« Des liens subtils, par-delà les pays et les sons » par Chants Songs

« Comédienne et chanteuse, Nathalie Joly signe ici un projet qui résonne particulièrement avec son propre parcours, comme le raconte la journaliste Véronique Mortaigne dans la pochette de l’album.
En septembre 2019, elle avait obtenu une bourse d’écriture de l’ambassade de France en Algérie. C’est en résidence à l’Institut français d’Annaba, au début du mouvement de contestation « Hirak » que les souvenirs remontent par vague à son esprit et lui rappelle cette fusillade de la rue d’Isly à laquelle elle assista avec sa sœur, en mars 1962, depuis le balcon de leur grand-mère, qui était pharmacienne à Alger. C’est au retour de ce séjour que Nathalie Joly conçoit ce spectacle musical, Chansons d’aller-retour, sous le regard du dramaturge Simon Abkarian. Douze des seize chansons présentées dans ce disque sont extraites du spectacle qui fut créé en janvier 2021 au Théâtre de l’Épée de bois-Cartoucherie.
En compagnie de sa sœur, Valérie Joly, spécialiste des chants du monde, elle évoque, dans une belle complicité musicale, les émotions de déracinement et de la découverte d’un ailleurs dans ces titres qui sont des adaptations de thèmes cubains, de sambas, de rumbas ou encore de boléros, entre autres, sans oublier le francarabe Alger Alger, tube de Lili Boniche et la saudade Lidia, de Nicolas Corrales.
En offrant des liens subtils, par-delà les pays et les sons, entre Lhasa de Sela, Chico Buarque ou encore la cubaine Maria Teresa Vera (la magnifique Veinte Años), cet album évoque la force des liens qui s’attache à une terre perdue et aux blessures de l’éloignement.
Mêlant accordéon, darbouka, bendir, quinton, piano, guitare, bandonéon, bugle et percussions, les orchestrations imaginées par Nathalie Joly jouent sur la légèreté des mélodies et portent loin les mots choisis pour dire les affres de l’exil. Avec, pour conclure, une chanson qui est tout un programme. Dans Samba de l’utopie, elle chante ainsi : « S’il arrivait un beau matin/ Que pénètre en notre jardin/ La parle TYRANNIE/ Prends ton tambour ta guitare/ Chantons dans les rues dès ce soir/ Notre Utopie de l’espoir. »
Alors que l’on célèbre l’assassinat d’un Victor Jara par la junte chilienne et que le climat politique est de plus en plus lourd, ces mots ont une résonance des plus fortes. »
Par François CARDINALI – CHANTS SONGS