C'Est Si Bon - de La Chanson Française
C'Est Si Bon - de La Chanson Française
Ref.: FA490

CLAUDE BOLLING BIG BAND

CLAUDE BOLLING

Ref.: FA490

Direction Artistique : PATRICK FREMEAUX

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 1 heures 15 minutes

Nbre. CD : 1

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Présentation

« Il était impensable que Claude Bolling, l’un des plus grands représentants du jazz européen, celui qui a métissé le jazz et la musique classique en créant le crossover, ne fasse pas un tribute au patrimoine de la chanson française, répertoire mondialement connu, joué avec générosité et bonhomie par son Big Band. Hommage pour hommage : c’est Jean-Christophe Averty qui signe le livret d’accompagnement.
Paru initialement chez Milan / Universal en 2000, ce disque a la double valeur historique d’un hommage au répertoire français par le plus grand Big Band européen du XXe siècle. »
Patrick Frémeaux
« It is only natural that Claude Bolling, one of the greatest representatives of European jazz, and who fused jazz and classics to create crossover music, gives tribute to the heritage of French song, an internationally-known repertoire, which his Big Band plays generously and good-heartedly. First released for Milan / Universal in 2000, this disc is of double historical interest as the greatest European Big Band of the XXth century pays homage to the French repertory.”
Patrick Frémeaux
Suivez le Chef (Claude Bolling) 3’05 •
La Mer (Charles Trenet – Albert Lasry) 5’01 •
C’est si Bon (Henri Betti – André Hornez) 3’39 •
Les Feuilles Mortes (Joseph Kosma – Jacques Prévert) 5’01 •
Paris Bouquet 9’42 : J’aime Paris au mois de mai (Charles Aznavour – Pierre Roche) - Paris je t’aime (Victor Schertzinger – Bataille – Henri) - A Paris (Francis Lemarque) - Paris s’éveille (Il est cinq heures) (J. Dutronc – J. Lanzmann – A. Segalen) •
La Marseillaise in swing (d’après Rouget de l’Isle) 2’54 •
J’ai deux amours (Vincent Scotto – Koger – Henri Varna) 3’03 •
Borsalino (concert version) (Claude Bolling) 6’51 •
La Javanaise (Serge Gainsbourg / arrt Ph. Portejoie) 4’03 •
Le Jazz et la Java (C. Nougaro – D. Brubeck – J. Datin / arrt Ph. Portejoie) 3’05 •
Un Homme et une Femme (Francis Lai – Pierre Barouh) 4’01 •
La Chanson des Jumelles (M. Legrand – J. Demy / arrt Stan Laferrière) 3’54 • Syracuse (H. Salvador – Bernard Dimey) 3’18 •
Que reste-t-il de nos Amours ? (C. Trenet – L. Clamond / arrt Ph. Portejoie) 5’32 •
La Boite de Jazz (Michel Jonasz - D’Angelo – Kamil Rustam) 3’59 • Ménilmontant (Charles Trenet) 3’33 •
Y’a d’la Joie (Charles Trenet – Michel Emer) 4’03.
Droits : Groupe Frémeaux Colombini en accrd avec Claude Bolling - Caid music



