LES PRECURSEURS DE LA BOSSA NOVA
LES PRECURSEURS DE LA BOSSA NOVA
Ref.: FA5216

ROOTS OF BOSSA NOVA 1948-1957

Antonio Carlos Jobim, Silvia Teles, João Gilberto...

Ref.: FA5216

Artistic Direction : PHILIPPE LESAGE

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 1 hours 45 minutes

Nbre. CD : 2

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Presentation

ROOTS OF BOSSA NOVA 1948-1957



“As Philippe Lesage shows, there was already something in the air, something about to hatch, before Chega de Saudade, João Gilberto's historic disc marking the birth of Bossa Nova. It was the alchemy between the harmonic writing of Garoto, the first steps of Antonio Carlos Jobim himself, the rhythms of Dom Um Romao and the purity of Sylvia Teles’ voice which led, unconsciously and inevitably, to Bossa Nova. And here we can also enjoy João Gilberto’s debut recordings.” Patrick Frémeaux



Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Tereza Da Praia
    Dick Farney et Lucio Alves
    00:02:49
    1954
  • 2
    Duas Contas
    Sylvia Teles
    00:02:54
    1957
  • 3
    Chove La Fora
    Tito Madi
    00:03:08
    1957
  • 4
    Foi A Noite
    Sylvia Teles
    00:02:42
    1956
  • 5
    Nick Bar
    Dick Farney et Radamès Gnattali
    00:02:45
    1951
  • 6
    Se Todos Fossem Iguais A Voce
    Sylvia Teles
    00:03:33
    1951
  • 7
    Mocinho Bonito
    Doris Monteiro
    00:02:25
    1957
  • 8
    So Saudade
    Claidia Morena
    00:02:20
    1956
  • 9
    Preludio
    Silvio Caldas
    00:02:55
    1957
  • 10
    Cansei De Ilusoes
    Elizete Cardoso
    00:03:21
    1957
  • 11
    Alma Brasileira
    Annibal Sardinha
    00:01:33
    1953
  • 12
    Nova Ilusao
    Cunjuto Os Cariocas
    00:02:46
    1948
  • 13
    Adeus America
    Os Cariocas e Conjunto
    00:02:50
    1948
  • 14
    Dizem Por Ai
    Johnny Alf
    00:02:52
    1954
  • 15
    Procurando O Meu Bem
    Lucio Alves
    00:02:55
    1953
  • 16
    Outra Vez
    Dick Farney
    00:03:03
    1954
  • 17
    Felicidade
    Trio Surdida
    00:02:49
    1952
  • 18
    Quando Ela Sai
    Joao Gilberto
    00:02:39
    1952
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    Se Todos Fossem Iguais A Voce
    Roberto Paiva
    00:03:36
    1956
  • 2
    Rapaz De Bem
    Johnny Alf
    00:02:38
    1955
  • 3
    Por Causa De Voce
    Sylvia Teles
    00:03:37
    1957
  • 4
    Nao Diga Nao
    Nora Ney
    00:02:47
    1954
  • 5
    Maria Dos Meus Pecados
    Agostinho Dos Santos
    00:03:28
    1957
  • 6
    Muhler Sempre Mulher
    Roberto Paiva
    00:02:00
    1956
  • 7
    Lamento No Morro
    Roberto Paiva
    00:02:10
    1956
  • 8
    Segredo
    Maysa
    00:03:21
    1957
  • 9
    Ouca
    Maysa
    00:03:05
    1957
  • 10
    Se E Por Causa De Adeus
    Doris Monteiro
    00:03:21
    1955
  • 11
    Sabado Em Copacabana
    Sylvia Teles
    00:03:23
    1951
  • 12
    Podem Falar
    Os Cariocas e Conjunto
    00:02:57
    1953
  • 13
    Cancao Da Volta
    Sylvia Teles
    00:03:54
    1957
  • 14
    Terminemos Agora
    Sylvia Teles
    00:02:55
    1950
  • 15
    Beija Me Mais
    Johnny Alf
    00:02:57
    1954
  • 16
    Ninguem Me Ama
    Trio Surdida
    00:02:56
    1952
  • 17
    Meia Luz
    Joao Gilberto
    00:02:57
    1952
  • 18
    Duas Contas
    Garoto
    00:02:47
    1953
Booklet

LES PRECURSEURS DE LA BOSSA NOVA

les précurseurs de la bossa nova
1948-1957





VERS UNE NOUVELLE EPOQUE

Au cours des années cinquante, le Brésil devient enfin une vraie démocratie. Signe de cette liberté d’action et de pensée peu à peu reconquise : le renouveau dans l’architecture (Brasilia va sortir de terre), les arts, le graphisme des journaux et le journalisme. En lien avec cette éclosion de vie, une évolution musicale se dessine qui donnera naissance à un mouvement qui sera dénommé Bossa Nova. Mouvement essen­tiellement circonscrit à Rio de Janeiro, capitale du pays à l’époque et ville du monde artistique par excellence, on pourrait traduire Bossa Nova par « nouvelle manière de faire ou d’être » ou par « nouvelle vague », en se glissant un peu dans le sillon de l’appellation retenue lors de l’apparition des premiers films de Truffaut et de Godard. Point important : le mouvement bossa nova permet à la musique brésilienne de revenir sous les feux de la rampe au niveau international.


UNE QUERELLE DE SPECIALISTES ?
Il est de coutume de dater la naissance de la Bossa Nova du jour de la parution, en juillet 1958, du 78 tours de João Gilberto, avec Chega de Saudade (Antonio Carlos Jobim / Vinicius de Moraes) sur la face A et Bim Bom (João Gilberto) sur la face B, en sachant que le LP « Chega de Saudade » ne sortira qu’en janvier 1959. On raconte que le directeur des ventes de São Paulo du label Odeon, en recevant le disque, avait envoyé un message de récrimination pour dire l’inconséquence de mettre en rayon de telles stupidités sans musicalité et qu’avec de telles âneries, il n’était pas près d’atteindre les objectifs de vente qu’on lui fixait. Ceci pour souligner que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, rien ne laissait présager ce coup de tonnerre qui a changé la face du monde musical brésilien. Et les doctes musicologues de dire qu’il n’y eut aucun signe précurseur à cet accouchement de la Bossa Nova. Ce qui ne va pas sans étonner si on fait des corrélations comparatives avec d’autres lieux et époques : on ne voit pas, par exemple, Charlie Parker et Dizzy Gillespie don­ner naissance au « Be Bop » en une seule séance d’enregistrement. Il semble donc préfé­rable de militer pour une autre vision que je qualifierai de « passage », en empruntant la belle formule qu’emploie Philippe Beaussant pour expliciter la venue de Monteverdi dans la musique de la Renaissance. Il y avait, j’en suis convaincu, en suspension dans l’air du temps, quelque chose qui ne demandait qu’à éclore en s’appuyant sur l’écriture harmonique de Garoto, les premiers essais de Antonio Carlos Jobim lui-même, le style du groupe vocal Os Cariocas, les jeux de baguettes de Dom Um Romão et le chant épuré de Silvia Teles. Ce qui n’était pas rien, et qui n’est pas resté sans écho. C’est cela, cette suspension qui attendait un précipité alchimique que cherche à capturer cette anthologie, pour dire que la Bossa Nova n’est pas née, toute formée, en un jour, comme Athéna de la cuisse de Jupiter.


LE PANORAMA MUSICAL DES ANNEES 50
Trois formes majeures envahissent les ondes de la radio et les salles de spectacle, en ces années cinquante : le « samba canção », un genre présent depuis les années 30 et qui a donné de vrais petits bijoux, le boléro qui, lui, inonde de son pathos tout le continent latino-américain et le « baião » nordestin. Les grands noms de la chanson brésilienne sont alors Emilinha Borba, Marlene, Angela Maria, Trio de Ouro qui naviguent entre tous ces styles et Luis Gonzaga qui lui trace son chemin nordestin propre. Alors que Francisco Alves disparaît en 1952 dans un accident de voiture, la voix du fabuleux chanteur Orlando Silva s’assombrit sous l’emprise de la cocaïne et celle de Silvio Caldas commence à tomber dans la routine. A l’écoute des enregistrements de l’époque, on note une présence constante de l’accordéon (souvent bien joué d’ailleurs), le roulement des « r » dans la diction des interprètes et des arrangements souvent assez emphatiques, ce qui n’était pas la vérité des années 30, époque à laquelle Noel Rosa distille une modernité canaille et Pixinguinha ou Radames Gnattali écrivent des arrangements sobres et soignés. Au début des années 50, des talents nouveaux comme Dolores Duran, Nora Ney, Dick Farney, Lúcio Alves ou Agostinho dos Santos apparaissent, talents à cheval sur le « samba canção », le « bolero » et quelque chose sous influence des crooners américains comme Nat King Cole. Sans que cela soit prégnant dans le quotidien des jours, l’influence du jazz en général et l’apparition du jazz cool de Gerry Mulligan et de Chet Baker en particulier comme l’aura de Sinatra rencontrent un certain écho dans la bourgeoisie de Rio, qui ne manque pas de voyager aux Etats Unis. Dick Farney, qui interprétera une chanson tout simplement intitulée Infuências do Jazz, ne choisit pas son pseudonyme fortuitement, lui qui avait longuement séjourné aux USA.


NICK BAR
Ce qui allait advenir musicalement se circonscrit socialement et géographiquement en un triangle précis : Copacabana, Ipanema et Leblon, trois quartiers favorisés face à l’océan, surplombés des « morros » avec leurs favelas. D’un côté, la sueur, le travail physique, la cachaça, les écoles de samba, la bohème désargentée; de l’autre, la bour­geoise aisée ou moyenne, le surf, la pêche sous-marine, le whisky, le dilettantisme, les plaisirs de la nuit, les bars et les « boâtes », la vie de patachon jusqu’au petit matin d’un Vinicius de Moraes ou d’un Antonio Maria. Outre les deux paroliers qui viennent d’être cités, deux personnages illustrent bien l’époque : Lucio Alves et Dick Farney. Tereza da Praia, la chanson qu’ils interprètent ensemble, est une préfiguration de la fa­meuse Garota de Ipanema de Jobim / Vinicius, elle dit bien l’atmosphère bon enfant de l’époque et le côté ludique de la jeunesse dorée des dragueurs, les fameux « cafajestes ». Nick Bar, cinquième plage de notre anthologie, illustre à merveille la vie nocturne et le climat musical qui s’installe alors que, dans le même temps, les étudiants organisent, dans leurs universités, des fêtes qui seront le vivier de la Bossa Nova. Pour certains, la vie en démocratie, après le départ de Gétulio Vargas, est vraiment une aubaine, une époque heureuse.


UNE MUSIQUE D’APPARTEMENT
La formule : « je n’aime pas la Bossa Nova, c’est une musique d’appartement » est de Jacob do Bandolim qui, lui, préférait la musique des « quintais », les arrière-cours où l’on s’adonne au choro et au samba et qui lui semble être le poumon de la musique brésilienne. Si Jacob emploie cette formule, c’est que la jeunesse dorée de Rio se re­trouve dans l’appartement de Nara Leão, du pianiste Benê Nunes ou chez le guitariste Oscar Castro Neves à Copacabana. On y rencontre la future fine fleur de la Bossa Nova, de futurs musiciens comme Roberto Menescal, Carlos Lira (tous deux ont déjà créé une école de guitare) ou de futurs  paroliers comme Ronaldo Boscoli. Pour être juste, la Bossa Nova à venir sera une vague nouvelle de la jeunesse en attente de nouveautés, de nouveaux sons, de nouveaux styles de vie et de paroles plus allègres que celles entendues habituellement. Mais à y regarder de plus près, les précurseurs et futurs géniteurs du genre ne sont pas si jeunes : Vinicius a largement dépassé la quarantaine, Jobim, qui est né en janvier 1927, n’est plus un gamin, João Gilberto, né le 10 juin 1931, aura 28 ans en 1958, et Luis Bonfá, né le 17 0ctobre 1922 comme Silvia Teles, née en août 1934, appartiennent déjà à une autre génération que Carlos Lira, né en 1939 ou Nara Leão, née, elle, en 1942. 


