BIG JOE WILLIAMS
BIG JOE WILLIAMS
Ref.: FA270

BABY PLEASE DON'T GO 1935 - 1951

BIG JOE WILLIAMS

Ref.: FA270

Artistic Direction : GERARD HERZHAFT

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 1 hours 44 minutes

Nbre. CD : 2

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Presentation

BABY PLEASE DON'T GO 1935 - 1951



(2-CD set) The legendary star Big Joe Williams was one of the big creators of Delta blues and played an important role in orchestral Chicago blues before holding a key position in the sixties folk boom - indeed, he can be thanked for the discovery of Bob Dylan ! This album covers the first part of the career of this blues great, from his most celebrated composition, Baby Please Don’t Go, to She Left Me, his last hit for the black public in 1951. Includes a 24 page booklet with both French and English notes.



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Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    49 HIGHWAY BLUES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:03:21
    1935
  • 2
    MY GREY PONY
    JOE LEE WILLIAMS
    00:03:10
    1935
  • 3
    BABY PLEASE DON T GO
    JOE LEE WILLIAMS
    00:03:25
    1935
  • 4
    WORRIED MAN BLUES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:38
    1935
  • 5
    I KNOW YOU GONNA MISS ME
    JOE LEE WILLIAMS
    00:03:05
    1937
  • 6
    ROOTIN GROUND HOG
    JOE LEE WILLIAMS
    00:03:01
    1937
  • 7
    BROTHER JAMES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:56
    1937
  • 8
    I WON T BE IN HARD LUCK NO MORE
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:41
    1937
  • 9
    CRAWLIN KING SNAKE
    JOE WILLIAMS
    00:02:52
    1941
  • 10
    THROW A BOOGIE WOOGIE
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:42
    1941
  • 11
    NORTH WIND BLUES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:53
    1941
  • 12
    PLEASE DON T GO
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:50
    1941
  • 13
    HIGHWAY 49
    JOE LEE WILLIAMS
    00:03:18
    1941
  • 14
    SOMEDAY BABY
    JOE WILLIAMS
    00:03:11
    1941
  • 15
    BREAK EM ON DOWN
    JOE LEE WILLIAMS
    00:03:15
    1941
  • 16
    DROP DOWN BLUES
    JOE WILLIAMS
    00:02:53
    1948
  • 17
    SOMEBODY S BEEN WORRYIN
    JOE LEE WILLIAMS
    00:03:12
    1948
  • 18
    VITAMIN A
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:47
    1948
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    BABY PLEASE DON T GO
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:47
    1947
  • 2
    STACK OF DOLLARS
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:48
    1947
  • 3
    MELLOW APPLES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:48
    1947
  • 4
    WILD COW MOAN
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:53
    1947
  • 5
    P VINE BLUES
    JOE WILLIAMS
    00:03:11
    1947
  • 6
    BAD AND WEAK HEARTED BLUES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:42
    1947
  • 7
    KING BISCUIT STOMP
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:33
    1947
  • 8
    I M A HIGHWAY MAN
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:53
    1947
  • 9
    BANTA ROOSTER BLUES
    JOE WILLIAMS
    00:02:59
    1947
  • 10
    MEAN STEPFATHER BLUES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:46
    1947
  • 11
    HOUSE LADY BLUES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:58
    1947
  • 12
    DON T YOU LEAVE ME HERE
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:52
    1947
  • 13
    JIVIN WOMAN
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:47
    1949
  • 14
    MAMA DON T ALLOW ME
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:44
    1951
  • 15
    JUANITA
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:35
    1951
  • 16
    OVERHAULING BLUES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:45
    1951
  • 17
    WHISTLIN PINES
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:34
    1951
  • 18
    SHE LEFT ME A MULE
    JOE LEE WILLIAMS
    00:02:32
    1951
Booklet

