LES FABLES DE LA FONTAINE VOL 1
LES FABLES DE LA FONTAINE VOL 1
Ref.: FA827

LUES PAR MICHEL GALABRU ET JEAN TOPART

MICHEL GALABRU

Ref.: FA827

Artistic Direction : OLIVIER COHEN

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 50 minutes

Nbre. CD : 1

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Presentation

LUES PAR MICHEL GALABRU ET JEAN TOPART



This CD features the renowned Fables of the great French author Jean de La Fontaine (1621-1695). For years and possibly centuries, every young French schoolchild has read and learned these Fables and their famous morals. A large selection of fables are read here in French, by Michel Galabru and Jean Topart. They are backed by musicians playing 17th century style music



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  • 1
    LE CORBEAU ET LE RENARD
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:02:37
    2002
  • 2
    LA CIGALE ET LA FOURMI
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:43
    2002
  • 3
    LE LOUP ET LE CHIEN
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:03:32
    2002
  • 4
    LA GRENOUILLE QUI VEUT SE FAIRE AUSSI GROSSE QUE L
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:31
    2002
  • 5
    LE LOUP ET L AGNEAU
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:02:03
    2002
  • 6
    LE RENARD ET LA CIGOGNE
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:02:10
    2002
  • 7
    LE CHENE ET LE ROSEAU
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:02:37
    2002
  • 8
    LE LION ET LE MOUCHERON
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:03:29
    2002
  • 9
    LE RENARD ET LE BOUC
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:56
    2002
  • 10
    LE LIEVRE ET LES GRENOUILLES
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:58
    2002
  • 11
    LE LION AMOUREUX
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:03:53
    2002
  • 12
    LE LOUP ET LA CIGOGNE
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:37
    2002
  • 13
    LE RENARD ET LES RAISINS
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:15
    2002
  • 14
    LE RENARD AYANT LA QUEUE COUPEE
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:46
    2002
  • 15
    LA BELETTE ENTREE DANS LE GRENIER
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:27
    2002
  • 16
    LA POULE AUX OEUFS D OR
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:00:53
    2002
  • 17
    LE GEAI PARE DES PLUMES DU PAON
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:54
    2002
  • 18
    LE CHEVAL ET LE LOUP
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:02:13
    2002
  • 19
    LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE
    MICHEL GALABRU
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:01:12
    2002
  • 20
    LE COCHER LE CHAT ET LE SOURICEAU
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:02:25
    2002
  • 21
    LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:05:55
    2002
  • 22
    LE RAT QUI S EST RETIRE DU MONDE
    JEAN TOPART
    JEAN DE LA FONTAINE
    00:02:44
    2002
Booklet

