« On en redemande ! » par Paris Move

« Paris, deux chanteurs des rues et un orgue de Barbarie… Cette simple association d’idées fait resurgir en un tournemain des images immémoriales. De Bruant à Fréhel et de la môme Piaf à Gaston Couté, maintes ritournelles sont ainsi passées à la postérité et ont accédé à notre patrimoine. Au point que, sans y attester de relation directe, on en remonte aisément à 36, via l’iconographie demeurée vivace du classique de Julien Duvivier, “La Belle Équipe”… Homme de radio, graphiste et essayiste, Jean-Pierre Bayard (dit Jean Piero) n’en exerça pas moins aussi, vingt ans durant, le dur métier de sérénadier du pavé. Faisant équipe avec Gérard Pierron, il fourguait alors aux touristes et aux badauds une simple cassette auto-éditée, dont la Maison Frémeaux publie à présent la réimpression CD. Collaborateur du regretté Allain Leprest et de Marc Robine, Gérard fut pour sa part le chantre (et l’un des plus ardents promoteurs) du poète libertaire du début du siècle passé, Gaston Couté (pour l’adaptation duquel il fut couronné trois fois par l’Académie Charles Cros en 1981). Son fils, le contrebassiste François Pierron, perpétue d’ailleurs la tradition familiale, en accompagnant de nos jours l’inénarrable Loïc Lantoine. À eux deux, Jean et Gérard refirent quant à eux scintiller les limonaires, ouvrant le bal sur “Il Est Cinq Heures” du trio Lanzmann-Dutronc-Segalen pour le conclure avec “On N’est Pas Là Pour Se Faire Engueuler” du grand Boris et de Jimmy Walter (avant ce “Fleur De Bercy” que co-signa Jean Piero avec l’émérite perforateur de cartons Jean-Claude Naude). Chemin faisant, ils dévident du Charles Trénet (“Ménilmontant”), du Guy Béart (“Le Printemps Sans Amour”, “Les Couleurs Du Temps”), et quelques incunables du temps jadis tels que “Mon Pot’ Le Gitan”, “Domino”, “La Seine”, “Le Chaland Qui Passe” et ce chef d’œuvre oublié de Jean Villard, “À l’Enseigne De La Fille Sans Cœur” (popularisé en 1950 par les duettistes Marc et André, avant d’être repris par Edith Piaf en personne). Nul doute que Piero et Pierron inscrivirent encore à leur répertoire montmartrois du Mouloudji, du Francis Lemarque et du Charles Dumont (voire du Frères Jacques). À quand une intégrale ? On en redemande ! »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE