L'Art D'Avoir Toujours Raison - Schopenhauer
L'Art D'Avoir Toujours Raison - Schopenhauer
Ref.: FA8049

Lu par DIDIER BOURDON

DIDIER BOURDON

Ref.: FA8049

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 1 heures 29 minutes

Nbre. CD : 2

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Présentation

Texte intégral lu par Didier Bourdon, suivi lecture Olivier Cohen, Livret François Trémolières.
L’art d’avoir toujours raison est le catalogue raisonné des 38 stratagèmes possibles pour convaincre l’autre.
Le présent ouvrage permet de donner à celui qui a tort tous les moyens d’obtenir une victoire sur son adversaire en évacuant le problème moral de la bonne ou mauvaise foi.
Attention, cher auditeur, il n’est pas question ici de rechercher la vérité. Didier Bourdon rend hommage à l’optimisation de la pensée sur la morale dans l’art de la joute verbale. Sa performance servira les causes les plus viles comme les meilleures volontés.
Claude Colombini & Patrick Frémeaux.
« A l’origine du débat, les deux parties, le plus souvent, croient avoir la vérité pour elles, et à mesure qu’il se développe, l’une et l’autre commence à en douter : car c’est seulement la fin qui doit trancher de la vérité, la confirmer. Donc, la dialectique n’a pas à s’engager dans cette direction, pas plus que le maître d’armes ne se demande qui, en fait, a raison dans la querelle dont est issu le duel bien placer sa pointe, bien parer les bottes, c’est de cela qu’il s’agit ainsi en est-il de la dialectique : c’est une escrime intellectuelle. »
Arthur Schopenhauer

La vie est une affaire dont les profits sont bien loin de couvrir les frais.
Arthur Schopenhauer

Droits audio : Frémeaux & Associés - Livre audio de La Librairie Sonore en accord avec Circé



« A l’origine du débat, les deux parties, le plus souvent, croient avoir la vérité pour elles, et à mesure qu’il se développe, l’une et l’autre commence à en douter : car c’est seulement la fin qui doit trancher de la vérité, la confirmer. Donc, la dialectique n’a pas à s’engager dans cette direction, pas plus que le maître d’armes ne se demande qui, en fait, a raison dans la querelle dont est issu le duel bien placer sa pointe, bien parer les bottes, c’est de cela qu’il s’agit ainsi en est-il de la dialectique : c’est une escrime intellectuelle. » Arthur SCHOPENHAUER

Presse
« L’Afrique a ses singes, l’Europe a ses français », disait le sarcastique et cynique Schopenhauer. Le pessimiste de Frankfort, philosophe misanthrope allemand de la première moitié du 19e siècle, avait conçu un petit traité qui revient bien à propos par les temps qui courent. Sous la forme de 38 stratagèmes, autant de bottes de la joute verbale, il permet à celui qui s’en sert de sortir vainqueur d’une confrontation (par exemple en s’attaquant au locuteur plutôt qu’à son discours), sur la forme bien sûr plus que sur le fond, car comme le dit très bien Didier Bourdon (oui, oui, l’un des trois Inconnus) avec une faconde très dix huitième, « l’homme est bien trop vaniteux pour s’incliner devant la vérité ».B.R. – LE JOURNAL DU MEDECIN
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"Trente-huit stratagènes possibles pour convaincre l'autre et obtenir une victoire en évacuant la question de la bonne ou mauvaise foi, quand on a tort."  Recommandé par France Culture
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“Didier Bourdon est plus connu comme Inconnu que pour sa pratique de la joute oratoire selon Schopenhauer. On ne l’attendait donc pas dans ce contre-emploi. Mais, la première surprise passée, l’auditeur s’incline devant la justesse du ton du comédien et la force de l’argumentation en 38 stratagèmes, mise sur pied par le philosophe allemand pour destabiliser l’adversaire. Une langue claire au service de la controverse à ne surtout pas utiliser avec des inconnus, car il est peu de gens capables « d’admettre de perdre la partie, si la vérité est dans l’autre camp » puis de « faire la paix » plus précieuse encore.“ ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE ACTUALITES
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“Loin de son personnage des « Inconnus », Didier Bourdon, par sa fougue, son enthousiasme et son intelligence du texte, comble son auditeur. Une réussite. Petit livret très éclairant joint avec discographie.” NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
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Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    SCHOPENHAUER L ART D AVOIR TOUJOURS RAISON
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:04:51
    2004
  • 2
    SCHOPENHAUER MACHIAVEL
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:05:05
    2004
  • 3
    SCHOPENHAUER DIALECTIQUE
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:06:07
    2004
  • 4
    SCHOPENHAUER FONDEMENT
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:05:00
    2004
  • 5
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 1
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:04:49
    2004
  • 6
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 2
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:04:24
    2004
  • 7
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 3
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:03:07
    2004
  • 8
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 4
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:00
    2004
  • 9
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 5
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:19
    2004
  • 10
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 6
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:14
    2004
  • 11
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 7
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:18
    2004
  • 12
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 8
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:25
    2004
  • 13
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 9
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:37
    2004
  • 14
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 10
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:34
    2004
  • 15
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 11
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:38
    2004
  • 16
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 12
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:02:32
    2004
  • 17
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 13
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:05
    2004
  • 18
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 14
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:41
    2004
  • 19
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 15
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:58
    2004
  • 20
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 16
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:03
    2004
  • 21
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 17
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:25
    2004
  • 22
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 18
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:34
    2004
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
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  • 1
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 19
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:36
    2004
  • 2
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 20
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:39
    2004
  • 3
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 21
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:53
    2004
  • 4
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 22
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:34
    2004
  • 5
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 23
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:03
    2004
  • 6
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 24
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:50
    2004
  • 7
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 25
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:52
    2004
  • 8
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 26
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:32
    2004
  • 9
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 27
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:29
    2004
  • 10
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 28
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:02:17
    2004
  • 11
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 29
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:02:44
    2004
  • 12
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 30
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:04:58
    2004
  • 13
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 30 SUITE
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:04:31
    2004
  • 14
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 31
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:02:11
    2004
  • 15
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 32
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:03
    2004
  • 16
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 33
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:45
    2004
  • 17
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 34
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:00:54
    2004
  • 18
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 35
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:03:15
    2004
  • 19
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 36
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:05:05
    2004
  • 20
    SCHOPENHAUER STRATAGEME 37
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:01:00
    2004
  • 21
    SCHOPENHAUER ULTIME STRATAGEME 1
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:03:49
    2004
  • 22
    SCHOPENHAUER ULTIME STRATAGEME 2
    DIDIER BOURDON
    ARTHUR SCHOPENHAUER
    00:02:03
    2004
Livret

L’ART D’AVOIR TOUJOURS RAISON SCHOPENHAUER

L’ART D’AVOIR TOUJOURS RAISON
SCHOPENHAUER
Lu par DIDIER BOURDON 
L’ART D’AVOIR TOUJOURS RAISON
SCHOPENHAUER
CD1
01. L’art d’avoir toujours raison    4’51
02. Machiavel prescrit au prince d’utiliser...    5’05
03. Pour établir la dialectique selon toute rigueur...    6’07
04. Fondement de toute dialectique    5’00
05. Premier stratagème    4’49
06. Deuxième stratagème    4’24
07. Stratagème 3    3’07
08. Stratagème 4    1’00
09. Stratagème 5    1’19
10. Stratagème 6    1’14
11. Stratagème 7    1’18
12. Stratagème 8    0’25
13. Stratagème 9    0’37
14. Stratagème 10    0’34
15. Stratagème 11    0’38
16. Stratagème 12    2’32
17. Stratagème 13    1’05
18. Stratagème 14    0’41 
CD2
01. Stratagème 15    0’58
02. Stratagème 16    1’03
03. Stratagème 17    0’25
04. Stratagème 18    0’34
05. Stratagème 19    0’36
06. Stratagème 20    0’39
07. Stratagème 21    0’53
08. Stratagème 22    0’34
09. Stratagème 23    1’03
10. Stratagème 24    0’50
11. Stratagème 25    1’52
12. Stratagème 26    0’32
13. Stratagème 27    0’29
14. Stratagème 28    2’17
15. Stratagème 29    2’44
16. Stratagème 30    4’58
17. Stratagème 30     (suite) 4’31
18. Stratagème 31    2’11
19. Stratagème 32    1’03
20. Stratagème 33    0’45
21. Stratagème 34    0’54
22. Stratagème 35    3’15
23. Stratagème 36    5’05
24. Stratagème 37    1’00
25. Ultime stratagème  3’49
26. Ultime stratagème  (suite)  2’03  
L’art d’avoir toujours raison
Arthur Schopenhauer