Les Fables de La Fontaine fa827

Les Fables de La Fontaine
Racontées par Michel Galabru et Jean Topart


Pour accompagner la lecture des fables de La Fontaine, il semblait indispensable de réunir des instruments que le célèbre fabuliste aurait aimé entendre… au dix-septième siècle, la musique de chambre commençait à se faire connaître et apprécier. Nobles et bourgeois se réunissaient pour écouter avec enthousiasme des petits ensembles jouant un répertoire de plus en plus riche. Les trios, quatuors, quintettes, sextuors… naissaient et devenaient progressivement des genres à part entière. La musique de Louis Couperin, exact contemporain de La Fontaine donne un bon exemple de ces formes “nouvelles”.Parmi ces ensembles, la réunion d’une flûte traversière, d’un théorbe et d’une viole de gambe apparaissait comme des plus courantes : ces trois instruments se mariaient en effet de manière idéale et ils bénéficiaient d’une exceptionnelle popularité. La Flûte traversière, construite en bois et en ivoire, est progressivement modifiée, son tube passant d’une forme cylindrique au 16ème siècle, à une forme conique grâce à Jacques Hotteterre, dit Le Romain, joué plusieurs fois dans ce disque. Elle devient alors un des instruments solistes de l’orchestre. La “viole qu’on tient entre les jambes” ou “viole de gambe”, apporté d’Espagne par la famille Borgia séduit elle aussi, dès les années 1500, musiciens et compositeurs. Sa sonorité claire et pénétrante lui donne une place prédominante dans la musique de chambre, à l’époque de Louis XIV, chez des compositeurs comme Forqueray ou Marin Marais, eux aussi présents dans ce disque. Les luthiers perfectionnèrent peu à peu la lutherie de l’instrument améliorant encore la finesse et la délicatesse de leur son. Souvent comparées aux violons, dont on déplore la rudesse, les violes apparaissent comme des instruments des plus nobles ! Ironie du sort, ce sont pourtant les violons qui feront oublier ces dernières… aujourd’hui jouées par les seuls spécialistes de musique ancienne.
Au XVIème siècle, le luth, instrument proche de la guitare, possède six ou sept rangs de cordes appelés chœurs. A la renaissance, le parfait courtisan se devait de jouer du luth… particulièrement en Italie où les recherches musicales montrent le plus de vitalité. Princes et Rois, eux-mêmes, pratiquent l’instrument. Sa renommée grandissant, le luth va évoluer, sa famille se développer : l’archiluth et le théorbe apparaissent. Ce second instrument est caractérisé par un deuxième “chevillier” permettant d’adjoindre aux cordes habituelles (le petit jeu) un registre de cordes graves très longues (le grand jeu). Au début du XVIIème siècle, c’est en France que le théorbe va trouver sa terre d’élection. Robert de Visée, dont on peut entendre plusieurs compositions dans ce disque est l’un des compositeurs majeurs de cet instrument. Présent dans l’entourage immédiat du Roi Louis XIV, lui-même bon guitariste, il est considéré comme l’un des meilleurs luthistes de l’école française. Flûte traversière baroque : Jean-Christophe Kuhl, Théorbe : Claire Antonini, Viole de Gambe : Emmanuelle Guigues.
Inventaire du contenu
On dit : les fables de La Fontaine. Mais il n’en a pas inventé les sujets. Il en existait depuis des temps très anciens, non seulement en Grèce, avec les apologues d’Esope, et chez les Romains, grâce aux fables de Phèdre, qui les avait composées en vers, mais jusqu’en Inde et dans le reste de l'Orient. Le poète français, comme son Héron, “n’avait qu’à prendre” : il suffisait de se baisser, car il s’agit là du plus humble parmi les genres littéraires. On contait les fables aux très jeunes enfants, pour les amuser et sans qu’ils s’en aperçoivent, les instruire. Du récit, en effet, se dégage une leçon morale. Plus avisé que son héros le Héron, mais placé comme lui devant l’embarras du choix, La Fontaine sut sélectionner celles qui lui parurent les meilleures, et surtout les plus appropriées à son goût. Il aimait la diversité ; il en prit donc de toutes les sortes. La quarantaine qu’on trouve ici rassemblée ne représente qu’environ le sixième du total, que l’auteur a réparti lui-même en douze livres. Les six premiers parurent en 1668, les cinq suivants en 1678 et 1679, le dernier sous la date de 1693.
Le Corbeau et le Renard
