FOSSET MARC

Si l’on devait porter au jazz l’adage de Brillat-Savarin et dire à un musicien « Dis-moi avec qui tu joues, je te dirai qui tu es », on n’aurait pas à démontrer par sa musique que Marc Fosset est l’un  des plus grands musiciens de jazz de sa génération.  Émule de Wes Montgomery, disciple  de Django, Marc Fosset deviendra le  partenaire attitré de Stéphane Grappelli pendant les vingt dernières années de sa vie, sur la base d’un jeu extrêmement personnel – raffiné et chatoyant, véloce et posé – qui l’a fait côtoyer les meilleurs artistes de jazz : Memphis Slim, Chris Woods, Bill Coleman, Sonny Criss, Ted Curson, Martial Solal, René Urtreger, Maurice Vander, Roger Guérin et Marcel Azzola. 
Autodidacte, Marc Fosset a puisé son inspiration première dans le vivier parisien du jazz manouche hérité de Django Reinhardt, notamment dans la lecture métissée qu’en avait fait Didi Duprat,  l’accompagnateur émérite d’Yves  Montand (et autre gaucher de la guitare). L’école américaine a également façonné son style atypique et immédiatement reconnaissable.  La carrière de Marc Fosset est longtemps liée à Paris, depuis ses premières invitations aux « Trois Maillets » par Michel de Villers, où il a joué avec Michel Roques, Roger Guérin ou Claude Guilhot.   Guitariste éclectique, il participe à l’inclassable aventure de Magma, le groupe fondé par Christian Vander. Son éclectisme se fait encore entendre dans le duo, devenu mythique, qu’il fonde avec le contrebassiste Patrice Caratini et que rejoindront des invités prestigieux comme Michel Delaporte, Maurice Vander,  Martial Solal et Marcel Azzola. Le duo Caratini, enrichi par la présence de  Marcel Azzola, se révèle comme l’une des  premières formations à opérer une fusion entre l’univers du jazz américain et le Paris musette des années Carné, Prévert, sur lequel flotte une indicible atmosphère à la Doisneau. Au début des années 1980, Marc Fosset devient surtout le partenaire fidèle de  Stéphane Grappelli – dont l’alter ego des  jeunes années n’était autre que le génial Django Reinhardt – et qu’il accompagnera sur les plus grandes scènes du monde : Carnegie Hall, Hollywood Bowl, Opéra de Sydney, Philarmonic de Berlin, Théâtre du Châtelet….  
En 2007, le trio de l'accordéoniste Jacques Bolognesi qu'il rejoint a de curieux airs de retrouvailles – d’un Ulysse lointain rentrant au pays et narrant ses aventures à un auditoire avide  d’exploits oniriques transmis dans le  respect formel des factures les plus  soignées.
C'est sous son nom qu'il sort, en 2009, un nouveau disque d’une complicité exemplaire, avec Philippe Petit à l'orgue Hammond et Eric Dervieu à la batterie : le bien-nommé I Want to be happy.

Benjamin Goldenstein
© 2007 Frémeaux & Associés