Arthur Schopenhauer (1788-1860) serait l’homme d’un seul livre : Le Monde comme vo­lonté et comme représentation, dont la première édition date de 1818. Celle-ci passa pourtant quasi inaperçue et l’édition définitive de 1844 n’eut guère plus de succès. C’est avec la publication, en 1851, des Parerga et Paralipomena, recueil d’essais touchant à divers sujets philosophiques, moraux, littéraires, polémiques, etc., qu’il connaît un succès tardif, presque mondain, en Allemagne d’abord (Wagner lui fait part de son admiration) puis en Angleterre, en France, et partout en Europe. La figure du “pessimiste” de Francfort devient célèbre – célibataire endurci qui interdit toute visite; misanthrope préférant la compagnie de ses chiens à celle des humains ; phobique ne se séparant jamais d’un pistolet et refusant de loger à l’étage pour pouvoir (au cas où) fuir par la fenêtre, qui chiffre ses manuscrits et protège méticuleusement ses biens contre le vol; vieux rentier coupé de l’Université qu’il attaque rudement dans une prose de pamphlétaire, mais tenant table ouverte dans un hôtel de Francfort où ses visiteurs étrangers se régalent de ses sarcasmes… Redécouverte, sa pensée est saluée par les maîtres du soupçon : Nietzsche (mais qui lui reproche de ne pas assumer jusqu’au bout sa découverte du “vouloir” au principe de tout) et Freud – car Schopenhauer discerne un point aveugle à la conscience, et l’énergie mise à le dissimuler. 
L’art d’avoir toujours raison
C’est à ses talents d’écrivain que Schopenhauer doit cette première reconnaissance. Il écrit une langue claire, parfois mordante, qui peut faire penser – comme ensuite celle de Nietszche – au style des moralistes français. Cette manière le rend marginal en philosophie quand domine en Allemagne la langue technique de Hegel. Or c’est le cas en 1830-1831, au moment où il écrit son petit traité de “dialectique éristique”, L’art d’avoir toujours raison. Le terme de dialectique ne peut pas ne pas avoir pour ses contemporains un sens hégélien : entendue habituellement comme art du débat contradictoire, la dialectique prend en effet dans la conception hégélienne une importance centrale, parce que la contradiction est pensée comme objective et nécessaire ; la compréhension intime du réel suppose une exposition “dialectique” de la connaissance, cette dernière se confondant avec l’expression de phases successives dans l’histoire, chacune à la fois niant et accomplissant la précédente, jusqu’à la complète affirmation de l’absolu. Le stade ultime est pour Hegel auto-affirmation de l’Esprit. Le marxisme reprendra cette philosophie de l’histoire mais en opérant un “renversement”, selon le terme de Marx : l’idéalisme spéculatif est inversé en un “matérialisme dialectique”, promis lui aussi à un durable succès. Schopenhauer feint d’ignorer dans son traité cette acception du terme. Mais en présentant la dialectique comme un simple art de persuader (ce qui revient à lui appliquer en réalité la définition traditionnelle de la rhétorique), en le dissociant de la logique comme art de penser et surtout en revendiquant, avec plus de rigueur écrit-il qu’Aristote, une séparation radicale entre la “forme” et la “matière” des arguments (autrement dit, la dialectique n’a aucune prise sur le fond des choses, elle ne traite que de la manière d’exposer une thèse et doit pour cela être comparée à un exercice sportif : c’est une gymnastique de l’esprit, une escrime intellectuelle), il s’oppose à toutes les prétentions d’un hégélianisme ramené entre les lignes à un pur charlatanisme : “on peut en imposer en débitant d’un air grave des absurdités d’allure savante ou profonde, qui font tourner la tête et embrouillent, tout en les faisant passer pour la preuve la plus irréfutable qui soit de sa propre thèse. Comme on le sait, ces derniers temps, quelques philosophes ont utilisé, en présence même de la totalité du public allemand, ce stratagème, avec le plus éclatant succès…” (stratagème 36). Schopenhauer détestait Hegel – il n’est pas sûr en revanche qu’il l’ait véritablement lu. Par défi, durant les quelques mois où il fut obligé d’enseigner (à Berlin, en 1820), il fit cours aux mêmes heures que son illustre rival – sans autre effet que de n’avoir à peu près aucun auditeur… Est-ce la disparition de ce dernier, victime du choléra en 1831, qui lui sembla rendre inutile la publication de ce petit traité ? Toujours est-il que cet Art d’avoir toujours raison ne paraîtra qu’en 1864, à titre posthume, et presque quinze ans après les Parerga et Paralipomena. 
Rhétorique, dialectique, logique
Qu’est-ce que la dialectique ? Schopenhauer, dans une note au traité, rappelle la définition d’Aristote : “un art du discours, au moyen duquel nous réfutons quelque chose, ou l’affirmons avec des preuves, et cela au moyen des questions et des réponses des discutants”. C’est donc – à une époque où la philosophie est une discipline essentiellement orale, ce avec quoi d’ailleurs l’Université renoue, dans les années de l’hégélianisme triomphant – un art de la discussion réglée, mais dans le domaine, précise Aristote, des endoxa ou probabilia, des opinions ou vérités “probables”. Platon au contraire distinguait absolument l’opinion de la vérité et faisait de la dialectique un usage libérateur : le dialogue (dia-lektikè, cela signifie la même chose : la parole partagée), tel qu’il le met en scène dans la bouche de son maître Socrate, est un art de détruire les apparences pour permettre à l’auditeur d’accoucher de la vérité qu’il porte en lui. Cette “maïeutique” s’oppose à la sophistique, une éloquence qui ne vise qu’à l’emporter sur l’adversaire, sans souci de la vérité. Aristote écrit des Réfutations sophistiques qui visent à combattre les sophistes sur leur propre terrain. La plus efficace des réfutations serait celle qui établirait un lien nécessaire entre les prémisses acceptées par l’adversaire et la conclusion qu’il refuse : un tel raisonnement, Aristote l’appelle syllogisme. Il en fait l’étude dans les Premières Analytiques et c’est la première tentative d’une logique au sens moderne, c’est-à-dire d’une discipline consacrée aux conditions formelles du vrai et du faux. Schopenhauer considère qu’il y a place pour un art indifférent à la vérité des prémisses (d’où découle la vérité de la démonstration si elle est bien conduite). Ce faisant, il renoue sans le dire avec la sophistique, au moins dans un but polémique : dévoiler des “stratagèmes” qui n’ont que l’apparence de la vérité. La rhétorique désigne, au sens large, l’art de parler. La dialectique apparaît de ce point de vue comme une de ses spécialités (art d’argumenter), comme il y a un art de la plaidoirie ou du débat judiciaire, un art de la persuasion politique, un art de la louange ou du blâme… Mais les philosophes, on l’a vu avec Platon, ont pu assimiler la rhétorique à la sophistique et refuser par conséquent toute confusion avec leur propre discipline. Au Moyen Âge, se réclamer de la dialectique (c’est-à-dire d’Aristote) revient à prendre le parti de la raison, de l’intellect. Les “belles-lettres” sont oubliées et le latin technique des docteurs de l’École est coupé de l’éloquence classique. Inversement, lorsque les humanistes de la Renaissance vont réhabiliter cette dernière, le latin scolastique va leur paraître “galimatias”. Les “dialecticiens” vont sombrer avec la scolastique dans ce discrédit d’une langue devenue barbare. La rupture est plus radicale encore avec Descartes : rhétorique et dialectique sont confondues dans la même inutilité aux yeux de celui qui soumet au doute toutes les connaissances acquises et ne trouve appui pour une science de la nature que dans les mathématiques ; la logique elle-même, écrit-il dans le Discours de la méthode (1637), sert “plutôt à expliquer à autrui les choses que l’on sait” ou pire “à parler sans jugement, de celles qu’on ignore”, “qu’à les apprendre”. Schopenhauer, s’il dédaigne ostensiblement ses contemporains, emprunte volontiers en revanche aux auteurs anciens, y compris les latins comme Quintilien; mais dans une autre de ses notes il est dur envers le plus célèbre d’entre eux, Cicéron, puisqu’il écrit que les Topiques cicéroniennes “sont une imitation d’Aristote, faite de mémoire, et d’une plati­tude et d’une pauvreté extrême ; Cicéron n’a pas la moindre notion claire de ce qu’est ou de ce à quoi vise un topos et radote par conséquent, ex ingenio, mêlant toutes sortes de niaiseries, en les assaisonnant abondamment d’exemples juridiques”. S’il fait retour à une conception qui se veut rigoureuse de la dialectique, on a vu l’usage essentiellement polémique qu’il en offre dans L’art d’avoir toujours raison. Mais il se pourrait que l’enjeu ne soit pas purement extérieur à sa philosophie. 