La seconde fable forme avec la précédente un couple subtilement contrasté. Elle offre une variation sur le thème du visiteur intempestif et dérangeant. La tonalité change : après le drame de la misère, la comédie du parasitisme. Le Renard n’en est pas, comme la Cigale, à ses débuts : elle échouait, il réussit. La Fourmi voyait clair. La sottise et la vanité aveuglent le Corbeau, dupe idéale et victime toute désignée pour le chevalier d’industrie. Le Corbeau est mortifié, mais n’en mourra pas. Il avait dérobé le fromage. Il n’a pas volé qu’on l’en dépossède. Et le Renard, par son habile flatterie, a bien gagné de satisfaire son appétit de gourmet. L’honnêteté n’y trouve qu’à demi son compte, mais le tour est bon, la leçon méritée - et sera profitable, on peut l’espérer.
La Cigale et la Fourmi
Imprévoyante, la Cigale a négligé d’amasser des provisions pour l’hiver. Elle en est bien punie quand arrive la mauvaise saison la voilà réduite à demander l’aumône. La Fourmi refuse de lui venir en aide, manquant au devoir d’assister une personne en danger. Mais ne se méfie-t-elle pas avec raison ? Car la Cigale de La Fontaine, après avoir crié famine, comme celle d’Esope, au lieu de mendier, propose un emprunt en bonne et due forme qu’à l’échéance elle ne pourra, bien évidemment, rembourser. Tentative d’escroquerie ? Marché de dupe ? On lui ferme la porte au nez. Elle ne méritait pourtant pas un tel accueil. Ne s’est-elle pas dépensée sans compter, jour et nuit, pour divertir gratuitement le premier passant venu ? Laquelle s’est donnée le plus de mal ? S’est montrée la plus désintéressée et généreuse ? Le poète ne le dit pas, mais son message, pour qui n’a pas le cœur sec, n’en prend que plus de force.
Le Loup et le Chien
Un peu plus loin, le Loup lui-même, convaincu par le Chien, se laisse presque tenter. Mais il se reprend, alerté juste à temps par une marque, suspecte sur le cou du Dogue, et s’enfuit, préférant sa farouche indépendance à la domestication dans la servitude : cette revendication du droit à la liberté tient une place essentielle dans le genre de la fable, qui permet aux faibles, sous le couvert de l’allégorie, de réagir contre la tyrannie des puissants. Mais elle correspond si bien à l’individualisme foncier de La Fontaine, à son goût profond pour la solitude et le repliement sur soi, qu’on ne s’étonne pas de la trouver plusieurs fois réaffirmée tout au long de ses Fables.
La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf
Le plaisant, ici, tient à la disproportion entre le batracien et le ruminant. L’élasticité d’une versification qui donne l’impression qu’elle s’époumone mime à merveille les vains efforts de la Grenouille, baudruche qui finit par éclater pour s’être crue capable d’entrer en compétition avec le Bœuf : premier exemple de ces chimériques, nombreux dans les Fables, qui, non contents de leur condition, aspirent à s’élever dans la hiérarchie sociale ou rêvent de parvenir à la fortune, mais qui ne tardent pas à payer très cher le prix de leur folle prétention.
Le Loup et l’Agneau
Le carnassier surgit à nouveau, sous un tout autre éclairage, car il représente ici le prédateur à l’état sauvage, symbolisant la brutalité, la violence et le crime. Que sert à son interlocuteur de plaider non coupable ? Les preuves qu’il allègue de son innocence ne peuvent qu’exaspérer davantage contre lui son accusateur. La Fontaine suit le texte de Phèdre. La version qu’il en donne apparaît comme un modèle de fine et fidèle transposition. La leçon qu’elle illustre ne doit pas se lire comme un précepte que l’auteur approuve, mais comme un désolant constat : on ne réformera pas le monde ; la force et le droit risquent fort de ne s’accorder jamais.
Le Renard et la Cigogne
Une plus anodine comédie se joue, cette fois, en deux actes à la fois symétriques et délicatement contrastés. D’un côté, on garde à dîner la visiteuse occasionnelle ; point de préparatifs particuliers. Elle partagera l’ordinaire de son hôte, qui se charge lui-même du service et ne songe pas à lui demander s’il ne lui manque rien. De l’autre, une maîtresse de maison ulcérée de cette réception et préparant avec soin sa vengeance. Elle n’oublie rien, ni l’invitation à l’avance, accueillie avec empressement par le Renard, qui ne se doute pas de ce qui l’attend, ni le choix d’un excellent menu si bien préparé qu’à l’odeur seule on le sent alléchant, ni la table mise avec goût, ni le personnel nécessaire pour en assurer impeccablement le service. Quelle déception de repartir le ventre vide, mortifié plus que le Corbeau naguère par cette sévère leçon de savoir-vivre !
Le Chêne et le Roseau
La Fontaine, on vient de le voir a “fait parler le Loup et répondre l’Agneau.” Mais voici bien tout un autre tour de force. Car il a “passé plus avant” : “les Arbres et les Plantes” sont devenus chez lui “créatures parlantes” : “Qui ne prendrait ceci pour un en­chantement ?” Possédant des charges dans l’administration des Eaux et Forêts, il connaît de longue date la végétation qui borde les étangs et celle qui pousse dans les bois de sa province natale. Il sait, sinon les peindre, du moins les évoquer avec puissance en quelques vers inoubliables. Mais, faculté plus précieuse encore qu’il doit à son imagination de poète, il sait comprendre et traduire en “langue des dieux” ce qui se dit de plus secret entre tout ce qui vit d’une obscure et mystérieuse existence dans la nature. Il n’en va pas pour le monde végétal autrement que chez les animaux et les hommes. On trouve là comme ailleurs des orgueilleux pleins de morgue ou de superbe, qui se croient assez forts pour tenir tête à la tempête, comme le Chêne, et des humbles, comme le Roseau flexible, qui résistent finalement mieux grâce à la souplesse avec laquelle ils s’inclinent au gré des vents.
Le Lion et le Moucheron
Variation, chez les animaux, sur un thème assez semblable à celui qu’on vient de rencontrer dans la fable précédente : Le plus faible, cette fois encore, l’emporte sur le plus fort. Ne méprisons donc jamais un adversaire, même le plus inoffensif en apparence : Le Lion, provoqué par l’irritant Moucheron, sort épuisé de son combat contre un ennemi que son infime petitesse, jointe à sa mobilité, rend invulnérable, parce qu’il échappe aux griffes du fauve, qui ne réussit qu’à se mettre en sang. Que le vainqueur, cependant, ne s’enivre pas trop de sa victoire. Une toile d’araignée l’attend, dont il ne parviendra pas à se dépêtrer, et qui préfigure le filet dans lequel, deux fables plus loin, ira se prendre le Lion.
Le Renard et le Bouc
Avec le Bouc, nouveau personnage, dont le fabuliste, en trois coups de crayon, s’amuse à cerner d’un trait sûr, le profil – cornes, nez, et plus loin barbe – plus besoin de se gêner : il porte sur son visage sa sotte crédulité. Cheminer de front avec le Renard ! Il devrait se méfier... La soif les prend ; un puits se présente ; ils y descendent. Le Renard, fertile en ressources, a, d’avance, tout prévu, mais il n’en a rien laissé voir. Le Bouc lui servira d’échelle ; ensuite, adieu : qu’il se débrouille tout seul pour se tirer de là. Non seulement il ne soupçonne pas la fourberie, mais il applaudit à l’ingéniosité du stratagème. Saura-t-il profiter de la leçon et se montrer plus prudent à l’avenir ? On en doute, mais il n’importe. La Fontaine infléchit la fable vers le registre de la farce, et son Renard annonce le Scapin de Molière, qu’il ne précède que de trois ans.
Le Lièvre et les Grenouilles
La Fontaine montre ici les deux faces de son talent : il pénètre à l’intérieur de son personnage quand il s’efforce d’imaginer l’inquiétude fébrile du Lièvre qui, se croyant traqué, reste continuellement aux aguets, et réussit merveilleusement à la peindre. Il ne sait pas moins donner à voir, par la ligne mélodique de ses vers, les sauts des Grenouilles, mises en fuite par l’irruption de l’intrus. Stupéfait de provoquer une telle panique, il se croit guéri de ses terreurs. Du moins pour un instant, car au moindre bruit, repris par son affolement, sans doute serait-il déjà loin.
Le Lion amoureux
Cette fable, composée tout entière en vers de huit syllabes, est précédée d’un prologue qui l’offre à Mademoiselle de Sévigné, fille de la célèbre épistolière. Elle est donnée comme contant une histoire datant d’une époque fabuleusement ancienne, où les bêtes et les hommes conversaient ensemble et vivaient sur un même pied. Rien d’étonnant à voir un Lion de noble naissance demander la main d’une Bergère dont il s’est épris. Aveuglé par l’amour, il accepte que lui soient limées les griffes et les dents. L’ayant rendu parfaitement inoffensif, on peut le livrer sans danger aux Chiens, de sorte que le voilà victime de son imprudence. La Fontaine, bien entendu, n’a situé sa fable dans un passé reculé que pour donner le change sur les allusions qu’on y discerne ou devine à la plus immédiate actualité : de quoi peut-être effaroucher un peu Mademoiselle de Sévigné, mais réjouir à coup sûr sa mère, à qui ne déplaisent pas les sous-entendus un peu malicieux.
Le Loup et la Cigogne
Le Loup s’est étranglé avec un os, pour avoir mangé trop vite. La Cigogne, complaisamment, accepte de lui rendre service ; son long bec lui permet d’extraire, comme par une intervention chirurgicale, l’objet qui forme bouchon. Imprudence encore : car elle s’est jetée, littéralement, dans la gueule du Loup, dont il faut bien convenir que la reconnaissance l’étouffe bien moins que l’os cause de tout le mal... Fable courte, qui, par sa brièveté, s’apparente à l’épigramme.
Le Renard et les Raisins
Fable encore plus amenuisée que la précédente : un Renard voit une grappe de raisin, se rend compte qu’il ne peut l’atteindre, y renonce, et sauve la face, en déclarant qu’il n’en voudrait pas s’il pouvait la prendre. Épigramme, en ce qu’elle débouche sur un bon mot, qui sert de pointe, juste avant le vers qui contient la moralité sous forme d’une question : face à l’impossible, à quoi bon s’obstiner et se lamenter ? Mieux vaut en prendre son parti, ou du moins le simuler… Mais fable proche aussi du genre qu’on appelle emblème, formé d’une image plus ou moins allégorique, suivie d’un commentaire pour en expliquer le sens : presque point d’action et nulle péripétie pour modifier la situation initiale.
Le Renard ayant la queue coupée
Fable inverse en quelque sorte à celle du Geai : mutilé, le Renard voudrait ravaler à son niveau tous ses congénères. Proposition accueillie par de légitimes huées, par une réaction comparable à celle des Paons.
La Belette entrée dans un grenier
Encore une imprévoyante : convalescente, la Belette s’introduit dans un grenier où sont emmagasinées des provisions, pour y reprendre des forces, sans songer qu’elle allait risquer, ayant engraissé, de ne plus pouvoir se faufiler par le chemin qu’elle avait pris pour entrer. Allusion à l’actualité : on jugeait, à l’époque, des financiers scandaleusement enrichis, que l’on obligeait à rendre gorge.
La Poule aux œufs d’or
Une poule qui pond des œufs d’or ? Nous voici tout près de Perrault et de ses contes (à cette époque encore à venir). On conçoit que La Fontaine ait pu dire : “Si Peau d’Ane m’était conté, J’y prendrais un plaisir extrême”, car cet âne-là remplissait perpétuellement aussi d’écus la bourse du roi son maître ; la pauvre bête fut tuée, mais pour d’autres motifs que la Poule de la fable, victime d’un Avare qui, stu­pidement, met à mort le précieux volatile pour s’emparer du magot qu’il croit contenu dans ses entrailles. L’Harpagon de Molière, qui paraît pour la première fois sur la scène l’année même où fut publiée cette fable, ne s’y fût pas si grossièrement trompé. Mais les personnages de La Fontaine, incorrigibles rêveurs, donnent tête baissée dans toutes les chimères.
Le Geai paré des plumes du Paon
La Fontaine tire de cette fable une application moins morale que littéraire. Il fustige les plagiaires, “peuple imitateur” qu’il n’a jamais aimé. Les plumes des Paons, pour lui, s’identifient à celles des écrivains talentueux que l’on pille et que l’on copie. Mais la moralité présente une portée plus générale, car elle dénonce tous les arrivistes et les imposteurs qui cherchent à se pousser dans le monde sous de faux-semblants, comme il n’en manque pas à l’époque du poète, période propice à la mobilité sociale, où beaucoup aspirent à passer pour de plus noble extraction, de plus haut rang, à se donner pour plus riches, voire plus dévots (ainsi que le Tartuffe de Molière) qu’en réalité. Découverts, ils sont bafoués comme le Geai.
Le Cheval et le Loup
Pour approcher le Cheval sans danger, le Loup se présente en médecin venu proposer ses services. Mais son interlocuteur ne feint d’entrer dans son jeu que pour lui décocher une terrible ruade. Moralité : chacun à sa place. Et restons nous-mêmes : costume ou profession d’emprunt, la supercherie ne réussit pas mieux au Loup qu’au Geai.
La Montagne qui accouche
Beaucoup de bruit pour un résultat dérisoire. La leçon, restreinte à la littérature et particulièrement à la Poésie héroïque, vise à la fois l’emphase traditionnelle de l’ouverture dans les poèmes héroïques des Anciens et le médiocre succès des épopées modernes, assez nombreuses, publiées en France à l’époque de La Fontaine, telles que, sur Jeanne d’Arc et la guerre de cent ans, La Pucelle de Chapelain, longtemps attendue comme un chef-d’œuvre, mais tombée dans le discrédit presque aussitôt qu’en furent imprimées les douze premiers chants. Ne vaut-il pas mieux annoncer modestement, comme le fabuliste qu’on va chanter les humbles “héros dont Esope est le père”, quitte à s’élever progressivement jusqu’à la plus haute et la plus pure poésie ? La fable s’infléchit ici, comme dans celle du Geai, vers le genre de la satire, telle que la pratique Boileau, mais la portée de sa morale s’étend implicitement à tous les fanfarons : il ne faut jamais commencer par dire : “Vous allez voir ce que vous allez voir”, car immanquablement, on ne pourra que décevoir.
Le Cocher, le Chat et le Souriceau
La fable met en garde contre les jugements précipités, car il peut arriver que les apparences nous trompent. La Fontaine en fournit ici l’amusante démonstration. Le regard neuf porté sur le monde environnant par quelqu’un qui, né depuis peu, le découvre, risque, par inexpérience de l’induire en erreur au point que la feinte tranquillité de son pire ennemi le rassure tandis qu’il prend peur à la vue d’un animal très différent de lui par son aspect, agité, bruyant, et pourtant bien moins à craindre. Sa mère le détrompe. A l’avenir il n’oubliera plus de se méfier.
Les Animaux malades de la peste
Dix ans se sont passés entre la publication de la fable précédente et de celle-ci, qui sert d’introduction au “second recueil” du fabuliste. Sa manière a pris davantage d’ampleur ; les sources qu’il utilise se sont diversifiées. Sa provision de traits familiers tend à s’épuiser ; “d’autres enrichissements” les remplacent. La moralité, souvent, se concentrait dans un vers-proverbe. Moins impersonnellement formulée, elle prend souvent ses aises et s’autorise de plus longs développements. Il suffit, pour que les différences résultant de cette évolution dans sa manière sautent aux yeux, de comparer avec cette fable liminaire celle de la Cigale et de la Fourmi, qui tenait la place correspondante dans l’in-quarto contenant les six premiers livres. Au lieu de deux infimes insectes, on trouve ici le bestiaire au grand complet. On reconnaît presque d’emblée les Loups et les Renards, que n’a pas épargné l’épizootie, mais qui n’en sont pas moins, presque d’entrée, peints au naturel, comme les dangereux prédateurs que l’on connaît, toujours à l’affût, en temps normal, d’innocentes créatures, aussi douces que les tendres Tourterelles. Ils vont pourtant subir d’importantes transformations : le Renard, désormais, parle en courtisan qui sait toutes les finesses du métier. Le Loup n’emporte plus ses proies au fond des bois “sans autre forme de procès”. Il s’est donné le minimum d’instruction nécessaire pour usurper le rôle qui revient, dans les tribunaux, au ministère public. Et le Lion, de même a pris la majesté d’un monarque absolu qui, dans un moment de crise, a convoqué les Etats généraux de son royaume. Leurs instincts carnassiers demeurent, mais sous un vernis de politesse et de civilisation. On sent tout proche Versailles, tel qu’il allait devenir sous peu, quand La Bruyère et Saint-Simon le peindront. L’Ane même essaie d’imiter la désinvolte confession de l’Ours, du Tigre et des “autres puissances” ; mais il est demeuré naïf et sa sincérité trop scrupuleuse le perdra : il détonne en ce milieu, donc il sera sacrifié, victime chargée, pour une “peccadille”, d’expier tous les crimes et les péchés du monde.
Le Rat qui s’est retiré du monde
Cette humanisation plus poussée des personnages animaux et la référence à l’actualité de l’époque se retrouvent ici : le Rat qui se creuse un domicile dans la sphéricité d’un fromage représente allégoriquement un ermite. Il reçoit des députés qui recueillent des fonds pour la délivrance d’une ville assiégée par un envahisseur que symbolise naturellement l’armée des Chats. Le religieux refuse toute contribution à cette collecte, autre que ses prières. A travers lui, le fabuliste, sous un travesti oriental de derviche, vise le clergé régulier, peu pressé de participer au financement d’une guerre européenne qui sévit alors et commence à coûter cher. La fable elle-même se mobilise pour dénoncer ce manque de solidarité publique.
Jean-Pierre Collinet
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS / GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA, 2003
Illustrations : gravures de Gustave Doré
La Fontaine (1621-1695)
Le futur fabuliste voit le jour en Champagne, à Château-Thierry. Sa maison natale existe encore. Elle est devenue le Musée Jean de La Fontaine. Il commence ses études sur place et les y poursuit jusqu’à la troisième. A ses années de collège remonte sans doute son premier contact avec les fables : celles d’Esope et de Phèdre figuraient très tôt dans les programmes scolaires. Il termine ses classes à Paris. Il entre ensuite à l’Oratoire, où l’on prépare de futurs prêtres à la prédication ainsi qu’au professorat. Mais il s’aperçoit vite que là ne se trouve pas sa véritable voie. Il se tourne vers le droit et se lie avec de jeunes poètes. Lui-même, vers cette époque, commence à se passionner pour la poésie. A vingt-six ans il se marie avec Marie Héricart, presque de moitié plus jeune que lui. Cinq années après il entre dans l’administration des Eaux et Forêts, de sa ville natale. Ses activités se partagent entre tournée d’inspection et des audiences dans un tribunal.
En 1654, il publie sa première œuvre, L’Eunuque, une comédie adaptée de Térence : œuvre charmante, mais qui passe inaperçue. Quatre ans plus tard, il offre Adonis, poème de six cents vers, au fastueux Surintendant des Finances, Nicolas Foucquet, qui recrute une clientèle d’artistes et de poètes à sa solde, et va, dès lors verser à La Fontaine une pension, en échange de vers composés tous les trimestres à son intention, Puis, bientôt après lui commande une description du magnifique domaine qui sort pour lui de terre à Vaux-le-Vicomte. De cet ouvrage inachevé (Le Songe de Vaux) n’existe qu’un faible nombre de fragments. mais Foucquet tombe en disgrâce. Il est arrêté le 5 septembre 1661, peu de semaines après la célèbre fête qu’il a organisée à Vaux pour le Roi et la Cour. La Fontaine prend la défense de son protecteur dans une Elégie pour M. F. et dans une Ode adressée à Louis XIV. Lui-même se voit poursuivi pour usurpation de noblesse et frappé par une lourde amende. L’oncle de sa femme, Jannart, est exilé. La Fontaine l’accompagne jusqu’à Limoges. En cours de route, il écrit à son épouse des lettres qui forment son Voyage en Limousin. Après son retour, il va publier les deux premières parties de ses Contes et nouvelles en vers en 1665 et 1666, les six premiers livres de ses Fables choisies mises en vers en 1668 et Les Amours de Psyché et de Cupidon en 1669.
Suivront la Troisième Partie des Contes et nouvelles en vers en 1671, et des Nouveaux Contes en 1674, cinq autres livres de Fables en 1678 et 1679. Un douzième livre viendra clore l’ensemble en 1694.En 1684 La Fontaine avait fini par forcer les portes de l’Académie française. Le jour de sa réception, outre son Remerciement, il lut un Discours à Madame de La Sablière. En 1687, il prit part à la Querelle des Anciens et des Modernes, avec son Epître à Huet. Tombé gravement malade en 1692, devant une délégation de l’Académie il déclara solennellement, comme l’avait exigé son confesseur, qu’il considérait ses Contes comme “un livre abominable” qu’il se repentait d’avoir écrit. Il s’éteignit deux ans plus tard, chez Monsieur et Madame d’Hervart, qui l’avaient recueilli lorsque mourut Madame de La Sablière, près de laquelle il avait vécu, vingt ans. On découvrit à sa mort, qu’il portait sous ses vêtements, par pénitence, un cilice.
Jean-Pierre Collinet
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LES FABLES          
1. Le corbeau et le renard - Jean Topart     2’37 
2. La cigale et la fourmi - Michel Galabru    1’44       
3. Le loup et le chien - Jean Topart        3’33 
4. La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf - Michel Galabru 1’31   
5. Le loup et l’agneau - Jean Topart   2’03 
6. Le renard et la cigogne - Michel Galabru          2’13   
7. Le chêne et le roseau - Jean Topart  2’38 
8. Le lion et le moucheron - Michel Galabru       3’29   
9. Le renard et le bouc - Jean Topart    1’59
10. Le lièvre et les grenouilles - Michel Galabru           1’58
11. Le lion amoureux - Jean Topart     3’57
12. Le loup et la cigogne - Michel Galabru   1’37
13. Le renard et les raisins - Michel Galabru     1’16
14. Le renard ayant la queue coupée - Jean Topart            1’46
15. La belette entrée dans le grenier - Michel Galabru         1’30
16. La poule aux œufs d’or - Jean Topart    0’54
17. Le geai paré des plumes du paon - Michel Galabru      1’54
18. Le cheval et le loup - Jean Topart 2’16
19. La montagne qui accouche - Michel Galabru                  1’13
20. Le cocher, le chat et le souriceau - Jean Topart          2’29
21. Les animaux malades de la peste - Jean Topart     5’55
22. Le rat qui s’est retiré du monde - Jean Topart       2’46

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