« "Spontané, rieur, indocile, intranquille, espiègle, vif, libre." Tel est Michel Portal, d’après Franck Médioni qui publie les confidences du poly-instrumentiste (clarinettes, bandonéon, saxophone alto entre autres) recueillies pendant dix années.
Tout au long de cette centaine de pages, Michel Portal se raconte à la première personne. Un récit brut et tendre qui tient son lecteur en haleine permanente. Un témoignage fort, une sorte de confession qui nous dévoile une personnalité habitée, exaltée, saisie par le doute.
Plus de huit décennies sont ainsi passées en revue, révélant un portrait intimiste d’un musicien qui ne s’est jamais cantonné dans un genre, le jazz, le contemporain (Boulez, Xénakis), les musiques de films (plus de 50), ou la variété (version poétique avec Barbara).
Des premières notes données à la clarinette, qui deviendra son instrument de prédilection, au début des années 40 à Bayonne ( « Je n’ai pas choisi la clarinette, elle s’est comme imposée à moi. Pourquoi la clarinette ? parce que c’est le plus doux »), aux dernières réflexions d’un artiste comblé d’honneurs et jamais rassasié (« on essaie toujours de se renouveler et c’est ça qui nous fait vivre »).
Lire « le SOUFFLE PORTAL » permet d’apporter un élément de réponse à la question taraudant les amateurs de musique depuis l’arrivée du basque natif de Bayonne (le 27 novembre 1935) sur la scène parisienne voici plus de six décennies : Comment peut-il arriver à jouer Mozart et Haydn un jour au Théâtre des Champs-Elysées et improviser de la manière la plus « free jazz » qui soit le lendemain dans un club de la Rue des Lombards ? Réponse de Michel Portal : « Quand je joue Mozart, je suis au plus près du texte. Respect total du texte ! Mais quand je suis dans le jazz, là c’est la revanche, c’est la violence. Je veux exploser ».
Jean-Louis LEMARCHAND – LES DERNIERES NOUVELLES DU JAZZ