« Ici c’est l’histoire qui parle » par Classica

Deux concerts étaient prévus : l’un à 18 heures, l’autre à minuit. Deux ans auparavant, Coltrane, aux côtés de Miles Davis, s’était fait siffler. Le boulevard des Capucines bruissait. Le quartet qui représentait depuis « My Favorite Things » et « Live at the Village Vanguard », le jazz dans son aspect le plus avancé harmoniquement, mélodiquement et rythmiquement, allait être présent sue scène, en chair et en os. C’est peu dire que le tonnerre s’est déclenché, que la terre s’est entrouverte, pour tenter de rendre compte de son irruption dans le monde qui se vouait à Jean Nohain, André Claveau, au yé-yé et à Tino Rossi. Au cours des deux concerts, quinze morceaux furent joués. Des enregistrements non autorisés ont paru, de qualité souvent médiocre, comprenant des interprétations incomplètes. Cette parution propose quatre morceaux emblématiques, complets et dans une bonne qualité sonore : Mr PC, Everytime We Say Gooddbye, Impressions et My Favorite Things. Les incarnations coltrainiennes, la batterie diabolique d’Elvin Jones, les accords éblouissants de Mc Coy Tyner, l’unité d’énergie des quatre hommes, tout est parfait. Ici c’est l’histoire qui parle, c’est une grandeur et un éblouissement à jamais disparus, mais heureusement conservés. C’est un moment où l’on peut en effet parler de génie en action, d’une musique capable de changer votre vie. Je le sais, à 18 heures j’y étais.

Par Jean-Pierre JACKSON – CLASSICA