BIG JOE WILLIAMS THE BLUES fa270

BIG JOE WILLIAMS
THE BLUES

Durant sa très longue carrière (plus de 60 ans!), le légendaire Big Joe Williams aura été encore plus l’acteur que le témoin de tous les bouleversements de l’histoire du blues et du rock. Un des grands créateurs du Delta blues (au même titre que Charlie Patton ou Robert Johnson), Big Joe a aussi été une importante figure du très important blues de Saint Louis d’avant-guerre puis a participé à l’élaboration du Chicago blues orchestral et électrique (en compagnie de son ami John Lee «Sonny Boy» Williamson») avant de jouer un rôle-clé dans le folk boom des années 60 - on lui doit notamment la découverte de Bob Dylan!. Figure familière de tous les grands festivals du monde, son oeuvre enregistrée est considérable, s’étendant de 1930 à 1982.Le présent coffret décrit la première carrière de Big Joe Williams, entre 1935 et 1951, de ses premiers succès (notamment le classique Baby please don’t go, sa composition la plus célèbre) jusqu’aux derniers enregistrements réalisés pour le public noir. Mais, contrairement à la plupart de ses pairs, Big Joe ne connaîtra pas vraiment d’éclipse. Dès 1957, il sera en effet un des tout premiers bluesmen à enregistrer des microsillons pour le nouveau public blanc et international du folk boom et du blues revival.
DE DURES ANNEES D’APPRENTISSAGE
Joseph Lee Williams naît dans le hameau de Knoxford Swamp près de Crawford, Ms dans le comté de Oktibbeha, au coeur du Delta, un 16 octobre, sans doute en 1903 bien que d’autres dates (1899 ou même 1893) aient été avancées avec autant d’arguments solides... Sa mère est une ramasseuse de coton du nom de Cora Logan épouse Williams qui commence à peine son adolescence (elle a entre douze ou seize ans) quand elle donne naissance à celui qui sera l’aîné de ses seize enfants. Son père, John Williams est un pur Indien Cherokee connu localement sous le surnom de Red Bone. Il travaille le coton, un petit lopin de cultures vivrières et parfois aussi dans une scierie voisine. Big Joe revendiquera toujours fièrement ses origines indiennes, affirmant que sa grand-mère avait été une princesse du premier rang de la nation Cherokee.La vie est extrêmement difficile pour la famille Williams qui survit à peine sur sa métairie. Le jeune Joe n’a guère l’occasion d’aller à l’école et ne saura jamais lire ni écrire. Très jeune, il se distingue par ses dons musicaux, un trait de sa famille maternelle: sa mère joue de l’orgue et chante à l’église; son grand-père Bert Logan est un violoniste et banjoïste réputé jusqu’à la ville voisine de Colombus et il apprend à Joe quantité de folk songs comme Candy man ou Crow Jane; le bluesman Clem Ellis qui avait une réputation importante dans les années 20 dans le Delta est aussi un de ses parents; enfin, ses cousins Bert (n°2) et Russ Logan connaissent Charlie Patton et jouent le blues qu’ils apprennent sans doute au jeune Joseph. Williams les fera d’ailleurs enregistrer tous deux dans les années 60 par Pete Welding pour le label Testament!
Joe a-t-il aussi bien connu Patton et joué avec lui comme il l’a toujours affirmé? Toujours est-il que, directe ou à travers ses cousins, l’influence de Patton sera toujours très importante sur le style de blues de Big Joe Williams.Joe n’a pas dix ans qu’il joue déjà de l’harmonica, de l’accordéon, de l’orgue avec sa mère et du «diddley-bow», un fil de fer fixé au mur sur lequel il fait glisser une bouteille de médicaments. Par la suite, son grand’père lui bricole sa première guitare en assemblant des boîtes de cigares récupérées dans une fabrique voisine.La vie devient, si possible, encore plus dure pour le jeune Joe lorsque son père disparaît dans les années 1911-12. Sa mère se remet en ménage avec un homme jaloux et très violent qui semble avoir pour principale distraction de battre de façon sadique l’aîné de ses enfants «adoptifs». Plus tard, Big Joe célèbrera ce sinistre beau-père dans un de ses blues les plus poignants, Mean stepfather (sur le CD 2) avec ce verset pathétique: «He’s a no good weed/ The cows won’t even mow him down» (Il n’est qu’une mauvaise herbe/ Que les vaches ne voudront même pas mâcher).Un jour que son beau-père lui arrache la peau du dos à coups de ceinturon, Joe Williams décide de quitter définitivement sa famille, ce qui ne l’empêchera pas de revenir régulièrement durant toute sa vie revoir sa mère et lui donner de l’argent. Le gamin est embauché dans le chantier voisin du Capitaine Charlie Laurence qui construit et consolide les digues. Joe sera aussi conducteur de mules, bûcheron, récolteur de térébenthine.... Il travaille quatorze heures par jour pour un salaire d’un dollar, vit sous une tente de toile, se nourrit matin, midi et soir d’un brouet de haricots, pain et lard mais s’aperçoit très vite qu’il peut gagner davantage en chantant et en dansant pour ses compagnons et ses contremaîtres qu’en trimant sur les chantiers. Il décide alors de ne plus jamais vivre d’autre chose que de sa musique et de s’organiser pour cela, un pari très audacieux qu’il assumera jusqu’à sa mort. Comme il le dira fièrement en désignant sa guitare:« C’est cette boîte et rien d’autre qui a nourri, vêtu et logé Big Joe... Je n’ai peut-être jamais gagné beaucoup d’argent mais je n’ai jamais dû obéir qu’à moi seul ».
LA VIE D’UN TRIMARDEUR
Pour ce faire, Big Joe est constamment sur la route ou le long des voies ferrées. Avec méthode, perspicacité, sens de l’opportunité, Big Joe Williams se crée tout seul et sans aucun autre moyen que sa phénoménale mémoire un réseau de connaissances et d’adresses qui deviendra absolument gigantesque avec le temps et qui s’étendra sur tout le territoire américain, au Canada et jusqu’au Nord du Mexique! Partout, il repère les meilleurs juke joints et Honky Tonks, les sociétés qui embauchent des musiciens, se tient au courant des cérémonies privées (mariages, baptêmes, fêtes...) où on pourrait utiliser ses talents. Plus tard, il fera de même avec les compagnies de disques, toutes sans exception, grandes et petites, les stations de radio... Il connaît par coeur les horaires des trains et des lignes de Greyhound bus, possède parfaitement le maillage route et rail des Etats-Unis.Cela émerveillera tous ceux qui feront avec lui un bout de son itinéraire singulier. C’est Chris Strachwitz, le propriétaire des disques Arhoolie, qui écrit:« Big Joe a toujours été chez lui sur la route... Une semaine, on peut le trouver à Chicago, la semaine suivante à Saint Louis, plus tard à Jackson. Il joue dans les petits bars de voisinage, dans les réunions privées ou dans la rue s’il n’a rien d’autre. Et puis, soudain, on le voit surgir en Californie et vous demander de l’enregistrer parce qu’il a un besoin d’argent urgent... »Et le guitariste Mike Bloomfield qui a, durant un temps, accompagné le bluesman dans ses pérégrinations, témoigne:
« C’est un homme absolument exceptionnel, très fier, très fort... Mais par-dessus tout, c’est un poète, le poète des routes et des voies ferrées de tous les Etats-Unis dont il connaît tous les détails. Il ne sait ni lire ni écrire mais il a en mémoire chaque gare, chaque route, chaque bar, comment s’y rendre, l’adresse de chaque personne utile pour trouver du travail quand on est musicien, souvent son numéro de téléphone... Dans ses blues, il chante sa vie et on y entend se dérouler une longue bande de macadam, se croiser des milliers d’embranchements, passer des centaines de voitures qui l’ont pris en auto-stop ou des trains de marchandises qu’il a happés au passage... »Sa vie d’errance est quelque peu confuse, Big Joe ayant raconté d’innombrables anecdotes, parfois totalement contradictoires les unes les autres. Mais, selon ceux qui l’ont bien connu, notamment le chanteur et harmoniciste Charlie Musselwhite - qui était devenu un peu son filleul dès ses années de jeunesse à Memphis - ou Blewett Thomas, le manager originaire de Crawford, Mississippi, qui a géré sa carrière durant ses deux dernières décennies, Big Joe ne faisait en fait qu’enjoliver des évènements auxquels il avait vraiment participé. Et, selon eux, il y avait toujours beaucoup de vrai dans les propos de Big Joe, y compris dans ceux qui ont pu apparaître à certains moments comme totalement inventés.On le trouve dans les années 20 dans l’Alabama, entre Tuscaloosa et Birmingham. Il est embauché par Totsie King, un mafieux d’importance qui contrôle la plupart des bars, salles de danse, de jeux, champs de course et qui fait jouer Big Joe dans ses «possessions» tout au long de l’année. Dans les 60’s, Big Joe confiera qu’en réalité, il avait roulé Totsie King et tous ses gangsters, ayant occupé à cette époque la fonction d’«agent double» pour l’Etat de l’Alabama, renseignant la police et la justice sur les activités des mafieux avec qui il semblait acoquiné! Une affirmation que tous ceux qui gravitaient autour de Big Joe accueillaient alors avec un sourire circonspect mais qui a récemment été entièrement confirmée par l’ouverture des archives judiciaires de l’Alabama!
A un autre moment dans les années 20, Big Joe fait partie des Rabbit Foot Minstrels, une célèbre troupe de Music Hall itinérante qui comprendra d’importants artistes noirs. On le trouve ensuite au sein du Birmingham Jug Band en compagnie de Ben Covington et de l’harmoniciste Jaybird Coleman avec lesquels il enregistre probablement huit titres en tant que guitariste le 22 avril 1930.C’est sans doute aussi à cette époque qu’il invente sa guitare à neuf cordes, un instrument qu’il fera breveter et dont il jouera en accord ouvert de Sol : (Ré sol ré ré sol si si ré ré). Cette guitare à neuf cordes est très différente de l’instrument à douze cordes qui double chaque corde à l’octave. La neuf cordes de Big Joe Williams double trois cordes mais à l’unisson et non à l’octave, donnant à son jeu déjà très percussif une étrange puissance, à son swing naturel un effet propulsif remarquable qui fascinera ses auditeurs durant des décennies.Pourquoi Big Joe a-t-il créé un tel instrument? Voici comment il s’en explique :« C’est à cause de ces jeunes gars du Sud que j’ai inventé ma guitare à neuf cordes. Chaque fois que je jouais dans un juke-joint et que je m’arrêtais pour boire une bière ou faire un brin de causette à une jolie femme, il y avait toujours un de ces gamins noirs qui prenait ma guitare, essayait d’en jouer, la désaccordait ou même abîmait le manche. J’étais obligé de me bagarrer avec eux. Alors, pour les éloigner, j’ai eu l’idée d’ajouter une septième corde (doublant le Mi clair) et j’ai dit à tout le monde que je jouais d’une guitare spéciale. Comme ça ne suffisait pas, j’ai ajouté une huitième corde (Doublant celle de Si). Mais il y avait encore des types qui me l’empruntaient et essayaient d’en jouer. Heureusement avec une neuvième corde (doublant celle de Ré), ma guitare avait l’air d’une machine redoutable et, à ce moment-là, plus personne ne s’y est plus risqué».Les aventures de Big Joe sont innombrables et souvent rocambolesques. Alors qu’il est saoul, il assomme un policier avec sa guitare et se retrouve pour quelque temps au pénitencier de Parchman Farm. Il serait à Memphis vers 1929 ou 1930 en compagnie de Jim Jackson (célèbre pour sa composition Kansas City blues) avec lequel il aurait enregistré un 78 t pour Vocalion (Stack O’dollars/ Baby please don’t go). Mais on n’a jamais retrouvé la trace de ce disque, ce qui ne veut pas forcément dire qu’il s’agit d’un bobard complet.
SAINT LOUIS BLUES
Au début des années 30, peut-être après un bref séjour au pénitencier de Parchman Farm, Big Joe Williams est à Saint Louis où il ne tarde pas à s’imposer dans une ville qui est à ce moment-là, et bien avant Chicago, le principal berceau du blues urbain avec un style qui associe des pianistes de barrel houses comme Lee Green, Roosevelt Sykes, Lazy Bill Lucas (qui fera équipe un temps avec Big Joe), Peetie Wheatstraw (cf Peetie Wheatstraw FA 255) ou Walter Davis avec de brillants guitaristes comme Henry Townsend, Lonnie Johnson, Clifford Gibson ou Charley Jordan.La boutique de disques de Jesse Johnson, De Luxe Music Shop, sur Market Street jouxtant la principale salle de spectacle noir de Saint Louis, le Booker T. Washington Theatre, devient le lieu de rendez vous des musiciens de blues dans les années 20 et 30. Ceux-ci viennent échanger des idées, écouter des disques, mettre sur pied les combinaisons qui joueront le soir dans les cabarets - car il s’agit d’une fraternité où les musiciens jouent tous les uns avec les autres -, rencontrer parfois tel talent-scout de Chicago ou de New York afin d’aller y enregistrer. On trouve tous les musiciens habitant de façon permanente à Saint Louis plus des visiteurs extérieurs de plus en plus fréquents attirés par la renommée de la ville comme Robert Nighthawk, John Lee «Sonny Boy» Williamson et bien sûr Big Joe Williams.
Ce dernier semble s’y installer de façon plus ou moins permanente, en tout cas au moins durant les hivers. Il se met en ménage (ou se marie) avec la chanteuse Bessie Mae Smith qui a enregistré sous le nom de Blue Belle et Saint Louis Bessie et qui lui procure de nombreuses opportunités de travail. Big Joe Williams s’associe aussi avec Charley Jordan pour gérer un local de répétition pour musiciens de passage (ce qui inclut instruments mais aussi gîte, couvert, whiskey et même quelques hôtesses!), loué 35 cents à la journée. Une entreprise à laquelle Williams participera plus ou moins jusqu’à l’assassinat de Jordan en 1954!Mais même si Big Joe est déjà fort d’une expérience de musicien professionnel considérable, il n’est qu’un petit nom comparé à des vedettes locales comme Henry Townsend ou Walter Davis avec qui il joue régulièrement et qui ont déjà beaucoup gravé de disques. En février 1935, Davis et Townsend qui doivent se rendre à Chicago afin d’enregistrer une nouvelle séance pour Bluebird emmènent avec eux Joe Williams. Le personnage comme son jeu de guitare semblent séduire le producteur Lester Melrose qui décide alors de donner sa chance au bluesman du Mississippi qui fait ses débuts discographiques en vedette sous le sobriquet de «Poor» Joe Williams. Il enregistre six titres seul à la guitare à six cordes dont 49 Highway blues, que nous présentons dans ce coffret semble s’être correctement vendu.
BABY, PLEASE DON’T GO
Suffisamment en tout cas pour que Melrose demande à Big Joe de revenir dans les studios de Chicago quelques mois plus tard mais en lui recommandant de prendre un petit orchestre «comme celui de Washboard Sam». Pour plaire à son producteur, Big Joe Williams se présente donc avec ses Washboard Blues Singers, en fait deux musiciens ruraux en diable trouvés par Big Joe on ne sait où, à des années-lumières du blues urbain et sophistiqué de Washboard Sam (cf Washboard Sam FA 263): un certain «Dad» Tracy au violon à une corde (!) et le joueur de washboard Chasey Collins qui racle et gratte sa planche à laver derrière la guitare rugueuse de Williams.Sur les six titres enregistrés ce jour-là, deux sont chantés par Chasey Collins (une version de Walking blues) et quatre par Big Joe dont la toute première version enregistrée de Baby please don’t go qui, au cours des ans, deviendra le titre-phare du bluesman et s’imposera comme un des grands «classiques» du blues, bien qu’il s’agisse davantage d’un folk-song avec une versification AAAB qu’un blues proprement dit. Big Joe prétendra avoir composé ce morceau durant son séjour au pénitencier de Parchman mais cela paraît hautement fantaisiste. En fait, selon son dernier manager Blewett Thomas, Big Joe aurait finalement avoué avoir tout simplement «emprunté» le morceau à sa compagne Bessie Mae Smith qui chantait ce titre régulièrement dans les tavernes de Saint Louis et qu’il accompagnait à la guitare.Comme pour beaucoup de standards du folk-song américain, on trouve à l’origine de Baby, please don’t go une chanson populaire irlandaise. Il s’agit de Bessie, down ye go, un morceau qui date au moins du XVIII é siècle et qui répète trois fois la première phrase de chaque verset avant une chute. Il s’agit d’une sorte de comptine avec un scénario quelque peu obscur. Le titre semble être passé au Sud des futurs Etats Unis avec les vagues d’immigrants irlandais, sans doute dès le XVIII é siècle, d’abord chansonnette puis pièce de violon.
Enfin, une nouvelle version qui garde la mélodie et la trame de l’original européen mais y substitue de nouvelles paroles américaines. Bessie, don’t you go devient une chanson sudiste traitant de la fuite d’une favorite noire au temps des plantations et de l’esclavage. Le thème est particulièrement populaire en Louisiane et dans le Sud du Mississippi. On en entendra une version sur disque par Jelly Roll Morton sous le titre de Don’t you love me here. Le morceau est aussi utilisé par les écoles méthodistes d’évangélisation, notamment la James Vaughan Organization et devient une pièce religieuse sous le titre Sinner, don’t you go. Le «pêcheur» du titre est alors indifféremment un Noir ou un Blanc, selon la couleur de la congrégation qui entonne cet hymne. Comment ce morceau devient-il un thème des chain gangs? Il y est en tout cas connu sous le titre Another man done gone dans les années 1910-20. C’est évidemment Big Joe Williams qui lui donne sa coloration blues définitive et l’imposera dans le répertoire d’innombrables bluesmen et rockers, de Muddy Waters et John Lee Hooker aux Them de Van Morrisson.
BIG JOE WILLIAMS ET LE CHICAGO BLUES
Il est probable que, malgré Baby please don’t go, la séance d’octobre 1935 n’ait guère engendré des ventes remarquables puisque Big Joe doit attendre le 5 mai 1937 pour retrouver les chemins des studios. Cette fois, il est surtout là pour donner un soutien rythmique au guitariste Robert Lee Mc Coy et au jeune harmoniciste John Lee «Sonny Boy» Williamson (cf Sonny Boy Williamson FA 253) qu’il connaissait de Saint Louis. Cette séance d’enregistrement est historique puisque Mc Coy grave son seul grand succès pour Bluebird, Prowling nighthawk - à la suite duquel il deviendra Robert Nighthawk - et Sonny Boy son célèbre Good morning, little schoolgirl, un futur «classique» qui fera presque instantanément de Williamson une star du blues.Selon son habitude, Melrose ne délaisse aucun des musiciens présents. Il fait aussi enregistrer quatre titres en vedette à Big Joe Williams qui semblent passer à l’époque quelque peu inaperçus et que nous présentons dans le CD 1. Avec la guitare fluide et très moderne de Nighthawk et l’harmonica vibrant et chaud de John Lee Williamson, le son de Big Joe est extrêmement différent des précédentes séances, d’approche bien plus rurale. Il s’agit des premières manifestations de ce que l’on connaît sous le terme de Chicago blues, une manière urbaine moins sophistiquée que le Bluebird blues qui se généralisera après la guerre avec Muddy Waters et Little Walter.
En fait, la plupart des titres suivants de ce coffret présentent Big Joe dans cette formule de Chicago blues, de plus en plus orchestral, de plus en plus électrique, toujours accompagné de Sonny Boy Williamson. La séance du 12 décembre 1941, avec une version superbe de Please don’t go, est particulièrement remarquable. Comme l’écrira Pete Welding:« Ne serait-ce que pour l’amplification électrique, cette séance anticipe tout à fait ce que feront Muddy Waters et Little Walter dix ans plus tard... L’association de Big Joe avec Sonny Boy s’impose comme un lien essentiel entre le blues rural du Delta et le Chicago blues de l’après-guerre ».En fait, durant les années 1940-48, Big Joe vit une partie du temps à Chicago et se produit dans les clubs avec un orchestre qui comprend John Lee «Sonny Boy» Williamson, ceux-ci chantant alternativement. Les séances d’enregistrement de 1945 et encore davantage celles de 1947 dans lesquelles Big Joe joue de la guitare électrique et est soutenu par la section rythmique composée de Ransom Knowling à la basse et de Judge Riley font de facto partie du corpus du Chicago blues orchestral électrique de l’époque. L’interaction entre la guitare cinglante de Big Joe et l’harmonica virevoltant mais délié de Sonny Boy sera évidemment le modèle des futures associations guitare-harmonica du Chicago blues.Serait-il resté à Chicago, Big Joe Williams aurait sans doute continué à enregistrer dans cette veine électrique orchestrale si bien représentée dans ce coffret. Et il serait probablement aujourd’hui considéré comme un des grands noms du Chicago blues. Mais un trimardeur né comme Big Joe pouvait-il vraiment se fixer quelque part? Lui si individualiste, pouvait-il aussi réellement diriger et gérer une formation de trois ou quatre musiciens? Durant ses années à Chicago, c’était évidemment Sonny Boy qui jouait ce rôle.
ON THE ROAD AGAIN
Lorsque John Lee «Sonny Boy» Williamson est assassiné le 1er juin 1948, Big Joe quitte la grande ville du Lac Michigan et reprend sa vie itinérante qu’au demeurant il n’avait jamais vraiment interrompue. On le signale dès lors partout. Le producteur Al Smith se souvient de lui, courtisant sa mère Ollie Mae Smith et jouant régulièrement dans le Ollie’s Barrelhouse, un juke joint qu’elle tenait dans le Delta, sur la route entre Gunnison et Pace.A Scottlandville, près de Baton Rouge, il est impliqué dans une affaire de meurtre mais heureusement innocenté. Comme à son habitude, alors qu’il va chanter son Baby please don’t go et pour illustrer le titre, il prend une des jolies spectatrices du premier rang sur ses genoux, commence son morceau. Soudain, un coup de feu part et la fille s’écroule, une balle dans la tête. Les vêtements en sang, Big Joe s’apprête à filer le plus rapidement possible mais le tireur - en fait le mari jaloux - pointe son pistolet dans sa direction, le force à se rasseoir: « Ce n’était pas de ta faute mais de la sienne, mon gars. Finis ta chanson. Elle me plaît ».Big Joe n’a guère perdu de ses capacités à se placer partout où il peut gagner sa vie. Et désormais, outre les concerts, il sait qu’il peut glaner quelque argent en enregistrant. Son réseau d’informations fonctionne parfaitement et il propose ses services à toutes les compagnies de disques indépendantes qui tentent leur chance dans le domaine du blues. Il est ainsi quasiment le seul bluesman soliste à graver deux titres en 1949 pour le label de Nashville, Bullet.
A Shreveport, Big Joe est on ne sait comment au courant que le producteur Stan Lewis va enregistrer une longue séance de blues pour le label Specialty et se pointe le jour venu pour émarger à l’entreprise! En 1951, il est aussi à Jackson, la capitale du Mississippi et propose ses services à Lillian Mc Murry qui, depuis son magasin de disques Record Mart, a décidé de lancer le label Trumpet! Big Joe grave une fois de plus six titres dont She left me a mule est un succès commercial dans le Sud.Mrs Mc Murry racontera comment, par la suite, tous les ans, Big Joe venait chercher ses royalties.« Il s’arrêtait à la gare des autobus Greyhound, en route pour Memphis ou La Nouvelle-Orléans et me téléphonait pour s’enquérir de ce que je lui devais. Je consultais mes livres de compte, lui indiquais alors la somme qui lui revenait et il me demandait invariablement de les lui verser en partie en dollars, en partie sous la forme de «trois-quatre jours de vivres, bien emballés». Je lui confectionnais mes meilleurs plats et je les lui faisais porter à la gare des autobus. Il savait qu’il avait ainsi quelque chose de bon à manger pendant quelques jours de voyage. C’est comme cela qu’il vivait. »Cependant, au fur et à mesure que les années 50 s’avancent, le blues rude et sans apprêts de Big Joe Williams passe de plus en plus de mode auprès des Noirs et les temps sont alors très durs pour lui. En 1956, il réussit encore on ne sait comment à enregistrer pour Vee Jay, le label de Chicago de Jimmy Reed et John Lee Hooker, en compagnie de l’harmoniciste Sam Fowler et du batteur Al Duncan puis également pour Cobra (!), le label qui fera connaître Otis Rush et Magic Sam. Ce sera sa dernière séance à destination du public noir et elle restera d’ailleurs longtemps inédite.
BIG JOE WILLIAMS FOLK SINGER