Volonté et représentation L’originalité de Schopenhauer est en effet d’avoir débusqué à la racine du “principe de raison suffisante”, c’est-à-dire du postulat de toute pensée rationaliste, une confusion entre différents sens du même terme de “raison” : “causalité” physique, “nécessité” logique et “motivation” morale. C’est donc un sophisme qui, en dernière analyse, aurait aveuglé les penseurs avant lui. Reprenant à Kant la distinction entre “phénomène” et “noumène” (chose en soi), il refuse en revanche de le suivre dans la séparation entre la causalité (domaine de la nature) et la liberté, conçue comme quelque “territoire” réservé qui en serait mystérieusement séparé : au contraire elle s’abîme dans une cause sans cause, un principe du “vouloir” totalement opaque et inaccessible à la conscience mais éprouvé dans l’affect. Spinoza dénonçait l’illusion de liberté en supposant une pierre douée de conscience “qui pourrait s’imaginer qu’elle ne fait [dans sa chute] qu’obéir à sa volonté” ; Schopenhauer reprend l’exemple dans Le Monde comme volonté et comme représentation (livre II) mais poursuit crânement : “Moi, j’ajoute que la pierre aurait raison.” Cet amor fati se décline en une philosophie de l’absurde, car l’homme fait écran à la vérité de la volonté par ses représentations : ainsi de la causalité en physique, mais aussi bien de la finalité dans l’ordre historique, ou du libre arbitre dans l’ordre personnel. Sans progrès concevable, l’histoire humaine est livrée à la répétition. La sagesse serait alors dans le détachement, tel que le permettent l’art (et notamment la musique, que Schopenhauer pratiquait assidûment) puis l’ascèse morale. Au dernier stade, le sage – conformément, selon Schopenhauer, à certaines doctrines mystiques et en particulier hindoues, sur lesquelles il a fortement contribué à porter l’intérêt – aurait à professer “la négation complète du vouloir”, sans laquelle l’homme, toujours en conflit avec lui-même, serait condamné à la souffrance. Toute autre forme de “bonheur” ne serait qu’illusion : “le rêve du mendiant”… Mais de tout cela il n’est guère question dans L’art d’avoir toujours raison, cette rhétorique batailleuse qui semble, quoi qu’elle en dise, ne pas se résigner à ce que les hommes exercent leur “droit d’être idiot”. Faut-il voir dans l’invocation finale : “la paix vaut encore mieux que la vérité”, une ironique invitation à renoncer à la dispute ?
François Trémolières 
© Frémeaux & Associés / Groupe Frémeaux Colombini SA 2004   
Didier BOURDON – Acteur, réalisateur, scénariste 
Après une formation à la Rue Blanche et au Conservatoire de Paris, il débute sa carrière au café-théâtre en 1982, où il rencontre Pascal Légitimus et Bernard Campan avec lesquels il monte le trio “Les Inconnus”. Le succès est immédiat et “La télé des Inconnus” reçoit le Molière du Rire en 1991. Parallèlement, il poursuit une carrière de comédien et réalisateur. 
Réalisateur : 2003 : Le point D / 2002 : Sept ans de mariage / 2001 : Les Rois mages, co-réalisation avec Bernard Campan / 2000 : Le Pari, co-réalisation avec Bernard Campan / 1995 : Les trois frères, co-réalisation avec Bernard Campan.
Acteur : 2002 : Fanfan la Tulipe de Gérard Krawzyk / 2002 : A l’abri des regards indiscrets / 2001-2002 : Sept ans de mariage / 2001 : Les Rois mages / 2000 : Le Pari / 1999 : L’extraterrestre / 1998 : Doggy Bag de Frédéric Comtet / 1996 : Tout doit disparaître  de Philippe Muyl / 1995 : Les trois frères / 1994 : La Machine de François Dupeyron / 1992 : L’œil qui ment de Raoul Ruiz / 1983 : Le sang des autres de Claude Chabrol.  
Ecouter L’ART D’AVOIR TOUJOURS RAISON SCHOPENHAUER Lu par DIDIER BOURDON (livre audio) © Frémeaux & Associés / Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros, les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires  et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal.

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