« Décidément, quelle année, cette année là! » par Paris Move

« Évidemment banni de toute encyclopédie sérieuse prétendant traiter du rock, mais objet depuis sa disparition précoce d’un culte durable comme seuls Carlos Gardel et Rudolph Valentino surent en susciter, Claude François (alias Clo-Clo pour ses thuriféraires) ne surgit pas, contrairement à sa légende, d’une génération spontanée, mais connut comme la plupart des artistes de music-hall de sa génération, des débuts modestes. Batteur et percussionniste de formation, il grenouillait comme il le pouvait dans l’antichambre du succès quand, fraîchement débarqué de son Égypte natale, il s’intégra au sein de l’orchestre du Sporting Club de Monte-Carlo. Bombardé chanteur pour y interpréter les grands tubes du moment (de Aznavour à Ray Charles, en passant par Mouloudji), il s’y fit remarquer en adaptant le “Mustapha” de Bob Azzam qui fédérait alors tous les fêtards de la Côte d’Azur. Monté à Paris en 61, il y fit en mars de l’année suivante ses débuts discographiques sous le pseudonyme peu valorisant de Koko, avec un premier E.P. dont le titre phare, le gymnique et pittoresque “Nabout Twist”, s’accompagnait du “Ali Baba Twist” et d’une adaptation du “Clair De Lune À Maubeuge”, pour un succès qu’une magnanime litote qualifiera de confidentiel. Par contre, sa toute première publication sous son véritable état civil, “Belle, Belle, Belle” le propulsa au firmament dès novembre du même millésime. Cette adaptation du “Made To Love” des Everly Brothers s’accompagnait de celles de “Venus in Blue Jeans” de Jimmy Clanton, “Breaking Up Is Hard To Do” de Neil Sedaka (“Moi, Je Pense Encore À Toi”) et du “Mashed Potatoes” qui cartonnait alors de par l’ensemble du monde libre. Ces huit premiers enregistrements historiques du survolté s’accompagnent ici des onze titres du 25cm d’Olivier Despax et ses Gamblers “Au Madison” (format décidément vintage s’il en fut!) capté live, et où Clo-Clo tenait les congas et le tambourin (de manière assez honorable pour l’époque), marquant le rythme effréné de covers telles que “You Can’t Sit Down”, “The Madison”, “Be Bop A Lula” ou encore le “Shout” de Joey Dee & The Starlighters. Pour faire bonne mesure, le compilateur Jean-Claude Mersiol (également auteur du livret) ajoute à ce recueil les deux faces du 45 tours de Danyel Gérard dont Claude effectua les chœurs (l’inénarrable “Youpi Ya Tamouré”/ Improvisez Le Shout”), ainsi que la version franco-arabe du “Nabout Twist”… Décidément, quelle année, cette année là! »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE