou d’Ella Fitzgerald. On l’entend chanter fort aimablement dans Gee, But You’re Swell (15 janvier 1937), Rusty Hinge et It’s Swell Of You (24 mars 1937). Comme il l’a confié à Arnold Shaw, cette expérience lui permet de se faire connaître et de trouver sa voie : “Je jouais de l’alto et je chantais. Chick était nain et bossu et assurément un grand batteur. C’était aussi un remarquable découvreur de talents mais pas un showman, et certaines personnes pensaient que j’étais le leader parce que j’annonçais les morceaux. J’adorais faire du jazz avec un grand orchestre et aussi chanter le blues. Mais je voulais surtout être un entertainer. Je désirais jouer pour des millions de gens et non pour quelques initiés.”
Se trouvant insuffisamment mis en valeur, Louis Jordan quitte Chick Webb en 1938 pour monter avec l’aide de l’arrangeur Jessie Stone, son propre ensemble, The Elk’s Rendez-vous Band, qui débute, le 4 août 1938, dans le club du même nom situé sur Lennox Avenue. Initialement constitué de neuf musiciens, l’effectif est vite réduit à six membres dont le trompettiste Courtney Williams, le saxophoniste ténor Lem Johnson, le pianiste Clarence Johnson, le contrebassiste Charlie Drayton et le batteur Walter Martin. Bien que sa composition dépasse régulièrement les cinq membres, la formation se présente désormais sous le nom des Tympany Five et fait les beaux soirs des clubs de la 52e rue. À cause de l’exiguïté des lieux, Walter Martin se séparera vite de ses timbales qui avaient donné son nom au groupe mais l’appellation restera. Le 20 décembre 1938, le producteur J. Mayo Williams, responsable du département Race Records de la compagnie Decca, convoque l’orchestre pour accompagner le chanteur Rodney Sturgis. Lors de la même séance, deux faces sont gravées sans Sturgis : Barnacle Bill The Sailor, un vieux classique déjà illustré par Hoagy Carmichael, et Honey In The Bee Ball, inspiré d’une chanson enfantine qui sera interprété quelques mois plus tard, toujours pour Decca, par le batteur-chanteur O’Neil Spencer.

LE TEMPS DU TRIOMPHE

En 1941, le jeune leader quitte New York pour Chicago où, grâce à Berle Adams, son imprésario et futur président de Mercury, il partage l’affiche du Capitol Lounge avec les Mills Brothers et le pianiste Maurice Rocco. Louis Jordan profite de son séjour dans les différents clubs de la windy city pour parfaire son show en y incluant des blagues, des numéros comiques et des nouvelles compositions. Le trompettiste Eddie Roanne, le pianiste Arnold Thomas, le bassiste-showman Dallas Bartley et le fidèle Walter Martin qui font maintenant partie de sa nouvelle formation, jouent le jeu. La démarche s’avère payante car le public est ravi. Les 15 et 22 novembre 1941, huit titres sont confiés à la cire. Parmi eux, Mama, Mama Blues (Rusty Dusty Blues), I’m Gonna Move To The Outskirts of Town, une composition de Casey Bill Weldon, et Knock Me A Kiss figurent aux premières places du Harlem Hit Parade. L’expérimenté producteur Milt Gabler, fondateur de la marque Commodore, remplace Mayo Williams et poursuit la même politique éditoriale. Lors de la séance marathon du 21 juillet 1942, donc quelques jours avant la grève des enregistrements décrétée par l’American Federation of Musicians, sont gravés What’s The Use Of Gettin’Sober, The Chicks I Pick Are Slender, Tender And Tall, Somebody Done Changed The Lock On My Door, Five Guys Named Moe, It’s A Low Down Dirty Shame d’Ollie Sheppard, et I’m Gonna Leave You On The Outskirts of Town qui confortent cette réussite.Le succès aidant, les Tympany Five deviennent des attractions recherchées dans tout le pays et triomphent dans des endroits prestigieux comme l’Howard Theater (Washington), le Paradise Theater (Detroit), l’Apollo Theater (New York), le Coliseum (New Orleans) ou le Regal Theater (Chicago).
Dès lors, multipliant les hits, Louis Jordan devient l’un des artistes les plus populaires de la musique afro-américaine de son temps, toutes catégories confondues. Caldonia (1945), repris par Dizzy Gillespie et Woody Herman, Choo Choo Ch’Boogie (1946), vendu à plus d’un million d’exemplaires, chiffre énorme pour l’époque, ou Let’s The Good Times Roll (1946) culminent dans les Rhythm and Blues Charts avec Ain’t Nobody Here But Us Chickens, Boogie Woogie Plate, Saturday Night Fish Fry, Run Joe, Texas and Pacific, Beans and Cornbread, Don’t Worry’Bout That Mule, Mop Mop, Ration Blues et What’s The Use of Getting Sober. Performance unique, Is You Is Or Is You Ain’t My Baby et Ration Blues atteignent la première place des Country Charts.Les raisons de cette réussite sont multiples. D’abord, Louis Jordan arrive au bon moment. Il bénéficie des conseils de l’avisé Berle Adams. “Nous étions tous, Jordan, les musiciens du groupe et moi-même à la recherche de nouvelles compositions souvent signées par de jeunes auteurs. Nous favorisions les textes traitant de questions d’actualité. Quand nous trouvions quelque chose que nous aimions, un arrangement était conclu avec l’auteur et nous testions le morceau en club. Les chansons que le public demandait soir après soir étaient enregistrées. Une fois en studio, nous savions que nous détenions des hits car nous avions testé le marché.” Des compositeurs blancs ou noirs, toujours dans le vent, comme Mike Jackson (Knock Me A Kiss), Jessie Mae Robinson (Blue Light Boogie), Sam Theard (Let The Good Times Roll), Billy Austin (Is You Is Or Is You Ain’t My baby), Denver Darling et William Tennyson (Salt Pork, West Virginia) fournissent un matériel de qualité que Louis Jordan transcende par ses dons de showman et de musicien. Comme le montre le recueil “Roots of Rhythm and Blues 1939-1945” (Frémeaux & Associés FA 050) et les cinq volumes de la série “Rock and Roll” publiés dans la même collection, sa production s’inscrit tout à fait dans le contexte économique et culturel de l’époque.
On y trouve de véritables sagas développées autour des thèmes classiques de la “bouffe”, de la campagne ou des femmes, et ceci avec un humour excluant toute vulgarité. Louis Jordan est un maître conteur capable de mettre en valeur les textes les plus anodins. Animant les surprises parties harlémites, Caldonia Boogie et Choo Choo Ch’Boogie dispensent un rythme shuffle idéal pour la danse et répondent aux aspirations des Noirs d’après guerre, avides de moments de bonheur et de détente. Ainsi que le signale pertinemment Bernard Niquet, Louis Jordan et Fats Waller poursuivaient le même but : amuser leur public. Mais alors que Fats interprétait souvent des rengaines sans intérêt avec un swing monstrueux, Louis Jordan utilisait des blues riffés racontant des histoires inénarrables qu’il chantait d’une voix “hip” avec un humour incomparable et dans lesquelles se retrouve la communauté noire. Car dans ce domaine, Louis Jordan s’impose comme un maître de la spécialité : Rusty Dusty Blues, Ration Blues, Buzz Me, Somebody Done Changed The Lock Of My Door, une autre composition de Casey Bill Weldon réactualisée avec authenticité aux goûts du jour, Reconversion Blues, Heed My Warning et Inflation Blues sont des chefs-d’œuvre du genre. Ce dernier titre montre que l’amuseur Jordan était aussi conscient des problèmes sociaux de son temps. Matérialisés par une voix aux intonations claires et une diction limpide, les mêmes atouts se retrouvent dans des ballades charmantes comme Knock Me A Kiss, Is You Is Or Is You Ain’t My Baby et Don’t Let The Sun Catch You Cryin’.Les premiers titres de cette compilation témoignent d’un art en gestation dont les caractéristiques sont déjà bien affirmées. Louis Jordan est sur la bonne voie. Son jeu à l’alto, inspiré par Pete Brown, gagne en assurance et devient plus personnel. Son orchestre est au point. Il dispose d’un répertoire varié et original. Y figurent des blues bien ancrés dans la tradition (‘Hard Lovin’Blues avec la chanteuse Yack Taylor), des boogies (Pinetop’s Boogie Woogie) et des morceaux jump très dansants comme Swinging In a Cocoanut Tree avec sa touche exotique, ou June Tenth Jamboree, desquels émerge peu à peu le fameux rythme shuffle qui sera l’une des clés des succès à venir. Dans la même veine At The Swing Cat’s Ball est un appel à la fête et annonce Saturday Night Fish Fry et Blue Light Boogie.
Le reste de cette sélection est d’un niveau rarement atteint pour une musique destinée avant tout à amuser le public. L’orchestre est constitué selon les séances et les circonstances de musiciens comme Courtney Williams, Eddie Roane, Aaron Izenhall (trompettes), Kenneth Hollon, Josh Jackson, Stafford Simon (saxophones ténor), Al Morgan, Dallas Bartley, Bill Hadnott (contre­basse), Walter Martin, Chris Columbus, Shadow Wilson, Joe Morris (batterie), Carl Hogan, Bill Jennings (guitare) qui, formant des équipes soudées par de nombreuses répétitions, travaillent avec professionnalisme, rigueur et talent. Écoutez, par exemple, les nombreuses parties de trompettes et la façon dont la guitare électrique de Carl Hogan s’intègre dans Beware. Il faut aussi signaler que des pointures du calibre du pia­niste Bill Doggett (Onion) et de Wild Bill Davis officiant au piano (Boogie Woogie Plate) ou à l’orgue (Tamburitza Boogie, Lemonade, It’s A Great, Great Pleasure), assurent la responsabilité d’arrangements pas tristes du tout. Gravés avec une formation plus étoffée, des morceaux comme Cole Slaw, Beans And Cornbread, Onion, Saturday Night Fish Fry représentent le meilleur du genre. Autre caractéristique, Louis Jordan incorpore des éléments de la musique des Caraïbes qui viennent co­lorer Early In The Morning, écrit en collaboration avec Dallas Bartley, et Run Joe cosigné avec le parolier Joe Williams Willoughby et Walter Merrick, son médecin personnel. À ceci, s’ajoutent les qualités de saxophoniste du leader dont la sonorité ronde ou râpeuse et le jeu direct et efficace favorisent un swing intense. Kenneth Hollon a brillamment résumé le style de son ancien em­ployeur: “Louis est un fantastique musicien de section et un des meilleurs altos. Il produit à la clarinette, au baryton ou au ténor des solos superbes. C’est aussi un des plus grands vocalistes de jazz et il a l’habitude de s’entourer des swingingest cats around”.
Toujours copié mais jamais égalé, le Tympany Five devient ainsi la référence dont s’inspireront des vedettes populaires comme Roy Milton, Joe et Jimmy Liggins ou Joe Lutcher.Avec de tels atouts, Louis Jordan poursuit sa trajectoire triomphante. On le trouve associé à Bing Crosby, une autre vedette de la compagnie Decca. Sa rencontre avec Ella Fitzgerald produit des duos qui restent des petites merveilles de swing et de complicité comme Baby It’s Cold Outside; ce titre sera repris par le duo Ray Charles et Betty Carter. Avec Louis Armstrong, un autre partenaire prestigieux, sont enregistrés deux joyaux : Life Is So peculiar et You, Rascal You. Louis Jordan est célèbre. On l’entend dans des émissions de radio prestigieuses. Il passe à la télévision. Son nom est utilisé dans des publicités. Mais surtout, il participe à de nombreux courts-métrages et “soundies” (petits films de la durée d’un 78 tours destinés à illustrer le son des juke boxes) : The Outskirts Of Town, Five Guys Named Moe (1942), Jumpin’At The Jubilee (1943), Follow The Boys, Meet Miss Bobby Socks (1944) Buzz Me, Caldonia (1945), Swing Parade, Beware (1946), Reet-Petite And Gone (1947) et Look Out Sister (1948) qui mettent en évidence son talent de comédien et la qualité de sa musique. Un point sombre vient assombrir cet univers radieux. Le 26 janvier 1947, après une dispute, son épouse Fleecie Moore tente de le poignarder. Louis Jordan s’en tirera avec quelques jours d’hôpital, mais restera évidemment marqué par cet épisode douloureux. Pour la petite histoire, le nom de Fleecie Moore figure parmi les auteurs de nombreux hits dont Caldonia. Une sacrée rente!
ROCK AND ROLL CALL OU A LA POURSUITE DU ROCK AND ROLL
En 1951, après le départ de Berle Adams, Louis Jordan voulant évoluer et satisfaire de légitimes ambitions de musicien, met sur pied un big band qui, sous la direction d’Oliver Nelson, tourne comme une superbe machine à swinguer (Fat Sam From Birmingham). Mais cette formule, d’ailleurs en perte de vitesse, n’apporte rien à sa gloire. En 1952, fatigué par d’incessantes tournées et perturbé par des problèmes personnels, Louis Jordan, souffrant d’arthrite, doit se retirer provisoirement à Phœnix. Tout en restant importante, sa popu­larité décline, les ventes de ses disques diminuent et, corrélativement, les compositions de qualité, aptes à renouveler son répertoire, n’affluent plus comme avant. Le leader des Tympany Five quitte Decca en 1954 pour produire chez Aladdin d’excellentes faces (Girl, You Need A Whippin’, If I Had Any Sense I’d Go Back Home) qui ne lui permettent pas de remonter la pente car les temps changent. Le Rock and Roll s’installe en roi et Louis Jordan est victime comme beaucoup d’autres artistes affublés de l’étiquette Rhythm and Blues, du courant qu’il avait contribué à créer. La compagnie Decca couve son nouveau poulain, le chanteur Bill Haley qui, comble d’ironie, s’inspire de sa musique : “Les musiciens de Bill Haley ne lisaient pas la musique, se souvient Milt Gabler, le producteur de Decca. Ainsi, je leur chantonnais des riffs ou des phrases extraites des disques de Louis, qu’ils reproduisaient ensuite.”En 1955, Louis Jordan enregistre pour X et Vik, deux filiales de RCA, des faces honorables louchant avec dignité, mais sans grand succès, vers les sons à la mode (Rock and Roll Call, au titre significatif).
