Cannonball Adderley
Cannonball Adderley
Ref.: FA5809

Live in Paris – 1960-1961

CANNONBALL ADDERLEY

Ref.: FA5809

Direction Artistique : Gilles Pétard et Michel Brillié

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 3 heures 31 minutes

Nbre. CD : 3

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Distinctions
Recommandé par :
  • - Choc Classica
  • - **** Jazzmag
  • - Rock & Folk
  • - Indispensable Jazz Hot
Présentation

Julian « Cannonball » Adderley est l’un des plus grands saxophonistes de la deuxième moitié du XXe siècle. La puissance virtuose de son jeu cristallin, amplifiée ici par le direct, lui valent le surnom de New Bird à la mort de Charlie Parker. Avec son frère Nat, ils sont les piliers du courant hard bop et fondateurs du soul jazz. Entertainerpédagogue, on retrouve avec plaisir ses célèbres introductions, retranscrites dans le livret de Michel Brillié. Enregistrés à l’orée des années 1960, ces lives se situent à l’épicentre d’un courant révolutionnaire et avant gardiste,qui annonce les prémices du groove moderne.
Patrick FRÉMEAUX

La collection Live in Paris, dirigée par Michel Brillié, permet de retrouver des enregistrements inédits (concerts, sessions privées ou radiophoniques), des grandes vedettes du jazz, du rock & roll et de la chanson du XXe siècle. Ces prises de son live, et la relation avec le public, apportent un supplément d’âme et une sensibilité en contrepoint de la rigueur appliquée lors des enregistrements studios. Une importance singulière a été apportée à la restauration sonore des bandes, pour convenir aux standards CD tout en conservant la couleur d’époque.
Patrick FRÉMEAUX & Gilles PÉTARD

CD 1 : JEANNINE • THE CHANT • WORK SONG • OUR DELIGHT • AUTUMN LEAVES • BAND INTRODUCTION BY CANNONBALL ADDERLEY • WELL YOU NEEDN’T • SERENITY [1ST CONCERT] • SACK O’ WOE [1ST CONCERT].
CD 2 : LISA • DIS HERE • NEW DEHLI • MEAN TO ME • ARRIVING SOON • SERENITY [2ND CONCERT] • SACK O’ WOE [2ND CONCERT].
CD 3 : BIG “P” • HI FLY • JEANNINE [2ND CONCERT] • DIS HERE [2ND CONCERT] • YOURS IS MY HEART ALONE • IN WALKED RAY • BOHEMIA AFTER DARK.

LIVRET : MICHEL BRILLIÉ

Presse
« (…) Cannonball Adderley, l’héritier le plus brillant de Charlie Parker dont il possède la puissance et la finesse expressives sur fond de blues, avec autant d’aisance et un peu plus de rondeur au niveau du son, est déjà reconnu et adulé malgré sa rareté en Europe. Il côtoie alors le gotha du jazz pour ses enregistrements ou en sideman. Il a formé un magnifique quintet avec son frère Nat Adderley, excellent trompettiste resté dans l’ombre de son frère, à la sonorité proche de celle de Miles Davis sur les tempos lents, mais avec un phrasé virtuose très dynamique dans l’esprit de Lee Morgan dès que le feu s’installe («Autumn Leaves», «Dis Here»…). Ils sont l’âme d’un quintet dans la tradition hard bop, aux qualités similaires du groupe des Jazz Messengers d’Art Blakey, des ensembles d’Horace Silver, ces formations exceptionnelles où l’énergie se conjugue au feeling, le blues à l’invention mélodique, pour un résultat qui enthousiasme tous les publics du monde, encore de nos jours par les disques; cela grâce entre autres à des rythmiques hors normes avec ici les monumentaux Sam Jones et Louis Hayes, auxquels se joint le jeune Ron (Ronald) Carter, venu tenir la contrebasse le temps d’un «Mean to Me» avec, au violoncelle, Sam Jones (CD2), un chorus magnifique, sans doute un hommage au grand Oscar Pettiford, décédé à l’automne 1960, car il était un spécialiste des chorus sur la «petite contrebasse» en pizzicato. Les deux remettent leur échange en action sur «In Walked Ray» (CD3), sans doute dédicacé à Ray Brown, avec aussi de bons chorus de Vic Feldman et Cannonball.Dans le livret inégal (quelques imprécisions), l’auteur a eu la bonne idée de restituer en texte les présentations de chaque thème effectuées par Cannonball, avec humour et pédagogie, qui rendent hommage à Bobby Timmons, l’absent déjà reconnu à Paris pour sa participation aux Jazz Messengers, Bobby Timmons le compositeur aujourd’hui méconnu, celui qui est un peu le responsable de l’adjectif «soul» qui colle à Cannonball, comme le fait adroitement comprendre dans sa présentation le leader, avec humour. Cannonball évoque Miles Davis, un chef de file de cette génération qui a été son «sideman» sur Something’ Else (Blue Note 1958) avant que lui-même lui rende la politesse sur Kind of Blue (Columbia, 1959), deux enregistrements historiques pour rappeler que Cannonball est un autre génie reconnu du jazz de ce temps. Un génie modeste qui ouvre la porte à Victor Feldman, étonnant remplaçant anglais dans cette musique si enracinée («Dis Here») qui parvient à apporter une belle contribution à ce groupe, sans aucune faiblesse, plusieurs compositions également («The Chant», «New Dehli», «Serenity»). Le leader sait enfin ce qu’il doit à Sam Jones, Ron Carter et Louis Hayes («Bohemia After Dark») pour cette musique où l’énergie ne masque jamais l’expressivité ni le lyrisme d’une perfection absolue. Le frère n’est mentionné qu’avec retenue comme un autre soi-même, et Cannonball ne se présente pas lui-même. Tout juste parle-t-il de l’orchestre de Duke Ellington où il a fait un passage, et de son admiration pour Eddie Cleanhead Vinson dont il a choisi une splendide composition, «Arriving Soon», brillamment arrangée et interprétée pour illustrer l’esprit blues à la manière de Cannonball…Enfin, et malgré la «fine bouche» d’une partie des rédacteurs de Jazz Hot de l’époque (Daniel Humair est enthousiaste, Jean Tronchot réservé) sur ces deux concerts du quintet de Cannonball Adderley, des rédacteurs spécialement gâtés par la qualité de la programmation de l’époque dans la Capitale, ces concerts pourraient être qualifiés de «concerts de l’année» s’ils se déroulaient à Paris de nos jours tant l’écart expressif est grand avec notre monde aseptisé, même dans le jazz.Cannonball Adderley, un homme-artiste entier et naturel, est bien entendu au-delà de tout compliment. Sous ses doigts et dans son souffle, la musique coule comme une évidence portée par un lyrisme tout parkérien, par l’expression, la virtuosité avec la même facilité que celle de son inspirateur, avec cette beauté directe, sans maniérisme, cette conviction, en un mot cette authenticité qui font le génie du jazz. Il n’est nul besoin de chercher le blues, le swing, ils sont la matière, le cœur de cette expression. Les arrangements, la sonorité d’ensemble du quintet sont parfaits et permettent des moments d’intensité qui font partie de l’inconscient des amateurs de jazz («Bohemia After Dark»). Cannonball Adderley est habité par le génie du jazz. Se plonger dans l’écoute de ces trois disques, parmi d’autres dans l’œuvre du grand sax alto, en relisant les comptes rendus d’époque, permet de comprendre tout ce qui est essentiel dans le jazz et tout ce que nous avons perdu progressivement depuis cet âge d’or de l’expression, et de manière brutale depuis cet épisode de covid, parfois même chez les artistes qui en étaient de bons artisans avant 2020. Les réactions du public perceptibles sur cet enregistrement en donnent une idée. Comme si le monde du jazz avait perdu une partie de cette âme, de cette conviction, de ce courage pour prendre tous les risques indispensables à la création et de cet humour naturel et sans prétention de Cannonball: «do, ré, mi fa, soul…»… Indispensable! » Par Yves SPORTIS – JAZZ HOT
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“Fremeaux & Associes (www.fremeaux.com), in addition to reissuing extensive series of classic studio jazz sessions, has unearthed a series of previously unreleased and very valuable live recordings of American greats performing in Paris. Recently they came out with two wonderful three-CD sets that are very well recorded and filled with rewarding music.(…) Cannonball Adderley 1960-61 is the best documentation that exists of Feldman with the group. The first three selections are from Nov. 25, 1960 while the other 19 pieces are the group’s Paris concert of Apr. 15, 1961. The music is essentially high-quality bebop with aspects of hard bop and soul jazz. Cannonball is in typically exuberant form (he always had such a joyful tone), Nat Adderley (whose playing would fade by the end of the decade) is heard near the peak of his powers, Feldman (who switches to vibes on three numbers) shows that he was a perfect fit for the band and the team of Jones (who plays cello on one number) and Hayes swing hard throughout. Among the highlights are “Work Song,” “Our Delight,” two versions of “Sack O’Woe,” “Jeannine” and “Bohemia After Dark.” (…) the Fremeaux sets are full of gems and will be enjoyed by fans of Cannonball Adderley, and early 1960s swinging jazz.”By Scott YANOW – LOS ANGELES JAZZ SCENE
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Deux concerts, trois CD, quatre étoiles, cinq musiciens. Deux dates : le 25 novembre 1960 et le 25 avril 1961 ; deux salles, Pleyel et Olympia ; deux ambiances, jazz et soul. Trois hommes qu’on peut remercier pour ce beau coffret : Patrick Frémeaux, Gilles Pétard, initiateur de la collection Live In Paris, et Michel Brillié, rédacteur des notes d’un livret flirtant avec l’exhaustivité, et que je ne saurais que paraphraser. On y retrouve un éloge de Cannonball Adderley, de son humour, de sa pédagogie, de son quintette, de son « soul jazz », et même les trois vœux qu’il a formulés auprès de Pannonica de Koenigswarter, la bonne fée des jazzmen. Tout cela illustre la musique gravée sur ces trois disques, ce savant mélange de hard bop, de rhythm’n blues et de gospel qui fit exploser « Cannonball ». Succès parfois jalousé, mais on ne peut que s’incliner devant la maturité du quintette qui, lors de ses deux représentations parisiennes de 1960 et 1961, présente un style unique et uni, au « drive » fluide et « easy », ayant dépassé tout besoin primaire de virtuosité. Il est alors facile d’imaginer toute l’Olympia tapant du pied en cœur, et surtout lorsque l’on est soi-même emporté par la folie piétinante. Par Walden GAUTHIER  - JAZZ MAGAZINE
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En 1994, un CD avait proposé une anthologie en neuf titres des concerts donnés à l’Olympia et salle Pleyel en 1960 et 1961 par le légendaire quintet du saxophoniste Cannonball Adderley où figurent son frère Nat au cornet, Victor Feldman au piano, Sam Jones à la contrebasse et Louis Hayes à la batterie. Ce « Live in Paris » en trois CD issus des mêmes concerts propose vingt-trois titres. C’est dire que la fête cette fois est complète. On retrouve, avec une qualité sonore impeccable, les envolées éblouissantes du saxophone de Cannonball, sa volubilité étincelante et son impressionnante maîtrise instrumentale, le langage posé, rigoureux et sans façons de Nat Adderley, virtuosité swinguante du pianiste et la rythmique implacable de précision et de feu formée par le duo Sam Jones et Louis Hayes, qu’Oscar Peterson, qui s’y connaissait en la matière, engagera cinq ans plus tard. Ce coffret, qui renvoie au néant la parution précédente, enferme un véritable et constant feu d’artifice musical méritant tous les éloges, représentant un remède bienvenu à la neurasthénie ambiante.Par Jean-Pierre JACKSON - CLASSICA
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Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Jeannine
    Cannonball Adderley
    Duke Pearson
    00:09:25
    1960
  • 2
    The Chant
    Cannonball Adderley
    Victor Feldman
    00:09:02
    1960
  • 3
    Work Song
    Cannonball Adderley
    Nat Adderley
    00:07:11
    1960
  • 4
    Our Delight
    Cannonball Adderley
    Tadd Dameron
    00:08:27
    1961
  • 5
    Autumn Leaves
    Cannonball Adderley
    Joseph Kosma et Joseph Kosma
    00:12:41
    1961
  • 6
    Band Introduction by Cannonball Adderley
    Cannonball Adderley
    Cannonball Adderley
    00:01:49
    1961
  • 7
    Well You Needn't
    Cannonball Adderley
    Thelonius Monk
    00:08:32
    1961
  • 8
    Serenity (1st Concert)
    Cannonball Adderley
    Victor Feldman
    00:06:00
    1961
  • 9
    Sack O' Woe (1st Concert)
    Cannonball Adderley
    Cannonball Adderley
    00:13:13
    1961
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Lisa
    Cannonball Adderley
    Phil Torrie Zito
    00:06:47
    1961
  • 2
    Dis Here
    Cannonball Adderley
    Bobby Timmons
    00:09:54
    1961
  • 3
    New Dehli
    Cannonball Adderley
    Victor Feldman
    00:09:52
    1961
  • 4
    Mean to Me
    Cannonball Adderley
    Fred Ahlert et Fred Ahlert
    00:13:25
    1961
  • 5
    Arriving Soon
    Cannonball Adderley
    Eddie Vinson
    00:12:32
    1961
  • 6
    Serenity (2nd Concert)
    Cannonball Adderley
    Victor Feldman
    00:05:50
    1961
  • 7
    Sack O' Woe (2nd Concert)
    Cannonball Adderley
    Julian Adderley
    00:13:38
    1961
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Big “P”
    Cannonball Adderley
    Jimmy Heath
    00:08:05
    1961
  • 2
    Hi Fly
    Cannonball Adderley
    Randy Weston
    00:11:10
    1961
  • 3
    Jeannine (2nd Concert)
    Cannonball Adderley
    Duke Pearson
    00:10:04
    1961
  • 4
    Dis Here (2nd Concert)
    Cannonball Adderley
    Bobby Timmons
    00:10:47
    1961
  • 5
    Yours Is My Heart Alone
    Cannonball Adderley
    Franz Lehar et Franz Lehar
    00:05:34
    1961
  • 6
    In Walked Ray
    Cannonball Adderley
    Sam Jones
    00:06:41
    1961
  • 7
    Bohemia After Dark
    Cannonball Adderley
    Oscar Pettiford
    00:10:46
    1961
Livret