Mais Big Joe va très vite prouver que son flair est toujours infaillible. Les temps changent? Il saura une fois de plus brillamment s’adapter à la nouvelle donne.A-t-il flairé avant tout le monde les prémices du courant folk qui semblait bourgeonner à New York? En tout cas, il a remarqué le Jazz Record Mart, une boutique que vient d’ouvrir Bob Koester à Saint Louis en 1956 sur Delmar Avenue. Il ne tarde pas à saisir que Koester est fort différent des producteurs de disques qu’il a connus jusqu’alors, des indépendants qui enregistraient des 78t à destination des juke-boxes des bars des quartiers noirs. Bob fait des disques avant tout pour enregistrer des musiciens qu’il aime et les faire connaître à un public largement blanc, nordiste et intellectuel. Koester apprécie d’abord le jazz mais aussi le «vieux» blues, celui d’un Sleepy John Estes retrouvé dans des circonstances rocambolesques (cf Sleepy John Estes FA 258). Big Joe se présente à Koester, lui propose d’enregistrer ce qui deviendra le tout premier microsillon jamais gravé par un bluesman du Delta et un de ceux qui lancera la mode du blues revival: Piney woods blues.L’année suivante, Koester quitte Saint Louis pour Chicago où il y réinstalle son Jazz Record Mart et rebaptise son label Delmark. Big Joe devient un habitué de la boutique de Koester pour qui il va enregistrer plusieurs années abondamment et de façon informelle. Autour du Jazz Record Mart, boutique carrèment unique, gravitent à cette époque tout ce que Chicago compte d’amateurs de blues, dont certains deviendront de futurs musiciens importants comme Paul Butterfield, Elvin Bishop, Mark Naftalin ou particulièrement Mike Bloomfield qui tombe sous le charme de Big Joe Williams, une figure de bluesman plus vraie que nature et qui semble sortir tout droit d’un roman picaresque.
Bloomfield va suivre et accompagner Big Joe durant quelque temps.Grâce à Bloomfield et Koester, Williams trouve des engagements dans les cafés pour étudiants, les meilleures scènes folk, les campus universitaires, se produisant pour un public jeune, blanc et nordiste, dont il ignorait tout peu de temps avant et qu’il n’aurait jamais imaginé un jour s’intéresser à son brin de blues, directement issu des camps de travail du Mississippi!Presque instantanément, Big Joe fascine ce nouvel auditoire inattendu, autant par sa musique que par sa personnalité. Trapu, costaud, tranquille, méfiant, modeste, fier, indomptable, têtu... il apparaît sur scène dans un invraisemblable accoutrement de cow-boy, s’éponge longuement le front avec un gigantesque mouchoir à carreaux avant de se mettre à frapper sa guitare à neuf cordes rafistolée à grand renfort de sparadrap. Entre deux sets, ses auditeurs se pressent respectueusement autour de lui, lui tendent un disque qu’il dédicace avec grande difficulté, ayant juste appris à signer son nom de façon maladroite. Ils boivent ses paroles presque religieusement, même lorsqu’il leur raconte les histoires les plus invraisemblables. Mais rien ne semble trop énorme pour cet énorme bluesman. Ils détaillent chacun de ses gestes lents tandis qu’il tire de son pantalon ou de ses chaussettes d’imposants portes-monnaies dans lesquels il passe son temps à chercher quelque chose au milieu d’un amoncellement de factures, de reçus, de billets d’avions pliés en quatre, de contrats chiffonnés. Quant on lui tend un billet de banque, il part dans ses vêtements à la recherche d’un cylindre de métal qu’il cache entre un pistolet et un couteau à cran d’arrêt, l’ouvre avec la précaution qu’il met à décapsuler une bouteille de whiskey et sort des dollars en rouleaux, bien rangés par figure de président des Etats Unis qui signifient leur valeur...
Big Joe Williams est déjà une vedette importante des scènes folk bien avant l’explosion du folk boom au début des années 60. De la même façon qu’il connaissait autrefois tous les juke joints graisseux du monde noir américain, il a mémorisé les cafés étudiants où il peut se produire pour un bon cachet, les labels de microsillons pour qui il peut enregistrer. Il est en Californie, gravant certains de ses meilleurs albums pour la compagnie Arhoolie de Chris Strachwitz; à New York où il enregistre pour Folkways et Prestige-Bluesville. Il a l’habitude désormais que de jeunes folksingers blancs lui demandent l’autorisation de jouer quelques morceaux avec lui et cela plaît beaucoup à son auditoire de voir le vieux maître donner une leçon sans complaisance et parfois sévère à un apprenti musicien.
LEGENDE VIVANTE
Un jour qu’il se produit dans Central Park à New York, il accepte un Bob Dylan à peine sorti de l’adolescence qui vient souffler de l’harmonica derrière lui. A la fin du concert, il aperçoit Dylan qui, dépliant quelques journaux sous lui, s’apprête à passer la nuit sur un banc. Big Joe l’emmène alors avec lui, le loge et le prend comme son harmoniciste quelques semaines ou quelques mois. C’est d’ailleurs en tant qu’harmoniciste de Big Joe Williams que Bob Dylan fait ses débuts sur disque, deux titres - Wichita et Sitting on top of the world - enregistrés pour le label Spivey! Big Joe et Dylan resteront toujours plus ou moins en contact. Blewett Thomas relate comment, lors de la tournée de Dylan intitulée Street Legal en 1978, Big Joe s’est vu empêcher d’entrer dans les coulisses par un service d’ordre musclé qui ne voyait pas pourquoi un vieux noir déguisé en cow boy demandait à être reçu par une des superstars américaines. Sans sourciller, Williams intime alors l’ordre au cerbère: « Dites à Bob Dylan que c’est le vieux Big Joe qui est là! «. Quelques minutes plus tard, sous l’oeil éberlué des vigiles, Dylan arrive, encore mouillé de sa douche et une serviette autour du cou, embrasse Big Joe, le prend par le bras, l’emmène dans sa loge.C’est tout naturellement que Big Joe fait partie de la tournée européenne de l’American Folk Blues Festival 1963. Il reçoit un accueil triomphal partout en Europe, notamment en Angleterre où les Rolling Stones et John Lennon l’applaudissent dans la salle avant de venir se présenter timidement à lui.En 1964, les Rolling Stones se produisent au Café à Go-Go à New York et invitent Williams qui jouait quelque part en ville à assister à leur prestation. Big Joe a raconté ainsi cet épisode :
« Après qu’ils aient joué, un des Rolling Stones, vous savez, le plus grand de la bande, est venu me voir et m’a demandé: «Hé, Big Joe! Qu’est-ce que tu penses de notre musique?». J’ai répondu : «Les gars, vous avez un bon rythme mais vous jouez beaucoup trop fort. On ne suit plus vos notes et on ne comprend rien de ce que vous chantez». Alors le Rolling Stone m’a dit : «Big Joe, toi tu es un vrai bluesman et tu sais jouer parfaitement le blues. Mais, nous, comme on est encore des apprentis, on est obligé de jouer très fort pour dissimuler toutes les erreurs qu’on fait!».Durant les années 70, Big Joe continue de sillonner l’Amérique et une partie de la planète, Europe et Asie, enregistre encore des disques pour quantité de labels (dont ABC-Bluesway, Storyville et Sonet), réussit - grâce aux avocats de Dylan - à récupérer ses droits d’auteur sur ses compositions, notamment Baby please don’t go qui lui rapporte une somme rondelette. Mais la santé de Big Joe se détériore et il est de plus en plus cloué dans un fauteuil par un diabète invalidant. Il finit par acheter une maison mobile sur un petit lopin de terre de sa ville de Crawford, dans le Delta. C’est là qu’il vit ses dernières années, savourant la renommée internationale qui avait fini par faire de lui, l’aîné d’une famille de métayers misérables, un citoyen spécial de son Mississippi natal. «Je suis le seul par ici qui ait réussi à devenir quelqu’un » affirme-t-il en riant. Il reçoit des visiteurs du monde entier venus à lui comme en pèlerinage réverencieux. Ses murs sont recouverts de pochettes de disques épinglées, d’affichettes des concerts qu’il a donnés à travers le monde, des programmes et des menus de restaurants de toute la planète, des cartes postales, des auto-collants et de quelques étiquettes de whiskey! Et quand on lui demande : «Pourquoi avoir acheté un mobile home au lieu d’une maison fixe?», il répond : «J’ai toujours eu l’âme d’un hobo. Je veux pouvoir partir quand bon me semble».Big Joe Williams a tout juste le temps d’apprécier la remise d’un prestigieux «Pioneer of the Blues» du W.C. Handy Award qui, en novembre 1982, récompense l’ensemble de sa carrière exceptionnelle. A la suite d’une attaque, il est hospitalisé début décembre à l’Hôpital de Noxubee County à Macon dans le Mississippi où il décède le 17 décembre 1982. Il laisse derrière lui une oeuvre considérable qui le classe au tout premier rang des «Géants du Blues».
LES TITRES
Le CD1 commence avec la première version gravée par Big Joe Williams de son classique 49 Highway blues qui résume toute la vie d’errance du bluesman: «I’m goin’ on highway 49/ I’m gonna be rockin’ to my end». Dans ce blues comme dans d’autres dans ce coffret, Big Joe fait référence à «Malvina, my sweet woman», celle qui était sa compagne à l’époque. My grey pony est une magistrale lecture du célèbre Pony blues de Charlie Patton. Nous présentons dans ce coffret trois versions très différentes les unes des autres de Baby please don’t go, la première, rugueuse, de 1935 avec Chasey Collins au washboard et Dad Tracy au violon; la seconde, souple et articulée, dans laquelle John «Sonny Boy» Williamson remplace à l’harmonica la partie de violon précédente, un exemple parmi beaucoup d’autres du rôle de substitut du violon qu’a joué l’introduction de l’harmonica dans le blues. Enfin, le CD 2 s’ouvre avec une version très Chicago blues du célèbre thème.Désormais, Big Joe Williams et Sonny Boy Williamson vont être presque toujours ensemble en studio jusqu’à la mort de l’harmoniciste. Sonny Boy est en fait présent sur 25 titres de ce coffret qui peut s’entendre donc aussi comme un témoignage de ses exceptionnels talents d’accompagnateur. Ses contre-chants expressifs comme ses solos d’harmonica imaginatifs et révolutionnaires pour l’époque sont pratiquement toujours brillants, ont fort influencé tous les harmonicistes ultérieurs (Billy Boy Arnold, Dr Ross, Snooky Pryor, Junior Wells et Little Walter entre autres) et contribuent à la réussite de ces séances.Comme la plupart des grands bluesmen, Big Joe n’avait pas son pareil pour adapter des thèmes qu’il avait entendus et les faire siens.
C’est ainsi que Rooting ground hog provient de Prowling ground hog de Washboard Sam; Someday baby, Stack of dollars, Drop down blues, Mellow apples (avec son rythme qui évoque totalement le blues de Brownsville) sont plus qu’inspirés de titres de Sleepy John Estes et Yank Rachell; Break’em on down de Bukka White; North wind blues reprend un thème fréquent du Bluebird blues sur la nostalgie du Sud que l’on a quitté et où, quoi qu’on en ait, on souhaite retourner; Wild cow moan est nettement inspiré de Milk cow blues par Kokomo Arnold et de Jersey Belle blues de Charlie Patton; House lady blues recycle aussi une partie de Pokino blues par Blind Blues Darby, un bluesman que Big Joe avait bien connu à Saint Louis; ... Quant à Crawling King snake, enregistré quasiment à la même époque par Tony Hollins, on ne sait trop si c’est un morceau de Big Joe ou de Hollins. Il deviendra en tout cas un des thèmes favoris de John Lee Hooker. Ce dernier est la source d’inspiration de Mama don’t allow me (sur le CD 2) dans lequel Big Joe reprend des versets entiers de Boogie chillen. Mais Big Joe sait aussi composer des blues très personnels aux paroles évocatrices. Brother James raconte avec une précision quasi journalistique un terrible accident impliquant plusieurs voitures sur une route du Mississippi en avril 1937. Nous avons détaillé plus haut ce que Mean stepfather blues avait d’autobiographique, un titre que Big Joe interprétait toujours, même tard dans sa vie, avec une émotion mal contenue.
I’m a highway man est un blues d’une inspiration voisine de Terraplane blues de Robert Johnson, ce que Big Joe niera toujours, assurant qu’il n’avait jamais entendu parler de Robert Johnson avant les années 50. Vitamin A est une savoureuse composition sur la prise d’un fortifiant avec des images à double sens. King biscuit stomp s’inspire d’une célèbre émission de radio diffusée depuis Helena (Arkansas) et à laquelle Big Joe Williams a participé. Sur le thème de l’infidélité, Juanita, quoi qu’inspiré de Vernita par Sleepy John Estes, permet à Big Joe de créer certains de ses versets les plus percutants par leur sens de l’ellipse (une des grandes caractéristiques du meilleur blues): «Juanita, baby, where did you stay last night?/ Yeah, you come home this morning, clothes ain’t fitting you just right». De même, Whistlin’ pines - que Big Joe réenregistrera de nombreuses fois - n’est pas, comme on l’a longtemps cru (et écrit) une image quelque peu surréaliste (des pins qui sifflent!) mais le nom d’un club au fin fond du Delta qui avait une réputation sulfureuse et que Big Joe fréquentait assidûment: «Boy, if a woman tells you she loves you/ Man, don’t never pay that no mind/ You know she just don’t do nothing but run around/ Way down by Whistlin’ pines».Le coffret se termine par She left me a mule, un de ces boogies furieux que Big Joe savait aussi interpréter (comme Throw a boogie woogie sur le CD 1) et qui sera le dernier succès commercial de Williams auprès de la clientèle noire.
Gérard HERZHAFT
Auteur de «La Grande Encyclopédie du Blues» (Fayard) et de «Un long blues en La mineur» (Gallimard), un roman inspiré par la personnalité de Big Joe Williams.
SOURCES:
BLOOMFIELD (Mike).- Me and Big Joe.- Re-search productions, San Francisco: 1980.
CROSS (Robb).- Conversation with Big Joe.- In: «Mississippi Arts n°1; Hiver 1983-84.
LOMAX (Alan).- Folksongs USA.- Penguin Books: 1944
MOON (D. Thomas): The verdict on Big Joe Williams.- Blues Access n° 33; Printemps 1999
MAGAZINES: Divers numéros de Blues Access (notamment le n° 33: The Verdict on Big Joe Williams); Blues Unlimited; Blues World; Living Blues; Soul Bag (notamment le n° 142).
INTERVIEWS de Big Joe Williams par Mike Leadbitter, Gérard Herzhaft et Bob Groom; de Charlie Musselwhite et Al Smith par Gérard Herzhaft.Toutes les interviews ont été traduites de l’anglais par Gérard Herzhaft.
Textes de livrets et pochettes par Jean Buzelin; Larry Cohn; Bob Groom; David Mangurian; Marc Ryan; Neil Slaven; Chris Strachwitz; Pete Welding.
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA, 2003
english notes
During his extensive career (lasting over 60 years !), the legendary star Big Joe Williams played a decisive role in all the changes in the history of blues and rock.  One of the big creators of Delta blues, he was also an important name in the pre-war Saint Louis blues and then participated in the development of orchestral and electric Chicago blues (along with his friend John Lee ‘Sonny Boy’ Williamson) and held a key position in the folk boom of the sixties - indeed, we can thank him for the discovery of Bob Dylan.  He was a familiar face in all the big festivals the world over, and recorded in quantity from 1930 to 1982.This album covers the first part of Big Joe Williams’ career, from 1935 to 1951, from his first hits (particularly his most celebrated composition, Baby Please Don’t Go) to his last recordings made for the black public.  But unlike most of his contemporaries, he never really left the scene.  As from 1957, he was one the very first bluesmen to record for the new white, international public of the folk boom and the blues revival.Joseph Lee Williams was born in Knoxford Swamp new Crawford, Ms in Oktibbeha in the heart of the Delta on 16 October of 1903 (though some place his year of birth in 1899 or even 1893).  His cotton-picker mother, Cora Logan was a young teenager when she gave birth to the eldest of her sixteen children.  His father, John Williams was a pure Cherokee Indian, locally known as Red Bone.  He worked between the cotton fields, crops and a neighbouring sawmill.Life was harsh for the Williams family and young Joe never learnt to read or write.  His musical talent became apparent when young, his gift coming from his mother’s side. 
She played the organ and sang in the church and his grandfather Bert Logan was a reputed violinist and banjo player and taught Joe a number of folk songs such as Candy Man and Crow Jane.  Bluesman Clem Ellis, well-known in the Delta during the twenties, was also a relation and his cousins Bert (N° 2) and Russ Logan knew Charlie Patton and played the blues.  And Patton’s style was to forever influence Big Joe Williams’ blues style.Before he reached the age of ten, Joe already played the harmonica, accordion, organ and diddley-bow.  His grandfather then made his first guitar, composed of cigar boxes recuperated from a local factory.  Life became even more difficult when Joe’s father died in 1911-12.  His mother set up home with a jealous and violent man who particularly picked on poor Joe.  At a later date, he was evoked in Big Joe’s poignant  blues, Mean Stepfather including the lines, ‘He’s a no good weed, The cows won’t even mow him down’.One day, after an exceptionally brutal beating, Joe Williams decided to leave home, though he always kept in touch with his mother and helped her financially.  The youngster found work with Captain Charlie Laurence who built levees and did a variety of other jobs, working fourteen hours a day to earn a dollar.  But he rapidly discovered that he could earn more through music.Big Joe set off alone and through his perspicacity and outstanding memory, he worked on this new venture.  He sought out the best juke joints, honky tonks and companies hiring musicians for private functions. 
He learnt all the train and Greyhound bus timetables by heart, impressing all those around him by his extensive journeying around the land.During the twenties he was in Alabama, between Tuscaloosa and Birmingham, working for Totsie King, a mafioso in control of numerous establish­ments where Big Joe performed.  Later, in the sixties, he said he had also acted as a double agent to the state of Alabama, giving information concerning the goings-on of Totsie and his team of gangsters.Still in the twenties, Big Joe was a member of the Rabbit Foot Minstrels, a wandering music hall troupe.  He then went on to join the Birmingham Jug Band with Ben Covington and harmonica player Jaybird Coleman with whom he probably cut eight titles on 22 April 1930 playing the guitar with a jug band.  It was during this period that he invented his nine-stringed guitar, supposedly to ward off youngsters who kept handling and untuning his old guitar when he stopped off in juke joints for a beer.  His adventures were countless.  Once, when drunk, he stunned a policeman with his guitar and spent a while in a penitentiary in Parchman Farm.  Around 1929, he was apparently in Memphis with Jim Jackson to cut a 78 for Vocalion (Stack O’Dollars/Baby Please Don’t Go), but we have no trace of this disc and therefore cannot confirm this. In the early thirties, Big Joe could be found in Saint Louis, the principal urban blues centre with a style we associate with barrel house pianists such as Lee Green, Roosevelt Sykes, Lazy Bill Lucas and Walter Davis and brilliant guitarists including Henry Townsend, Lonnie Johnson, Clifford Gibson and Charley Jordan. 
During the twenties and thirties, Jesse Johnson’s record store, De Luxe Music Shop, next to Booker T. Washington Theatre, was the meeting place for blues musicians.  The locals were joined by visitors from elsewhere attracted by the city’s reputation such as Robert Nighthawk, John Lee ‘Sonny Boy’ Williamson and Big Joe Williams.  Indeed, Big Joe seemed to have settled there, at least during the winter months and was living with (or married) singer Bessie Mae Smith who recorded under the name of Blue Belle and Saint Louis Bessie.  He also teamed up with Charley Jordan to manage some premises for rehearsal purposes for passing musicians.  Williams participated in this venture until Jordan was assassinated in 1954.  However, despite Big Joe’s large experience as a professional musician, his name was still insignificant compared to local celebrities such as Henry Townsend or Walter Davis.  In February 1935, Davis and Townsend were called to Chicago for a Bluebird recording session and took Joe Williams with them.  The producer, Lester Melrose was taken by him and offered him his discographical debut as a star, under the name of ‘Poor’ Joe Williams.  He recorded six titles alone on his six-stringed guitar including 49 Highway Blues, included here.This titles must have sold well as Melrose asked him to return to the Chicago studios several months later, asking him to bring a small band. 
Consequently, Big Joe turned up with his Washboard Blues Singers - two rough and ready rural musicians, ‘Dad’ Tracy and Chasey Collins - a far cry from the Washboard Sam style which Melrose had been hoping for.  Six titles were cut on that day, two sung by Chasey Collins (a version of Walking Blues) and four by Big Joe including the very first recorded version of Baby Please Don’t Go which was to become one of the great blues classics.  During his sojourn at Parchman Farm, Big Joe made believe that he had composed this number, but his last manager, Blewett Thomas, confirmed that he had borrowed the piece from Bessie Mae Smith, which she regularly included in her repertoire in the Saint Louis taverns.It would appear that the fruit of this October 1935 session did not have much marketing success as Big Joe then had to wait until 5 May 1937 before returning to the studios.  This time, it was to give rhythmic backing to guitarist Robert Lee Mc Coy and harmonica player John Lee ‘Sonny Boy’ Williamson.  This session went down in history as Mc Coy cut his only big hit for Bluebird, Prowling Nighthawk (after this, he became Robert Nighthawk) and Sonny Boy came out with his famous Good Morning, Little Schoolgirl, a future classic which made Williamson a star.Melrose also let Big Joe record four titles as the leading artist, included here in CD 1. 
With this backing, his sound is quite different to that in the previous sessions, with a more rural approach.  In fact, this was one of the first demonstrations of what was known as the Chicago blues.  The majority of the remaining titles in this album find Big Joe in this Chicago blues formula, becoming increasingly orchestral, increasingly electric and always accompanied by Sonny Boy Williamson.In the 1940-48 period, Big Joe spent a part of his time in Chicago and appeared in clubs, either as the star with a band including John Lee ‘Sonny Boy’ Williamson or as Sonny Boy’s guitarist.  The recording sessions of 1945 and more so in 1947, finding Big Joe on the electric guitar backed by Ransom Knowling and Judge Riley  Had Big Joe Williams stayed in Chicago, he would have surely continued along this electric orchestral path to no doubt become one of the big name of Chicago blues.  However, he just had to get back on the road.John Lee ‘Sonny Boy’ Williamson was assassinated on 1 June 1948 and Big Joe left the city and set off as before.  Folk reported seeing him everywhere.  In Scottlandville, near Baton Rouge, he was involved in a murder case, but thankfully was let off.  To illustrate his song, Baby, Please Don’t Go, he had sat one of the pretty punters on his lap.  Suddenly, the girl was shot in the head by her jealous husband.  Big Joe was about to take his leave when the slayer forced him to sit down and finish his song, insisting he liked it.Apart from concerts, Big Joe also made a few bucks by recording here and there.  He was almost the only solo bluesman to cut two titles in 1949 for Bullet in Nashville.  In Shreveport, he heard that a long blues session was planned for the label, Specialty and turned up at the appointed moment. 
In 1951, he was in the Mississippi capital, Jackson and cut six titles for Trumpet, including She Left me A Mule which became a hit in the south.However, during the fifties, Big Joe’s blues slowly lost favour with the Blacks and times became hard.  In 1956, he managed to record for Vee Jay, Jimmy Reed and John Lee Hooker’s Chicago label, accompanied by Sam Fowler on the harmonica and Al Duncan on the drums, and then for Cobra, the label which brought Otis Rush and Magic Sam to fame.  This was the final session for the black public.Thankfully, he intuitively knew that times were changing and was ready to adapt accordingly.  Was he aware of the folk movement which was stirring in New York ?  He certainly noticed Jazz Record Mart, a store recently opened by Bob Koester in Saint Louis on Delmar Avenue.  Unlike other editors, Koester principally recorded artists which he appreciated, hoping to interest a mainly white, northern and intellectual clientele.  Although Bob favoured jazz, he was also fond of ‘old-time’ blues.  Big Joe approached him, offering to record and consequently made a disc which contributed in launching the blues revival :  Piney Woods Blues.The following year, Koester left for Chicago, taking his Jazz Record Mart with him, and renamed his label Delmark.  Big Joe was a regular and recorded in quantity. 
The entire Chicago blues scene hovered around Jazz Record Mart, including some future big names such as Paul Butterfield, Elvin Bishop, Mark Naftalin and in particular, Mike Bloomfield who fell under Big Joe Williams’ charm and accompanied him for a while.  Thanks to Bloomfield and Koester, Williams clinched contracts with student cafés, folk concerts, university campuses, thus discovering he pleased young, white Northerners.  The punters were fascinated by his music as by his character and mighty physique.  On stage, he wore a cowboy get-up and wiped his brow with a huge chequered handkerchief before starting up on his nine-string.  Outstage, he was often searching endlessly in the numerous pockets of his clothes.  He struggles to unearth a large stuffed billfold with addresses, letters, old tickets, even hotel menus!  And then he is still looking for other things in his side pocket in his pants. He has to unlock it to get his passport, his money, the tickets he needs for his next trip.Big Joe was already a celebrated name in the folk scene long before the folk boom of the sixties.  In California he cut some of his best albums for Arhoolie, run by Chris Strachwitz and in New York he recorded for Folkways and Prestige-Bluesville.One day, for a gig in Central Park, New York, he allowed a youngster, Bob Dylan, to play the harmonica behind him.  At the end of the concert, he noticed that Dylan was preparing to sleep on a park bench, so Big Joe took him back home and hired him on the harmonica for several weeks or several months.  Indeed, this is how Bob Dylan made his recording debut with two titles - Wichita and Sitting On Top Of The World - for the Spivey label. 
From then on, they always remained in touch.Big Joe participated in the Europe tour of the American Folk Blues Festival 1963.  He was an almighty success particularly in England where the Rolling Stones and John Lennon cheered in the audience before shyly introducing themselves to him.During the seventies, Big Joe continued his journeying around America as well as Europe and Asia, recorded discs for many labels (including ABC-Bluesway, Storyville and Sonet) and managed to copyright his compositions (thanks to Dylan’s lawyers), bringing some financial comfort especially from Baby, Please Don’t Go.  Yet his health was deteriorating, and as diabetes left him increasingly weak, he bought a mobile home in Crawford, Delta where he lived his last years.His exceptional career was compensated by the W.C. Handy Award as ‘Pioneer of the Blues’ before he passed away on 17 December 1982, leaving an impressive legacy of music ranking him amongst the best blues giants.The TitlesCD 1 opens with the first version cut by Big Joe Williams of his classic 49 Highway Blues, which relates the bluesman’s itinerant life : ‘I’m goin’ on highway 49/I’m gonna be rockin’ to my end’.  In this track as in others in this album, Big Joe refers to ‘Malvina, my sweet woman’, his partner at the time.  My Grey Pony is a masterful version of Charlie Patton’s famous Pony Blues.  We may appreciated three totally different versions of Baby, Please Don’t Go. 
The first rugged attempt of 1935 finds Chasey Collins on the washboard and Dad Tracy on the violin, in the second, smooth and articulated, is with John ‘Sonny Boy’ Williamson’s harmonica replacing the violin in the preceding version.  Finally CD 2 opens with a Chicago blues version of the famous tune.  Sonny Boy Williamson participates in 25 titles of this boxed set and can be appreciated for his talent as an accompanist.As many of the big bluesmen, Big Joe often adapted existing tunes, making them his own.  Thus, Rooting Ground Hog comes from Washboard Sam’s Prowling Ground Hog, Someday Baby, Stack of Dollars, Drop Down Blues, and Mellow Apples are more than inspired by titles of Sleepy John Estes and Yank Rachell, Break’em On Down of Bukka white, the tune of North Wind Blues is frequently found in the Bluebird blues, Wild Cow Moan is obviously inspired by Milk cow Blues by Kokomo Arnold and Charlie Patton’s Jersey Belle Blues and House Lady Blues borrows a part of Blind Blues Darby’s Pokino Blues.  And as Crawling King Snake was cut at almost the same time by Tony Hollins, we cannot be certain if this piece was signed by Big Joe or by Hollins.  John Lee Hooker certainly inspired Big Joe in Mama Don’t Allow Me, as whole lines are taken from Boogie Chillen.However, Big Joe could also compose totally personal blues.  Brother James tells of a terrible road accident in Mississippi in April 1937.
 The bitterness behind Mean Stepfather Blues has already been explained above.  I’m A Highway Man resembles Robert Johnson’s Terraplane Blues, but Big Joe always denied any intention of copying.  Vitamin A is a worthy number about a tonic.  King Biscuit Stomp was inspired by a famous radio show in Arkansas.  Juanita, inspired by Sleepy John Estes’ Vernita, enabled Big Joe to come out with some of his cutting lines - ‘Juanita, baby, where did you stay last night ?/Yeah, you come home this morning, clothes ain’t fitting you just right’.  Whistlin’ Pines is named after a Delta club where Big Joe used to be a regular : ‘Boy, if a woman tells you she loves you/Man, don’t never pay that no mind/You know she just don’t do nothing but run around/Way down by whistlin’ pines’.The album closes with She Left me A Mule, one of Big Joe’s wild boogies (like Throw A Boogie Woogie on CD 1) and was his last commercial hit for the black clientele.
Adapted in English by Laure WRIGHT from the French text of Gérard HERZHAFT
author of “Encyclopedia of the blues” (Arkansas Press) and “A long blues in A minor” (Arkansas Press),a novel based on the character of Big Joe Williams.
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA, 2003
CD 1
01. 49 HIGHWAY BLUES         3’20
02. MY GREY PONY    3’09
03. BABY PLEASE DON’T GO  3’23
04. WORRIED MAN BLUES        2’36
05. I KNOW YOU GONNA MISS ME          3’03
06. ROOTIN’ GROUND HOG       3’00
07. BROTHER JAMES     2’55
08. I WON’T BE IN HARD LUCK NO MORE       2’39
09. CRAWLIN’ KING SNAKE  (Tony Hollins)     2’50
10. THROW A BOOGIE WOOGIE   2’41
11. NORTH WIND BLUES  2’52
12. PLEASE DON’T GO   2’48
13. HIGHWAY 49          3’16
14. SOMEDAY BABY  (John Estes)    3’09
15. BREAK’EM ON DOWN            3’14
16. DROP DOWN BLUES  (John Estes)     2’52
17. SOMEBODY’S BEEN WORRYIN’         3’10
18. VITAMIN A          2’48
Toutes les compositions par Joe Lee Williams sauf celles mentionnées autrement.
(1)(2) Big Joe Williams, vcl/g. Chicago, Ill. 25 février 1935
(3)(4) Big Joe Williams, vcl/g; «Dad» Tracy, fdl; Chasey Collins, wbd. Chicago, Ill. 31 octobre 1935
(5)(6)(7)(8) Big Joe Williams, vcl/g; Robert Nighthawk, g; John Lee «Sonny Boy» Williamson, hca. Aurora, Ill. 5 mai 1937
(9) Big Joe Williams, vcl/g; William Mitchell, bs. Chicago, Ill. 27 mars 1941
(10)(11)(12)(13)(14)(15) Big Joe Williams, vcl/g; John Lee «Sonny Boy» Williamson, hca; Alfred Elkins, bs. Chicago, Ill. 12 décembre 1941
(16)(17)(18) Big Joe Williams, vcl/g; John Lee «Sonny Boy» Williamson, hca; Armand «Jump» Jackson, batt. Chicago, Ill. 12 juillet 1945
CD 2
01. BABY PLEASE DON’T GO         2’46
02. STACK OF DOLLARS         2’46
03. MELLOW APPLES          2’46
04. WILD COW MOAN         2’51
05. P-VINE BLUES  (Charlie Patton)  3’10
06. BAD AND WEAK HEARTED BLUES    2’40
07. KING BISCUIT STOMP 2’31
08. I’M A HIGHWAY MAN     2’52
09. BANTA ROOSTER BLUES  (Charlie Patton)  2’57
10. MEAN STEPFATHER BLUES       2’45
11. HOUSE LADY BLUES  (John Lee Williamson) 2’56
12. DON’T YOU LEAVE ME HERE   2’50
13. JIVIN’ WOMAN          2’46
14. MAMA DON’T ALLOW ME  (Trad.) 2’42
15. JUANITA  2’34
16. OVERHAULING BLUES          2’44
17. WHISTLIN’ PINES         2’32
18. SHE LEFT ME A MULE       2’32

Toutes les compositions par Joe Lee Williams sauf celles mentionnées autrement.

(1)(2)(3)(4) Big Joe Williams, vcl/g; John Lee «Sonny Boy» Williamson, hca; Ransom Knowling, bs; Judge Riley, batt. Chicago, Ill. 22 juillet 1947
(5)(6)(7)(8)(9)(10)(11)(12) Big Joe Williams, vcl/g; John Lee «Sonny Boy» Williamson, hca; Ransom Knowling, bs; Judge Riley, batt. Chicago, Ill. 18 décembre 1947
(13) Big Joe Williams, vcl/g. Saint Louis, Mo. 1949
(14) Big Joe Williams, vcl/g. Jackson, Ms. 25 septembre 1951
(15)(16)(17)(18) Big Joe Williams, vcl/g; T.J. Green, bs. Jackson, Ms. 3 décembre 1951

CD Big Joe Williams - The Blues © Frémeaux & Associés  (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

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