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Presse
CLAUDE BOLLING  Claude Bolling, 10 avril 1930 - 29 décembre 2020."Pianiste, compositeur et chef d’orchestre Français, Claude Bolling fait partie des figures majeures du jazz classique du XXème siècle. Dès l’après-guerre, Claude Bolling se fait remarquer dans les clubs de jazz les plus en vue de Paris et joue avec les meilleurs musiciens de jazz présents dans la Capitale (Rex Stewart, Lionel Hampton, Sidney Bechet, Django Reinhardt…). En octobre 1956, sous l’impulsion de Frank Ténot, il constitue sa première grande formation : le Grand Club Orchestra (cf. coffret Claude Bolling Collector, réf. FA5114).  Ci-dessus : Irène Bolling, Brigitte Bardot et Claude Bolling Ci-dessous : avec Duke EllingtonDisciple et ami de Duke Ellington, dont il s’est largement inspiré, il rassemble les meilleurs jazzmen – compagnons des anciens jours comme musiciens des nouvelles générations – leur offrant la joie d’exprimer tout leur talent sur des compositions créées dans la grande tradition de ses prédécesseurs : Count Basie, Glenn Miller, Tommy Dorsey, Benny Goodman… C’est tant par la créativité de son chef d’orchestre que par la dimension de ses solistes et musiciens que le Claude Bolling Big Band a atteint cette musicalité exceptionnelle. Maîtrisant un vaste répertoire de près de 400 titres, il a su séduire un large public tout au long de sa carrière internationale, dont la fidélité lui a permis une extraordinaire longévité. Sa notoriété auprès du grand public s’accroît considérablement au contact de grandes vedettes des variétés (Brigitte Bardot, Dario Moréno, Sacha Distel, Juliette Gréco, Henri Salvador, etc.) et grâce à des succès extraordinaires comme compositeur de musiques de films : plus de cent thèmes à son actif, dont les célèbres : Borsalino et Les Brigades du tigre.        Créateur d’un genre nouveau, à la croisée des chemins de la musique classique et du jazz (le crossover music), Claude Bolling détient le record mondial de ventes du disque classique en restant plus de dix ans dans les charts américains (Billboard classique) avec la Suite pour flûte et jazz piano trio (FA443). La complémentarité de ses talents et son extraordinaire longévité le classe comme un grand compositeur Français du XXè siècle et en même temps comme l’un des plus grands ambassadeurs du jazz dans le monde." Patrick Frémeaux & Claude Colombini© 2006 GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS"Your piano is something I'll always remember" Louis Armstrong à Claude Bolling, 1947"Your husband is a genius" Dizzy Gillespie à Irène Bolling, 1982Aux côtés de Louis Armstrong"Il est complètement inutile de présenter Claude Bolling. Tout le monde, que ce soit l'Ancien ou le Nouveau, sait que CLaude Bolling est le meilleur. Je ne veux pas énumérer ici ses mérites. Je risquerais d'en omettre plusieurs, et ce serait insulter sa modestie que d'oser rappeler une fois encore que sa verve de compositeur n'a dégal que sa virtuosité pianistique, et que ses arrangements ne sauraient atteindre leur plénitude orchestrale que lorsqu'il en dirige lui-même l'exécution... Ouf !" Jean-Christophe Averty   "Ecoutez Claude Bolling", réponse idéale à ceux qui vous disent "Le jazz, ce n'est pas de la musique". Boris Vian 1948"Hier soir, Claude Bolling était ici, à quatre heures du matin. Il m'a montré certaines choses en stride, des trucs de Fats Wallers... Il joue ! C'est ce que j'aime... Le jazz, les Afro-Américains l'ont inventé, mais si vous écoutez ceux qui en jouent, il est difficile de faire la différence. Prenons ce que m'a joué Claude Bolling hier soir : il n'y a pas un seul Afro-Américain capable de jouer comme ça, à part peut-être Hank Jones..." Winton Marsalis - Jazz Magazine, 1994   Earl Hines et la maman de Claude Bolling CLAUDE BOLLING  Par Benjamin Goldenstein et Patrick Frémeaux Claude Bolling, né en 1930. Pianiste, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre, Claude Bolling est sans doute l’un des musiciens français actuels les plus réputés dans le monde, dans des domaines allant du jazz à la variété et de la musique de films à la musique dite classique. De par la richesse de sa production phonographique, la longévité de sa carrière et la diversité de ses talents de compositeur, d’interprète, d’arrangeur et de directeur d’orchestre, il s’est forgé une stature exceptionnelle non seulement en France, mais dans le monde entier. Du haut de quelques soixante années de carrière, Claude Bolling peut aujourd’hui contempler avec fierté l’œuvre qu’il lègue aux amoureux de la musique et dont les éditions Frémeaux & Associés sont, depuis 2001, les garants. En tant que pianiste de jazz, il a joué avec les meilleurs musiciens de la planète (Django Reinhardt, Stéphane Grappelli, Duke Ellington, Sidney Bechet, Lionel Hampton, etc.).   A la tête de son Big Band depuis cinquante ans, il a sillonné le monde et les salles de concerts et a bien mérité son surnom de « Bollington » dans la promotion du swing américain des grands orchestres des années Duke Ellington. Compositeur éclectique, ses éclairs de génie ont illuminé des films comme Borsalino, ou la mythique série télévisée Les Brigades du tigre, mais lui ont aussi permis de créer et magnifier un nouveau genre musical issu du métissage entre la syntaxe du jazz et la diction de la musique classique. L’acte de naissance de cette « crossover music » date de 1974, avec la Suite pour flûte et jazz piano trio ou le trio jazz de Claude Bolling est accompagné par Jean-Pierre Rampal. Disque de platine, record absolu des ventes du Billboard avec plus de 530 semaines au classement des meilleures ventes classiques ! Bref, Claude Bolling incarne à lui seul toute une culture musicale, porte en lui et insuffle à ses partenaires l’héritage d’un savoir-faire exceptionnel dans l’interprétation, l’arrangement et la composition de la musique jazz.    Avec Don Byas & Roy EldridgeLes premières notes… Né à Cannes le 10 avril 1930, Claude Bolling a toujours vécu à Paris, hormis un intermède niçois pendant l’Occupation, au cours duquel il reçoit l’enseignement précieux de Marie-Louise « Bob » Colin, pianiste, trompettiste et batteur dans un des nombreux orchestres féminins à la mode dans l’entre-deux-guerres. Sitôt découvert le monde magique du jazz, il se passionne pour Thomas « Fats » Waller, dont la musique festive ne manque pas de le séduire.  Il est encore en culottes courtes quand, en 1945, il remporte le tournoi des amateurs, organisé par Jazz Hot et le Hot Club de France à Paris. Son champ d’intérêt s’étend rapidement aux autres maîtres du piano : Willie « The Lion » Smith, Erroll Garner et Earl Hines dont il est le disciple. Première formation à 16 ans ; premier disque à 18, Claude Bolling sent pourtant le besoin d’acquérir un authentique bagage musical. Il bénéficiera d’une instruction solide et complète – qui sera pour beaucoup dans la polyvalence qui la caractérisera plus tard – avec Germaine Mounier (piano classique), Léo Chauliac (piano jazz), Maurice Duruflé (harmonie) et André Hodeir (contrepoint, orchestration, écriture jazz). Après un service militaire passé dans la « Musique » du Premier Train des Equipages, où il joue du trombone et des percussions, c’est par le jazz que Claude Bolling entre dans la profession. Il fait les beaux soirs de tous les établissements à la mode : Club Saint Germain, Vieux Colombier, Caveau de la Huchette… autant de lieux emblématiques d’une activité jazzistique intense. Les plus grands solistes américains de passage en France ne manquent pas de faire appel à lui. Il participe ainsi, du haut de ses vingts ans, aux séances d’enregistrement et aux concerts de Rex Stewart, Buck Clayton, Lionel Hampton, Albert Nicholas, Roy Elridge… devenant l’une des personnalités les plus en vue du monde du jazz à Paris.  Avec Errol GarnerL’aventure Big Band… En octobre 1956, sous l’impulsion de Frank Ténot, Claude Bolling, âgé de 26 ans, constitue sa première grande formation : le Grand Club Orchestra (cf. coffret Claude Bolling Collector, réf. FA5114). Disciple et ami de Duke Ellington, dont il s’est largement inspiré, il rassemble les meilleurs jazzmen – compagnons des anciens jours comme musiciens des nouvelles générations – leur offrant la joie d’exprimer tout leur talent sur des compositions créées dans la grande tradition de ses prédécesseurs : Count Basie, Glenn Miller, Tommy Dorsey, Benny Goodman… C’est tant par la créativité de son chef d’orchestre que par la dimension de ses solistes et musiciens que le Claude Bolling Big Band a atteint cette musicalité exceptionnelle. Maîtrisant un vaste répertoire de près de 400 titres, il a su séduire un large public tout au long de sa carrière internationale, dont la fidélité lui a permis une extraordinaire longévité. En janvier 2006, celui-ci fête en effet ses cinquante ans lors d’une soirée mémorable au Jazz club Lionel Hampton de l’hôtel Méridien  Avec Duke EllingtonCourtisé par le grand public… C’est l’emblématique Boris Vian qui va permettre à Claude Bolling de compléter sa notoriété dans les milieux de la chanson dès l’après-guerre. Le célèbre écrivain et trompettiste amateur, il demande en effet à Claude d’écrire les arrangements de ses Chansons possibles et impossibles. Succès d’édition, le disque lui met le pied à l’étrier dans le monde des variétés. Plusieurs artistes célèbres lui confient alors la direction musicale de leurs réalisations : Sacha Distel, Jacqueline François, Juliette Gréco, Henri Salvador, Brigitte Bardot…  Musicien courtisé par les musiciens, il sera plébiscité par le grand public dans les années soixante pour un grand coup de maître dont il est l’instigateur : « Les Parisiennes », ce groupe vocal féminin qui fit tourner la tête à toute une génération, vibrer les planches de tous les dancing et swinguer les ondes des radios du monde entier – à commencer par France Inter et le cultissime Pop Club de José Arthur qui utilisa pendant près d’un demi-siècle une chanson des Parisiennes pour son générique.   Avec Henri Salvador Compositeur pour le cinéma… Après un travail régulier auprès de Dario Moréno, Claude Bolling se voit confier l’écriture de la musique d’un film dont Dario est la vedette. C’est le premier défi d’un genre où Bolling passera vite maître et marquera les mémoires de ses contemporains. C’est en effet une véritable carrière de compositeur de musiques de films qui commence alors pour Claude Bolling. Celui-ci en a, à ce jour, écrit plus de cent, dont certaines ont été d’immenses succès : Borsalino, c’est lui ! Flic Story, c’est lui ! Le Magnifique, c’est encore lui ! Pour ne pas citer : The Awakening, California Suite… Pour ne pas citer non plus les séries télévisées que Bolling a marqué de sa griffe : après avoir animé, dans les années soixante les grandes émissions télévisées de variétés d’Albert Raisner, de Maritie et Gilbert Carpentier, de Jean-Christophe Averty, il compose en effet de nombreuses musiques pour le petit écran. Des exemples ? Mais nous n’en manquons pas… Un seul pourrait suffire tant il est marquant : Les Brigades du Tigre ! Eh oui, ça aussi c’est Bolling ! Citons encore La Garçonne ou Le Clan…  Avec Jean-Christophe Averty Inventeur d’un genre nouveau… L’expérience professionnelle et les succès confèrent à Claude Bolling une autorité incontestée parmi ses collègues musiciens, lui permettant de travailler avec les plus grands noms de la profession, toutes musiques confondues. Il invente ainsi une forme nouvelle d’expression, sorte de patchwork musical, la « Crossover music », qui fait, sans les dénaturer, cohabiter, dans des pièces très organisées, les syntaxes du jazz et du classique. Sa Suite pour Flûte et Jazz Piano trio, écrite à l’intention de Jean-Pierre Rampal et enregistrée avec lui en 1974, connaîtra un immense succès aux Etats-Unis. Elle restera 530 semaines au hit parade (Billboard) et obtiendra les disques d’or et de platine (record mondial de ventes du disque classique). L’expérience se reproduira par la suite avec Alexandre Lagoya, Pinchas Zukerman, Maurice André, Yo-Yo Ma, l’English Chamber Orchestra, Patrice et Renaud Fontanarosa, Marielle Normdann, Guy Touvron, Eric Franceries…   En 2006, Sony BMG autorise pour la première fois les éditions Frémeaux & Associés à éditer pour l’Europe les plus grandes productions américaines de Claude Bolling (avec entre autres Maurice André, Alexandre Lagoya, Jean-Pierre Rampal, Yo-Yo Ma, accompagnés par Daniel Humair et Guy Pedersen)   Ci-dessous avec Lionel Hampton Retour aux sources… Le talent de Claude Bolling a pu s’exprimer dans toutes les formes d’expression musicale. Cependant, l’homme reste dans son tréfonds, un musicien de jazz qui continue à vibrer pour un solo de ragtime, pour un air de boogie, pour une orchestration de Sy Oliver. Le pianiste parfois s’efface et devient enfin chef, son rêve ellingtonnien d’un big band, qu’il organise et dirige depuis les années soixante-dix. Cette grande formation, composée de musiciens de très grand talent travaillant avec lui depuis de longues années, ne tarde pas à faire reconnaître ses qualités exceptionnelles. Le « Claude Bolling Big Band » a fêté son quarantième anniversaire en 1996 et à fait le tour du monde : invité aux Etats-Unis, en Asie, en Amérique du Sud, au Mexique… c’est partout un immense succès auprès d’un public large, conquis par le caractère populaire du jazz. Claude Bolling se fait alors serviteur des musiques de Duke Ellington, de Count Basie, de Jimmie Lunceford, de Glenn Miller… Ses albums sont le reflet de ce répertoire immortel, mais sont également l’occasion de présenter ses propres compositions écrites dans le respect d’une grande tradition. Il peut aussi accueillir les plus grandes personnalités du jazz, tels que les chanteurs Joe Williams, Carmen Mc Rae, Dee Dee Bridgewater, et les instrumentistes William « Cat » Anderson (tp), Dizzy Gillespie (tp), Jon Faddis (tp), Sam Woodyard (dm), Rhoda Scott (organ). Claude Bolling a même pu faire jouer ensemble son big band et celui d’Illinois Jacquet ou le Duke/Mercer Ellington Orchestra. Sa rencontre avec Stéphane Grappelli en 1991 dans l’album First Class (Django d’Or et Prix du HCF 1993) est l’une des grandes réussites phonographiques de ces dernières années. Claude Bolling est derrière Duke Ellington à la Gare du Nord La palette du talent de Claude « Bollington », comme l’avait affectueusement surnommé Boris Vian, s’est en 1996 élargie à la musique de scène, avec sa participation à la création en première mondiale sur la scène du Théâtre National de Chaillot de A Drum is a woman, la composition de Duke Ellington, son maître et ami. Parabole de l’histoire du jazz, créée par Duke sur une idée d’Orson Welles, A Drum is a woman avait été confiée à Claude Bolling par le maître en personne pour une adaptation européenne. Bolling s’acquitta de ce legs et créa le spectacle, jusqu’alors inédit, dans une mise en scène de Jérôme Savary – avec le concours de Manu Dibango. Pour célébrer le centenaire de Duke Ellington, Claude a re-créé, en 1999, une de ses œuvres majeure « A ton parallel to Harlem ». Et pour fêter le changement de millénaire, l’orchestre a mis Paris et le swing à l’honneur dans un album et un programme de concerts PariSwing.   FIAP 1984 Patrick Frémeaux producteur des concerts de Claude Bolling   Frémeaux & Associés, éditeur de Claude Bolling…  Ci-dessous avec Patrick & Jules FrémeauxA douze ans, Patrick Frémeaux baigne déjà dans la musique de Claude Bolling. A dix-sept ans, lorsqu’il organise ses premiers festivals de jazz, Claude est le seul artiste connu du grand public à accepter de jouer comme vedette. De cette aide substantielle allait naître une grande estime qui devait tout naturellement déboucher, à partir de 2001, sur la réédition totale des œuvres de Claude Bolling chez Frémeaux & Associés (éditeur muséographique de référence du groupe Frémeaux Colombini). A commencer par un coffret Rolling with Bolling qui regroupe les cinq premiers albums vinyles du Big Band. Evolution technique oblige The Victory Concert – Echoes of 1944-45 joué devant 300 000 personnes Place de la Concorde à l’occasion des 50 ans de la Libération de Paris ressort en DVD, suivi de la suite pour Flûte et de First Class. Fin 2004, un « Collector » voit le jour qui rassemble des enregistrements 78 tours de 1948 et ceux de son premier Big Band constitué pour le Club Français du disque.   Ci-dessous : Irène, Claude Bolling, Brigitte Bardot et Don ByasAujourd’hui, Claude Bolling occupe, par son rayonnement personnel, le rôle d’ambassadeur itinérant de la France dans le monde. En hexagone, son big band a joué un rôle décisif dans la formation de certains de nos plus grands jazzmen qui ont tous commencé chez lui : Claude Tissendier, Jean-Louis Chautemps, Stan Laferrière, Gérard Badini, Michel Portal, etc.  Il œuvre à la reconnaissance du jazz et de sa tradition, comme l’ont fait les deux grands maîtres français, Django Reinhardt et Stéphane Grappelli. Dernier grand jazzman européen, il incarne, pour quatre générations en simultané, la relecture européenne du grand répertoire de la culture américaine, traité avec l’expression de l’esthétique européenne. Cinquante ans après ses débuts, l’orchestre reste le plus représentatif du patrimoine bâti de l’histoire du jazz classique et fête son jubilé avec sa tournée 2006-2007, dont le coup d’envoi a été donné lors d’une semaine époustouflante passée sous les hospices du Jazz Club Lionel Hampton, où Claude Bolling, pour l’anniversaire des cinquante ans de son Big Band, a été élevé par la République au rang de Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres. La carrière phonographique de Claude Bolling est entièrement disponible dans le monde entier au catalogue Frémeaux & Associés, avec déjà 50 CDs et 3 films DVD. Benjamin Goldenstein & Patrick Frémeaux © 2006 GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS© Frémeaux & Associés Biographie (Bio Claude Bolling)
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« Le big band de Claude Bolling ! Déjà, l’énoncé des musiciens ressemble à un Who’s Who du jazz en France : Cordelette et Maingourd à la section rythmique, Charlap à la guitare, Martinez, Bodet, Delakian et Slominski du côté des trompettes, les inséparables Vasseur et Paquinet, avec les Vilain, pour ce qui est des trombones. Quant aux saxes, flûtes et clarinettes, entre Portejoie, Tissendier, Schirrer, Mayoral, Villéger et Etève, il y a le choix. Les voix sont assurées par Maud et Marc Thomas, et, par-dessus tout ça, impérial, Claude Bolling au piano, à la direction et aux arrangements. Les séances des 13 et 14 juin 2000 qui virent la réunion de ce « One & Only Grand Orchestre National » de jazz, comme l’écrit joliment et justement Jean-Christophe Averty dans les liner notes, sont exemplaires de ce que peut donner un big band qui claque et qui sonne et qui n’est pas là pour épater la galerie, que rien n’épate plus. Un CD consacré à la chanson française, la populaire, celle de Trenet, Gainsbourg, Jonasz, Salvador, Scotto, Aznavour, Kosma et Bolling, plus, en cerise sur le gâteau, la «Marseillaise » jazzée en souvenir d’un certain Django Reinhardt qui l’avait précédé dans « Echoes of France », au grand dam des mirlitaires. C’est impeccable, swinguant en diable, tonifiant, cela vous donne une pèche pour la semaine. C’est Bolling, quoi ! » Michel Bedin - JAZZ HOT Supplément compacts n° 644
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Michel Jonasz, dont Claude Bolling reprend un titre (La boîte de jazz), a intitulé l’un de ses disques « La fabuleuse histoire de Mr Swing ». Mr Swing… Quoi qu’on en dise, Claude Bolling pourrait fort bien prétendre à ce titre, dans la catégorie « big-band hollywoodo-basiens avec chanteurs », ce qui n’a rien d’ironique, les plus grands (Basie, Ellington et d’autres) n’ayant pas dédaigné cette formule. Les arrangements sont pour la plupart swinguants à souhait, les instrumentistes impeccables, le répertoire est d’un classicisme de bon aloi (La Mer, Les Feuilles Mortes, Le Jazz et la Java…)[…]. Patrick POMMIER – JAZZ MAGAZINE
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Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Suivez Le chef
    Claude Bolling Big Band
    Claude Bolling
    00:03:08
    2000
  • 2
    La mer
    Claude Bolling Big Band
    Charles Trénet
    00:05:04
    2000
  • 3
    C'est si bon
    Claude Bolling Big Band
    Henri Betti
    00:03:42
    2000
  • 4
    Les feuilles mortes
    Claude Bolling Big Band
    Joseph Cosma
    00:05:04
    2000
  • 5
    Medley Paris bouquet: J'aime Paris au mois de Mai - Paris, je t'aime d'amour (Paris, Stay the Same) - A Paris - Il est 5 heures, Paris s'éveille
    Claude Bolling Big Band
    Charles Aznavour
    00:09:45
    2000
  • 6
    La Marseillaise (In Swing)
    Claude Bolling Big Band
    Rouget de l'Isle
    00:02:58
    2000
  • 7
    J'ai deux amours
    Claude Bolling Big Band
    Vincent Scotto
    00:03:07
    2000
  • 8
    Borsalino
    Claude Bolling Big Band
    Claude Bolling
    00:06:55
    2000
  • 9
    La Javanaise
    Claude Bolling Big Band
    Serge Gainsbourg
    00:04:07
    2000
  • 10
    Le Jazz et la Java
    Claude Bolling Big Band
    Jacques Datin
    00:03:08
    2000
  • 11
    Un homme et une femme
    Claude Bolling Big Band
    Francis Lai
    00:04:04
    2000
  • 12
    La chanson des jumelles (Les Demoiselles de Rochefort)
    Claude Bolling Big Band
    Michel Legrand
    00:03:58
    2000
  • 13
    Syracuse
    Claude Bolling Big Band
    Henri Salvador
    00:03:21
    2000
  • 14
    Que reste-t-il de nos amours
    Claude Bolling Big Band
    Charles Trénet
    00:05:35
    2000
  • 15
    La boite de Jazz
    Claude Bolling Big Band
    Michel Jonasz
    00:04:02
    2000
  • 16
    Ménilmontant
    Claude Bolling Big Band
    Charles Trénet
    00:03:36
    2000
  • 17
    Y'a d'la joie
    Claude Bolling Big Band
    Charles Trénet
    00:04:03
    2000
Livret

Claude Bolling Big Band : C’EST SI BON

Claude Bolling Big Band : C’EST SI BON
Nouvelle édition de PariSwing (Made in France)
par Jean-Christophe Averty

Une chanson, c’est parfois peu de choses... et pourtant, cet art que Serge Gainsbourg qualifiait de “mineur” est devenu “majeur”. De la chansonnette fredonnée au coin d’une rue au succès commercial, les grandes chansons ont une histoire, une vie, une âme; elles sont notre mémoire populaire. Maurice Chevalier, Charles Trenet, Charles Aznavour ont toujours voulu associer les paroles françaises aux rythmes du jazz. Ainsi, Boris Vian “jazz complice” de Claude Bolling lui a permis d’entrer dans le monde de la chanson et d’assurer la direction musicale des grands noms des années soixante. Après la chanson américaine, la chanson française est la plus internationale du monde : Les Feuilles Mortes, C’est si Bon, La Mer sont les musiques les plus jouées hors de France et les français eux-mêmes apprécient aujourd’hui davantage les chansons “Made in France”. Pour fêter le 3e Millénaire, Claude Bolling et son Big Band ont choisi de marier la Chanson et le Jazz, dans un programme populaire et swingant! Tel est le texte, du, n’ayons pas peur du mot, “One & Only Grand Orchestre” national, qui à mordicus, défend et illustre cette “curieuse zizique aléatoire”, venue des Amériques réveiller notre ancien Monde, à l’aube du dernier siècle du 2e Millénaire, que reçurent au début de l’An 2000, MM. les organisateurs de concerts et de festivals, les managers de salles de dancing, de night-clubs, de restaurants, et autres lieux de réunion, publics ou privés, de “gens/people”, de bonne compagnie, donc amateurs de jazz...
Je n’ai Rien à y ajouter pour préfacer le livret d’accompagnement de ce nouveau “DC” (Disque Compact) du Maestro Bolling : “pariSwing”, “made in france”. Sinon que lorsque je viens entendre le valeureux “boucan” de Claude, de sa formation de 16 solistes, “16! - count’em! - 16!”, j’éprouve toujours un indicible plaisir à “en prendre plein les oneilles”! Ma joie (“Y’en a d’la”) à voir alors les enthousiastes et talentueux responsables de ce “bruit” roboratif et tonifiant se comporter sur scène, n’est pas moins extraordinaire! Quel “ensemble”, - que “combination”, “what a combo!” -, Monsieur Dubol (Dubol et Dubolette : surnoms affectueusement donnés par Brigitte Bardot à Claude et Irène Bolling) a réuni là, et ce depuis quatre décennies, sans jamais faillir à son initial propos : celui de généreusement dispenser du bonheur!
                     Oui, pour sûr, suivons le chef!
                     Pardon : Yeah! do follow the leader of the (big) fanfare!
Les inconditionnels passionnés de la “françoise” chansonnette, et les “fans of syncopations” ne sauraient blâmer un cinglé de music-hall, - le music-hall, lieu magique où sont nés, à l’exception notable de notre hymne national -, “ninety nine per cent” des titres retenus par Claude Bolling -, de leur fournir une profusion démentielle d’informations sur les où ? quand ? comment ? par qui ? furent écrits, composés et créés, ces “evergreens” depuis bien longtemps inscrits au firmament du hit parade, et “revisited” par le C.B.B.B. (Claude Bolling Big Band), les mardi 14 et mercredi 15 juin 2000, au Studio Davout, sous la direction technique de l’ingénieur du son de sa Gracieuse Majesté, venu spécialement de Londres, John Timperley.
•••••••••
1. SUIVEZ LE CHEF 
Claude Bolling (Sacem : 14 novembre 1974, 23 février et 16 décembre 1976 - Éditions Caïd, Paris)
    - “Suivez le chef!” 
- “Et comment!” 
- “No, comment?” 
- “No comment.”
Une précision, cependant, pour ceux et celles, - oui, il se trouve que des Dames et des Demoiselles se passionnent pour la discographie, discipline majeure de l’activité intellectuelle (!) -, qui collectionnent tous les enregistrements signés par Claude Bolling, de son premier 78 tours, (28 mai 1948), à son plus récent CD (juin 2000), celui que vous écoutez présentement...
Cette mouture de Suivez le Chef, - titre explicite s’il en fut jamais! -, fut magnétophoné fin 1974, à la faveur d’une Jazz Party où le piano de Claude Bolling dialogue avec le Show Biz Band, et dont les riches éclats sonores furent recueillis par Claude Ermelin pour Yves Chamberland, en un microsillon CY 3003. Suivez le Chef est une composition qui n’a jamais fait l’objet d’une réédition en disque laser, redécouvrez-le sans retard!


2. LA MER 
Paroles de Charles Trenet et Raoul Breton alis Beher, Mélodie de Charles Trenet et Albert Lasry (Sacem : 3 avril 1946 - Éditions Raoul Breton, Paris)
Une lame de fond. Proverbe : “la plus récente version de La Mer, - les services de la SACEM en ont re­censé près de 500 (!) - est toujours la meilleure”. La calme déferlante sur laquelle surfe, au “tempo di bounce”, le C.B.B.B., confirme l’élémentaire évidence de cette vérité, bien digne de la “Sagesse des Nations”. Serait-ce l’orchestrale “Grande Marée” de deux siècles, l’Ancien Vingtième et le Nouveau? A signaler les solos de saxophone ténor et de trompette et le maelström provoqué par la section des anches, menée par la clarinette. La petite histoire de La Mer n’est pas simple. Insondable, certainement. Charles a-t-il entonné La Mer tout juste après la Libération de notre capitale lors d’un gala caritatif organisé au profit des œuvres des F.F.I. du 12e Arrondissement ? Ou bien, est-ce Roland Gerbeau qui l’essaya le 17 octobre 1944 au cinéma Lyon-Pathé, au cours d’un tour de chant donné cette fois au bénéfice des familles de policiers de ce même arrondissement ? Quoi qu’il en soit, il est clair que Trenet a donné à Gerbeau l’autorisation d’inscrire La Mer à son répertoire. C’est un privilège dont Roland a déjà apprécié les honneurs que celui de pouvoir roder les œuvres du Maître... N’a-t-il pas obtenu la permission de graver, bien avant Charles, Que rest-t-il de nos Amours ?(15 février 1943) et Douce France (6 mai 1944) ? Bref, Charles Trenet, accompagné par Albert Lasry et Son Orchestre, se décide à immortaliser dans la gomme-laque, “sa” Mer le 19 mars 1946, pour la compagnie Columbia, au retour d’un long séjour en Amérique du Nord et en vend par milliers, au cours du premier été de la Paix retrouvée. Nul n’est censé, de par le monde, ignorer la suite des aventures de ce “French standard”, au pays de
l’émerveillement.


3. C’EST SI BON 
Paroles d’André Hornez - Musique d’Henri-Ange Betti (Sacem : 16 août 1947 - Éditions Paul Beuscher, Paris)
Il était une fois... la France libérée, et les Jours Heureux de retour, l’ex-pianiste accompagnateur toute l’Occupation durant de Maurice Chevalier, le compositeur Henri-Ange Betti, né à Nice le 24 juillet 1917 - treize ans avant Claude Bolling ! - se promenait en juillet 1947 sur le Cours Massena en sa Bonne Ville, lorsque soudain lui trottèrent dans le ciboulot, les trois premières notes d’un “petit fox” enjoué : “Tiens tiens, voici un bon départ” se dit par devers lui Henri Betti. Et d’en achever la mélodie et de monter à Paris pour proposer à son ami, le célèbre parolier André Hornez, d’en écrire les lyrics et d’en choisi, avec lui, - entre dix autres moins bien sonnants - le titre : C’est si Bon. Au mois d’août, les deux complices et Roger Seiller, directeur des Éditions Beuscher, déclarent leur ”bébé” et offrent immédiatement la chanson à Édith Piaf.
        - “Ce n’est pas pour moi !”
        - “Non ?”
        - “Non, mais courez vite la faire entendre à Yves Montand, il cherche du “matériel” et celui-ci lui plaira!”
Yves s’entiche aussitôt de C’est si Bon, mais “oublie” de l’inclure dans son tour de chant au Théâtre de l’Étoile du 9 octobre 1947... Grosse déception ? Tant pis pour lui. Les Sœurs Étienne accompagnées par Raymond Legrand et Son Orchestre, s’empressent de tourner ce qui est en quelques semaines, devenu un vrai “tube”, selon l’expression que vient de forger Boris Vian pour la Compagnie Internationale Decca. Résultat : Yves Montand, - qui un temps s’est mordu les doigts après avoir “raté le coche” - ensillonne de bon cœur, C’est si Bon le 7 mai 1948 pour Odéon et “Satchmo” fait un sort enviable (adaptation de Jerry Seelen / Leeds Music Corp. NY) au “petit fox” d’Henri Betti et André Hornez, le 28 juin 1950, pour Decca. Claude Bolling Big Band et son crooner Marc Thomas ont accompli en ce présent CD, mieux qu’une “B.A.” : ils n’ont pas manqué de nous donner à déguster tout le “Ça, qu’est bon” d’un met apprécié depuis un demi-siècle par quelques quatre cents gourmets, artistes interprètes. Un régal.


4. LES FEUILLES MORTES 
Paroles de Jacques Prévert - Musique de Joseph Kosma (Sacem : 27 février 1946 - Éditions Enoch & Cie, Paris)
Composée pour les besoins d’un ballet Le rendez-vous (livret de Jacques Prévert), créé par la Compagnie Roland Petit au Théâtre Sarah Bernhardt et dansé quatre fois les 15, 17, 19 et 21 juin 1945, la valse de la désespérance des Feuilles Mortes retient l’attention de Marcel Carné, qui alors sur un scénario du poète de Paroles, prépare son film - annoncé comme l’événement de la prochaine saison cinématographique - :Les Portes de la Nuit. Lorsque ce chef-d’œuvre, scandaleusement éreinté par la critique, est projeté au Marignan le 3 décembre 1946, le public, dérouté par le pessimisme de l’intrigue et sa moralité : “Il n’y a pas d’amour heureux”, thème pourtant développé avec bonheur par le couple Prévert-Carné dans Les Visiteurs du Soir (5 décembre 1942) et Les Enfants du Paradis (22 mars 1945) ne dément pas les aristarques ; il boude la caisse de la plus prestigieuse salle des Champs-Elysées. Les Portes de la Nuit sont un cruel échec commercial auquel ont pu échapper Marlène Dietrich et Jean Gabin, initialement pressentis pour tenir les rôles majeurs de l’aventure... Le temp n’est plus, au lendemain de presque six ans de guerre mondiale, à la déprime - fut-elle sublime - et les français n’entendent pas que leur soient remémorées, les heures sombres de l’Occupation et del’Épuration, et aussi “le terrible hiver qui suivit le magnifique été de la Libération”. Le naufrage des Portes de la Nuit n’incite guère Yves Montand à retenir Les Feuilles Mortes au program e de sa 4e apparition depuis 1945 au Théâtre de l’Étoile le 8 octobre 1947. Tout se passe comme si Yves voulait oublier cette chanson, qui pourtant lui ressemble tant... Au début de janvier 1948, Cora Vaucaire, interprète jugée intellectuelle, grave la toute première version phonographique des Feuilles Mortes et remporte, contre toute attente, un succès d’estime considérable. Yves va bientôt ne plus avoir qu’une idée en tête : rentrer en possession de ce qu’il estime “être son bien”. Six mois plus tard, il impose triomphalement Les Feuilles Mortes, avenue de Wagram, du 18 novembre 1949 au 12 janvier 1950. Claude Bolling qui lui aussi, sur la manière dont il faut “jazzer” une chanson “en connaît un rayon” (de soleil), a eu raison de demander à Maud de détailler en français et en anglais, le refrain de Autumn Leaves, adaptation de Johnny Mercer, Ardmore Music Inc. NY, 1947 & 1950 -, avec précision et retenue, cette prouesse de la verve et du génie inventifs de Jacques Prévert et Joseph Kosma.


5. PARIS BOUQUET - J’aime Paris au mois de Mai 
Paroles de Charles Aznavour - Musique de Pierre Roche et Charles Aznavour (Sacem : 7 mars 1951 - Éditions Raoul Breton/Charles Aznavour, Paris)
Créée tardivement par Charles Aznavour, soit lors de son 2e passage en tête d’affiche à l’Olympia le 2 juin 1955, soit à l’occasion de son acclamée apparition à l’Alhambrea le 2 mars 1956, et enregistrée par lui en septembre suivant.?Les airs particulièrement biens venus et heureux, n’ont point de souvenirs, mais ne s’oublient pas.
Paris, je t’aime d’amour /?Paris, Stay the Same 
Paroles de Clifford Grey - Musique de Victor Schertzinger / Adaptation : Batille-Henri (Copyright, LoC. : 8 & 11 novembre 1929 - Famous Music Corp.?N.Y.-Sacem : 22 avril 1930 - Éditions Francis Salabert / S.E.M.F.A., Paris)
Question respectueusement posée à mon ami Claude Bolling :
       - Est-ce là une chanson française ?
       - Non ?
       - Eh, non ! Ou si tu préfères “Oui-Non” ! ou “Oui-Oui-Non-Non” !
      - De toutes manières, c’est une “chanson du monde” !
      - Certes, mon cher Claude ! but in English !
      - In French, also ! De plus, ce “cri du cœur”, en connais-tu beaucoup d’une telle sincérité, J.-C. ?
      - Non, Claude, tu as raison (comme d’habitude)…
Paris, Stay the Same, lancée, propulsée par Maurice Chevalier dans son 2e film pour Paramount Pictures, The Love Parade (co-staring Jeanette MacDonald) réalisé par Ernst Lubitsch (son 1er “parlant”), projeté au Criterium Theatre de New York le mardi 19 novembre 1929 en V.O., souleva les mêmes houles qu’à Broadway, lorsqu’il fut proposé à la curiosité des chalands des Grands Boulevards sur l’écran géant du Théâtre Paramount, en “V. Franglaise” (!), le vendredi 25 février 1930, dans Parade d’Amour, sous le titre de Paris, je t’aime d’amour.
A Paris 
Paroles et musique de Francis Lemarque (SACEM : 2 septembre 1948 - Éditions du Chant du Monde / S.E.M.I., Paris)
Sempiternelle anecdote… Pierre Saka, dans son histoire de La chanson française à travers ses succès (référence Larousse, Paris 1988) écrit, certainement à bon escient : “Quand Francis Lemarque montre cette chanson à Yves Montand, ce dernier est loin d’être enthousiasmé.?Et c’est aussi l’avis de son entourage, car cette mélodie n’est pas “carrée”, ce qui veut dire en langage professionnel, qu’elle est en dehors des normes habituelles.?Mais une fois de plus, le goût du risque, cher au fantaisiste, fera triompher, ce qui n’est pas commun.”
Moralité :
a) Il faut se méfier de l’avis de son entourage, les conseilleurs, - même lorsqu’il s’agit de musiciens de la qualité d’Henri Crolla et de Robert Castella ! - ne sont pas les chanteurs.
b) “Pas carrée” ? Francis Lemarque, dans A Paris semble être parvenu à résoudre le délicat problème de quadrature du cercle, d’un thème comptant 15 et non pas 16 mesures à 3 temps… Certains blues africains-américains en assemblent parfois 11 ou 13, au lieu des 12 traditionnelles, et nul n’y a jamais trouvé à redire, mais ici Claude Bolling l’a remise au carré.
c) Le risque pris par Yves Montand n’était donc pas bien grave… Une fois qu’Édith Piaf l’eut habilement persuadé qu’A Paris était bien pour lui, notre homme s’empressa de l’interpréter et de la phonographier, accompagné par Bob Castella et Ses Rythmes.
Le refrain était déjà dans toutes les oreilles lorsqu’Yves le proposa à ses fidèles de l’A.B.C., du 13 au 26 mai 1949, du Club des Champs Élysées, du 1er juin au 31 juillet de la dite année, et “in fine”, du 18 novembre au 12 janvier 1950, au Théâtre de l’Étoile… Les tubes ont des secrets, que la “mesure” ignore !
Il est cinq heures, Paris s’éveille 
Paroles d’Anne Ségalen et Jacques Lanzmann - Musique de Jacques Dutronc (SACEM : 17 juin 1968)
“Les ouvriers sont déprimés, Les gens se lèvent ils sont brimés”… Les Lyrics de Paris s’éveille, nonchalants et moqueurs, n’évoquent en rien les “évènements” (mai 1968) qui viennent de secouer et tarabustent encore la capitale et les grandes métropoles régionales.?L’auteur de Mémoire d’un Amnésique et Anne Ségalen avaient dû boucler leur devoir bien avant que l’on ne dépave le Boul’Mich, la rue Saint-Jacques et la rue Gay-Lussac, et que n’éclate le “pétard” du “grand chamboulement soixante-huitard”.


6. LA MARSEILLAISE (IN SWING) 
Paroles et (?) musique de Claude Joseph Rouget de Lisle, capitaine au génie, en garnison à Strasbourg, de l’Armée du Rhin, du Royaume de France. Écrite et (?) composée dans la nuit du 25 au 26 avril 1782, à la demande de M.?Dietrich, maire de la Ville, et créée le 26 au soir, soit par l’auteur, soit par l’édile accompagné(s) au clavecin, dans un salon de la Mairie, en présence de quelques officiers. La France vient alors de déclarer imprudemment la guerre à l’Autriche et à la Prusse, le 20 avril précédent, et la nouvelle en est parvenue à Strasbourg, le 25…
Dédié au Maréchal Lukner, le Chant de guerre pour l’Armée du Rhin publié au début de mai par Philippe J.?Dannbach, libraire strasbourgeois, est chanté à Marseille par un dénommé Mireur, avec grand succès, au cours d’un “banquet civique”, donné le 25 juin, en l’honneur des volontaires en partance pour l’Est. Le lendemain, le Journal des Départements Mériodionaux en reprend le texte et la mélodie. Un exemplaire en est donné à chacun des futurs combattants.?Ceux-ci connaissent l’hymne “par cœur” lorsqu’ils arrivent à Paris, vers la fin de juillet.?Ils ont l’occasion de la vociférer dans les oreilles de Louis XVI qui, traqué par les “tape-dur” du Faubourg Saint-Antoine, est ce jour-là, destitué de tout pouvoir. Immédiatement, le Chant de Guerre pour l’Armée du Rhin est réédité à Paris sous le titre de Marche des Marseillais, chez Bignon.?Il existe de très gros livres de plusieurs centaines de pages traitant des origines de La Marseillaise, dont la parternité a souvent été contestée à Rouget de Lisle, semble-t-il à tort.
Est-ce vrai ? Firent paraît-il grève, ou pour le moins refusèrent de procéder au pressage du sillon gravé à Londres le 31 janvier 1946 par Django Reinhardt et le Quinette du Hot Club de France, avec Stéphane Grapelli renfermant en sa spire Echoes of France certains ouvriers de l’usine Pathé-Marconi de Chatou, Seine et Oise, lorsqu’ils apprirent que ces “Echos”-là consistaient en une adaptation, respectueuse, certes, mais “très hot”, de La Marseillaise… Quelle idée avaient donc eue ces “Jazzeurs”, de se livrer à cette “agression” improvisatrice, fut-ce même dans l’ivresse et la joie éprouvées par Django et Stéphane, que de se revoir et retrou­ver après un lustre de séparation ? Quelques palabres, inutiles… le disque Swing SW.229 finit par être distribué, au début de 1947. Trente huit ans après, le samedi 13 juillet 1985, Claude Bolling Big Band se produit au Jazz Club de l’Hôtel Méridien à la Porte Maillot.?Estimant qu’à la veille de la célébration de la Fête de la Prise de la Bastille, il convient de jouer La Marseillaise - beaucoup de citoyens américains sont dans la salle et ne peuvent qu’en être heureusement surpris ! - l’Orchestre exécute, - “garde-à-vous, fixe !” - l’arrangement du Patron, qui ne sera enregistré qu’en 1991. Il n’est pas certain que s’ils avaient été dirigés par Philippe Parès, Chef de la Musique de la Garde Républicaine aux alentours de 1900, le Big Band eût “swingué” notre “National Anthem” avec plus de fougue que sous la souriante et patriotique autorité de Claude Bolling. Question : a-t-on jamais entendu une version jazzée de The Star Spangled Banner ?