Cannonball
Adderley

Julian « Cannonball » Adderley
Live in Paris 1960-1961
par Michel Brillié


Do ré mi fa…Soul
« Mesdames et messieurs, le morceau suivant est très important pour nous… Pour nous et pour le jazz, en fait… Ce thème a le mérite d’avoir démarré un style à part entière, le Soul Jazz… Oui bien sûr, ça n’a rien à voir avec Do,ré,mi,fa… Soul. Voici “Dis Here”. »

Le rondouillard musicien tient dans ses mains son sax alto qui, en comparaison, parait minuscule. C’est un soir d’avril 1961, à l’Olympia, et pour la seconde fois en deux ans, « l’organisation », c’est le surnom que Julian « Cannonball » Adderley donne à son quintet, passe par Paris. Les amateurs français ont eu le temps en un an d’adhérer à ce genre de jazz, surtout après la parution de l’album qui a propulsé les frères Adderley dans les « charts » US, The Cannonball Adderley Quintet in San Francisco, enregistré en direct au Jazz Workshop, le club culte de la ville. Opus qui va faire du groupe un « must have » aux USA, puis dans le monde entier.
Orin Keepnews, le producteur d’Adderley pour les disques Riverside n’avait sans doute jamais eu connaissance de la phrase de Sartre : « La musique de jazz, c’est comme les bananes, ça se consomme sur place », avait déclaré le philosophe-écrivain dans un article publié dans la revue America, après une soirée au jazz club Nick’s Bar de New York. Sur place. En live, quoi.
Après quatre albums d’Adderley pour le label avec un succès d’estime, Keepnews pensait qu’il fallait capter cette combinaison unique de la personnalité chaleureuse du musicien et de la musique qu’il jouait. Cette soirée (en fait il y a 2 soirs différents de captation en ce mois d’Octobre 1959) Keepnews la décrira plus tard comme celle de « la naissance de l’enregistrement live comtemporain. »1 En incluant les réactions de l’audience, les commentaires, les intros de morceaux par Adderley, l’électricité palpable du club.

Combustion spontanée

Aucun autre musicien de jazz n’a communiqué avec son public comme Cannonball. Il avait le don, grâce à ses introductions drôles et cool, pour se relier à son audience d’une façon unique. En témoignent ce soir-là à l’Olympia, ses impros parlées entre les titres (voir encadré).
Contrairement aux autres jazzmen qui s’adressaient à l’audience dans un langage branché et un peu abscond, Cannonball Adderley partageait vraiment avec le public. Il s’adressait directement aux gens, en les respectant, en les traitant comme des amis. Il leur donnait des infos, souvent d’une manière humoristique, sur ce qu’ils allaient écouter. C’est cette relation particulière qui avait frappé O. Keepnews, pour lui donner l’envie de la retranscrire fidèlement dans un enregistrement.
Cannonball Adderley a changé la face du jazz, parce que, pour lui, tout cela n’était pas un process intello, c’était juste du fun ! La joie et l’exubérance de la musique d’Adderley était contagieuse.
Le musicien s’amusait comme un fou sur scène… Il blaguait avec les membres de son groupe, appuyait les solos de ses partenaires avec des affirmations bien sonnées, des rires…Il claquait des doigts tout en faisant un mouvement de balancement rotatif avec son avant bras, geste qui deviendra sa marque.
Les étapes marquantes de la carrière de l’alto-sax sont toutes empreintes de la spontanéité du live, depuis le soir de sa révélation au public new-yorkais du Café Bohemia, où il s’incruste dans un set de la formation d’Oscar Pettiford.

Le lendemain, tout New-York s’est demandé, mais qui est ce « Cannonball » ; qui est ce nouveau Charlie Parker ?
« Cannonball », juste son surnom, parce que son frère Nat avait évité de le nommer formellement ce soir là pour ne pas attirer les foudres de l’Union des musiciens new-yorkais, très stricte sur qui pouvait jouer ou non.
Le live donc, c’est presque la garantie du succès pour les formations d’Adderley. Live au Jazz Workshop, au Lighthouse de Los Angeles, au Sankei Hall, à Tokyo… Et quand il change de label pour passer chez Capitol, David Axelrod, le producteur attitré du groupe les persuade de reproduire cette fusion exceptionnelle avec son public pour un nouvel album, Live at ‘The Club’.2
Pour revenir aux deux dates françaises du quintet à l’Olympia, cette charnière du début des sixties reste, pour François René Simon, essentielle :
« C’est le temps de la maturité pour le quintette des frères Adderley…/… Cannonball aurait-il atteint ce niveau de technicité au service de son lyrisme naturel s’il n’avait fréquenté Coltrane pendant deux ans? Nat aurait-il forcé la dose “milesdavisienne” Si son aîné n’avait pas enregistré tant de chefs-d’œuvre avec le génial trompettiste de Kind of Blue ? Le jeu des influences dans le jazz est une meule de foin où mieux vaut ne pas s’aventurer à chercher une aiguille... 3 »

C.A. = Soul Jazz = C.A.

Cannonball Adderley est le premier jazzman, ou l’un des tous premiers, à fusionner le hard bop avec des éléments du gospel et du rhythm and blues. Dans une longue interview de Jazz Hot en Janvier 1963, le saxophoniste relativise cette appellation « soul jazz » auprès de François Postif 4:
« Oui, c’est bien cela, des bluesmen qui jouent du jazz moderne. C’est d’ailleurs assez amusant; au début, tout le monde a déclaré que notre façon de jouer venait tout droit de l’église. Je puis vous l’affirmer, l’église n’a rigoureusement rien à voir dans tout cela. Pas la nôtre, en tout cas ! J’appartiens, comme mon frère, à l’Église Protestante Épiscopale, dans laquelle il est justement interdit de chanter des hymnes et des cantiques, et je ne vois vraiment pas, dans ces conditions, où l’on pourrait y découvrir la moindre trace de cette soi-disant musique soul.
Il ne me semble pas que le soul ait été un mouvement, du moins parmi les musiciens. Parmi les éditeurs de disques, certainement ! Tout le monde dans l’industrie du disque a fait mousser cette appellation pour la rendre plus durable, et surtout plus rentable. »

À la vérité, le nom « soul jazz » est l’invention de Bill Grauer, l’un des dirigeants du label Riverside, pour marketer l’album culte The Cannonball Adderley Quintet in San Francisco enregistré en direct au Jazz Workshop. Car très vite Riverside a compris l’équation magique :
C.A. (Cannonball Adderley) = Soul Jazz = C.A… Chiffre d’affaires.
Devant le succès de l’album, Riverside décide de sortir une version raccourcie de « Dis Here » pour en faire un 45 tours. Le single grimpe au Billboard et devient l’un des premiers tubes crossover des charts. Billy Grauer va renouveler plusieurs fois l’expérience pour faire de Cannonball un « chart topper » : en 61 avec « African Waltz » qui atteint la place N°41 des meilleures ventes, « The Jive Samba », N°66 en 63. Et peut-être ce qui reste son plus gros hit, « Mercy, Mercy, Mercy » que lui a composé son pianiste Joe Zawinul, le N°1 en avril 1967 du Billboard, l’hebdomadaire de la profession du disque. Le bassiste Charlie Mingus, outré, le traitera de « Rock N’ Roll Musician N°1»5 Trop commercial, Adderley ? Le commentaire de son ami Quincy Jones dans son autobiographie : « Quand on était jeune on pensait que pour faire une musique commerciale, il fallait niveler par le bas. On était quatre : Cannonball Adderley, Miles, Herbie Hancock et moi. On était rebelle ; on voulait être authentique, mais aussi on voulait que tout le monde aime notre musique. Tout artiste qui déclare, ‘je vais écrire et jouer ce que je veux, et j’en ai rien à battre si ça plait ou pas, c’est un con. »6

Sans être le roi du hit-parade, Cannonball sait qu’il faut être pragmatique pour survivre. Là encore, c’est l’un des premiers jazzmen à s’assurer les services d’un agent personnel, l’imprésario John Levy. Il est vigilant sur tous les fronts : pour la photo de la pochette de son album Live at the Lighthouse, enregistré à Hermosa Beach au bord du Pacifique, il demande au grand photographe du monde du jazz William Claxton de faire une photo du quintet en maillots de bain…Claxton lui suggère le contraire : tous en smoking sur la plage ! La photo se fait finalement avec tenues « casual » pour tous.

Un éclectique country boy

Cet ancien professeur de musique – son côté pédagogique ressort à chaque présentation de morceau de concert – a vécu plusieurs vies. Cannonball Adderley, à un moment ou un autre, a été vendeur de voitures, présentateur de talkshow à la télé, disc-jockey de radio…
Son côté versatile se retrouve aussi bien dans ses goûts : son musicien préféré est Marcel Mule, un musicien classique de l’école « française » de saxophone.
Dans la dernière partie de sa carrière, Adderley écrit un oratorio sur John Henry, une figure de l’histoire des afro-américains. Il enregistre Love, Sex and the Zodiac, un album sur les différents signes du zodiaque…
De l’avis de tous ses proches, l’homme est avant tout un ami fidèle, modeste, aimable, fin cuisinier7. Et toujours gai, comme l’écrit Miles Davis dans son autobiographie. Son producteur chez Riverside confirme : « Un grand gaillard, joyeux. Un homme avec de multiples facettes, qui étaient constamment visibles, ce qui le rendaient authentique, sincère et très charmeur. Cannonball avait une appétence vitale pour tous les aspects de la vie. Et enfin, c’était l’un des seuls hommes qui était aussi bavard que moi… »8

Pour Olga, sa femme, Julian était « avant tout un country boy, un campagnard. Outre ses gouts éclectiques en matière de musique, il avait aussi des gouts très sûrs dans d’autres domaines. Il était intelligent et drôle, et non seulement il était intéressant, mais il était intéressé par tout. »9

Les trois souhaits du jazzman
La baronne Pannonica de Koenigswarter, mélomane et bienfaitrice du jazz dans les années 50 et 60, a publié un petit livre dans lequel elle a demandé à tous ses amis musiciens de jazz de lister leurs trois souhaits les plus chers. Cannonball Adderley, qui a été un membre de L’organisation PUSH pour les droits civiques10, et qui dès le début a été impliqué dans la défense du statut du musicien, écrit :
- Je voudrais que la discrimination raciale soit éliminée de la surface du globe… vraiment partout.
- Je voudrais que des subventions soient octroyées à la forme d’expression artistique qu’est le jazz, pour que les musiciens qui ont vraiment la flamme puissent créer une musique qui ne soit pas, disons, altérée, déformée par des contraintes d’ordre social et économique. Ce n’est que dans ces conditions que le jazz sera libéré de l’amertume, de la jalousie, du chagrin, et du « syndrome de l’opprimé » qui l’enferment.
- Je dois avouer en toute honnêteté que je souhaiterais voir advenir des circonstances diverses et variées ayant trait à la santé et à une vie heureuse pour ma femme et moi-même.11

Michel Brillié

© Frémeaux & Associés 2021

Cannonball Adderley Quintet,
Live in Paris 1960/1961

Quelques présentations et commentaires

CD1
Après Our Delight
Ca c’était… heu… Our Delight… ça a été écrit par Tad Dameron, un des pères fondateurs de la composition en jazz moderne, un personnage très important à mon sens… Donc, on joue sa musique… Nous pensons que ce n’est pas mal du tout…

Avant Autumn Leaves
À présent nous allons jouer un morceau, je crois bien que ça vient de chez vous…J’ai enregistré ce titre avec un jeune trompettiste qui aura surement du succès un jour… Ça s’appelle Autumn Leaves.