LES PREMISSES
En notre période d’étude, il n’y a pas de mouvement qui agrège les hommes et les idées, non, il n’y a que des individualités qui se côtoient, composent parfois ensemble, empruntent au samba-canção son style en le mâtinant de riches harmonies. Ayant voyagé aux USA avec Carmen Miranda, joué avec le Trio Surdina, le guitariste, de fait polyinstrumentiste des cordes, Garoto, dès le début des années cinquante, trace inconsciemment ce que sera le chemin des harmonies raffinées. De son côté, Tito Madi, compose de bien belles mélodies, mais les versions qu’il enregistre restent très marquées par les codes de l’époque : les arrangements sont lourdingues, l’accordéon est en contre-chant constant. Il faudra attendre la version épurée que donnera Silvia Teles de sa chanson Chove La Fora pour deviner ce que sera bientôt la Bossa Nova.


LA FRACTURE : CANÇÃO DO AMOR DEMAIS
Le LP Canção do Amor Demais d’Elizete Cardoso, enregistré fin 1957 mais paru en avril 1958 (c’est la raison pour laquelle on ne trouvera pas d’extraits dans notre anthologie), est un objet historique en ce qu’il marque la fracture qui se joue. C’est la pierre blanche qui démontre l’incompati­bilité de deux mondes. Pourquoi ? Concoctée pour les paroles par Vinicius de Moraes et par Jobim pour la musique et les arrangements, l’enregistrement, sur 2 faces, accueille le guitariste João Gilberto. La diction de la chanteuse et son balancement rythmique ne sont pas en phase avec le feeling des musiciens et les décalages qu’introduit la guitare de João Gilberto troublent Elizete Cardoso, qui bascule, sans en pren­dre conscience, dans une forme muséifiée tout en chassant des studios notre pauvre guitariste. On sait que Jobim et Vinicius auraient aimé travailler avec la chanteuse Dolores Duran mais ils se virent imposer l’artiste déjà reconnue (on pourrait écrire « ins­tallée » pour dire qu’elle ne pouvait capter ce qui se passait là) qu’était Elizete Cardoso. Ce disque qui aurait dû être la fusée de lancement de la Bossa Nova reste un objet bancal, un pied dans un monde en voie d’extinction et l’autre encore en suspens ne sachant où se poser.


ORFEU DA CONCEIÇÃO
Orfeu da Conceição, c’est le mythe d’Orphée inscrit dans la vie quotidienne des favelas. Ce « musical », ébauche du futur film Orfeu Negro, voit le jour en 1956 et il livre le ma­tériau poétique et musical de la Bossa Nova à venir. Certes, les chœurs du premier enregistrement réalisé par Roberto Paiva sont encore enracinés dans le samba traditionnel mais on y entend déjà de subtils arrangements et les sublimes décalages à la guitare de Luis Bonfá. On se demande en­core comment Marcel Camus, le cinéaste d’Orfeu Negro, a fait pour envisager un temps de ne pas choisir comme thème du film Manhã de Carnaval ?


Philippe LESAGE
© 2008 Frémeaux & Associés – Groupe Frémeaux Colombini SAS


AUTOUR DES THEMES

TEREZA DA PRAIA
Ce succès incroyable de l’année 1954, qui traduisait l’esprit carioca de l’époque, est une conversation musicale entre Lucio Alves et Dick Farney, deux crooners qui se partageaient l’adulation de la gent féminine. Continental, leur maison de disque, joue sur leur rivalité supposée en leur faisant enregistrer ce dialogue autour de Tereza, la jolie fille de la plage de Leblon, le quartier le plus huppé de Rio. C’était une chanson du pa­rolier Billy Blanco et du jeune compositeur  arrangeur Antonio Carlos Jobim, qui venaient de créer ensemble la Symphonie de Rio. C’est, dix ans avant l’hymne de Vinicius de Moraes et de Tom Jobim à une autre fille de la plage, mais cette fois d’Ipanema, le regard malicieux des hommes face à la beauté sauvageonne de la carioca.


DUAS CONTAS
Ce thème merveilleux du polyinstrumentiste Anibal Augusto Sardinha dit Garoto est de­venu, après sa mort prématurée en mai 1955, un des classiques de la musique brésilienne. On l’entendit beaucoup sur les ondes de Radio Nacional, le grand media de l’époque. Par son écriture harmonique comme par la limpidité des paroles, il est particulièrement représentatif de cette période qui anticipe la bossa nova. Garoto, qui n’était pas un parolier chevronné, avait honte de ses vers sans rimes mais le producteur Paulo Tapajos, à raison, l’obligea à enregistrer Duas Contas sur le premier LP du Trio Surdina. « Teus olhos / são duas contas pequeninas / qual duas pedras preciosas / Que brilham mais que o luar » (Tes Yeux / sont deux petits perles / comme deux pierre précieuses qui brillent / plus que le clair de lune).


FOI A NOITE
Aloysio de Oliveira, qui sera le principal producteur de la Bossa Nova, écrit à propos de Foi a Noite, dans le texte qui accompagne l’anthologie « Bossa Nova, Sua Historia, Sua gente » : « Je venais de rejoindre le label Odeon, et c’était la direction précédente qui avait préparé l’enregistrement… lorsque je suis entré dans le studio, j’ignorai tout de la musique, de l’interprète et de l’arrangement… l’impact fut pour moi indescriptible et le reste encore aujourd’hui. La construction mélodique était une chose totalement nouvelle dans les modèles brésiliens. L’arrangement, simple, impeccable, fournissait une séquence harmonique qui soulignait la mélodie d’une manière non commune. L’interprétation était géniale. Silvia Teles, avec sa voix rauque et suave, pénétrait et nous touchait au plus profond de nos émotions. J’étais devant quelque chose que je ne m’attendais pas à rencontrer. C’était déjà la Bossa Nova dans son expression la plus forte ». De fait, Foi a Noite , bien que l’étiquette du 78 tours dise qu’il s’agit d’un samba canção, n’est ni un samba, ni un samba canção et encore moins une ballade. Cette chanson marque le début du succès de Jobim comme de Silvia Teles, seule chanteuse professionnelle à faire partie du premier spectacle officieux de Bossa Nova, réalisé par plusieurs amateurs du Grupo Hebraico Universitario. Dès l’année qui suit, Foi a Noite connaîtra d’autres enregistrements.


CHOVE LA FORA / CANSEI DE ILUSÕES
Chove la Fora est une valse qui dit la tra­gédie de la solitude mais de manière simple et intimiste, en une parfaite harmonie entre parole et musique ; c’est cette apparente simplicité qui anticipe le style de la Bossa Nova bien que la manière de poser la voix et l’arrangement assis sur un accordéon trop présent restent ancrés dans les codes de
l’époque. Le chanteur et compositeur pau­liste Chauki Maddi connu sous le nom de Tito Madi, fut influencé par un père joueur de luth. Chove la Fora fut un énorme succès au Brésil et plusieurs de ses compositions - dont Chove la fora - furent reprises par les Platters. Cansei de Ilusões donne à en­tendre Elizete Cardoso, une grande dame de la chanson brésilienne jusqu’à la fin des années quatre-vingt. Elle interprète Cansei de Illusões en un style classique qui lui colle parfaitement à la peau.


RAPAZ DE BEM / DIZEM POR AI /BEIJA ME MAIS
Mulâtre né en 1929, homme modeste et sensible, Alfredo José da Silva, alias Johnny Alf n’a jamais cherché à sortir du circuit de la nuit, malgré la reconnaissance d’un certain public intellectuel. Lorsqu’il enregistrait le samba Rapaz de Bem, il jouait au Plaza Drink, le bar de l’hôtel Plaza, à Copacabana et il était la grande attraction pour de jeunes musiciens encore amateurs pour la plupart. Dans son esthétique novatrice pour l’époque, le piano n’a pas pour vocation de marquer le rythme mais bien d’encadrer la voix. Si l’enregistrement de Rapaz de Bem par Johnny Alf et son Trio n’eut pas une grande répercussion en dehors du circuit des musiciens, il anticipait franchement les fondements de la Bossa Nova avec sa ligne mélodique totalement nouvelle à mi-chemin du jazz et ses accords harmoniques en bloc qui se détachent étrangement du jeu de la contrebasse et de la batterie. Les paroles rapportaient la vie des jeunes de la Zone Sud de Rio, qui vivaient dans l’aisance et l’insouciance, en total contraste avec ceux de la Zona Norte où Johnny Alf avait été élevé et vivait encore à cette époque : « Tu sais bien que je suis un mec bien / et que mon truc est le va et vient / parce que les gens que je côtoie / un de ces jours ça va payer / tu vois / malgré mon niveau intellectuel /mon travail ne me donne pas de sens moral / Avec mon allure, l’argent je l’ai trouvé / j’ai où dormir, de la nourriture / je n’ai plus de besoin grâce à Dieu / et dans le sport, je suis un as / la nature me donne tout gratis / Pourquoi aurais-je besoin de travailler ? » Rapaz de Bem comme les titres Dizem Por Ai et Beija-me mais, ignorés à leur parution, deviendront au fil du temps des classiques interprétés par Carlos Lira, Nara Leão, Baden Powell, Sivuca et Wilson Simonal, entre autres.


SE TODOS FOSSEM IGUAIS A VOCE
Au début de l’année 1956, le poète et diplomate Vinicius de Moraes, déjà dans la quarantaine, avait écrit un livret intitulé Orfeu da Conceição. Pour composer la musique et concevoir éventuellement les arrangements, il pensait à Vadico (Osvaldo Gogliano) qui fut le dernier partenaire de Noel Rosa. Sur les conseils du critique musical Lucío Rangel, après le refus de Vadico, il fait appel à Antonio Carlos Jobim qui à l’époque est  presque un inconnu. Lors de leur première rencontre au Villarino, un botequim bien sympathique, on raconte que Jobim, qui restera toujours soucieux d’argent, posa la question : « dá un pouco de dinheiro ? » (ça rapporte cette affaire ?) . Quoi qu’il en soit, ils n’allaient plus se quitter et donner au répertoire brésilien quelques uns de ses plus beaux joyaux. Premier fruit de cette collaboration, Se todos fossem iguais a você fut lancé, fin 1956, par Roberto Paiva avant d’être reprise par Silvia Teles et tant d’autres par la suite.


OUÇA / SEGREDO
Révélation des années cinquante, Maysa est une compositrice et chanteuse issue de la « haute société » de São Paulo, mariée à un richissime homme d’affaires. Sa vie de patachon liée à son métier ne manqua pas de faire les délices des gazettes qui s’intéressaient déjà à ceux qu’on n’appelait pas en­core les « people ». Son talent lui permettait d’interpréter un vaste répertoire, avec même des versions de chansons françaises, mais c’est bien dans le genre de la chanson Ouça qu’elle donne la plénitude de son talent. Elle est une des artistes qui assurèrent le passage de relais entre deux époques. Ouça  (écoute) connut un tel succès que cela a permis au jeune label RGE d’asseoir son assise financière.


NINGUEM ME AMA
La mode du boléro, à la fin des années quarante, envahit le Brésil et influence un style de samba dit « dor de cotovelo » qui chante les grands chagrins d’amour, avec la soli­tude et les désillusions en partage. Pour amplifier la lourdeur du climat, les histoires se passaient le plus souvent dans les bars et dans les cabarets. L’ambiance des bars et des cabarets, Antonio Maria, il la connaissait bien. Journaliste et chroniqueur originaire de Recife, noctambule invétéré comme son pote Vinicius de Moraes, il laissera une belle poignée de chansons de qualité dont le fameux Manhã de Carnaval appelé aussi Samba de Orfeu. Dans le répertoire de son premier LP 25 cm, un des plus beaux disque de musique instrumentale brésilienne, le Trio Surdina inclut cette belle chanson. Nora Ney, une des voix majeures de l’époque, se démarque de ses consœurs par une interprétation intimiste.


ADEUS AMÉRICA / PODEM FALAR /  NOVA ILLUSÃO
Os Cariocas est un groupe vocal indestruc­tible depuis sa création en 1946 et il reste la référence parmi les groupes vocaux qui naquirent dans les années quarante et cinquante. Originellement composé de Ismael Neto, de son frère Severino, de Badeco, de Quartera et de Valdir, le groupe avait une démarche harmonique si originale qu’elle préfigure les avancées de la Bossa Nova. Adeus América, leur premier succès, est un samba contre l’invasion de la musique américaine : « Je n’en peux plus, j’ai la nostalgie du Brésil, j’ai une envie folle de rentrer / Adieu Amérique / cette terre est merveil­leuse / Mais je ne peux pas rester / Parce que le samba me réclame / J’y retourne pour jouer de la cuica, taper sur le tambour, jouer du tamborim ».