7. J’AI DEUX AMOURS 
Paroles de Géo Koger et Henri Varna - Musique de Vincent Scotto (SACEM : 22 juillet 1930 - Éditions Francis Salabert, Paris)
Créée par Joséphine Baker (rôle de d’Ounawa) et Adrien Lamy (rôle de Tamanaé) en conclusion d’un sketch “colonial” de la revue Paris qui Remue, représentée au Casino de Paris, le vendredi 26 septembre 1930 et qui tint l’affiche, rue de Clichy, plus d’un an durant.
Maud a la part belle dans l’arrangement en boléro de cette “Habanera”, de l’un des deux plus grands succès que Vincent Scotto écrivit - avec La Petite Tonkinoise - pour celle que Paris, stupéfait, découvrit le vendredi 2 octobre 1925 dans Une Revue Nègre au Théâtre des Champs-Élysées.?Maud duotte joliment avec le Big Band, en vocalisant le subtile contre-chant, jadis dévolu à Adrien Lamy.
Les admirateurs de Joséphine Baker - ils sont toujours nombreux - ne peuvent que se réjouir d’entendre Maud évoquer à merveille, la voix de Joséphine, sans jamais imiter servilement ses cristallines inflexions qu”un disque 78 tours, maintes fois reproduit sur long playing et compact disc, nous a transmis en précieux héritage. La tentative était périlleuse, elle a pleinement réussi.


8. BORSALINO (version de concert) 
Musique de Claude Bolling (Initialement déclaré à la SACEM les 12 et 19 novembre 1969 sous le titre Il Pleut Toujours Quelque Part, cet “instrumental” demeuré inédit, devient Thème de Borsalino, les 11 et 25 mars 1970 - Éditions Bleu Blanc Rouge, Paris)
Si vous n’avez pas vu, - vous êtes sans excuse puisque vous pouvez vous procurer sur vidéocassettes -, les deux “feature films” et de forte fréquentation au box office, réalisés par Jacques Deray : Borsalino et Borsalino and Co, respectivement projetés en exclusivité les vendredi 20 mars 1970 (Rex, Cluny-Écoles, La Rotonde, Élysées-Cinéma, Ermitage, Paramount-Élysées, Paramount Grands Boulevards, Miramar) et mer­credi 23 octobre 1974 (Gaumont-Richelieu, Gaumont-Madeleine, Danton, La Rotonde), veuillez s’il vous plaît, lever la main ! Vous êtes puni ! Pour la peine - j’en connais de plus sévère - apprenez immédiatement, en 10 000 leçons faciles :
a) le solfège
b) le piano
Et déchiffrez, en souriant, les 64 mesures de Thème de Borsalino, sur le pataphysique clavier, de votre 88?notes. Quoi ? Vous la connaissiez déjà, vous l’aviez déjà entendue, cette contribution majeure du Professeur “Ragtime” Bolling, à l’Art cinématographique sonore et parlant ? Alors ! Votre souvenance, soudain ravivée, est la preuve irréfutable de la capacité de “survivance au temps qui passe”, de certaines belles plantes à feuilles persistantes, austrement nommées par les Anglois et les “Ricains”, “Evergreens”… Qui Borsalino est un “toujours vert”… Jacques Deray, qui a l’ouïe fine et du discernement, demande un après-midi de l’automne 1969 à Claude, de lui “trousser” quelques “fox-trot, dans le goût des Années 30, pour servir de leitmotiv à la nouvelle production qu’il concocte, un polar comac”, relatant les gestes et autres turpitudes de deux truands marseillais, “célèbres autant que redoutés”, (pas de noms : les flingues nous écoutent !) et dont les stars ne sont (!) que Jean-Paul Belmondo et Alain Delon.?Baissez la tête ! Les feutres blancs ou gris à large bord vont se transformer en passoires !
Bolling soumet à “son” metteur en scène, trois ou quatre thèmes.?Il lui donne aussi à entendre, la modulation d’une des deux pistes du dernier 45 tours qu’il vient de disquer pour la marque Biram (et les juke-boxes), sous le pseudonyme (prémonitoire ?) de Le Gang… : Il pleut toujours quelque part. Ah ! Il pleut, en effet, toujours quelque part, mais dans les oreilles de Jacques Deray, c’est l’orage : Éclairs ! Coups de Tonnerre ! Voilà ! C’est “ça” que je veux, pour Borsalino.?Exactement “ça” et rien d’autre ! Après la sortie de “the film” toujours sous le pseudonyme de Le Gang, le sillon Biram est pressé sur 45 tours Decca F 23038, AZ SG 159, London FC 819 et Colombia L 23076 et est rebaptisé sans qu’une seule note en soit changée : Thème de Borsalino… Un tabac ! Ensuite est galvanoplastifié, sur un beau 33 tours Paramount C.064-10818, sous licence des Industries Musicales et Électriques Pathé-Marconi, l’entièreté de la “colonne sonore” de la “prouesse”, qui bat des records d’entrée ; face A, plage 7 : Thème de Borsalino ; face B, plage 6 : Borsalino Blues…
Claude Bolling ignore vraiment combien de fois il a pu interpréter dans tous les styles possibles, voire impossibles, son “fox-trot” qui aurait mérité de s’intituler originellement Il fait toujours beau quelque part… Le 25 novembre 1995 quatre lustres et plus, après la présentation de Borsalino and Co, un Borsalino Slow, un Borsalino Swing revigorèrent la vénérable “scie”, Claude Bolling Big Band (à Titre Seigneur, Tout Honneur), magnétophonait pour illustrer un CD?Milan 74321 68705-2 : Cinemadreams, une version de concert de Borsalino reprise dans le présent disque laser. Claude Bolling tape sur sa commode avec maîtrise, tendresse et sentiment… Quelle intro !


9. LA JAVANAISE 
Paroles et musique de Serge Gainsbourg (SACEM : 8 et 11 octobre 1962)
Éditions Tutti /?Warner Chappell France / Melody Nelson Publications. Serge déclare à la SACEM, le même jour et sur le même bulletin, Chanson pour Tézigue et La Javanaise… Bien. Quelques semaines plus tard, Brigitte Bardot, François Chatel et Claude Bolling - la belle équipe ! - qui s’entendent comme “larrons en fête” décident d’offrir aux téléspectateurs de la première et unique chaîne (noir et blanc) de la R.T.F., un somptueux One Woman Show d’une heure, - A vos souhaits - le mardi 1er janvier 1963 à 20 h 30.?Gainsbourg leur propose quelques nouveautés de ses cartons… Celui qui prometd’être le plus atypique des auteurs-compositeurs-interprètes, leur “refile” trois chefs-d’œuvre : Faut avoir vécu sa Vie qui deviendra Je me donne à qui me plaît, L’Appareil à Sous, La Javanaise donc, et en prime, l’argument d’un ballet La Belle et le Blues que Claude s’empresse de mettre en musique.
Ce n’est pas le matériel qui manque à cette “jolie bande des trois” ! Brigitte, après avoir longuement hésité, retient L’Appareil à Sous, Je me donne à qui me plaît et renonce à regret à La Javanaise… Quel beau dommage ! Claude Bolling m’a souvent déclaré qu’il regrettait beaucoup de n’avoir pas insisté pour que La Javanaise, - Serge Gainsbourg l’enregistra à Londres le 2 janvier 1963 - figure au menu de cette réjouissance électronique de rare qualité. Voilà, sa revanche prise et gagnée.?Et de quelle manière ! Puisse-t-il “ne pas vous en déplaire”.
Le C.B.B.B. et Marc Thomas ne pouvaient mieux saluer Gainsbarre qu’en reprenant les termes et les accents de cette valse cynique et désespérée… Chapeau !


10. LE JAZZ ET LA JAVA 
Paroles de Claude Nougaro - Musique de Jacques Datin (SACEM : 3 et 5 avril, 5 et 22 juin 1962 - Éditions Bagatelle, Paris)
Créée, - comment pourrait-il en être autrement ? - par Claude Nougaro au Montmartrois Cabaret du Lapin Agile, Le Jazz et la Java, quant à la ligne mélodique de son couplet, est redevable de 12 mesures au Menuet en Ut de François Joseph Haydn, œuvre depuis belle lurette tombée dans l’Enfer du Domaine Public, et en ce qui concerne celle de son “très casse-gueule” refrain, à Three to get ready, and four to go (Jerry Music Company, Inc. NY), composé par le pianiste “modernist & progressive”, Dave Brubeck, pièce qu’il a disquée avec son remarquable quartet.
Dès l’apparition chez les disquaires à la rentrée de 1962 du tout premier “extended play” 45 tours Philips 432728 BE de Claude Nougaro sur lequel se trouve ensillonné avec Le Cinéma, Les Don Juan et Une Petite Fille, Le Jazz et la Java, le métier tout secoué qu’il soit par les coups de marteaux-piqueurs du Rock’n?Roll se rend vite compte qu’un événement hors du commun est survenu, et qu’il va falloir désormais compter, bon gré mal gré, avec ce “petit nouveau”, inclassable, insaisissable, à l’inquiétant et dérangeant répertoire.
L’Aventure Nougaro se poursuit heureusement toujours. On devait pourtant se douter, voilà quarante ans, que celle-ci laisserait trace de grands moments jazzistiques : Sing Sing Song (1966), Armstrong (1969), La Java du Diable (1974, re-création d’un “Grand Cru Trenet” millésimé 1954), Nobody Knows, Autour de Minuit (1978), Bleu Blanc Blues, Sa Majesté le Jazz (1985), Nougayork, Rhythm Flouze, Harlem (1987), Stances à New York (1989)… et encore, - oui ! - le volontairement imbécile et génial Pouet-Pouet (1974), de Maurice Yvain et André Barde, lancé en 1929 par Georges Milton.?Pouet-Pouet ! Une onomatopée qui, n’est-ce pas Claude Nougaro, n’est-ce pas Claude Bolling ?, règle en deux coups de klaxon, tous les problèmes que nous pose sans cesse “le mal qu’il y a à vivre” : amour, fric, mort, rêve. Quand le jazz est là, le Claude Bolling Big Band force la java à radiner. Et fissa ! Il tricote l’orchestration, signée par Philippe Portejoie, deux mailles à 3/4 - deux mailles à 4/4, avec une telle bonne humeur, qu’il en fait un malheur ! C’est la voix de Maud qui s’identifie à “La java”, et/ou au “jazz”, en cette étourdissante “rendition”.


11. UN HOMME ET UNE FEMME 
Paroles de Pierre Barouh - Musique de Francis Lai (SACEM : 8 juin et 24 août 1966 - Éditions Saravah, Paris)
Duottée par Nicole Croisille et Pierre Barouh dans la colonne sonore de l’œuvre homonymique de Claude Lelouch, Grand Prix et Palme d’Or du Festival de Cannes, Oscar du meilleur film étranger pour 1966, projetée triomphalement le vendredi 27 mars, de cette “avant-vraie” dernière année des Happy Sixties sur les écrans devenus soudain “intelligents”, des cinémas Biarritz, Ursulines, Le Dragon et Impérial Pathé. Maud et Marc Thomas, “ba-da-ba-da-da-ba-da-ba-da-tent” à merveille, ces onomatopées des millions (des milliards ?) de fois entendues et qui ne “da-tent” pas, et ne dateront semble-t-il jamais… “Ba-da-ba-da-datent” aussi superbement, quitte à nous filer le blues, tout le C.B.B.B. et ses deux so­listes, au saxophone soprano et au saxophone baryton… Cette version d’Un Homme et une Femme est une “bulle de musique” bien ronde et transparente, le beau fruit mûr et moiré, d’une orchestration “bollingienne” qui roule et swingue !


12. LA CHANSON DES JUMELLES (LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT) 
Paroles de Jacques Demy - Musique de Michel Legrand (SACEM : 11 mars 1966 et 11 mai 1966, Éditions Michel Legrand / Éditions Francis Lemarque /?Warner Chappell France /?BMG?Publishing /?PFL)
Créée par Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, - respectivement “doublées” par Anne Germain et Claude Parent -, sages héroïnes de la comédie musicale de Jacques Demy, Les Demoiselles de Rochefort, présentée le mercredi 8 mars 1967 au Normandie, au Rex, à La Rotonde, au Cameo, au Danton et au Studio Marigny. Claude Bolling, qui lui ne s’embarrasse jamais de dates ni de considérations superfétatoires, - comment ne pas approuver la concision exemplaire de ses commentaires - a présenté voilà 4 ans, cette “pierre blanche de la chanson envolée des écrans”, lorsque le Big Band la grava en novembre 1995 pour Cinémadreams, titre générique d’un CD Milan 74321 68705-2, en ces termes : “Dans les années soixante, au moment même où la mode délaisse Fred Astaire et Gene Kelly, deux français, Jacques Demy et Michel Legrand, inventent une nouvelle forme de cinéma musical, avec des œuvres comme Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort ou Peau d’Ane, pleines de préoccupations, d’inquiétudes (la guerre, la séparation, le destin), à peine masquée par une légèreté et une joie de vivre revendiquées. Cherchant pour cet album, le thème d’un film rapide et swing, j’ai pensé à La Chanson des Jumelles des Demoiselle de Rochefort composée par Michel Legrand.?L’orchestration est bâtie autour d’un duo sax alto/trombone évoquant le spirituel tandem Catherine Deneuve/Françoise Dorléac.” Vous savez tout.


13. SYRACUSE 
Paroles de Bernard Dimey - Musique d’Henri Salvador (SACEM : 24 janvier 1961 - Éditions Henri Salvador /?Première Music Group, Paris)
Maud, discrètement accompagnée par Claude Bolling Big Band, interprète “Sweet, Soft and Lovely”, ce slow qui demeure l’heureuse réussite de l’éphémère collaboration du vrai poète que fut Bernard Dimey et de l’habile mélodiste, guitariste, auteur, chanteur, “entertainer” et membre du Collège de Pataphysique (Commandeur Exquis de l’Ordre de la Grande Gidouille), l’ami rieur, tendre et sensible : Henri Salvador. Gardons en mémoire, que Jean Sablon créa Syracuse lors du 1er récital qu’il donna au Théâtre Daunou, trois semaines durant, à partir du vendredi 7 avril 1961, en compagnie de l’organiste Mario Bua et son orchestre, (Émile Stern - piano, Francis Lai - accordéon, Jean Bouchety - contrebasse, Léo Petit - guitare électrique, et Gus Wallez - batterie) et que celui qui fut “notre French Bing Crosby” l’enregistra le premier, avec la même formation, pour la Voix de son Maître (7 EGF?613) le 11 octobre suivant.?Le succès de cette gravure fit qu’Yves Montand inscrivit Syracuse au répertoire de son One Man Show du Théâtre de l’Étoile (représentation générale le mardi 13 novembre 1962) et qu’enfin Henri se décida, bon troisième, à disquer “son” tube pour Philips, avant que minuit ne passe à la trappe, la troisième année des Happy Sixties.


14. QUE RESTE-T-IL DE NOS AMOURS ? 
Paroles de Charles Trenet - Musique de Charles Trenet et Léo Chauliac (SACEM : 2 décembre 1941 - Éditions Francis Salabert, Paris)
Créée le mardi 10 mars 1942 par Roland Gerbeau et le Grand Orchestre de René Cloarec des Rythmes du Monde, - un titre bien de circonstance au beau milieu de la Seconde Guerre mondiale ! -, revue luxueusement mise en scène par Joe Poyet au Chantilly, l’un des plus chics cabarets de nuit, sis 10 rue Fontaine, qui a obtenu des Autorités d’Occupation et de la Préfecture de Police, l’autorisation de ne fermer ses portes qu’à l’aube, au mépris du Couvre-Feu, et que fréquentent dames et demoi­selles de peu de vertu, proxénètes, truands, trafiquants du Marché Noir, Zazous fortunés, person­nalités en vue de la presse, de la littérature, du Spectacle et des Arts, collabos de tout pol, agents en “rupture de service” de la Gestapo et officiers de haut rang des trois armes de la Reichwehr…
Certain qu’il “tient” désormais un grand succès, l’auteur de Je chante, Vous oubliez votre Cheval, Boum mais aussi La Vie qui Va et J’ai ta Main, reprend “sa” chanson dans laquelle il “pascalise” à ravir sur l’ennui, l’inconstance, l’inquiétude qui gâtent le plus clair de notre existence… Le “cher visage du passé” nous sourit, souvent tristement. Charles Trenet offre Que reste-til de nos Amours ? en première audition sur Radio-Paris, - en direct -, le dimanche 16 mai 1943, épaulé par Richard Blareau et son Orchestre, et l’enregistre enfin le 26 juillet suivant, accompagné par la formation de Léo Chauliac - le gratifiant professeur de piano de Claude Bolling -, pour Columbia. Dès le mois de novembre, la plaque cataloguée BF65 au revers de laquelle est subtilement instillé Si vous aimez…, se vend par milliers.
Quelques semaines avant le D-Day, Que reste-t-il de nos amours ??est sur toutes les lèvres.?Des musiciens “débutants”, par exemple, Claude Bolling (14 ans !), “révélation” du 7e Tournoi de Jazz Amateur, organisé par Charles Delaunay et le Hot Club de France le dimanche 4 janvier 1944, le joue “à la Fats Waller”, sur un piano droit de la Cave du H.C.F., rue Chaptal… En juillet, près de deux mois après The Great Desembarkation, Boris Vian et Claude Luter adoptent ce slow qui “broie les blues” et l’emburinent sur un disque souple… Claude Bolling a “laissé” la meilleure part de cette neuve version Big Band, d’un inoubliable standard français, - serait-ce notre As Times goes by, la ballade écrite et composée par Herman Hupfield en 1931, ravivée par Dooley Wilson dans le film Casablanca en 1942 - au trombone solo, à la guitare qui “djangote” à ravir et surtout à l’interprétation des ensembles.?Au fond, de nos amours, il reste tout. N’est-ce- pas ?


15. LA BOÎTE DE JAZZ 
Paroles et musique de Michel Jonasz (SACEM : 10 janvier et 15 mars 1985, 24 octobre et 14 novembre 1989 - Éditions CBS?Songs /?EMI?Songs France)
Il importe, lorsque l’on prétend, à l’exemple de l’humble rédacteur de ces notes, pétri de bonnes intentions, tout savoir sur tout, d’indiquer l’origine des sources de sa prétendue science infuse… C’est à la fois un devoir d’honnêteté, et aussi la moindre des politesses. La relecture passionnante de deux numéros de Chorus / Les Cahiers de la Chanson consacrés en bonne partie à Michel Jonasz, m’a permis de ne pas écrire trop de sottises sur la vie, l’œuvre, la carrière - encore que le mot soit détestable - de ce “sachant tout bien faire” que j’eus le plaisir d’accueillir sur le plateau 13 de la Société Française de Production et de Création Audiovisuelle (!) aux Buttes-Chaumont, dans une émission de variétés pas comme les autres, produite et animée par Pierre Bouteiller, l’Académie des Bas-Arts, diffusée sur TF1, le vendredi 3 septembre 1983.
Cette année-là, Michel Jonasz qui avait vraiment tout changé en 1975, clamé à haute voix en 1977 que le blues tuait Les Blues, avoué tout ce qu’il devait à la musique africaine-américaine en 1978 (Golden Gate), démontré par “AS + Z” que son nom ne rimait pas par hasard avec “Jazz” (Joueurs de Blues - 1981), venait le 26 février d’être nominé aux César, dans la catégorie meilleur 2nd rôle pour sa généreuse participation au film d’Élie Chouraqui Qu’est-ce qui fait courir David ? et de produire son 7e album long playing Tristesse (Atlantic/WEA Philipacchi Music 240090 - La Chanson qui défend l’Atmosphère, Rock à Gogo…) avant que de triompher à l’Olympia, du mardi 15 au dimanche 27 février et d’effectuer une longue tournée en France, en Belgique et en Confédération Helvétique.
Claude Bolling Big Band (fort de son “versatile” au sens anglo-saxon du qualificatif : “aux talents souples et multiples” chanteur Marc Thomas et de ses solistes) n’a pas eu à “montrer patte blanche ou noire” et à être soumis à l’amusante épreuve d’un examen de passage pour franchir, cinq lustres après Michel Jonasz, la Golden Door de l’idéale et sublime Boîte de Jazz où se hasarda, au clavier, un peu parti, un peu naze, pour oublier le cours de sa vie, et aussi pour en vivre le meilleur de ses instants, le futur autoproclamé Mister Swing à la Fabuleuse Histoire (Atlantic/WEA 42338-1 Grand Auditorium de Caen-Calvados, ven­dredi 18 et samedi 19 décembre 1987)… Vous pensez ! Claude et ses Parisians Swingers, autant d’authentiques MM.?Swing de premier choix, ont connu, ou connaissent ce qui furent ou sont heureusement encore les Jazzers légendaires, mythiques, répondant aux noms, prénoms et surnoms de Dizzy, Mingus, Peterson, Lionel, Scott Hamilton, Eddy “Lockjaw” Davis, Sir Charles Thompson, Charles ou John, Fraser McPerson, Mahalia Jackson, “Duke”… “Duke” ? “Yes Sir”, répondrait du la grave au dos supérieur de son “keyboard”, Claude Bolling.?“I knew him very well, he was The Boss, My boss… The Greatest” ! Le chef Dubol is never wrong. Suivons-le en cette appréciation tout à fait autorisée…


16. MÉNILMONTANT 
Paroles et musique de Charles Trenet (SACEM : 22 octobre 1937 - Éditions Raoul Breton, Paris)
Créée par Charles Trenet “in person” - décidément Claude Bolling and his Big Band ont juré d’honorer l’indiscutable, l’incontestable, l’incontournable, l’inévitable, et l’indispensable Roi de notre Music-Hall de l’Âge d’Or -, du vendredi 16 au lundi 31 juillet 1939, dans la Nouvelle Revue Déchaînée, sur les planches de l’A.B.C.
Lorsque le dernier rideau de ce spectacle fort bien accueilli par la critique, et mieux encore, par le plus exigeant des publics - celui des Grands Boulevards - tombe, chacun des spectateurs présents dans la salle dirigée par Mitty Goldin, se trouve bien qu’il n’en verra et entendra pas d’autres, d’une telle insolente etdé­sinvolte qualité, de si tôt… Un mois et un jour après, un Monsieur portant moustaches “à la Charlot”, mais bien moins rigolo que son modèle (!), qui depuis six ans braille sur la T.S.F. et fait beaucoup parler de lui à mauvais escient, donne l’ordre à ses troupes, d’envahir et de déchirer la Pologne. Le dimanche 3 septembre 1939, le Royaume-Uni et la IIIème République Française déclarent la guerre au IIIème Reich. La guerre…
C’est à ce moment-là, et “c’est là”, derrière le velours rouge qui ne bougeait plus de tous les musics-halls du monde, - “all the world is a stage…” isn’t it ? -, que le “bon vieux temps”, celui des Années 20, “folles”, rugissantes médira-t-on d’elles plus tard, et des Années 30 mélancoliques et finalement tragiques, à “laissé son cœur et son âme”… A-t-il seulement songé à les reprendre au Malin qui les lui déroba, voilà soixante piges ? Ray Ventura y su Orquesta de Jazz, exilé à Buenos Aires enregistrèrent la rengaine sur un rarissime disque Odéon, en songeant au sort ingrat qui venait d’accabler l’Ancienne Europe… Il se trouve que le Hasard, - il veille à tout et fait bien les choses -, a voulu que Claude Bolling, à l’instar de son grand aîné Raymond Ventura, choisisse de traiter Ménilmontant sur un tempo vif, - pour traquer le cafard et les blues qui rôdent toujours en cette chanson nostalgique -, à grands coups de Big Band et de clarinette.


17. Y’A D’LA JOIE 
Paroles de Charles Trenet et Raoul Breton - Mélodie de Charles Trenet et Michel Emer (SACEM : 9 avril 1936 - Éditions Raoul Breton, 3 rue Rossini, Paris)
Spécialement “troussée” pour Maurice Chevalier et lancée par Momo, tant sur la scène du Casino de Paris dans la 1ère version Paris en Joie le 10 février 1937, que sur la toile du cinéma de l’Olympia le 26 février suivant dans le film de Julien Duvivier : L’Homme du Jour. Gros succès, certes. Maurice enregistre Y’a d’la Joie le jour même de la Générale de Paris en Joie, mais dans les mois qui suivent, il en veut beaucoup au jeune auteur-compositeur-interprète, de ne pas tenir la promesse de lui en réserver l’exclusivité radiophonique et phonographique. Charles “disque” à son tour l’air joyeux le 18 janvier 1938 et le “sert à chaud” à l’A.B.C., le 25 mars suivant. Énorme triomphe ! Question de swing ? Probablement. Aucun doute en revanche sur l’excellence du balancement de la mouture du C.B.B.B. “S’envoient en l’air comme des fous” le chanteur Marc Thomas, le trombone, la trompette et la clarinette. Quant aux autres, ils ne demeurent pas “au ras des pâquerettes” et pratiquent eux aussi, collectivement, la haute voltige. BOUM ! Comment décrire “la belle” d’un feu d’artifice ? Est-ce seulement possible ? Y’a d’la Joie qui conclut ces 16 standards - plus quatre (ceux constituant le medley Paris Bouquet) faisant 20. “Made in France”, par le C.B.B.B., est une gerbe de sonores étincelles ! Elle crépitera “for ever and ever” en nos oneilles !
Claude Bolling et ses Pyrotechniciens ont réussi leur coup.?Un coup de Maestro !
7 septembre 2000 - Jean-Christophe Averty

© 2007 CLAUDE BOLLING - GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS
CD Claude Bolling Big Band : C’EST SI BON - Nouvelle édition de PariSwing (Made in France) par Jean-Christophe Averty © Frémeaux & Associés

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JEAN-CHRISTOPHE AVERTY / 5 JUIN 2003 (Bolling Story)

La toute première fois que j’ai vu et entendu Bolling c’était à la salle Pleyel en 1944, il arrivait de Cannes. J’avais 16 ans et j’ai vu arriver un petit bonhomme de 14 ans en culottes courtes. Il avait joué un morceau de Fats Waller, Snake Charmer. Par la suite, je lui ai posé chaque année la même question « Comment as-tu pu jouer, comme tu l’as joué, ce morceau de Fats Waller, à l’âge que tu avais ? C’était formidable ! »


Etre musicien-né comme l’est Claude, c'est-à-dire sans problème de lecture, ni d’écriture, et être assez habile avec ses mains, aurait été mon rêve. J’ai appris la musique de force, je savais qu’elle me servirait pour le métier que je voulais faire, à savoir réalisateur de télévision. Le temps a passé et en 1948 j’ai acheté les premiers disques de Claude qui avait signé pour Pacific et Barclay. A l’époque il fréquentait Claude Luter que je connaissais depuis 1946. Par la suite, j’ai revu Claude dans les clubs sans avoir réellement fait encore sa connaissance. J’ai du l’entendre au caveau du HCF, rue Chaptal. Il était très doué, faisait l’admiration de tout le monde et en plus était très gentil… Les années ont passé. Je l’ai entendu ensuite au Steffy Club et dans les concerts de l’école normale de musique. Il jouait des arrangements des premiers disques d’Ellington et avait un don évident. Voulant moi-même être pianiste, j’étais toujours planté à coté des pianos pour voir comment les pianistes travaillaient et, quand je regardais Claude, j’étais vraiment très impressionné. D’autant plus que je considérais et considère toujours que le vrai plaisir de la vie est avant tout de jouer de la musique. Le reste est un peu chiant…


A mon retour en France, après un voyage de deux ans aux Etats-Unis entre 1956 et 1958, j’ai décroché une émission. J’ai proposé un concept autour du jazz puisque j’étais passionné de cette musique depuis la libération. D’ailleurs, j’en jouais encore à cette époque, mal certes, mais j’en jouais notamment dans l’orchestre du regretté Pierre Atlan. Et puis un jour Jacques Floran, notre ami commun me dit « tu devrais employer Bolling ». Je lui ai immédiatement répondu oui et Bolling est ainsi apparu dans mes premiers programmes dès fin 1959. J’ai été parmi les tous premiers à employer Claude à la télévision…


J’ai donc engagé Claude, tout d’abord pour faire des hommages aux grands personnages du jazz dans Jazz Memories. Hommage à Scott Joplin, émission dans laquelle il jouait des Rag mieux que personne, à Fats Waller, James P. Johnson, Bessie Smith et je le prenais toujours pour accompagner une fille qui s’appelait Billie Pool, une jeune américaine qui ressemblait à Bessie Smith et qui chantait le blues merveilleusement. Tout cela a fait de nous des amis mais le temps passant, Bolling devenait de plus en plus Bolling et moi je restais Averty !


Du jazz à la télévision, j’en ai fait ! Trois fois par semaine au Studio 3 ou 4 à Cognac-Jay. Mais c’était aussi les « En direct de » depuis la Huchette, le Club St Germain, le Blue Note, je ne savais faire que ça… Cela m’a permis d’apprendre la musique mais également de passer la caméra en mesure, ce que j’étais bien le seul à savoir faire. J’ai ainsi été amené, vers 1960-1961, à réaliser une première émission écrite par Jacques Floran qui s’appelait le Pont du Nord et une autre 1930 Folies avec Nida Gloria, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault.


On s’entendait très bien avec Claude, il n’y avait jamais de dispute entre nous et j’avais plaisir de voir à quel point il était vraiment heureux de jouer. Le piano, il ne pouvait pas s’empêcher de se jeter dessus ! Chez moi, j’avais un piano pneumatique complètement pourri qui venait d’Alger, eh bien, Claude a joué dessus. S’il avait trouvé un piano sans note, il aurait joué quand même ! Il ne pouvait pas s’en empêcher. Un talent tel que celui de Claude, je le compare au génie. Une telle intelligence de la musique et accessoirement du jazz m’étonnait et m’étonne toujours. Il voulait me montrer qu’il était le meilleur car il est orgueilleux, il l’est moins maintenant. J’étais moi aussi comme cela, bien que j’aie été chassé de la télévision depuis quelques années, ce qui ne m’empêche pas de rester en avance de cinquante ans !


Claude voulait qu’on l’écoute pour montrer ce qu’il savait faire. Dans les années 1960, je lui avais conçu le plan d’un album de ragtime pour Philips puis un autre de Boogie-woogie, dont j’avais fait les préfaces. Claude connaissait le ragtime mais je lui ai fait découvrir ma passion. Et dans ce domaine, mes voyages en Amérique ont été d’une grande utilité. J’y avais rencontré beaucoup de musiciens, fait beaucoup de recherches et beaucoup d’acquisitions comme des ragtimes originaux. Il faut rappeler que ces musiques avaient été conçues 50 ans auparavant, entre 1890 et 1917 pour être précis, et que tout était à découvrir… Nous avons fait ensemble beaucoup de directs avec Claude, qui sont d’ailleurs tous répertoriés dans le bouquin que m’avait consacré Anne-Marie Duguay, Averty, aux éditions Dis voir sorti en 1991 et qui était suivi d’une exposition au centre Electra. Cela a crée un nombre incalculable de jalousies de la part de ceux qui se plaignaient de ne pas avoir de bouquin qui leur soit consacré et qui n’en ont jamais eu d’ailleurs !


Pour revenir aux directs, j’en avais réalisé un avec Claude et son orchestre au Club St-Germain qui était à l’époque un véritable trou à rat où j’avais mis cinq caméras en plus des dix musiciens ! Un disque de cette rencontre avait été enregistré et était sorti dans le commerce, c’était le Claude Bolling special show. Ensuite nous avons conçu ensemble un hommage à Duke Ellington. J’avais alors fait travailler Claude une dizaine de fois : il était toujours content, toujours heureux, dispo et prêt alors qu’à l’époque la plupart des musiciens de jazz Nouvelle Orléans étaient blasés. Claude, lui, a toujours eu et a toujours cette même passion de la musique. J’estime avoir eu beaucoup de chance de le rencontrer.


Claude est un être à part dans la musique et Dieu sait si j’ai travaillé avec nombre de très bons musiciens : j’ai connu Claude Luter, Maxim Saury qui était le clarinettiste de Bolling et avec qui j’ai beaucoup travaillé mais sans Claude… De tous les musiciens, Claude était celui qui m’apportait le plus. Quand j’ai commencé tardivement à réaliser des dramatiques, je lui ai demandé de me composer des musiques, dont Chantecler, et tout ça entre les grèves ! Quand nous ne travaillions pas ensemble, je suivais ce qu’il faisait et il m’envoyait ses disques, je discographiais tout. Je savais ce qu’il devenait, il m’invitait chez lui, chez moi ce n’était pas possible : je vis avec 30 000 disques, 20 000 bouquins et autant de journaux !


Notre amitié avec Claude dure depuis tout ce temps. J’ai eu beaucoup d’amis, il y en a eu beaucoup avec qui je me suis fâché, d’autres sont morts. Avec Claude, je ne voulais pas tout rompre, j’y ai mis du mien. Maintenant ça va. Même si je ne suis plus l’homme de télévision que je fus, mes belles années et celles de Bolling, ce sont 1958-1968 : dix années formidables durant lesquelles nous avons beaucoup travaillé ensemble.


J’avais fait le premier festival de Nice de Claude puis celui d’Antibes, deux ans plus tard. J’avais envie d’y arriver, non pas d’être riche car je suis encore plus pauvre qu’à mes débuts ! Mais je voulais prendre mon pied avec ce que je faisais. Et j’ai eu la chance de rencontrer des mecs bien comme Bolling qui ont contribué à cela. Car Bolling c’est un mec bien. Je n’aime pas qu’on dise du mal de Claude car il est quelqu’un de courageux. Depuis qu’il a pris sur lui la lourde charge d’un orchestre, il sait ce que c’est que d’assumer dix-sept musiciens, d’avoir une PME. Les musiciens se demandent pourquoi ils ne sont pas chefs d’orchestre, mais c’est une tâche extrêmement difficile. Claude se ruine la santé, il a une puissance de travail inimaginable, c’est une véritable locomotive. Comme tout le monde, il a peur de vieillir, de ne plus pouvoir assumer le piano comme à ses débuts. Son orchestre lui pose problème, sans compter ce que la « critiquaille » française s’acharne à lui balancer. Claude lit ces journaux de jazz et y a lu des choses atroces dans le genre ‘’il est bien le seul encore à croire qu’il joue du jazz’’ comme on m’a dit une fois que j’étais bien le seul à croire que je faisais de la télévision ! J’ai répondu à Claude : « qu’est-ce que ça peux bien te foutre ? » Mais non, pour lui c’est grave. Pourtant Bolling est intouchable. Il fait partie du patrimoine du jazz français.


Sur un plateau à l’époque il y avait 50 techniciens, des comédiens, des musiciens, des accessoiristes, etc… vous entriez sur un plateau à midi vous en ressortiez à minuit, on ne sait jamais mal entendus. Et ça a donné de bons résultats : dramatiques, variétés, festivals de jazz en direct… En 90 j’ai tourné son Black, Brown and beige, à chaque fois que j’ai pu le servir en le servant, je l’ai toujours fait même si je regrette aujourd’hui de ne plus être « fort » professionnellement pour pouvoir l’employer, avant que lui ou moi ne claque… Mais les directions des chaînes de télévision vous disent à présent « le jazz on n’en veut pas ». Que puis-je ajouter à cela ?


Claude était autoritaire avec ses musiciens et contestataire avec moi et c’était bien. Aujourd’hui quand je rencontre des techniciens qui ont travaillé avec moi autrefois, ils ont oublié toutes les engueulades de plateau. Ils me disent que c’était formidable ! Ils ont oublié de moi tout mon côté puéril et versatile mais ils savaient que, comme c’était le cas avec Claude, ils allaient travaillaient avec des pros. Je savais où mettre ma caméra, je n’arrivais pas les mains dans les poches comme certains réalisateurs qui débarquent en disant « où on met la caméra les gars ? » Et les techniciens de répondre « ce n’est pas à nous de te le dire »


Bolling m’estimait pour la simple raison que je faisais de la télévision aussi rigoureusement que lui faisait de la musique. Il arrivait dans le studio avec sa partition, moi avec mon story-board détaillé. C’est un de mes meilleurs amis et collaborateurs. Lors de certaines engueulades avec Claude, je tiens à souligner qu’elles étaient toujours positives. Jamais pour se détruire. Les engueulades de plateaux ; en dehors, c’était fini. Avec Claude il y a eu quelques nimbus dans notre collaboration mais dans l’ensemble c’est Blues skies. Il m’étonne toujours


J’ai connu Irène, sa femme, avant lui, quand elle était journaliste à Match. C’est elle qui lui a fait connaître Jacques Floran à Europe 1. Elle est à l’origine de beaucoup de rencontres. On s’est toujours engueulé avec Irène mais toujours en se marrant. C’est une femme qui a vraiment su l’aider. Quand elle était journaliste, elle mettait la gomme pour que son Jules passe. La vie ne fait pas de cadeau, alors entre mari et femme on peut s’en faire ! Claude disait qu’il était timide mais c’était un faux timide. Quand il a appris qu’Ellington à la fin de sa carrière jouait en Belgique, à Bruxelles et Ostende, il a pris sa bagnole et a foncé pour aller le voir. J’ai retrouvé toute l’émission que j’avais faite quand Duke est venu à l’Alcazar de Paris et que Chevalier lui a filé son chapeau de paille avec l’orchestre de Claude. Son chemin est un chemin de gloire éclairé et le mien un petit chemin parallèle.


A partir de 1965-66, Claude n’était plus jamais libre pour la simple raison qu’il était devenu important dans le milieu du cinéma, nous nous sommes un peu perdus de vue. De mon côté, il a tout de même fallu que je travaille. J’ai engagé Jean-Claude Pelletier qui jouait très bien dans le genre Teddy Wilson alors que Claude c’était plutôt Earl Hines, Duke Ellington et d’autres ! Par ailleurs, j’allais beaucoup à l’étranger, tout ça a contribué à une séparation temporaire.


Claude a voulu m’entraîner à un moment dans le cinéma et comme un c.. que je suis, j’ai refusé. J’ai fait du chichi et j’ai eu tort. Mais il y avait Citizen kane !
Je n’ai jamais voulu faire de cinéma car en juillet 46 j’ai vu Citizen Kane plus de cent fois. C’est le film que je voulais et que j’aurais pu faire si j’étais né quinze ans avant et… si j’avais été génial ! C’est le film qui depuis sa sortie en 1941 n’a jamais été « égalé ». Quand j’ai vu ça, je me suis dit à quoi bon ramener ma fraise ? A part la publicité et le direct il n’y a que du cinéma à la télé, moi je concevais la télé avec l’électronique, ce qu’on voit maintenant sur Internet. Je n’étais pas beaucoup soutenu si ce n’est par des gens comme Lazareff qui m’aimait beaucoup. Je faisais des images synthétiques dans ce qu’elles voulaient raconter. J’ai donc loupé l’occasion de faire du cinéma. Irène m’avait d’ailleurs dit à ce sujet « t’es qu’un c.. ». J’étais allé voir le producteur du film pour lui dire que ça ne m’intéressait pas. J’en ai fait de même avec Mag Bodart qui produisait Les parapluies de Cherbourg et qui avait pensé à moi pour ce film.


Nous nous sommes retrouvés dans les années 70. Nous y retrouvions tous deux notre compte même si mes émissions télé n’étaient pas grand public. Elles n’étaient pas destinées à l’homme de la rue qu’on cherche systématiquement à « désinstruire ». Quand on était pour la dernière fois sur scène avec Claude, c’était à Cannes au premier ou au deuxième Fipa pour le show Guy Marchand, qui n’est d’ailleurs pas venu !


Depuis les années 90, on a fait peu de choses ensemble pour la simple et bonne raison que j’ai moi-même fait peu de choses. Pour PariSwing (devenue C'est si bon chez Frémeaux), disque pour lequel j’ai conçu le livret, Claude a sucré les dates, il a trouvé ça trop long, comme a son habitude. Pour lui en matière d’information, une année suffit, un mois c’est trop, alors un jour n’en parlons pas…


Pourtant il est un musicien exceptionnel et exigeant. Pas plus tard qu’hier, au cours d’un enregistrement pour Radio France, il était d’une humeur massacrante parce qu’il trouvait que ce que je lui faisais jouer était moins bien que ce que je lui demandais il y a quarante ans ! Ses grognements ont duré quinze minutes, puis Irakli est arrivé et tout s’est arrangé…  D’un type comme Irakli qui a un vrai talent, Claude me dit que c’est le meilleur mais je sais qu’ils ne joueront jamais ensemble. Ils ont des caractères tels qu’ils ne peuvent pas, non pas s’entendre, mais s’accorder. Il s’accordent sur le plateau, ils répètent la veille et me font la grâce amicale de faire plus que semblant de s’aimer. Ils s’apprécient mutuellement. Mais aucun des deux ne voudrait subir la loi de l’autre, ils ont chacun leur nom, même si Irakli mériterait d’être davantage reconnu.


Aujourd’hui, Claude est comme le père Ubu et il en a la forme en plus ! Tout le monde finit par ressembler au Père Ubu à la fin de sa vie. Claude a tous les défauts –imaginez les tous !- et toutes les qualités. C’est vraiment comme ça que je le vois. C’est un homme « omnivalent ».


Claude a l’amour des petits trains pour lesquels moi, je ne pense qu’à une chose, c’est à les faire dérailler ! Tous les musiciens de jazz, que ce soit Bolling, Luter, ou Pierre Atlan et d’autres encore ont collectionné des petits trains, c’est une manie inimaginable. Peut-être est-ce la précision des horaires de chemin de fer qui les attire… Je me souviens qu’Atlan et Merlin avaient construit, dans un loft, toute la Nouvelle Orléans, avec la boucle du Mississipi sur 30 m². En 1956 quand j’étais aux Etats-Unis, ils m’avaient demandé de prendre des photographies dix mètres par dix mètres. Merlin a tout reconstruit !


Le Bolling que l’on connaît certainement moins est l’homme cultivé. Il est curieux de tout, protohistoire, peinture, littérature. Et quand il veut bien parler, il est passionnant. Mais encore faut-il pouvoir le faire parler car Bolling « grogne ». Vous êtes en train de lui parler et lui pense que peut-être il pourrait être ailleurs et faire quelque chose d’autre, c'est-à-dire de la musique ! Je le connais très bien Claude. Je l’aime beaucoup. Et il faut faire attention de ne pas blesser ses amis, pour ne pas se fâcher avec eux. Il faut les protéger et Dieu sait si la matière est rare. Nous n’avons jamais eu de problème d’argent entre nous. Il a même toujours proposé de m’en prêter quand j’en avais besoin.


C’est un bon souvenir que j’ai de mon aventure avec Claude. On n’avait pas besoin d’avoir les mêmes loisirs ni d’aimer les mêmes choses à part les jazz pour s’aimer vraiment. Le plaisir pour nous, c’était le travail, même si j’ai travaillé pour des clous pendant 20 ans mais toujours en faisant ce qui me plaisait. Claude et moi c’est une belle histoire et je suis content de l’avoir rencontré. Il arrive toujours avec ses partitions pliées. On recommence 150 fois le même trait. Il a la trouille pour ses mains, c’est un éternel insatisfait contrairement à moi qui ai tendance à tout voir en rose…

Jean-Christophe AVERTY


Extrait de Bolling Story de Jean-Pierre Daubresse et Claude Bolling édité par Jean-Paul Bertrand - Editions Alphée (avec l'autorisation de Claude Bolling)

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