Après Autumn Leaves

Au fait, vous vous rappelez que j’ai dit que j’avais enregistré ça avec un jeune gars à la trompette… Et son nom c’est Miles Davis… Ca va marcher pour lui un jour… Sans doute…

Présentation du groupe

Avant de continuer, je crois que ce serait bien que je vous présente les membres de l’organisation…Notre batteur… Il est vraiment bon et on en est très fiers… Son nom c’est Louis Hayes… Louis Hayes !
Notre bassiste bénéficie aujourd’hui d’une sorte de réputation internationale... Il s’appelle Sam Jones… Sam Jones à la basse !
Notre pianiste est lui-même très international pour le jazz, car il est originaire de Grande Bretagne. Son nom : Victor Feldman. Victor Feldman au piano !
Et notre « section de cuivres » est dirigée par mon frère Nat Adderley. Nat Adderley !

Avant Sack O’Woe

Nous allons terminer cette première partie de notre show avec un titre de notre dernier album qui marche pas mal du tout… C’est un blues, mais il est basé sur un rythme récurrent pendant tout le morceau… Vous voyez, pendant une courte période j’ai joué avec l’orchestre de Duke Ellington, et dans son répertoire il y avait ce rythme qu’on faisait pour accompagner la chanteuse Lil’ Greenwood… Et donc je l’ai piqué à Duke, on l’a transformé à notre manière… Ça s’appelle Sack O’Woe.
CD2
Après Lisa
Merci… Ca c’était Lisa… Le titre vient du nom de la fille du compositeur. Lui s’appelle Torrie Zito, il est un nouveau venu sur la scène du jazz et… Heu… Nous sommes très heureux de l’avoir, parce qu’il est génial.

Avant Dis Here
Maintenant, nous allons jouer un morceau par quelqu’un qui n’est pas si nouveau dans le monde du jazz, mais qui est toujours innovant…Et intéressant. Il s’appelle Bobby Timmons. Aujourd’hui c’est l’un des compositeurs importants en jazz. Nous sommes très fiers d’avoir enregistré un de ses titres quand il faisait partie du quintet… Et celui-ci c’est Dis Here.

Avant New Dehli
Maintenant, un morceau écrit par notre pianiste Victor Feldman. C’est spécialement composé pour le vibraphone. C’est quelque chose qu’il a écrit après avoir séjourné quelque temps en Inde… Il a été quelque part fasciné par New Dehli… Alors il a écrit une musique et l’a dédié à New Dehli, la ville… Et son titre… Vous aviez déjà deviné… C’est New Dehli.

Avant Mean to Me
À présent nous allons augmenter la taille de notre groupe… Oui, nous sommes connus comme le Cannonball Adderley Quintet, mais nous allons agrandir l’orchestre un petit moment, on va passer à un quintet plus 1… Oui, nous n’allons pas jusqu’à dire « sextet », juste Cannonball Adderley Quintet…Plus 1. Veuillez accueillir sur la scène, mesdames et messieurs, un excellent jeune bassiste, qui va remplacer Sam Jones à la basse… Applaudissez Ron Carter ! Donc Ron Carter est à la basse, et évidement Sam Jones va faire autre chose… (Il rit)… Sam va jouer du violoncelle… Oh, j’ai annoncé le Quintet plus 1, je me suis bien trompé… En fait vous allez entendre un quartet… Pour une raison inconnue, les autres musiciens nous ont exclus, mon frère Nat et moi, de cet arrangement… Donc vous allez apprécier le quartet à cordes de Sam Jones…Voici Mean to Me.

Avant Arriving Soon

Voici maintenant un titre écrit par l’un des plus grands jazzmen de tous les temps…Un homme dont l’apport a été essentiel… pour nous. Il est moins connu comme jazzman que comme chanteur de blues et homme de scène, mais c’est un excellent musicien qui a écrit plusieurs compositions magnifiques, des vrais standards du jazz, Tune Up, Fore… C’est Eddie « Cleanhead » Vinson, et il vient tout juste d’écrire ce morceau qu’il a nommé Arriving Soon... Il prétend que cela n’a aucune signification sociale particulière, mais je le connais bien, et je sais qu’il y en a une. Arriving Soon, d’Eddie Vinson.

Deuxième présentation de l’orchestre
Voici maintenant les membres de l’orchestre… Tout d’abord, à la batterie, un des jeunes batteurs jazz exceptionnels, déjà un style à lui tout seul, Louis Hayes ! A la batterie, Louis Hayes!
Puis l’homme avec le beat solide comme un roc… L’un des bassistes les plus importants du jazz ce jour, Sam Jones à la basse !
Quant au prochain, des fois j’aime le vanner… Je dis ça parce là d’où il vient, en Angleterre, ils le présentent comme Le Plus Grand Musicien de Jazz… d’Angleterre. Victor Feldman ! Piano et vibraphone !
Et puis enfin, pour prendre exemple sur notre président ici aux USA, on va faire un peu de népotisme12… Voici « notre Attorney General », notre entière section de cuivres, mon frère, Nat Adderley ! Vous voyez ce que je veux dire ? Mais ça se passe comme ça, des fois...

CD3
Après Big « P »
Merci beaucoup mesdames et messieurs ; c’était Big « P »… Nous on aime bien commencer avec ce genre de titre, parce que si vous ne le connaissez pas, vous ne savez pas si on l’a bien joué ou pas… Un truc tout neuf, quoi.

Avant Dis Here
Le morceau suivant, mesdames et messieurs, a beaucoup d’importance... Pour nous et pour le jazz, en fait, parce que ce titre a été reconnu pour avoir démarré un style tout entier… Connu comme le « soul jazz »… soul jazz… Bien sûr ça n’a rien a voir avec Do Re Mi Fa Soul… Soul veut dire… Soul, vous voyez ? Bon, c’est Bobby Timmons qui l’a écrit, un jeune homme très important aujourd’hui. Pour le Soul Jazz et tout et tout. Ca s’appelle Dis Here.

Avant Yours is My Heart Alone
Tout de suite, coup de projo sur Victor Feldman, notre pianiste-vibraphoniste… Une musique qui parait-il vient d’un opéra allemand… Bon ca ne fait rien, c’est un morceau qui groove, ça pourrait venir d’un opéra américain… Même chose… Ça lui va bien à Victor… Yours is My Heart Alone.