NICK BAR / OUTRA VEZ
En 1946, Dick Farney enregistre Copacabana de João de Barro et de Alberto Ribeiro mais il donne à ce samba un parfum particulier, celui d’une lecture de crooner. C’est qu’il était fasciné par les USA où il se produira plus de 56 semaines en 1947 et 1948. C’est à son retour, en 1949, qu’il enregistre Nick Bar, où il est accompagné de « pointures » comme Radames Gnattali au piano et Garoto à la guitare. Très en avance sur l’époque, il insuffle quelque chose qui relève de l’ambiance jazzy et qui préfigure ce que sera l’ambiance des nuits moites de Rio, avant la Bossa Nova. Chanteur mais aussi très bon pianiste, il monte un quartet en 1956 avec Rubinho à la batterie, Xu Viana à la contrebasse et Casé au Sax alto. Le LP qu’il a enregistré en 1967, à la demande du producteur Aloysio de Oliveira, avec un grand orchestre de cordes dirigé par Gaya, com­prend des thèmes comme Valsa de uma cidade (d’Antonio Maria et Ismael Neto), Inutil Paisagem (Jobim et Aloysio de Oliveira), Insensatez (Jobim / Vinicius de Moraes), Fotografia (Jobim) ou Influência do Jazz (Carlos Lira / Vinicius de Moraes) et c’est tout simplement un des plus beaux disques de l’époque. La version qu’il donne ici de Outra vez anticipe intelligemment ce que sera la bossa nova dans son classicisme.


SABADO EM COPACABANA / PROCURANDO MEU BEM / TERMINEMOS AGORA
Fondateur du Groupe vocal Os Namorados da Lua dans la seconde partie de la décade des années quarante, Lucio Alves, né en 1927, connaît un succès de crooner au début des années cinquante avant d’être un peu oublié. Il se met alors à composer pour d’autres artistes avant de voir la carrière reprendre flamme grâce à la Bossa Nova que sa voix de velours, son sens de la musicalité  et sa décontraction naturelle accompagnent à merveille.


MOCINHO BONITO
Avec Mocinho Bonito, Doris Monteiro enregistre ce qui sera le plus grand succès d’une longue carrière comprenant plus d’une dizaine de LPs. Cette chanson de Billy Blanco est bien significative de cette époque qui se cherche. Les paroles sont encore à « l’ancienne », dans un vocabulaire, une verve et une thématique à la Noel Rosa, mais la mé­lodie comme la manière de chanter laissent entrevoir ce que sera demain et ce qu’écrira Billy Blanco avec Jobim. Doris Monteiro est une des voix nouvelles majeures de la fin des années cinquante, avec Silvia Teles et Maysa.


ALMA BRASILEIRA / DUAS CONTAS / FELICIDADE / NINGUEM ME AMA
Garoto est le point de convergence de ses quatre titres. Outre Duas contas, une de ses plus belles compositions personnelles, il interprète ici Alma Brasileira de Radames Gnattali et c’est 1 minute 31 d’intelligence musicale. Anibal Augusto Sardinha, musicien précoce, fut appelé Garoto (gamin). Avant de disparaître à l’âge de quarante ans en 1955, il avait fondé, en 1953, avec le violoniste Fafá de Lemos et l’accordéoniste Chiquinho, un trio à la composition inusitée mais fort originale pour une musique qui ne l’est pas moins. Sur quelques titres, ces trois grands musiciens cheminent sans le savoir vers ce qui deviendra la Bossa Nova.


MARIA DOS MEUS PECADOS
Disparu dans un accident d’avion sur Paris en 1973, Agostinho dos Santos fut la voix mâle du film Orfeu Negro de Marcel Camus. Venu d’autres horizons, il embrassera la Bossa Nova, un genre qui ne cherche pourtant pas spécialement à magnifier le timbre de la voix. Mais avec Agostinho Dos Santos, on est de plein - pied dans le chant popu­laire en état de grâce. Agostinho Dos Santos ne pouvait qu’être sensible au talent du jeune Milton Nascimento dont il accompagnera les premiers pas dans le métier. Qui peut rester insensible à l’écoute de Maria dos meus pecados ?


QUANDO ELA SAI / MEIA LUZ
Ce sont les premiers essais phonographiques du bahianais João Gilberto avant qu’il ne découvre sa propre identité musicale. En ces années-là, l‘heure n’a pas encore sonné et João Gilberto reste très influencé par le style du chanteur Orlando Silva. C’est aussi la période pendant laquelle il s’acoquine, à Lapa, le quartier mal famé de Rio, avec des sambistes comme Geraldo Perreira dont il interprétera plus tard Falsa Baiana. C’est avec sa participation, fin 1957, à l’enregistrement du LP Canção do Amor Demais  qu’il va signaler son existence. Si on ne l’entend encore, dans le disque, que comme guitariste, il fait déjà savoir par ses décalages rythmiques qu’une autre époque pointe bien  le bout de son nez.


Ce disque est dédié à Pierre Bouteiller, sans qui la bossa nova ne serait pas pour moi ce qu’elle est devenue.

Remerciements : Nirez, Mauricio Carrilho et Paulo Cesar de Andrade.

english notes
THE ROOTS OF BOSSA NOVA

 Real democracy came to Brazil in the 1950s. Alongside the growing freedom of action and thought, there was a blossoming of architecture (notably Brasilia), art, design and journalism. Linked inextricably with this was an evolution in music which gave birth to the movement known as Bossa Nova. This movement was largely confined to Rio de Janeiro, the capital at the time and an international centre of the arts. Bossa Nova could be defined as “a new way of being or doing”, or “New Wave”: this was in tune with the early films of Truffaut and Godard, and helped to propel Bossa Nova on to the international stage.


The release in 1958 of the 78rpm disc “Chega de Saudade” (side A) and “Bim Bom” (side B) is accepted as the birthdate of Bossa Nova, though the LP “Chega de Saudade” was not released till January 1959. The Sales Director of Odeon in San Paulo had warned that such musical inanities would jeopardise his targets, and it is clear that there was no anticipation of this revolution in music, even amongst musicologists. (A parallel can be seen in jazz - Parker and Gillespie did not create Bebop in a single recording session). This anthology illustrates the point that Bossa Nova was not born overnight.  There was something in the air at the time, influencing the work of Garoto, Antonio Carlos Jobim, Os Cariocas, Dom Um Romao and Silvia Teles, something resonant: a moment of suspense as the alchemy of the artists brought the elements together.


The early 1950s witnessed a three-pronged invasion of the airwaves and halls - “samba cancao”, which dates from the 1930s and includes some musical gems, the bolero (it’s pathos popular throughout Latin America), and the “baiao” of the Nordeste. Emilinha Borba, Marlene, Angela Maria and Trio de Duro embraced all three, while Luis Gonzaga stuck to his Nordeste path. Then Francisco Alves died in a car crash, Orlando Silva’s great voice was lost in cocaine-induced gloom, and that of Silvio Caldas became routine. The style of contemporary recordings reveals a ubiquitous accordion presence, a pronounced rolling of the “R”, and ponderous arrangements: the raffish modernity of the 30s work of Noel Rosa, Pixinguinha and Rodames Gnattali had been lost. But talented new artists were appearing- Dolores Duran, Nora Ney, Dick Farney, Lúcio Alves, Agostinho dos Santos- straddling the samba cancao and bolero styles, they were sometimes influenced by American singers like Nat “King” Cole. The influence of jazz, particularly the new “cool school” of Gerry Mulligan and Chet Baker, was important though not pervasive, as were the songs of Sinatra.  Rio middle-classes did not miss a chance to visit the States, and Dick Farney, who spent long periods there, had a song called simply “Infuencias do Jazz”. Socially and geographically this music was confined to a precise triangle - Copacabana, Ipanema and Leon - exclusive districts facing the sea and overlooked by the “favelas”- the hillside slums. To one side, sweat, manual labour, samba schools, and penniless bohemians. To the other, surf, scuba, bars and night-clubs and the well-off bourgeoisie living the life of Riley till early morning, like the lyricists Vinicius de Moraes and Antonio Maria. Two others are representative - Lucio Alves and Dick Farney: “Tereza de Praia”, which they performed together, anticipates the famous “Garola de Ipanema” of Jobim and Vinicius, and catches perfectly the atmosphere of this playground. “Nick Bar”, the 5th track of this anthology, is a marvellous reflection of the night-life and the musical climate, and the student festivals feeding the development of Bossa Nova. This was a time of new freedom, surely a time of happiness.


“I don’t like Bossa Nova - it is music for apartments”. Jacob do Bandolim preferred the music of the “quintais”- the backyards given over to samba and choro. The gilded youth hung out in the apartments of Nora Leão, the pianist Bené Nunes, or the Copacabana home of guitarist Oscar Castro Nenes. Here were the future stars of Bossa Nova - Roberto Menescal and Carlos Lire (who set up a guitar school together) and the lyricist Ronaldo Boscoli.  Bossa Nova was to become very popular among the young - new sounds and more cheerful lyrics reflecting the new life-styles. In fact, neither the precursors nor the up-and-coming stars were that young themselves. Vinicius was over 40, Jobim (born 1927) no youngster, João Gilberto (1930), and Bonfá (1922) and Silvia Teles (1934) were a different generation to Carlos Lera (1939) and Nara Leão (1942).


In the period covered in this album there was not so much a specific “movement” bringing creative people together, as there were individuals working in parallel, sometimes getting together, all borrowing stylistically and harmonically from samba cancao. The guitarist and multi-instrumentalist Garoto, who had been to the USA with Carmen Miranda and had played with the Trio Surdina, had from the early 50s been blazing, albeit unconsciously, the trail to the new harmonies. For his part, Tito Madi wrote some lovely melodies, but the recordings are in the old style: heavy arrange­ments and constant accordion. Not before Silvia Teles’ refined version of “Chove la Fora” could one detect the beginnings of what was to be Bossa Nova.


Elizete Cardoso recorded the LP “Cancao do Amor Demais” in late 1957, and it is historic in that it marked the break between new and old, revealing the incompatibility of the two worlds. It was not released till April 1958 which is why there are no excerpts in this anthology. It brought together the words of Vinicius and the music of Jobim and marks the arrival of João Gilberto. The singer’s diction and rhythm are out of synch with the feeling of the music and the time-lags clearly bothered Elizete Cardoso who fell back on her old-fashioned style, driving poor Gilberto from the studio. Jobim and Vinicius would have preferred to work with Dolores Duran but had to accept Cardoso. This disc, the intended launching pad of Bossa Nova, is nothing but a shaky thing which has one foot in a world on the edge of extinction and the other poised, unsure where to land.


 ORFEU da CONCEICÃO

 This “musical” was based on the Orpheus myth, as reflected in the daily life of the favelas. It became the outline of the film Orfeu Negro (Black Orpheus), and appeared in 1956, and it anticipated the music and poetry of Bossa Nova. Roberto Paiva’s first recording is rooted in traditional samba, but one can also hear the subtle arrangements and sublime time-shifts of Luis Bonfa’s guitar.


Tereza de Praia
Enbodying the spirit of carioca, this huge hit of 1954 was written by Billy Blanco and the young Antonio Carlos Jobim. A “musical dialogue” between Alves and Farney (both wildly popular with the ladies) and about a girl from the very posh Leblon beach, it predates the hymn to another girl from another beach (Ipanema) by 10 years. Duas Contas. After the early death in 1955 of its composer Garoto this became one of the classics of Brazilian music. In its harmonies and in the clarity of the lyrics it is very representative of this pre-Bossa Nova period.


Foi a Notte
This was the first track that Aloysio de Oliveira (who was to become the main producer of Bossa Nova) produced when he joined Odeon. The music, the arrangement and the style of interpretation were all new to him and the impact was, he said later, “indescribable and remains with me to this day. The voice of Sylvia Teles, at once hoarse and smooth....touches our deepest feelings....this is Bossa Nova at its most powerful”.