La compagnie RCA concentre ses efforts à la promotion d’Elvis Presley qui assure la moitié de ses ventes de disques. Jordan, toujours à la recherche d’un second souffle et servi par un matériel peu adapté à son talent (Whatever Lola Wants), passe chez Mercury. Avec la complicité d’un orchestre de luxe (Jimmy Cleveland, Ernie Royal, Budd Johnson, Charlie Persip, Mickey Baker, Sam Taylor) rassemblé par les soins de Quincy Jones officiant en qualité de producteur, il essaie de relancer sa carrière avec d’excellentes reprises de ses anciens succès (Caldonia, Early In The Morning). Les jours heureux appartenant défini­tivement au passé, d’autres tentatives d’accrocher le public avec l’aide d’une petite formation comprenant l’organiste Jackie Davis et la bonne chanteuse Dorothy Smith, seront sans lendemain malgré une version enlevée de Got My Mojo Working.Connaissant une fin de carrière paisible, Louis Jordan enregistre de manière sporadique pour Warwick (1960), Black Lion (1962), Tangerine (1962-1963), le label de Ray Charles, Pzazz (1963), Black and Blue, Blues Spectrum (1973) et JSP (1974), des faces qui le montrent encore capable de produire de l’excellente musique. À ces activités, s’ajoutent de nombreux passages en clubs et des tournées qui le mènent en Angleterre (1962), en Asie (1964) et en France (1973).Après avoir honoré un dernier engagement à Sparks (Nevada), Louis Jordan va succomber, le 4 février 1975, à une crise cardiaque, sans bénéficier du regain d’intérêt que connaissait le Rhythm and Blues. Reconnaissance tardive, il intègrera le Blues Foundation’s Hall of Fame en 1983 et le Rock & Roll of Fame en 1987. Ajoutons que, contrairement à ce que ses prestations sur scène ou les paroles de ses chansons pouvaient laisser supposer, Louis Jordan était un être équilibré et réfléchi qui, fuyant les mondanités, consacra, à la fin de sa vie, beaucoup d’argent à l’enfance délinquante. Let The Good Times Roll!
Alain Tomas
Nous remercions Michel Pfau, Gilles Pétard et Danny Garçon pour le prêt de 78 tours et de documents.
Sources
- Arnold Shaw, Honkers and Shouters, Colliers Books, 1978
- Joel Whitburn, Top R&B Singles 1942-1988, Record Research (1988)
- Jacques Lubin et Danny Garçon, Louis Jordan Discography 1929-1974, Clarb, 1987
- John Chilton, Let The Good Times Roll, The Story of Louis Jordan And His Music, Quartet Books, 1992
 - Francis Hofstein, Le Rhythm & Blues, PUF, Que Sais-je?, Paris, 1991
- Big Al Parlow, The R&B Book, Music House, 1983
- Galen Gart, First Pressings, Big Nickel, 1986-1990
- Textes de pochettes et livrets de Gérard Herzhaft, Peter Grendysa, Berle Adams, Tony Burke et Bernard Niquet.
english notes
Louis Jordan’s contribution to what was known as Rhythm & Blues was considerable and his creations became and remained an example for a whole generation of musicians.  Ray Charles, Chuck Berry, Sonny Rollins and Ornette Coleman openly expressed their admiration for him.  B.B. King and Clarence Gatemouth Brown paid him tribute by bringing out albums including his own compositions.  Nicknamed ‘the king of the juke-boxes’, Louis Jordan entered the top ten of the Billboard fifty-five times.  Charts statistician Joel Whitburn reckoned that this and his record sales raised him to fifth place among Rhythm & Blues artists of all times.  He is considered as the father of Rock ‘n’ Roll, a title he always refuted, and he helped to raise the popularity stakes of black music among the Whites, while remaining unaffected and dignified.Louis Thomas Jordan was born on 8 July 1908 in Brinkley, a small town in Arkansas, some 100 kilometres from Memphis.  He was brought up by his grandmother and showed a keen interest in music right from his early years.  His father, James Aaron Jordan was a worthy musician, having followed lessons with W.C. Handy and as a member of the Rabbit Foot Minstrels and also leading the Brinkley Brass Band.  He taught him the trombone followed by the clarinet, a suitably sized instrument for his height.  Moreover, his pianist aunt, Lizzie Reid, instructed him on the rudiments of music.  This tuition was completed with lessons in harmony by the reputed teacher, Naomi Gettis.  The young boy was soon able to join his father’s band when necessary.  During school vacation, he played with the Rabbit Foot Minstrels during the tours organised by TOBA, the Theater Owner’s Booking Association (also tagged ‘Tough One Black Asses’ by black artists, dissatisfied with their working conditions). 
During the same period, he performed with regional outfits, such as the Dixie Melody Syncopators and the Silas Green Show.  After completing his studies in 1929, he decided to turn professional and set off for El Dorado where he joined Jimmy Pryor’s Imperial Serenaders, then Ruby ‘Junie Bug’ Williams’ Belvedere Orchestra which appeared in the Green Gables Club in Hot Springs.  This experience was to prove useful, as he mastered soprano, alto, tenor and baritone saxophones and the groups’ repertoires included jazz and hits of the period.  Of greater importance, he learnt the tricks of the trade as an entertainer, which was to have much bearing on his future career.As his popularity grew, he toured Pennsylvania with Dr Sell’s Travelling Medicine Show and in 1932, in Philadelphia, met trumpeter Charlie Gaines who took him under his wing.  Gaines was an experienced artist, having recorded with Fats Waller, Clarence Williams and blues singers such as Elvira Johnson, Mary Stafford, Margaret Webster and Edith Wilson.  On 21 December 1932, the two men played in the orchestra accompanying Louis Armstrong when he cut the famous Medley Of Armstrong Hits Parts 1 & 2.  Thirteen months later, the composer and pianist Clarence Williams, an important name in the jazz world, invited the two friends to New York to cut four sides including I Can’t Dance, I Got Ants In My Pants, where the saxophonist makes his vocal debut on disc.  Then, following the advice of band leader and ex-actor Ralph Cooper, Louis Jordan decided to try his luck in New York.  After a six-month delay, waiting for his union card, Louis was hired in Kaiser Marshall’s band and appeared in the town’s trendy joints such as the Ubangi Club, the Harlem Opera House and the Apollo Theatre. 
For a year, he played with Leroy Smith, otherwise known as ‘The Colored Paul Whiteman’, whose group concentrated on symphonic jazz.In autumn 1936, replacing Edgar Sampson, the composer of Stomping At The Savoy, Louis Jordan joined Chick Webb’s big band.  At that point of time, Chick Webb was idolised by the dancers at the Savoy.  His band comprised a number of high-class artists such as Taft Jordan, Sandy Williams, Teddy McRae and Wayman Carver.  On the vocals were crooner Larry Linton, or the ‘silver-toned tenor’ and Ella Fitzgerald.  With this team, Louis Jordan recorded some fifteen sides.  He can heard in Gee, But You’re Swell (15 January 1937), Rusty Hinge and It’s Swell Of You (24 March 1937).  Despite Chick’s many talents, he was not a showman and Louis presented the pieces, leading some to believe that he was the band leader.In 1938, Jordan felt he deserved better and decided to create his own band, assisted by arranger Jessie Stone.  The Elk’s Rendez-vous Band  first appeared on 4 August 1938 in a club bearing the same name in Lennox Avenue.  Initially, it had nine members but was rapidly reduced to six, namely trumpeter Courtney Williams, tenor saxophonist Lem Johnson, pianist Clarence Johnson, bassist Charlie Drayton and drummer Walter Martin.  Disregarding the number of musicians, the band was renamed The Tympany Five, a name which stuck even when the kettle-drums were omitted.  In December 1938, J. Mayo Williams from the Race Records department of Decca, summoned the band to accompany singer Rodney Sturgis.  During the session, two sides were cut without Sturgis - Barnacle Bill The Sailor, the classic as already interpreted by Hoagy Carmichael and Honey In The Bee Ball which was to be recorded a few months later by drummer-cum-singer O’Neil Spencer.
In 1941, the young bandleader left New York and headed to Chicago where, thanks to Berle Adams, his impresario and future president of Mercury, he was billed at the Capitol Lounge with the Mills Brothers and pianist Maurice Rocco.  While still in the windy city, he toured the various clubs, adding jokes and some new compositions to his act.  Trumpeter Eddie Roanne, pianist Arnold Thomas, bassist Dallas Bartley and the ever-faithful Walter Martin were now members of his new band.  This initiative proved resourceful and the punters were delighted.  On 15 and 22 November 1941, eight titles were waxed, with Mama, Mama Blues (Rusty Dusty Blues), I’m Gonna Move To The Outskirts Of Town, and Knock Me A Kiss which headed for the top of the Harlem Hit Parade.  Producer Milt Gabler, founder of the Commodore label, replaced Mayo Williams, though followed the same lines as his predecessor.  The marathon session of 21 July 1942, just before the recording strike, gave birth to What’s The Use Of Gettin’ Sober, The Chicks I Pick Are Slender, Tender And Tall, Somebody Done Changed The Lock On My Door, Five Guys Named Moe, It’s A Low Down Dirty Shame and I’m Gonna Leave You On The Outskirts Of Town.The Tympany Five were acclaimed nation-wide and were applauded on prestigious stages such as in the Howard Theater (Washington), the Paradise Theater (Detroit), the Apollo Theater (New York), the Coliseum (New Orleans) and the Regal Theater (Chicago).  Louis Jordan had become one of the most popular artists of Afro-American music of his day and age, and triumphed with a string of hits. 
Caldonia (1945), was borrowed by Dizzy Gillespie and Woody Herman, Choo Choo Ch’Boogie (1946) sold over a million copies and Let The Good Times Roll (1946) all climbed in the Rhythm and Blues Charts along with Ain’t Nobody Here But Us Chickens, Boogie Woogie Plate, Saturday Night Fish Fry, Run, Joe, Texas And Pacific, Beans And Cornbread, Don’t Worry ‘Bout That Mule, Mop Mop, Ration Blues and What’s The Use Of Getting Sober.    Is You Is Or Is You Ain’t My Baby and Ration Blues reached the number one spot in the Country Charts.Such a success could be for many reasons.  Firstly, Louis Jordan came around at the right time.  In addition, he followed the sound advice of Berle Adams.  Composers including Mike Jackson, Jessie Mae Robinson, Sam Theard, Billy Austin, Denver Darling and William Tennyson provided quality material which was truly complemented by Louis Jordan’s gifts as a showman and musician.   His music fitted perfectly in the economic and cultural context of the day.  His repertoire includes sagas developed around classical themes such as food, the country and women, all treated with vulgar-free humour.  His talent as a story-teller enabled him to develop the most bland tales.  In Harlem parties, Caldonia Boogie and Choo Choo Ch’Boogie provided a perfect shuffle rhythm for dancing, and answered the post-war needs of the Blacks.  Indeed, many of his songs were focused on the black community - Rusty Dusty Blues, Ration Blues, Buzz Me, Somebody Done Changed The Lock Of My Door, Reconversion Blues, Heed My Warning and Inflation Blues.  The latter indicates how the entertainer was also aware of the social problems which prevailed. 
The same qualities can be found in charming ballads such as Knock Me A Kiss, Is You Is Or Is You Ain’t My Baby and Don’t Let The Sun Catch You Cryin’.The first titles of the present selection demonstrate the embryonic art form of Jordan, though the principal characteristics are already clear.  His style on the alto, inspired by Pete Brown, becomes increasingly self-assured and gains a more personal touch.  His band cannot be faulted and his repertory is varied and original.  We may discover traditional blues (Hard Lovin’ Blues with singer Yack Taylor), boogies (Pinetop’s Boogie Woogie) and lively jump numbers such as the exotic Swinging In A Coconut Tree and June Tenth Jamboree where the famous shuffle rhythm starts to appear, which was to be one of the secrets behind his success.  Along the same lines, At The Swing Cat’s Ball calls for partying as do Saturday Night Fish Fry and Blue Light Boogie.The other pieces found here are of such quality that is rarely found in music destined for entertainment purposes.  The band members vary according to the session and circumstance, and include Courtney Williams, Eddie Roane, Aaron Izenhall, Kenneth Hollon, Josh Jackson, Stafford Simon, Al Morgan, Dallas Bartley, Bill Hadnott, Walter Martin, Chris Columbus, Shadow Wilson, Joe Morris, Carl Hogan and Bill Jennings - and are all competent, meticulous and talented.  As Kenneth Hollon once put it, Louis was a fantastic musician, a great jazz vocalist and made sure he was accompanied by the ‘swingingest cats around’.  The Tympany Five have often been copied, but never equalled and have inspired stars such as Roy Milton, Joe and Jimmy Liggins and Joe Lutcher.Louis Jordan pursued his triumphant path.  He was found in the company of Bing Crosby, another Decca star.  His encounter with Ella Fitzgerald resulted in some marvellous swinging duos such as Baby It’s Cold Outside. 
Two gems were recorded with Louis Armstrong - Life Is So Peculiar and You, Rascal You.  Jordan was famous at last.  He could be heard on major radio stations, appeared on the television, his name was used in advertisements and he participated in numerous short-length films and soundies - The Outskirts Of Town, Five Guys Named Moe (1942), Jumpin’ At The Jubilee (1943), Follow The Boys, Meet Miss Bobby Socks (1944), Buzz Me, Caldonia (1945), Swing Parade, Beware (1946), Reet-Petite And Gone (1947) and Look Out Sister (1948) which illustrated both his acting talent and the quality of his music.  But his glittering world was marred by one particular incident.  On 26 January 1947, Louis had an argument with his wife, Fleecie Moore, who attempted to stab him.  Jordan got away lightly with just a short stay in hospital.  Nevertheless, Louis was to remain distressed by this experience.When Berle Adams left in 1951, Louis Jordan decided to fulfil his goals as a musician and set up a big band, directed by Oliver Nelson.  However, this formula was becoming outdated and did not contribute to his success.  In 1952, feeling weary from endless tours, his personal problems and suffering from arthritis, he retired for a while in Phoenix.  His popularity was declining and even when he left Decca in 1954 to cut some excellent sides for Aladdin (Girl, You Need A Whippin’, If I Had Any Sense I’d Go Back Home), times had changed too much for him to really make an impact.  Rock ‘n’ Roll was now taking the leading role and Louis had much competition from certain Rhythm and Blues artists.  Bill Haley, who, ironically enough, was inspired by Jordan’s sounds, was now the darling of Decca.In 1955, Jordan recorded for X and Vik, two subsidiaries of RCA, but despite the quality of the music which was adopting a more modern style (Rock and Roll Call), the discs encountered little success.  RCA was busily promoting Elvis Presley whose records were selling like hot cakes, so Louis, who was using material poorly suited to his talent (Whatever Lola Wants) went on to the Mercury label. 