1. Cary Ginell, Walk Tall, Hal Leonard Books, 2013.
2. Un faux ‘Live’ en fait. Axelrod pour des raisons pratiques, avait booké le grand studio de Capitol Records dans la célèbre Capitol Tower, en plein cœur de Hollywood, sur Vine Street. Le producteur a fait ériger une scène surélevée pour l’orchestre, installer un bar, et est passé dans les bureaux de la firme de disques pour inviter tout le personnel au « Club Capitol » pour l’enregistrement de Mercy, Mercy, Mercy : Live at ‘The Club’.
3. François René Simon, Julian le Jovial, RTE, 1994.
4. Francois Postif, Jazz me blues, Interviews et portraits de musiciens de jazz et de blues, collection Contrepoint, publié « Outre Mesure » (France).
5. Down Beat, July 21, 1960.
6. « Q: The Autobiography of Quincy Jones » by Quincy Jones, Random House, 2001, p 303.
7. Son surnom « Cannonball » est une déformation de « Cannibal », qualificatif dont il est affublé à l’adolescence après un concours de dégustation de poulet. Son état diabétique provoquera plusieurs crises cardiaques dont la dernière lui sera fatale.
8. Orin Keepnews, dans Cannonball Complete Jazz Fake book ,Hansen, 1977.
9. Cary Ginell, Walk Tall, Hal Leonard Books, 2013.
10. PUSH est formé en 1971 par Jesse Jackson après l’assassinat de Martin Luther King.
11. Pannonica de Koenigswarter, Les Musiciens de Jazz et Leurs Trois Vœux, Buchet Chastel, 2006.
12. Adderley fait référence à John F. Kennedy, le président des USA du moment, et qui avait nommé son frère Robert comme Attorney General (ministre de la justice).





Cannonball Adderley
Live in Paris 1960-1961

By Michel Brillié

Do Re Mi Fa… Soul
“This next one, ladies and gentlemen, is a very important tune… To us and to jazz, really, because this tune is credited with having started an entire movement… known as Soul Jazz…Soul Jazz… Of course that’s got nothing to do with Do Re Mi Fa Soul… It’s called “Dis Here”.
The rotund musician holds his alto sax in his hands, and in comparison, the instrument seems tiny. This takes place one evening of April 1961 at the Olympia Theater. For the second time in two years, the “organization”, Cannonball’s nickname for his Quintet, is back in Paris. In a year’s time, the French fans had enough time to appreciate this new kind of jazz. Especially after the release of The Cannonball Adderley Quintet in San Francisco, the album recorded live at the club The Jazz Workshop, which propelled the Adderley Brothers into the US charts. This album turned the group into an essential part of the jazz scene in the US and in the world.
Orin Keepnews, Adderley’s producer at Riverside Records, had probably never read Sartre’s comment: “Jazz music is like bananas. You must have it on site.” The writer-philosopher had written it in an article in the review America, after an evening at Nick’s Club jazz bar in New-York. On site… Live.
After four albums for the label with just a critical success, Keepnews believed that he had to capture that unique merging of the musician’s warm personality with the music he played. That night in San Francisco (in fact there were two different evenings of recording in this month of October ’59) was described by Keepnews as “the birth of contemporary live recording”1, including the inhibited reaction from the audience, the comments and ad-libs by Cannonball, the tangible excitement in the club.

Spontaneous Combustion
No other musician communicated with his audience in Cannonball’s way. Through his hip and witty introductions, he had a gift to connect particularly with them. To wit his spoken ad-libs that night at the Olympia (see box).
Unlike some other jazz musicians who would talk to their audiences in their own hipster and somewhat obscure lingo, Cannonball Adderley really shared with his crowd. He spoke directly to people, respecting them, treating them like friends. He would explain to them in humorous ways what they would be going to listen to. It was this special relationship that struck O. Keepnews, to make him want to faithfully transcribe it into a recording.
Cannonball Adderley changed the face of jazz, because for him it wasn’t a nerd process, it was just fun! The joy and exuberance of Adderley’s music was contagious.
In addition, the musician really enjoyed himself on stage. He would joke with the other members, making comments or affirmations during solos, laughing… Cannonball would snap his fingers during his teammates’ solos and rotate his right arm at the same time, a gesture that became his signature move.
The milestones of the alto-sax’s career are all marked with the spontaneity of live performances, ever since the evening of his revelation to the New York public of the Café Bohemia, where he crashed a set of Oscar Pettiford’s group. The next day, the whole town was wondering, but who is this “Cannonball”, who is the new Charlie Parker?

Just “Cannonball”, because sometime during the evening a man had asked his brother Nat who was the alto player. Nat had said “Cannonball”, for fear that he was a musicians’ union representative…
Live recording practically ensured success for Adderley’s various bands. Live the Jazz Workshop, at the Lighthouse in Los Angeles, at the Sankei Hall in Tokyo… And when he switched labels for Capitol Records, their new producer David Axelrod persuaded them to replicate this special relation with the audience in their forthcoming album, Live at ‘The Club’.2
Getting back to the two concerts dates of ’60 and ‘61 by the quintet at the Olympia, this pivotal period of the early sixties is essential to critic François René Simon:

This is the mature period of the Adderley brothers’ quintet…/… One may wonder if Cannonball would have reached the level of technique that served his natural lyricism if he had not spent those two years with Coltrane. Would Nat have pushed that “milesdavisian” style if his older brother hadn’t recorded as many hits with the great trumpet player of Kind of Blue? The interplay of influences in jazz is a haystack where looking for the needle is better left undone.3
Rock n’ Roll Musician
Cannonball Adderley was among the first jazzmen to incorporate harp bop with elements of Gospel and Rhythm and Blues. In an extensive interview in Jazz Hot in January ’63, the sax player put this “Soul Jazz” name in perspective: “Yeah, that’s right, bluesmen playing modern jazz. That’s kinda funny; in the beginning, everybody said our way of playing was straight out of church. I can tell you, church has nothing to do with all that. Not our church, anyway! I belong, with my brother, to the Protestant Episcopal Church, where it is precisely forbidden to sing hymns, and in these conditions, I really do not see where anyone could find in it the slightest trace of that so-called “Soul Music”.
It doesn’t appear to me that Soul was a movement, at least among musicians. But among record publishers, yes indeed! Everyone in the record trade promoted that brand to make it last longer, with more profit.”4

In fact the name “Soul Jazz” was invented by Bill Grauer, one of Riverside Records top executives, to market the groundbreaking album The Cannonball Adderley Quintet in San Francisco. Riverside Records had quickly grasped the sales potential of the equation Cannonball Adderley = Soul Jazz.
Following the success of the album, the label decided to release an edited version of “Dis Here” to make it into a 45 rpm. The single shot up Billboard’s Top 100 and became one of the first crossover hits on the charts. Billy Grauer repeated the experience several times to make Cannonball a “chart topper”: in 61 with “African Waltz” reaching the N°41 bestsellers’ spot; in 63, with “The Jive Samba”, reaching N° 66. And in April 1967, “Mercy,Mercy,Mercy,” a tune composed by his then pianist Joe Zawinul, reached to N°1 spot in Billboard’s charts to become his biggest hit ever. Bassist Charlie Mingus was not a fan of Adderley’s kind of music. He called him “Rock-n-Roll musician N°1”.5 Was Adderley really too commercial? Here’s what his friend Quincy Jones has to say about that in his autobiography:
“When we were young, we used to think that making our music commercial was as simple as just dumbing down. There were four of us: Cannonball Adderley, Miles, Herbie Hancock, and me. We were rebels. We wanted to be real, but we also wanted everyone to love our music. Any artist who says, I’m gonna write and play what I want, and I don’t care if anybody likes it, is full of shit.6”
Cannonball was never particularly money-minded, but he knew you had to be pragmatic to survive. He was one of the first jazzmen to hire the services of a personal agent, John Levy. And he was careful about everything. For instance, he asked famous jazz world photographer William Claxton to shoot the cover for Live at the Lighthouse, recorded at Hermosa Beach on the Pacific Coast. He wanted the band to be photographed in swimsuits. Claxton, on his part, wanted everybody in tuxes on the beach… The final cover is a compromise, with the men in casual wear.

An eclectic country boy

A former music teacher – you can tell that by the way he introduces his tunes during a concert – Cannonball has lived several lives. At one time or another, he was a car salesman, a TV talk-show host, a radio disc jockey…
And this versatile trait was also found in his tastes: his favorite musician was Marcel Mule, a classical performer of the French School of Saxophone. In his later days, Adderley composed an oratorium for John Henry, or recorded Love, Sex and the Zodiac, an album dedicated to the different signs of the Zodiac.
In the opinion of his closest relatives, the man was above all a faithful friend, modest, amiable, a fine cook.7 And always cheerful, as Miles Davis wrote in his autobiography. His producer at Riverside agreed: “Julian was one of the most completely alive human beings I had ever encountered. he was a multifaceted man and it seemed as if all those facets were constantly in evidence, churning away in front of you; and each aspect of him was consistent with every other part - so that you were automatically convinced that it was totally real and sincere, and you were instantly and permanently charmed. He was also one of the few people I have ever come across who could consistently talk as much as I do!”8
To his wife Olga, “Julian was a basic country boy. In addition to having eclectic tastes in music, he also had very fine taste in other things, and a wide range of interests. He was very intelligent and funny, but not only was he interesting, he was interested.”9
Cannonball’s Three Wishes
Baroness Pannonica de Koenigswarter was a jazz patron and writer in the fifties and sixties. Over the years, Koenigswarter asked three hundred musicians what their three wishes in life were. Cannonball Adderley, as a member of the Civil Rights Organisation PUSH10, and who was involved since the beginning in the defense of the musician’s status, wrote:
- I wish that racial discrimination would be eliminated from the face of the earth, in all directions.
- I wish for some sort of subsidy for the jazz art, so that those truly dedicated artists may create music, let’s say, unscathed or distorted because of social and economic necessity. Only under these circumstances may there exist jazz expression free from bitterness, jealousy, grief, and the put-down syndrome.
- I must honestly confess that I would wish for certain various and sundry circumstances indigenous to healthy and happy home life for my wife and myself.11

Michel Brillié
© Frémeaux & Associés 2021
Cannonball Adderley Quintet,
Live in Paris 1960/1961
Ad-libs and comments

CD1
Outro Our Delight
That one is called… hum… Our Delight... It was written by Tad Dameron, one of the founding fathers of modern jazz writing, and he’s a very important man to me… So we play his music. We think it’s pretty nice…

Intro Autumn Leaves

We’re now going to play a tune, I guess, that started here… This one I recorded with a young trumpet player who’s going to be big one day… It’s called Autumn leaves.

Outro Autumn leaves

Incidentally, you remember I mentioned that was recorded with a young up and coming trumpet player… Whose name is Miles Davis. He’s gonna be alright one day… Eventually…

Band introduction

Before we play this next one I think it’s proper for me to introduce to you the members of the “organization”… Our drummer… our drummer is a very good one and we’re proud of him, his name is Louis Hayes… Louis Hayes!
Our bass player enjoys a sort of internationally hip reputation now… His name is Sam Jones… Sam Jones on bass!
Our pianist is himself international so far as jazz is concerned because he’s from Great Britain… His name is Victor Feldman. Victor Feldman at the piano!
And our “brass section”… is handled by my brother Nat Adderley. Nat Adderley!

Intro Sack O’Woe
We’re going to close the first half of our show with a tune that is in our latest album, that we get good response to… This one is a blues, but it’s based upon a recurrent rhythm throughout… You see, for a short while I played with the Duke Ellington Band, and among the things that we used was this rhythm I guess, and we did it behind the singer Lil Greenwood… And I kinda stole it from Duke, and we developed it our own way, it’s called Sack O’ Woe.
CD2

Outro Lisa
Thank you… That one’s called Lisa… And it’s named after the composer’s daughter. The man’s name is Torrie Zito, he’s new on the jazz scene and… Uh… We’re glad to have him because he’s brilliant…

Intro Dis Here

We’re now going to play one by someone who’s not so new on the jazz scene, but who’s always fresh… And interesting. His name is Bobby Timmons. Bobby Timmons is by now one of the important composers in jazz. We’re very proud to have recorded one of his tunes when he was a member of our band… And this one is called Dis Here.

Intro New Dehli
We’re going to play a tune now written by our pianist Victor Feldman... This one was written for the vibes. It’s a tune that he wrote after spending some time in India… He was sort of fascinated with New Dehli…So he’s written a tune and dedicated it to New Dehli… The name of it is… You guessed it… New Dehli.

Intro Mean to Me
Now we’re going to increase the size of the band… You know, we’re known as the Cannonball Adderley Quintet, but we’re going to enlarge the band for a moment, and we’re going to increase to Quintet plus one… That’s right, we refuse to go so strong as to say “sextet”… We’ll just say the Cannonball Adderley Quintet plus one… We’d like to welcome to the stand now, ladies and gentlemen, a very fine young bassist, who will be taking over the bass spot from Sam Jones… How about a round of welcome for Ron Carter! Now Ron Carter is going to play bass, and obviously Sam Jones is doing something else here… (he laughs) He’s going to play cello… Oh. I just announce that this will be the Quinter plus one, well, I’ve made a great mistake… You’re actually going to be listening to a quartet for the first tune… You see, they left my brother and me out of the first arrangement… For some reason… So, you can listen to the Sam Jones string quartet… They’re first going to play Mean to Me.

Intro Arriving Soon

We’re now going to play a tune written for us by one of the great jazzmen of all times… A man whose contribution has been tremendous… We feel… He is not so well known generally as a jazzman than as a blues singer and performer, but he’s a very great musician… He’s written several fine compositions, jazz standards, such as Tune Up, and Fore… This man’s name is Eddy Cleanhead Vinson, and he’s just written a tune for us, that he calls “arriving soon”, that he says has no particular social significance, but I know him well, and I know it does. Arriving Soon, by Eddy Vinson.