Chove la Fora / Cansei de ilusÕes
Chove la Fora, in waltz-time, speaks of loneliness in simple and intimate terms – with perfect harmony of words and music, even though the arrangement (including accordion) reflects the style of the earlier period. This was a huge hit for the composer Chauka Maddi (known as Tito Madi) and was later recorded by the Platters. Cansei de ilusoes is sung in classic style by Elizete Cardoso, a leading exponent of Brazilian song till the 1980s.


Rapaz de Bem / Dizem por Ai/Beija me Mais
“Johnny Alf” (Alfredo Jose da Silva), a mulatto pianist born in 1929, played at the Plaza Hotel in Copacabana and was very popular with young musicians and fans alike. In the style of the time, the piano was more suitable as accompaniment for singers than as a rhythm instrument. This recording of Rapaz de Bem foreshadows the foundations of Bossa Nova with its jazz-oriented melodic line and block chords, which seem oddly detached from the bass and drums. The lyrics deal with the contrast between the carefree life of the young people of South Rio and the harsher North Zone, where Johnny Alf had lived since childhood. Along with Dizem por Ai and Beija me Mais (neither of which attracted much attention at first) Rapaz de Bem became a classic via interpretations by Carlos Lira, Nara Leao and Baden Powell, amongst others.


Se Todos Fossem Iguais a Voce
In early 1956 the poet and diplomat Vinicius de Marais, then in his 40s, wrote a libretto called Orfeu da Conceicao. His first choice to write the music turned him down and on the advice of the music critic Lucio Rangel he called the then unknown (and broke) Antonio Carlos Jobim. This song, the first fruit of their collaboration, was first released in late 1956 by Roberto Paiva and was later covered by Silvia Teles and others.


Ouca / Segredo
Maysa Matarazzo was a gifted singer /composer who burst on to the scene in the 50s. Married to a wealthy Sao Paulo businessman, she had a vast repertoire and Ouca (“Listen”) reflects her talents perfectly as one of the artists linking the two eras.


Ninguem me Ama
At the end of the 40s the bolero influenced a style of samba full of the sadness of love, parting and loneliness. The writer of this song, Antonio Moia, was very familiar with the heavy atmosphere of the bars and cabarets to which this style was well matched. This lovely example was included on the first LP made by the Trio Surdina.


Adeus America / Podem Falar / Nova Illusao
Os Cariocas, founded in 1946, remains a reference point among the vocal groups of the 40s and 50s. The completely original harmonic approach of the 5-man group anticipates the innovations of Bossa Nova. The samba Adeus America, their first hit, is a protest against the invasion of American music.


Nick Bar / Outra Vez
Dick Farney’s 1946 recording of “Copacabana” had brought a new flavour to the samba - the crooner. Returning to Brazil in 1949 after many weeks in the USA he recorded Nick Bar with heavyweights like Gnattali on piano and Garoto on guitar. Way ahead of its time, the jazz-like atmosphere anticipates the sultry nights of pre-Bossa Nova Rio. Farney, singer and talented pianist, formed a quartet in 1956, and much later, in 1967, recorded with a big string orchestra an LP of classic tunes which is simply one of the best discs of its era. Sabado em Copacabana / Procurando me Bem / Terminemos Agora Lucio Alves who founded the vocal group Os Namorados da Lua in the late 1940s had a brief success as a crooner in the early 1950s. He continued composing for other artists, and with the coming of Bossa Nova,  his career took off again thanks to his velvet voice and musical talent.


Mocinho Bonito
Doris Monteiro’s recording of this song was the greatest success of her long career. Billy Blanco’s song is very important - the lyrics are traditional in the style of Noel Rosa but the music and the arrangement prefigure the work Blanco was to do with Jobim. Doris Monteiro, Sylvia Teles and Maya were among the major new voices of the late 1950s.


Alma Brasiliera / Duas Coutas/ Felicidade / Ninguem me Ama
Anibal Augosto Sardinha, known as Garoto (“kid”) is the common factor to these four titles. Duas Contas is one of his best, and his interpretation of Alma Brasiliera (with Gnattali) is 1 minute 31 seconds of pure musical intelligence. Before his early death in 1955 he had founded a trio with Fafa de Lemos (violin) and Chiquino (accordeon), old-fashioned in style but with a very original approach, and equally original music which pointed the way to Bossa Nova.


Maria Dos Meas Pecados
Agostinho dos Santos provided the male voice for the film “Orfeu Negro”. Though from a different background, he took up Bossa Nova, a style not particularly suited to the timbre of the voice. In his case, however, it brings popular song to a level akin to a state of grace. He was obviously aware of the talent of the young Milton Nascimento who accompanied his first steps. Who could not be moved by Maria Dos Meas Pecados?


Quando Ela Sai / Meia Luz
These are the first recordings João Gilberto made, before he found his true musical identity. At that time the bell had not rung and he was very influenced by the singing style of Orlando Silva. It was also the period when he teamed up with “sambistes” like Geraldo Perreira in Lopa (the red light district), later recording Falsa Baiana with him. It was the 1957 LP of Cancao de Amor that marked his arrival, and it is in this disc that one can hear the rhythmic shifts which tell us that he was poised on the edge of the new era.


This disc is dedicated to Pierre Bouteiller, without whom Bossa Nova would not have come to mean what it does for me.


English adaptation by Laure WRIGHT
© 2008 Frémeaux & Associés – Groupe Frémeaux Colombini SAS


CD1

 1. TEREZA DA PRAIA - Samba
(Antonio Carlos Jobim / Billy Blanco)
Com Dick Farney et Lucio Alves, e conjunto instrumental de Antonio Carlos Jobim
Continental - 16.994-A - 1954

2. DUAS CONTAS

(Anibal Sardinha « Garoto »)
Silvia Teles com Orquestra
Odeon - 1957

3. CHOVE LA FORA
- Samba canção
(Tito Madi)
Tito Madi com Orquestra da Continental
Continental - 17416 - 06/1957

4. FOI A NOITE
- Samba canção
(Antonio Carlos Jobim / Newton Mendonça)
Silvia Teles com Orquestra, Arr. et Dir. : Antonio Carlos Jobim
Odeon - 14.077-A 08/1956


5. NICK BAR - Samba
(José Vasconcelos/Anibal Sardinha « Garoto »)
Dick Farney com Radamés Gnattali alias Vero (piano), Garoto (violão) Vidal (baixo), Trinca (bateria)
Continental 1647-B - 12/1951 
6. SE TODOS FOSSEM IGUAIS A VOCE - Samba canção
(Antonio Carlos Jobim / Vinicius de Morais)
 Silvia Teles e orquestra dirigida por Antonio Carlos Jobim
Odeon 14077-183 – 7/6/1956

7. MOCINHO BONITO
- Samba
(Billy Blanco)
Doris Monteiro com orquestra
Columbia - CB-10364-B -1957

8. SÓ SAUDADE
- Samba canção
(Newton Mendonça / Antonio Carlos Jobim)
Claudia Morena com orquestra
Odeon - 14.113-A - Novembre 1956

9. PRELUDIO

(Hervê Cordovil / Vicente Leporace)
Silvio Caldas com Orquestra
Columbia - CB10378-B - 1957

10. CANSEI DE ILUSÕES
(Samba canção)
(Tito Madi)
Elizete Cardoso com orquestra
Copacabana - 1957
11. ALMA BRASILEIRA (Choro)
(Radamés Gnattali)
Solo de violão de Anibal Sardinha « Garoto »
Circa 1953
12. NOVA ILUSÃO - Samba
(Luiz Bittencourt / José Menezes
« Zé Cavaquinho »)
Conjunto Os Cariocas
Continental 15893-A 6/1948

13. ADEUS AMÉRICA
- Samba
(Geraldo Jaques / Haroldo Barbosa)
Conjunto Os Cariocas
Continental 15893-B 6/1948

14. DIZEM POR AI
- Samba canção
(Haroldo Eiras / Victor Berbara)
Johnny Alf e Orquestra melódia de Lirio Panicali
Sinter - 0000352-A -1954
15. PROCURANDO O MEU BEM - Samba
(Fernando Lobo / Bruno Gomes)
Lucio Alves com Vero e sua Orquestra
Continental - 16730-B 25/02/1953
16. OUTRA VEZ - Samba canção
(Antonio Carlos Jobim)
Dick Farney com Orquestra Reg : Alexandre Gnatalli
Continental - 16.994-A 07/1954
17. FELICIDADE - Beguine
(Anibal Sardinha « Garoto » / Haroldo Barbosa)
Trio Surdina
Musidisc M-007 - 1952
18. QUANDO ELA SAI - Samba canção
(Alberto Jesus / Roberto Penteado)
João Gilberto e Orquestra
Copacabana - 096-A 08/1952


CD 2

 1. SE TODOS FOSSEM IGUAIS A VOCE - Samba
(Tom Jobim / Vinicius de Morais)
Roberto Paiva c/ solo de violão
de Luiz Bonfá e Orquestra sob a Regencia de Antonio Carlos Jobim

Odeon - MODB - 3056 - « Orfeu da Conceição » 11/1956

2. RAPAZ DE BEM
- Samba
(Johnny Alf)
Johnny Alf e conjunto
Copacabana 5568 - 1955

3. POR CAUSA DE VOCE
- Samba canção
(Antonio Carlos Jobim /Dolores Duran)
Silvia Teles com Orquestra

Odeon - 14221 - 07/1957

4. NÃO DIGA NÃO
- Samba canção
(Tito Madi / Georges Henry)
Nora Ney e Orquestra dirigida por Alexandre Gnatalli

Continental - 16983 - 06/1954


5. MARIA DOS MEUS PECADOS -
Samba canção
(Jair Amorim / Waldemar de Abreu)
Agostinho dos Santos com Orquestra

Polydor - 229-A Matriz. Pol 3034 - 1957

6. MULHER SEMPRE MULHER
- Samba
(Antono Carlos Jobim / Vinicius de Morais)
Roberto Paiva com solo de violão Luiz Bonfá. Orquestra sob a Regência de Antonio Carlos Jobim.
Odeon - MODB - 3056 - « Orfeu da Conceição » - 11/1956

7. LAMENTO NO MORRO
- Samba
(Antonio Carlos Jobim / Vinicius de Morais)
Roberto Paiva com solo de violão de Luiz Bonfá. Orquestra sob a Regência de Antonio Carlos Jobim.
Odeon MODB - 3056 - « Orfeu da Conceição » - 11/1956
8. SEGREDO - Samba canção
(Fernando Cesar)
Maysa com Orquestra RGE dir. Rafael Puglielli

RGE - 10047-B - 1957 
09. OUÇA - Samba canção
(Maysa Matarazzo)
Maysa com Orquestra RGE dir. Rafael Puglielli

RGE - 10047-A - 1957
10. SE É POR CAUSA DE ADEUS - Samba canção
(Antonio Carlos Jobim / Dolores Duran)
Doris Monteiro com Antonio Carlos Jobim e sua Orquestra

Continental - 17.159-A - 10/1955
11. SÁBADO EM COPACABANA - Samba
(Jorge Guinle / Dorival Caymmi)
Lucio Alves com Vero e sua Orquestra de cordas

Continental - 16480-A - 1951
12. PODEM FALAR - Samba canção
(Ismael Neto /Antonio Maria)
Os Cariocas e Conjunto

RCA Victor - 801134A - 06/1953
13. CANÇÃO DA VOLTA - Samba canção
(Ismael Neto / Antonio Maria)
Silvia Teles com Orquestra

Odeon - 1957


14. TERMINEMOS AGORA - Samba canção
(Gilberto Milfont)
Lucio Alves e Orquestra Continental

Continental - 16188-B 04/1950
15. BEIJA-ME MAIS (Samba canção)
(Amauri Rodrigues)
Johnny Alf e Orquestra Melódica de Lirio Panicali

Sinter - 0000352-B -1954
16. NINGUEM ME AMA - Samba
(Antonio Maria / Fernando Lobo)
Trio Surdina

Musidisc - M-007 - 1952
17. MEIA LUZ - Samba canção
(Hianto de Almeida / João Luiz)
João Gilberto e Orquestra

Copacabana - 096-B - 08/1952
18. DUAS CONTAS - Choro
(Anibal Sardinha « Garoto »)
Solo de violão de « Garoto »

Circa 1953


CD LES PRECURSEURS DE LA BOSSA NOVA 1948 - 1957 © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

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