Backed by a prestigious band (Jimmy Cleveland, Ernie Royal, Budd Johnson, Charlie Persip, Mickey Baker, Sam Taylor) which Quincy Jones had put together, he attempted to retrieve his former acclaim, coming out with some excellent versions of his old hits (Caldonia, Early In The Morning).  Yet his efforts were in vain - even when he tried to win the crowds with a smaller set-up including organist Jackie Davis and the worthy singer Dorothy Smith, it was obvious that his days of glory were over, despite their lively rendition of Got My Mojo Working.As his career drew to a close, Louis Jordan continued to record occasionally for Warwick (1960), Black Lion (1962), Tangerine (1962-1963), Ray Charles’ label, Pzazz (1963), Black and Blue, Blues Spectrum (1973) and JSP (1974), proving that he was still an outstanding musician.  He carried on performing in clubs and toured England (1962), Asia (1964) and France (1973).After a final contract in Sparks (Nevada), Louis Jordan died of a heart attack on 4 February 1975.  His talent was recognised several years later when he entered the Blues Foundation’s Hall of Fame in 1983 and the Rock ‘n’ Roll Hall of Fame in 1987.  We would like to add that despite all outward appearances such as his behaviour on stage and his lyrics, Louis Jordan was well-balanced and thoughtful, and towards the end of his life he made large contributions to child delin­quency.  Let The Good Times Roll !
Adapted in English by Laure WRIGHT from the French text of Alain Tomas
CD1
1 - Swinging In A Cocoanut Tree. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Courtney Williams (tp), Lem Johnson (ts), Clarence Johnson (p), Charlie Drayton (b), Walter Martin (dm). New York, 29 mars 1938.       2’46
2 - At The Swing Cat’s Ball (idem).       2’49
3 - June Tenth Jamboree. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Courtney Williams (tp), Stafford Simon (ts), Clarence Johnson (p), Charlie Drayton (b), Walter Martin (dm). New York, 25 janvier 1940.        2’43
4 - Somebody Done Hoodooed The Hoodoo Man. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Courtney Williams (tp), Kenneth Hollon (ts, cl), Clarence Johnson (p, vcl), Charlie Drayton (b), Walter Martin (dm). New York, 13 mars 1940. 2’40
5 - Pinetop’s Boogie Woogie. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as, cl), Freddie Webster ou Kenneth Roane (tp), Stafford Simon (ts), Arnold Thomas (p), Charlie Drayton ou Henry Turner (b), Walter Martin (dm). New York, 24 janvier 1941.  2’56
6 - Mama, Mama Blues (Rusty Dusty Blues). Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Eddie Roane (tp), Arnold Thomas (p), Dallas Bartley (b), Walter Martin (dm). Chicago, 15 novembre 1941.   3’04
7 - Knock Me A Kiss (idem).          2’47
8 - I’m Gonna Move To The Outskirts of Town. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Eddie Roane (tp), Arnold Thomas (p), Dallas Bartley (b), Walter Martin (dm). Chicago, 22 novembre 1941.         2’52
9 - Is You Is Or Is You Ain’t My Baby. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as, ts), Eddie Roane (tp), Arnold Thomas (p), Jesse ‘Po’ Simpkins (b), Rossiere ‘Shadow’ Wilson (dm). Los Angeles, 4 octobre 1943. 2’44
10 - Buzz Me. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl,as), Leonard Graham (Idress Sulieman) (tp), Freddie Simon (ts), William Austin (p), Al Morgan (b), Alex ‘Razz’ Mitchell (dm). New York, le 19 janvier 1945.          2’50
11 - Caldonia Boogie (idem).       2’42
12 - Somebody Done Changed The Lock On My Door (idem).     3’15
13 - Salt Pork, West Virginia. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as, bar), Aaron Izenhall (tp), Josh Jackson (ts), Wild Bill Davis (p), Carl Hogan (g), Jesse ‘Po’ Simpkins (b), Eddie Byrd (dm). New York, le 16 juillet 1945.  3’00
14 - Petootie Pie. Ella Fitzgerald & Louis Jordan (vcl) with Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (as), Aaron Izenhall (tp), Josh Jackson (ts), Wild Bill Davis (p), Carl Hogan (g), Jesse ‘Po’ Simpkins (b), Eddy Byrd (dm). New York, le 15 octobre 1945.       2’35
15 - Beware. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Aaron Izenhall (tp), Josh Jackson (ts), Wild Bill Davis (p), Carl Hogan (g), Jesse ‘Po’ Simpkins (b), Eddie Byrd (dm). New York, le 23 janvier 1946.          2’52
16 - Don’t Let The Sun Catch You Cryin’ (idem). 2’58
17 - Choo-Choo Ch’Boogie (idem).          2’43
18 - Let The Good Times Roll. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Aaron Izenhall (tp), Josh Jackson (ts), Wild Bill Davis (p), Carl Hogan (g), Jesse ‘Po’ Simpkins (b), Eddie Byrd (dm). New York, le 26 juin 1946.         2’48
CD2
1 - Ain’t Nobody Here But Us Chickens. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Aaron Izenhall (tp), Josh Jackson (ts), Wild Bill Davis (p), Carl Hogan (g), Jesse ‘Po’ Simpkins (b), Eddie Byrd (dm). New York, le 26 juin 1946.          3’05
2 - Reed Petite And Gone. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Aaron Izenhall (tp), James Wright (ts), Wild Bill Davis (p), Carl Hogan (g), Jesse ‘Po’ Simpkins (b), Joe Morris (Chris Columbus) (dm). New York, le 10 octobre 1946.        2’43
3 - Boogie Woogie Blue Plate. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Aaron Izenhall (tp), Eddie Johnson (ts), Wild Bill Davis (p), Carl Hogan (g), Dallas Bartley (b), Joe Morris (dm). New York, le 23 avril 1947.        2’46
4 - Barnyard Boogie (idem).    2’46
5 - Early In The Morning (idem) mais avec The Calypso Boys (maracas & claves).     3’22
6 - Inflation Blues. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Aaron Izenhall (tp), Eddie Johnson (ts), Bill Doggett (p), Carl Hogan (g), Dallas Bartley (b), Joe Morris  (dm), Los Angeles, 1er décembre 1947.    2’59
7 - You’re Much Too Fat (And That’s That) (idem).         2’41
8 - Daddy-O. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Aaron Izenhall (tp), Eddie Johnson (ts), Wild Bill Davis (p), Carl Hogan (g), Dallas Bartley (b), Joe Morris (dm), Martha Davis (vcl). New York, le 8 décembre 1947. 3’17
9 - Cole Slaw. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as, bar), Aaron Izenhall, Bob Mitchell, Harold Mitchell (tp), Josh Jackson (ts), Bill Doggett (p), James ‘Ham’ Jackson (g), Billy Hadnott (b), Joe Morris (dm). New York, le 12 avril 1949.           2’43
10 - Onion. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (as, ts), Aaron Izenhall, Bob Mitchell, Harold Mitchell (tp), Josh Jackson (ts), Bill Doggett (p), James ‘Ham’ Jackson (g), Billy Hadnott (b), Joe Morris (dm). New York, le 13 avril 1949.         2’53
11 - Heed My Warning (idem) mais Louis Jordan (vcl).  3’20
12 - Psycho-Loco (idem), no vcl.   3’00
13 - Baby, It’s Cold Outside. Ella Fitzgerald & Louis Jordan (vcl) with Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (as), Aaron Izenhall, Bob Mitchell, Harold Mitchell (tp), Josh Jackson (ts), Bill Doggett (p), James ‘Ham’ Jackson (g), Billy Hadnott (b), Joe Morris (dm). New York, le 28 avril 1949.         2’41
14 - Saturday Night Fish Fry, parts 1 & 2. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl,as), Aaron Izenhall, Bob Mitchell, Harold Mitchell (tp), Josh Jackson (ts), Bill Doggett (p), James ‘Ham’ Jackson (g), Billy Hadnott (b), Joe Morris (dm). New York, le 9 août 1949.          5’23
15 - Tamburitza Boogie. Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (vcl, as), Aaron Izenhall (tabor drum), Wild Bill Davis (org), Bill Jennings (g), Bob Bushnell (b), Joe Morris (dm). New York, le 18 août 1950.        3’11
16 - Lemonade (idem), Aaron Izenhall out.           3’16
17 - It’s A Great, Great Pleasure (idem), add Aaron Izenhall (tp), Josh Jackson (ts). 3’08
18 - Life Is So Peculiar. Louis Armstrong & Louis Jordan (vcl) with Louis Jordan And His Tympany Five : Louis Jordan (as), Louis Armstrong, Aaron Izenhall (tp), Josh Jackson (ts), Bill Doggett (p), Bill Jennings (g), Bob Bushnell (b), Joe Morris dm). New York, le 23 août 1950.         3’20

CD Louis Jordan 1938 - 1950 © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

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