« Une re-découverte fascinante » par ABS Magazine

« Les groupes vocaux féminins, souvent familiaux (sœurs, cousines) sont apparus à la fin des années 20 et ont suscité un engouement impressionnant et persistant pendant des décennies avec leurs harmonies vocales dans tous les domaines, du jazz au doo-wop, de la pop à la country en passant par la soul. Dans une Amérique toujours hantée par ses démons du racisme et des discriminations, il n’est pas étonnant que ce soient d’abord des chanteuses blanches qui aient lancé ce phénomène, ce qui n’enlève rien à leur talent bien sûr. Aussi est-il fort agréable de retrouver dans cette compilation des groupes de chanteuses célèbres, souvent soutenues par des orchestres de jazz talentueux comme les Frères Dorsey, Buddy Freeman, etc. Ainsi on retrouve les Boswell Sisters dans quelques-uns de leurs succès (Mood Indigo en 1933, Alexander’s Ragtime Band en 1934, etc.), les Andrews Sisters (Bei Mir Bist Du Schoen en 1937, Tuxedo Junction en 1940, Boogie Woogie Bugle Boy en 1941, etc.) et des groupes que je connaissais moins – voire pas du tout – et qui valent le détour, comme les De Marco Sisters (Bouillibaise en1953), les Dinning Sisters (Aunt Hagar’s Children Blues en 1945), les Fontane Sisters (Castle Rock en 1951) et autres King Sisters (In The Mood en 1939), à retrouver sur le CD1 (26 faces) et au début du CD 2 (28 faces). À noter sur CD 1 un duo africain-américain, les Dandridge Sisters (Vivian et Dorothy) avec Minnie the Moocher is Dead (1940) en se souvenant que Dorothy Dandridge fit une belle carrière plus tard dans la chanson et au cinéma (Carmen Jones, Porgy and Bess). C’est à partir du milieu des années 50 que des groupes de jeunes filles noires vont rejoindre la vague du rock’n’roll et du doo-wop avec, en précurseures, les Hearts en 1955 avec Lonely Hearts, suivies d’une foule d’émules comme les Paris Sisters et des groupes venant directement du black gospel et du R&B comme les Enchanters/ Deltones, les Queens de Shirley Gunter, les Cookies (adoptées par Ray Charles qui les rebaptisera les Raelets), les 3 Tones of Joy (avec le Johnny Otis Show), les Quin-Tones, les Chantels, les Bobettes, les Miller Sisters ou les Staple Singers de Pops, Yvonne et Mavis Staples, etc. : présents sur CDs 2. À la fin des années 50, les artistes noirs ont voulu franchir la frontière raciale et accéder au circuit blanc au prix d’une édulcoration des rythmes, mélodies et texte, et ce sont d’autres groupes qui vont occuper le devant de la scène comme les Shirelles, les Blossoms, les Crystals, les Darling Sisters (rebaptisées Ronettes par leur producteur Phil Spector), les Chiffons avec Judy Craig, les Marvelettes, Martha Reeves (& The Vandellas), les Supremes de Florence Ballard puis Diana Ross, les Charmaines, les Tonettes, les Ikettes (de Ike Turner), les Orioles, Patti Labelle et les Bluebelles et les Starlets qui sont à l’honneur dans le CD 3 (28 faces). Elles sont toutes là et c’est à une re-découverte fascinante qu’est confronté l’heureux possesseur de ce coffret remarquablement documenté qui fait revivre toute une époque et rappelle (ou crée) beaucoup de bons souvenirs. »

Par Robert SACRE – ABS MAGAZINE