« Tout Gerber est là » par Les Dernières Nouvelles du jazz

« Figure vénérée de la jazzosphère par ses écrits (Jazz Magazine, les Cahiers du Jazz) et ses oraux (des émissions à France Culture et France Musique) sans oublier son travail de directeur de collection (The Quintessence, chez Frémeaux & Associés), Alain Gerber, c’est un fait connu d’un petit cercle, pratique également un instrument, disons plutôt un arsenal, la batterie.
Retiré dans le midi depuis sa mise à la retraite par Radio France en 2008 -une mesure pour raison de limite d’âge qui frappa aussi Claude Carrière, Jean Delmas, Philippe Carles parmi les producteurs de jazz- l’écrivain à succès (une cinquantaine d’ouvrages, romans ou récits, lauréat du Prix Interallié, distingué par l’Académie Française, l’Académie du Jazz) s’est sérieusement (re)mis à la batterie découverte à l’adolescence à Belfort : une heure chaque jour dans un cabanon de sa maison à Toulon où il entre « au pays des merveilles ». Son constat : « Peut-être deviendrai-je un jour batteur, à la fin des fins. Je sais en tout cas que je ne deviendrai jamais musicien, je n’ai pour cela ni les connaissances requises, ni l’imagination qui me garderait d’être un imitateur à peine passable ».
Tout Gerber est là, lucide à l’extrême et heureux de ces avancées « réelles mais infinitésimales » derrière ses fûts. Mes baguettes ces deux petits objets de bois « ne m’ont pas donné ce que j’espérais d’eux. Ils ont fait mieux : ils m’ont donné ce que je n’attendais pas de moi-même ».
Tout au long de ce récit de forme autobiographique, Alain Gerber retrace son compagnonnage avec la batterie, établit des comparaisons entre les modèles de baguettes et autres caisses claires et cymbales (les Asba, Vic Firth, Ludwig, Zildjian, Pro Mark, Zildjian, Sabian, Paiste…)  évoque les conseils pris auprès des professionnels, Aldo Romano, Daniel Humair qui lui donna une demi-douzaine de cours dans les années 70, Georges Paczynski, son complice radiophonique, professeur de batterie et auteur d’une histoire de la batterie de jazz en trois tomes...
On se délecte à la lecture de ce voyage intime au pays de la batterie servi par une langue riche et délicate. Le lecteur peut ajouter au plaisir en écoutant les quelque 80 anthologies réalisées par l’auteur pour le compte de Frémeaux & Associés et citées en références. »
Par Jean-Louis LEMARCHAND – LES DERNIERES NOUVELLES DU JAZZ