La matière des deux disques fleure bon les années 1960

Jean-Michel Proust occupe une place particulière qui lui permet d’avoir sur le jazz français une vision privilégiée : musicien, il connaît l’histoire du jazz et participe de l’intérieur à son évolution, tandis que sa fonction d’animateur et d’homme de radio lui ont fourni un poste d’observateur extérieur. Les deux sont à l’œuvre dans cet hommage à Barney Wilen, figure légendaire, saxophoniste partenaire des plus grands avant de devenir héros de BD. Ce ténor attachant est évoqué avec talent par deux quartettes bâtis autour de l’alliance sax ténor-guitare. Dans le premier volume, la paire Raphaël Dever – Mourad Benhammou, rodée des années durant, fournit aux solistes un soutien aussi solide que swinguant. Elle est relayée ensuite par Nicola Sabato et Germain Cornet, tandis que Patricia Bonner intervient dans « Une Rumba légère », composition signée avec le leader. La matière des deux disques fleure bon les années 1960 et la thématique exploitée par Barney Wilen, mais elle va bien au-delà. Les standards intemporels s’y côtoient, Django et John Lewis voisinent avec Duke Jordan, Toots Thielments ou Jean Lenoir (« Parlez-moi d’amour »). Une promenade des plus séduisantes.

Par Jacques ABOUCAYA – JAZZ MAGAZINE