« On touche ici au sublime » par Paris Move

Sang mêlé s’il en fût, Baden Powell de Aquino, disparu à l’aube de ce millénaire en son Rio de Janeiro natal, compte parmi les plus importants créateurs et virtuoses de la guitare classique au siècle dernier. Avec une cinquantaine d’albums enregistrés de son vivant (auxquels il convient encore d’ajouter ses publications posthumes), son héritage se perpétue pour l’ériger en tant que figure essentielle parmi les musiques issues du continent sud-américain. Révélé au grand public européen lors des Berliner Jazztage de 1967 (à la même affiche qu’un jeune Buddy Guy venu se mesurer alors aux maîtres de la guitare jazz!), il se produisit vingt ans plus tard  au Festival International de Guitare de Liège, organisé par le producteur Guy Lukowski. Déjà émaillée de nombreux enregistrements publics, sa discographie s’enrichit avec celui-ci de près d’une heure de prestation magistrale (captée au faîte de son talent, l’année de son cinquantième anniversaire). Sa dextérité bluffante excelle sur un répertoire instrumental où se mêlent approches jazzy, classique, bossa et samba (les époustouflants “Vento Vadio”, “Na Baixa Do Sapateiro”, “Garota de Ipanema”, “Interrogando”, ou les suites “Prelùdio Em Là Menor” et “Asa Branca”), pour s’agrémenter furtivement d’un chant susurré (“Bolinha De Papel A Primeira Vez”, “Para Nào Sofrer”). Si l’on précise que l’enregistrement et sa mastérisation s’avèrent d’une limpidité confondante, on touche ici au sublime, pas moins. »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE