MITTERRAND FRANCOIS

François Mitterrand
Biographie de Lola Caul-futy Frémeaux


 François Mitterrand est né le 26 octobre 1916 à Jarnac au sein d’une famille de huit enfants. Pendant ses trois premières années d’études supérieures à l’Ecole libre des sciences politiques, il écrit des articles sur la littérature, à l’exception du texte qu’il publie sur l’Anschluss où il exprime son inquiétude face à l’expansionnisme nazi. En septembre1939, alors qu’il achève ses études d’avocat, il est mobilisé et envoyé sur la ligne Maginot en tant que sergent-chef.
Il est ensuite fait prisonnier en juin 1940, mais après deux tentatives infructueuses, il parvient à s’échapper en décembre 1941 lors de son transfert vers un camp de représailles. De retour en France, François Mitterrand s’engage rapidement dans la Résistance ; il commence notamment à utiliser le pseudonyme de François Morland pour organiser son propre réseau. Durant l’été 1943, il est traqué par la Gestapo, la Sicherheitsdienst et la Milice ; il passe à la clandestinité.
Après la Libération de Paris, à laquelle il a activement participé, il entre au Gouvernement des secrétaires généraux à la demande du général de Gaulle afin d’assurer l’administration du territoire national jusqu’à la mise en place du gouvernement provisoire.
Il épouse Danielle Gouze le 27 octobre 1944.

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Sous la IVème République, il est élu député de la Nièvre puis exerce de nombreuses responsabilités ministérielles. Partisan de la décolonisation, il œuvre pour l’indépendance de l’Indochine et la mise en place d’un système fédéral en Afrique en tant que Ministre de l’Outre-mer ; il démissionne en 1953 pour marquer son opposition à la déposition du sultan du Maroc. Il est le Ministre de l’Intérieur de Pierre Mendès-France puis garde des sceaux sous Guy Mollet mais il refuse à partir 1956 les différents postes qui lui sont proposés pour protester contre le politique menée en Algérie.
En 1958, François Mitterrand Prend position contre la Vème République et dénonce l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir comme un « coup d’Etat ». Elu maire de Château-Chinon en 1959 (et il le reste jusqu’en 1981), il reste relativement à l’écart de la vie politique jusqu’en 1962 lorsque le referendum approuvé par les français institue le suffrage universel à deux tours pour élire le Président de la République. François Mitterrand est alors l’un des seuls à percevoir l’importance du duel charismatique et idéologique que représente le second tour des élections présidentielles. Il devient ainsi l’unique candidat de la gauche et obtient en 1965 45% des suffrages au second tour.
Grâce au succès inattendu que constituent ces résultats, François Mitterrand œuvre à l’unification de la gauche et à la rénovation du Parti Socialiste comme au congrès d’Epinay en 1971. Battu de peu aux élections de 1974, le premier secrétaire est élu Président de la République en 1981 et la dissolution de Parlement donne au Parti Socialiste la majorité absolue.
L’arrivée au pouvoir du premier gouvernement de gauche de la Vème République entraîne un réel tournant dans la vie politique française, avec des mesures symboliques très fortes telles que l’abolition de la peine de mort, l’importance de la vague de nationalisations des grandes entreprises françaises ou des réforme sociales dans le monde du travail notamment.
L’un des éléments marquant lors des deux septennats de François Mitterrand a également été la première expérience de la cohabitation. Le respect scrupuleux de la séparation des pouvoirs permet alors au Président de la République de laisser la politique intérieure au Premier ministre de cohabitation et de se consacrer lui-même à la politique extérieure de la France, qui se trouve encore dans un contexte de Guerre froide. Il est en effet un partisan résolu de la construction européenne, dont il a posé les grands principes, il s’emploie à préserver la paix en Europe et dans le monde.

A la fin de son second mandat, en mai 1995, François Mitterrand a incarné la France pendant 14 ans dans les grandes problématiques internationales, a conduit les français dans la modernisation et enfin marqué son temps par ses « grands projets » qui font aujourd'hui partie de notre patrimoine culturel : de l’Arche de la Défense au Grand Louvre en passant par la Bibliothèque nationale qui porte son nom.
Il meurt le 8 janvier 1996.


En 2004, l’Institut François Mitterrand (dirigé par Hubert Védrine et Gilles Ménage) avec la succession François Mitterrand (Gilbert Mitterrand et Mazarine Pingeot) confient à Frémeaux & Associés l’édition d’une anthologie sonore des grands discours de François Mitterrand qui regroupe 53 extraits de discours du Président de la République (paru en décembre 2005). L’Institut François Mitterrand se joint une nouvelle fois à Frémeaux & Associés avec la succession Marguerite Duras pour l’édition des entretiens inédits entre Marguerite Duras et François Mitterrand.

Lola Caul-Futy Frémeaux
© 2006 Groupe Frémeaux Colombini – La Librairie Sonore - Institut François Mitterrand



Institut François Mitterrand :

Dès la fin de son premier septennat, François Mitterrand s’est soucié de définir un lieu de rencontre où les chercheurs trouveraient une bibliothèque et des archives (notamment de nombreux documents manuscrites et audiovisuels), et qui serait appelé à devenir un centre d’études pour la connaissance de l’histoire de notre temps. Ces projets ont abouti à la création d’une fondation dite « Institut François Mitterrand », reconnu établissement d’utilité publique le 4 avril 1996.
Cet Institut est administré par un Conseil de 14 membres, dont Hubert Védrine est le Président, Michel Charasse le vice-président, Jacques Bonnot le trésorier et Gilles Ménage le Secrétaire général. Avec l’aide d’universitaires et de spécialistes français et étrangers, la vocation de l’Institut François Mitterrand est de « contribuer à la connaissance de l’histoire politique et sociale de la France contemporaine. »
L’Institut est ouvert à tous : étudiants, historiens, chercheurs, ou simples particuliers, c'est-à-dire tous ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances et accéder aux documents écrits, photographiques ou audio-visuel dont il assure la conservation et la gestion.

© Institut François Mitterrand


François Mitterrand, Résistant
Par Edgar Morin, alors communiste, venu du réseau « Cailliau-Charrette ».

Ce Mitterrand que j’ai rencontré en 1943 par le truchement de Robert Antelme et Georges Beauchamp, c’était un résistant très actif (…) j’ai souvent eu l’occasion de juger Morland (Mitterrand). Nous, communistes, qui étions plus prudents, plus respectueux des règles du cloisonnement, nous le jugions un peu téméraire. Mais le personnage s’imposait. J’ai resserré mes relations avec lui à l’occasion d’une affaire de trahison : nous étions persuadés que deux traîtres étaient responsables des affaires de l’avenue Charles-Floquet et de la rue Dupin. Je me vois encore tournant avec Morland autour du Panthéon. Faut-il les liquider ? Il était porté à l’indulgence, mais capable d’assumer la rigueur (…) Je garde de lui, à cette époque, un grand souvenir, bien que je ne l’aie plus guère revu (…)

Edgar Morin, ibidem


François Mitterrand, Parlementaire

  Par Pierre Joxe, dans Lettre de l’Institut François Mitterrand

Je l’ai compris plus tard, quand je l’ai longuement accompagné, comme ministre de l’Intérieur, dans ses voyages présidentiels : il était vraiment un parlementaire à l’ancienne, respectueux de l’électorat, moins paternel que fraternel avec l’électeur, assumant entièrement la fonction représentative, qui ne vous réduit jamais à être aux ordres des mandants mais au contraire vous élève à un niveau supérieur, certes provisoire, mais irrévocable et irrécusable. Il assumait pleinement l’élitisme républicain, où le représentant se sait au-dessus des représentés, puisqu’ils l’ont élu, mais aussi leur subordonné, puisqu’il a demandé leurs suffrages. Sans mandat impératif certes, mais non sans impérieuse obligation de connaître l’opinion des électeurs, afin d’être à même aussi bien de la guider que de la suivre.

Pierre Joxe,
Ancien Ministre © 2002 Institut François Mitterrand


François Mitterrand

                         Par Michel Bouquet, qui interprètera « Le Promeneur du Champ-de-Mars »
Il y a de l’habileté, de la rouerie, en Mitterrand, mais plus je travaillais sur lui, plus tout ce côté florentin, magouilleur, vendeur de cravates qu’on lui a reproché m’apparaissait faux !
Ce rêve qui a dû l’habiter tout jeune, de devenir président, est tout de même purement enfantin ! Oui, il a joué au monarque (il a un côté Valois), comme de Gaulle à l’empereur !
« Il faut mépriser l’événement et avoir la passion de l’indifférence. »
Cette phrase me hante. Elle trahit une sensibilité extrême. On mesure à quel point il a dû contenir cette sensibilité pour exercer sa charge.
C’est beau un être rempli de contradictions ! Il avait le sens des choses souterraines.

Michel Bouquet, Le Monde, mardi 15 février 2005


François Mitterrand

Par Jean Daniel, Le Nouvel Observateur

Je lui demande si Jacques Chirac lui téléphone quelquefois. « Cela lui arrive. Il est à la fois courtois et chaleureux. Il m’a demandé mon avis sur la reprise des essais nucléaires. Je le lui ai donné. Il ne l’a pas suivi, bien entendu, mais c’est son affaire. » A-t-il de Chirac les idées qu’on lui prête ? « C’est un homme d’abord généreux, intelligent, qui connaît les dossiers, simplement, je le crois imprévisible. Il m’a semblé tout heureux d’être à l’Elysée. Tout heureux d’avoir sept ans devant lui. S’il savait comme cela passe vite ! »

Jean Daniel, Le Nouvel Observateur, 11-17 janvier 1996


François Mitterrand, Hommage
Par Jacques Chirac, Président de la République

Le président Mitterrand donne le sentiment d’avoir débordé sa propre vie. Il a épousé son siècle. (…)
S’il débordait sa vie c’est parce qu’il avait la passion de la vie, passion qui nourrissait et permettait son dialogue avec la mort. La vie sous toutes ses formes. (…)
Ma situation est singulière, car j’ai été l’adversaire du président François Mitterrand. Mais j’ai été aussi son Premier ministre, et je suis, aujourd’hui, son successeur. Tout cela tisse un lien particulier, où il entre du respect pour l’homme d’Etat et de l’admiration pour l’homme privé qui s’est battu contre la maladie avec un courage remarquable, la toisant en quelque sorte et ne cessant de remporter des victoires contre elle.
De cette relation avec lui, contrastée mais ancienne, je retiens la force du courage quand il est soutenu par une volonté, la nécessité de replacer l’homme au cœur de tout projet, le poids de l’expérience.

Jacques Chirac, le 8 janvier 1996


© 2007 Frémeaux & Associés Biographie (Bio François Mitterrand)