Band introduction N°2

We’re now going to introduce to you the members of the band… First of all we have on drums one of the outstanding young drummers in all of jazz, already a stylist himself, Louis Hayes… Louis Hayes on drums!
And the man with the famous rock-hard beat… One of the most important bassists in jazz today, Sam Jones on bass!
In regard to the next one, I like to put him on sometimes… Put him on, an expression from back home… I say it, because in England, they say, The Greatest Jazz Musician England has ever produced… Victor Feldman! Piano and vibes!
And, taking an example from the president of the United States, we do our little bit of nepotism here... We have it going… Our Attorney General, our brass section is my brother Nat Adderley! See what I mean? But that’s the way it goes, sometimes.

CD3
Outro Big “P”
Thank you very much ladies and gentlemen, that one’s called Big P… We like to open with that kind of tune because if you don’t know how it goes, well, you don’t know if we’ve played it well or not, you see… And it’s a new tune, that kind of thing…

Intro Dis Here
This next one, ladies and gentlemen, is a very important tune… to us and to jazz, really, because this tune is credited with having started an entire movement… known as Soul Jazz… Soul Jazz… Of course, that’s got nothing to do with Do Re Mi Fa Soul… Soul meaning… Soul… You dig? So, this one was written by Bobby Timmons, who is a very important young man today. Soul jazz and all that. It’s called Dis Here.

Intro Yours is My Heart Alone
We’re going to spotlight our pianist-vibist Victor Feldman, right now, playing a tune which he says came from a German opera… Well you know… Anyway it’s a pretty groovy tune, makes no difference, it could have come from an American opera… Same thing… This tune is well suited for Victor… It’s Yours is My Heart Alone.

1. Cary Ginell, Walk Tall, Hal Leonard Books, 2013.
2. It was in fact a fake ‘live’ album. For practical reasons, Axelrod had booked Studio A at Capitol Records at the famed Capitol Tower on Hollywood’s Vine Street. The producer had the band set on risers, had a regular bar with two bartenders, and invited the whole personnel at Capitol, friends and families to ‘Club Capitol’ for the recording of Mercy, Mercy, Mercy : Live at ‘The Club’.
3. François René Simon, Julian The Jovial, RTE,1994.
4. Francois Postif, Jazz me blues, Interviews et portraits de musiciens de jazz et de blues, collection Contrepoint, “Outre Mesure” (France).
5. Down Beat, July 21, 1960.
6. “Q: The Autobiography of Quincy Jones” by Quincy Jones, Random House, 2001, p 303.
7. His nickname “Cannonball” derives from “Cannibal”, given to him as a teenager after a chicken tasting competition. His diabetic condition caused him several heart attacks, the last of which was fatal.
8. Orin Keepnews , Cannonball Complete Jazz Fake book ,Hansen, 1977.
9. Cary Ginell, Walk Tall, Hal Leonard Books, 2013.
10. PUSH was formed in 1971 by Jesse Jackson after the assassination of Martin Luther King.
11. Pannonica de Koenigswarter, Three Wishes: An Intimate Look at Jazz Greats, Harry N. Abrams 2006.



Cannonball Adderley Quintet, Live in Paris 1960/1961

CD1
1. Jeannine (Duke Pearson)    9’25
2. The Chant (Victor Feldman)    9’02
3. Work Song (Nat Adderley)    7’11
4. Our Delight (Tadley Ewin Peake “Tadd” Dameron)    8’27
5. Autumn Leaves (Jacques Prévert/Joseph Kosma)    12’41
6. Band Introduction by Cannonball Adderley (Julian “Cannonball” Adderley)     1’49
7. Well You Needn’t (Thelonious Monk)     8’32
8. Serenity [1st Concert] (Victor Feldman)     6’00
9. Sack O’ Woe [1st Concert] (Julian “Cannonball” Adderley)    13’13
01:16’20

Recorded by: Europe N°1 Technical Staff

Recording Dates
Tracks 1 to 3: November 25, 1960
Tracks 4 to 9: April 15, 1961
Recording Places
Tracks 1 to 3: Salle Pleyel, Paris, France
Tracks 4 to 9: Olympia Theater, Paris, France
Personnel
Julian “Cannonball” Adderley Alto Sax
Nat Adderley Cornet
Victor Feldman Piano
Louis Hayes Drums
Sam Jones Bass


CD2
1. Lisa (Phil Torrie Zito)    6’47
2. Dis Here (Bobby Timmons)    9’54
3. New Dehli (Victor Feldman)    9’52
4. Mean to Me (Roy Turk / Fred E. Ahlert)    13’25
5. Arriving Soon (Eddie Vinson)    12’32
6. Serenity [2nd Concert] (Victor Feldman)    5’50
7. Sack O’ Woe [2nd Concert] (Julian Adderley)    13’38
01:11’58

Recording Date
April 15, 1961

Recording Place
Olympia Theater, Paris, France
Personnel
Julian “Cannonball” Adderley Alto Sax
Nat Adderley Cornet
Victor Feldman Piano, Vibraphone on track 3
Louis Hayes Drums
Sam Jones Bass, Cello on track 4


CD3
1. Big “P” (Jimmy Heath)    8’05
2. Hi Fly (Randy Weston)    11’10
3. Jeannine [2nd Concert] (Duke Pearson)     10’04
4. Dis Here [2nd Concert] (Bobby Timmons)    10’47
5. Yours Is My Heart Alone (Harry B. Smith / Franz Lehar)    5’34
6. In Walked Ray (Sam Jones)    6’41
7. Bohemia After Dark (Oscar Pettiford)     10’46
1:03’07
Recording Date
April 15, 1961

Recording Place
Olympia Theater, Paris, France

Personnel
Julian “Cannonball” Adderley Alto Sax
Nat Adderley Cornet
Ron Carter Bass on track 6
Victor Feldman Piano, Vibraphone on track 2, 5 & 6
Louis Hayes Drums
Sam Jones Bass, Cello on track 6

Produced by: Daniel Filipacchi, Norman Granz & Frank Ténot

Dedicated to Claude Boquet, Bill Dubois, Jean Claude, Philippe Moch, Raymond Treillet and the gang

La collection Live in Paris :
Collection créée par Gilles Pétard pour Body & Soul et licenciée à Frémeaux & Associés.
Direction artistique et discographie : Michel Brillié, Gilles Pétard.
Coordination : Augustin Bondoux.
Conception : Patrick Frémeaux, Claude Colombini.
Fabrication et distribution : Frémeaux & Associés.

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