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MAR HUMANO DO MONTEBELLO Adamah “L’album Adamah est un hommage à la Terre et à la Vie. Je regarde la Terre comme un être précieux et je la compare à un être humain. N’a-t-elle point un noyau brûlant, comme ce cœur moteur qui nous fait vivre, des strates de terre comme nos muscles et des rivières, des océans, des mers comme nos veines et nos artères… La Terre, j’ai voulu la chanter, l’honorer, réunir des musiciens d’exception qui ont, en commun avec moi, d’être très mobilisés quant à son devenir. Etre artiste ne m’aurait pas suffi ; et si j’ai voulu écrire et chanter l’eau, les arbres, les océans, les êtres inouïs que j’ai eu la chance de rencontrer, c’est aussi parce que je ne peux imaginer la musique éloignée du mouvement de la vie.”
Do Montebello Do a dessiné une grande barque et elle est montée dedans. C’est un exercice très ancien. La philosophie chinoise nous parle déjà d’un maître et de son disciple qui, ayant atteint le point extrême de l’oubli de soi-même, purent monter dans la barque qu’ils venaient de peindre et disparaître dans le tableau. Une grande barque, parce que pour atteindre le Nordeste, il faut affronter la mer. Suffisamment grande pour que Do puisse emporter ses poèmes, les musiciens qu’elle aime, et les musiques du monde qu’elle sait habiter depuis toujours. Grande enfin, parce qu’il faut faire place à tous ceux qu’elle convie au voyage, et à qui elle demande pour seul passeport d’avoir le sens du partage. ADAMAH est une aventure qui vous donne envie de ne pas rester sur le quai. Il faut donc vous préparer à embarquer, guidé par une voix qu’il vous reste à découvrir, et qui fera passer en vous le souffle de l’émotion. Une voix qui nous demande d’être généreux, fraternels, et de veiller sur cette terre qui nous porte depuis si longtemps. Il y a des messages qu’il faut savoir entendre au bon moment, c’est à dire avant qu’il ne soit trop tard. Puisse ce disque faire de vous des messagers... Jean-Louis Wiart Axolotl Jazz CORRENTEZA Do Montebello - Patrick Favre HA TANTA CORRENTEZA NO TEU AMOR HA TANTA FLORESTA, AVES COLORIDAS NOITES ESCURAS PARA NAVEGAR VOCÊ ME DEIXA FEITO FOGO E AR HOMEM, MEU IMPLACÁVEL PRANTO QUE NUNCA AMENIZOU A FORÇA DE UM OLHAR A GRAÇA DE UM SORRISO ME CONTE COMO PARTIU AO LONGE DAS ESTRADAS DE TANTOS AMORES SACRIFICADOS HOMEM LIVRE, ME DEIXE EM HERANÇA SUA LINGUA, SEU SEGREDOS SUA PAZ COMO TESOURO E SE TALVEZ ACONTECE DE ME VER SAIR A FRANCESA SEU CARINHO ME FEZ NASCER FRUTO VERDE E AMARELO E AQUELE MEU JEITINHO E DE BRASILEIRA MESMO RAPIDES IL Y A TANT DE RAPIDES DANS TON AMOUR TANT DE FORÊTS, D’OISEAUX TOUT BIGARRÉS DES NUITS OBSCURES À NAVIGUER TU ME FAIS FEU ET AIR HOMME, MON IMPLACABLE CHAGRIN QUE JAMAIS N’ADOUCIT LA FORCE D’UN REGARD LA GRÂCE D’UN SOURIRE DIS-MOI COMMENT TU AS VOYAGÉ AU LONG DES CHEMINS DE TANT D’AMOURS SACRIFIÉES HOMME LIBRE, LAISSE-MOI EN HÉRITAGE TA LANGUE, TES SECRETS TA PAIX COMME UN TRÉSOR ET SI PAR HASARD IL ARRIVE QU’ON ME VOIT FILER À L’ANGLAISE TA TENDRESSE M’A FAIT NAÎTRE FRUIT JAUNE ET VERT ET CETTE FAÇON D’ÊTRE EST BIEN CELLE D’UNE BRÉSILIENNE MAR HUMANO Do Montebello - Sergio Farias DE ONDE EU VENHO DE ONDE EU SOU RESPIRO O MAR DA MINHA INFANCIA NAS VERDES ONDAS DE MINAS OUÇO NA CHUVA PAULISTA AS GARGALHADAS DAS GAIVOTAS VEJO NO BAILE DAS NUVENS O CONVITE DOS PEIXES DEIXO O COMPASSO DAS HORAS PRESO NO RELÓGIO DOS HOMENS VIVO NO CONCERTO DO MUNDO COMO UMA ONDA NO MAR HUMANO MER HUMAINE D’OU VIENS-JE ? D’OU SUIS-JE ? JE RESPIRE LA MER DE MON ENFANCE DANS LES VERTS ONDOIEMENTS DE MINAS GERAIS J’ENTENDS DANS LA PLUIE PAULISTE* LES ÉCLATS DE RIRE DES MOUETTES JE VOIS DANS LE BAL DES NUAGES L’INVITATION DES POISSONS JE LAISSE LE TIC TAC DES HEURES PRISONNIER DU TEMPS DES HOMMES JE VIS DANS LE CONCERT DU MONDE COMME UNE VAGUE DANS LA MER HUMAINE * PAULISTE : originaire de São-Paulo MUSICALIDADE Do Montebello - Sergio Farias QUANDO NUM GESTO ELA DESFAZ NA PAUTA SEUS CABELOS AZUIS E TODO O OCEANO QUE TRAZ A DOR DAS VOZES DO BLUES ELA É SÓ MUSICALIDADE E VOCÊ PERGUNTA BAIXINHO COMO SE JUNTAM COM TANTA FORÇA CORPO, BALANÇO E POESIA NUM MOVIMENTO, ELA TE LEVA AOS JARDINS DO MAR DE COURO ONDE SE REFLETEM RAIOS DE OURO E DE TANTO AMAR, VOCÊ CHORA ELA É SÓ MUSICALIDADE E VOCÊ PERGUNTA BAIXINHO COMO SE JUNTAM COM TANTA FORÇA CORPO, BALANÇO E POESIA MUSICALITÉ QUAND DANS UN GESTE ELLE DÉNOUE SES CHEVEUX BLEUS SUR LA PORTÉE MUSICALE C’EST TOUT L’OCÉAN QUI CHARRIE LA DOULEUR DES VOIX DU BLUES ELLE N’EST QUE MUSICALITÉ ET TU T’INTERROGES TOUT BAS COMMENT SE REJOIGNENT AVEC TANT DE FORCE CORPS, RYTHME ET POÉSIE DANS UN MOUVEMENT, ELLE T’EMPORTE AUX JARDINS DE LA MER DE CUIR OÙ SE REFLÈTENT LES RAYONS D’OR ET DE TANT AIMER, TU PLEURES ELLE N’EST QUE MUSICALITÉ ET TU T’INTERROGES TOUT BAS COMMENT SE REJOIGNENT AVEC TANT DE FORCE CORPS, RYTHME ET POÉSIE JUAZEIRO Luiz Gonzaga - Humberto Teixeira Juazeiro, juazeiro, me arresponda, por favor, Juazeiro, velho amigo, onde anda o meu amor Ai, juazeiro ela nunca mais voltou, Diz, juazeiro onde anda meu amor Juazeiro, não te alembra Quando o nosso amor nasceu Toda tarde a tua sombra Conversava ela e eu Ai, juazeiro como dói a minha dor, Diz, juazeiro onde anda o meu amor Juazeiro, seje franco, ela tem um novo amor, Se não tem, porque tu choras, solidário a minha dor Ai, juazeiro não me deixa assim doer, Ai, juazeiro tô cansado de sofrer Juazeiro, meu destino tá ligado junto ao teu, No teu tronco tem dois nomes, ela mesmo é que escreveu Ai, juazeiro eu não güento mais doer, Ai, juazeiro eu prefiro inté morrer Juazeiro, juazeiro, s’il te plaît réponds-moi Juazeiro, vieil ami, que devient celle que j’aime ? Hélas, juazeiro, elle n’est plus jamais revenue Dis, juazeiro, que devient celle que j’aime ? Juazeiro, ne te souviens-tu pas Du jour où notre amour est né ? Tous les après-midis, à l’ombre de ton feuillage On conversait tous les deux, elle et moi Hélas, juazeiro, j’en ai gros sur le cœur Dis, juazeiro, que devient celle que j’aime ? Juazeiro, dis-le-moi franchement, a-t-elle trouvé un autre amour ? Sinon, pourquoi pleures-tu, en prenant part à ma douleur ? Hélas, juazeiro, épargne-moi cette douleur Hélas, juazeiro, je suis fatigué de souffrir Juazeiro, mon sort ne fait qu’un avec le tien Sur ton écorce on voit deux noms, c’est elle-même qui les a gravés Hélas, juazeiro, je n’en peux plus de douleur Hélas, juazeiro, si c’est comme ça, plutôt mourir... AVELEIRA Do Montebello - Sergio Farias Atrás do antigo casarão Tinha uma linda aveleira Nas horas quente do verão Refugiada nas folhagems Com bússola e pão na mão Viajava num mundo de imagens O mar de trigo ondulava Aos pés da minha embarcação As andorinhas eram gaivotas Batendo asas no coração A terra toda girava Embriagada Quando sua voz me chamava Já era plena escuridão As luzes da casa piscavam Como estrelas na imensidão O paraíso de repente Era você me dando a mão Anos ligeiro passaram Ventando na aveleira Levando gerações embora Belas almas que no verão Deixam no clarão do céu Raios da infancia LE NOISETIER Derrière la vieille demeure il y avait un beau noisetier aux heures chaudes de l’été refugiée dans les feuillages boussole et quignon de pain à la main je voyageais dans un monde d’images La mer de blé ondulait au pied de mon embarcation les hirondelles étaient des mouettes qui de leurs ailes faisaient battre mon cœur la terre entière tournoyait ivre Quand ta voix m’appelait il faisait déjà nuit les lumières de la maison brillaient comme autant d’étoiles dans l’immensité le paradis tout entier c’était quand tu prenais ma main Les années filèrent agitant le noisetier emportant avec elles les générations belles âmes qui dans l’été dessinent dans la clarté du ciel les rayons de l’enfance Terra Do Montebello - Sergio Farias TERRA, VOCÊ ME DEVORA ME LAVA ME AMA CHAMO-TE TERRA BELEZA CONVULSIVA QUE DE SOFRIMENTOS MORDERÁ TERRA, SENDO A UNICA CHANCE TERRA, MINHA SEDE MINHA REDE FEITA DO TEU ALUVIÃO TERRA MÃE, NOSSO CANTO VELA IÇADA NO MUDO UNIVERSO TERRA COMO PONTO NO I DO GRITO DA VIDA TERRA, TERRA GIRA, GIRA QUADRIL MUSICAL TERRA, TERRA GIRA, GIRA RITMO CELESTIAL TERRA, TERRA GIRA, GIRA Terre TERRE, TU ME DÉVORES TU ME LAVES TU M’AIMES JE T’APPELLE TERRE BEAUTÉ CONVULSIVE QUI DE SOUFFRANCES, MORDRA TERRE, NOTRE UNIQUE CHANCE TERRE, MA SOIF MON HAMAC FAIT DE TES ALLUVIONS TERRE-MÈRE, NOTRE CHANT VOILE HISSÉE VERS L’UNIVERS MUET TERRE COMME LE POINT DU I DU CRI DE LA VIE TERRE, TERRE TOURNE, TOURNE HANCHE MUSICALE TERRE, TERRE TOURNE, TOURNE RYTHME CÉLESTE TERRE, TERRE TOURNE, TOURNE ADAMAH Do Montebello - Sergio Farias UM DIA AS LÍNGUAS SE CALARÃO CANSADAS DE TANTO TEREM FALADO INDIGNADAS DOS PODERES VORAZES DE TANTOS SÉCULOS GUERREIROS UM DIA AS LÍNGUAS SE CALARÃO DEIXANDO O ESPAÇO AO SILENCIO DE CADA UM DOCE PENUGEM E PODERÁ SE OUVIR AO LONGE A VOZ DE UM ANTIGO VIAJANTE SENTADO NA BEIRA DAS ALMAS ADAMAH UN JOUR LES LANGUES SE TAIRONT EPUISÉES D’AVOIR TANT DIT INDIGNÉES DES POUVOIRS VORACES DE TANT DE SIÈCLES GUERRIERS UN JOUR LES LANGUES SE TAIRONT LAISSANT L’ESPACE AU SILENCE DE CHACUN DOUX DUVET ET L’ON POURRA ENTENDRE AU LOIN LA VOIX D’UN ANCIEN VOYAGEUR ASSIS SUR LE BORD DES ÂMES HILDA FRANCISCO ACENA Do Montebello - Sergio Farias NA MESA, UMA FLOR DE MARVÃO EM UM BARRACO EM SANDY GROUND À BEIRA DO MAR DO CARIBE O AZUL NÃO TINHA GRAÇA E A GRANA SEMPRE FALTAVA NESSA VIDA ESCAQUEIRADA QUANTOS ANOS TRABALHANDO NUMA LOJA DA MARINA LIMPANDO PÉS DESCALÇOS UM MÁRMORE DA ITÁLIA TEU CHÃO É A TERRA TEU CANTO LIGEIRO POR ONDE ANDAS HOJE, HILDA FRANCISCO ACENA SUR LA TABLE, UNE FLEUR D’HIBISCUS DANS UN BIDONVILLE DE SANDY-GROUND AU BORD DE LA MER DES CARAÏBES LE BLEU N’AVAIT PLUS D’IMPORTANCE ET L’ARGENT MANQUAIT SANS CESSE DANS CETTE VIE EN MILLE DÉBRIS COMBIEN D’ANNÉES TRAVAILLAS-TU DANS CETTE BOUTIQUE DE LA MARINA OÙ TU LAVAIS NUS PIEDS UN MARBRE D’ITALIE TON SOL C’EST LA TERRE TON CHANT SI LÉGER OÙ VIS-TU AUJOURD’HUI HILDA FRANCISCO ACENA ? MANKIND HAS ITS WAY Do Montebello - Patrick Favre LATE AT NIGHT, AS IT MIGHT I TIP TOE TO YOUR DOOR LISTENING TO THIS OLD GUITAR THERE ARE BIRDS SOMEWHERE OUT AND YOUR FINGERS TO REACH MY HEART ALL KIND OF TUNES YOU WHISPER CAUSE YOU’VE GOT THEM ALL THOSE INFLECTIONS IN YOUR VOICE LIGHTING UP DEEP INSIDE DREAM-TRAVELS TO FREE MY MIND “BE AS YOU ARE”, YOU OFTEN SAY AS WE SMILE STARVING FOR IT CAUSE OUR FREEDOM MADE OUT OF WAR JUST KNOWS HOW LOVE RESISTS WAITING FOR US THROUGH ALL THESE YEARS MANKIND HAS ITS OWN WAY BLOOD TAKES PART OF BIRTHING IT TAKES PART OF KILLING MANKIND AT ITS BEGINNING L’HUMANITÉ A SES RAISONS TARD DANS LA NUIT, COMME PARFOIS JE GLISSE SUR LA POINTE DES PIEDS JUSQU’À TA PORTE ET J’ÉCOUTE CETTE VIEILLE GUITARE DES OISEAUX GAZOUILLENT QUELQUE PART ET TES ARPÈGES TOUCHENT MON COEUR TU MURMURES DIFFÉRENTS AIRS CAR LA PLUPART VIVENT EN TOI LES INFLEXIONS DE TA VOIX ÉCLAIRENT AU PLUS PROFOND DES RÊVES D’AILLEURS QUI LIBÈRENT MA PENSÉE “SOIS TOI MÊME” TU AS COUTUME DE DIRE ET NOUS SOURIONS CAR DE CELA NOUS SOMMES AFFAMÉS BIEN QUE NOS LIBERTÉS FAITES DE QUERELLES SAVENT PARFAITEMENT QUE L’AMOUR RÉSISTE EN NOUS ESPÉRANT TOUT AU LONG DES ANNÉES L’HUMANITÉ A SA FAÇON D’ÊTRE LE SANG S’INSCRIT DANS LA NAISSANCE IL S’INSCRIT DANS LE MEURTRE L’HUMANITÉ À SES BALBUTIEMENTS ESTRELAS Tico DA COSTA ESTRELAS, ESTRELAS, ESTRELAS, ESTRELAS DO CEU ALEM DO TEMPO, DO TEMPO, DO TEMPO DO TEMPO EM QUE MEU CANTO ERA AO LEU SEM TEMPO ME LEMBRO, ME LEMBRO, ME LEMBRO, ME LEMBRO EU SORRINDO, EU CANTANDO E ATÉ HOJE, PASSO A VIDA CANTANDO QUE BRILHAM O MEU CAMINHO ESTRELAS EU SOU UM PASSARINHO ESTRELAS CANTANDO BEM CEDINHO ESTRELAS PRO MUNDO MELHORAR ÉTOILES ÉTOILES, ÉTOILES, ÉTOILES, ÉTOILES DU CIEL AU-DELÀ DU TEMPS, DU TEMPS, DU TEMPS DU TEMPS OÙ MON CHANT ÉTAIT À L’AVENTURE HORS DU TEMPS JE ME SOUVIENS JE ME SOUVIENS JE ME SOUVIENS JE SOURIAIS JE CHANTAIS ET JUSQU’À CE JOUR JE PASSE MA VIE À CHANTER QUE LES ÉTOILES ÉCLAIRENT MA ROUTE JE SUIS UN OISEAU, ÉTOILES QUI GAZOUILLE AU PETIT JOUR, ÉTOILES POUR QUE LE MONDE SOIT MEILLEUR MINAS Do Montebello - Ivans Silva NOITE CLARA, SUA VOZ INSTALA UMA VIAGEM DE PELE ENTRE VOCÊ E EU AGORA MESMO, VOCÊ ME CONVIDA AO CÉU DO CORPO À IMENSIDÃO DO GRITO MINAS ME LEVA NO SEU MOVIMENTO VASTO PENSAMENTO, DE VALES E MONTES DIAS DE TERRA VERMELHA ANOITECENDO E ROXAS QUARESMAS COLORINDO ESSE SEU AR QUE SOBE NOS VALES E MONTES E MORRE NO MAR. NUIT CLAIRE, TA VOIX INSTALLE UN VOYAGE DE PEAU ENTRE TOI ET MOI À CET INSTANT, TU M’INVITES AU CIEL DU CORPS A L’IMMENSITÉ DU CRI MINAS M’EMPORTE DANS SON MOUVEMENT VASTE PENSÉE DE VALLÉES ET DE MONTS JOURS DE TERRE ROUGE QUI LENTEMENT DÉCLINENT ET LES FLEURS DE CARÊME VIOLETTES QUI COLORENT TON AIR CET AIR QUI COURT PAR LES VALLÉES ET LES MONTS SE JETER DANS LA MER TRAVESSA DOS CALAFATES Tico DA COSTA Travessa dos calafates Emboca na boca do mar Do mar do mar ou ou ou do mar E a vida do calafate É bater martelo no mar No mar no mar ou ou ou no mar Se não fosse o calafate Afundava o barco no mar No mar no mar ou ou ou no mar No samba do calafate Tubarão se remexe no mar No mar no mar Ou ou ou no mar Cuida do barco Calafate cala a boca Cala a boca da madeira Que é pra água não entrar Botando piche na estopa Estopora o estopor Passou da hora A maré tá pra chegar Cata cavaco Cara-a-cara Caranguejo, baiacu tá cutucando Meu tutu meu mocotó Meu mocotó no tôco tôco Tic-tac toco toco violão Porque meu pai calafetou Bateira bateira na beira da maré Ruim maruim medonho aqui no pé L’ALLÉE DES CALFATS * L’allée des calfats Débouche sur la mer La mer, la mer, ô, ô, la mer Et la vie du calfat, C’est de colmater en mer En mer, en mer, ô, ô, en mer Si le calfat n’existait pas, La barque sombrerait en mer En mer, en mer, ô, ô, en mer Dans la samba du calfat Le requin se trémousse dans la mer Dans la mer, dans la mer Ô, ô, dans la mer Prend soin de ta barque Calfat, ferme sa brèche Ferme la brèche du bois Pour que l’eau n’y entre pas Enduis de goudron l’étoupe Et ta poupe en proie à la stupeur Car l’heure est déjà passée La marée va bientôt monter Avançant de guingois Yeux dans les yeux Le crabe et le poisson globe S’en prennent à moi, pincent mon talon Mon talon, ma souche Tic-tac, si je joue de la guitare C’est que mon père l’a calfatée Pinasse, pinasse, aux prises avec la marée Vilain maringouin, lâche donc mon pied. * Dans cette chanson qui emprunte à l’embolada (traditionnel folklore du Nordeste du Brésil), Tico da Costa établit un parallèle entre le travail du calfat qui répare les barques et celui du luthier qui répare les guitares. 1 RAPIDS Do Montebello - Patrick Favre There are so many rapids in your love So many forests, so many multicoloured birds Dark nights to navigate You turn me into fire and air Oh man, my relentless sorrow Never soothed by The weight of a gaze Never graced by a smile Tell me how you traveled Along the roads Of so many sacrified loves Oh free man, let me inherit Your language, your secrets Your peace as a treasure And if I happened to be seen Taking french leave Your sweetness has given birth to me As a green and yellow fruit And the way I am today Is truly that of a brazilian 2 HUMAN SEA Do Montebello - Sergio Farias Where do I come from ? Where am I from ? I breathe the sea of my childhood In the green waves of Minas Gerais In the rain of São Paulo I hear The laughter of the seagulls I see in the dance of the clouds The beckoning of the fish I leave the ticking of the clock Prisoner of time of men I live in the concert of the world Like a wave in the human sea 3 MUSICALITY Do Montebello - Sergio Farias When she moves to untie Her blue hair on a musical staff It’s the ocean’s waves breaking With the pain of the voice of the blues She is nothing but musicality And you wonder How body, rythm and poetry Merge with such force In a swift move, she carries you away To the gardens of the glaring leather sea Where golden beams are reflected And because of so much loving, you cry She is nothing but musicality And you wonder How body, rythm and poetry Merge with such force 4 JUAZEIRO Luiz Gonzaga Juazeiro, Juazeiro, please answer me Juazeiro, my old friend, what happened to the one I love? Alas, Juazeiro, she never returned Tell me Juazeiro, how is she the one I love? Juazeiro, dont’ you remember The day our love was born ? Every afternoon, under the shadow you provided us The two of us were talking, her and I Alas, Juazeiro, I have a heavy heart Tell me Juazeiro how is she the one I love ? Juazeiro, tell me frankly did she find another love ? If not why do you cry sharing my pain ? Alas, Juazeiro save me from this suffering Alas, Juazeiro I am tired of suffering. Juazeiro my fate is one with yours On your bark we can read two names, she engraved them Alas, Juazeiro I can’t take this pain Alas, Juazeiro if it’s like this I’d rather die * Juazeiro is a tree from the « Caatinga », a north east region of Brazil. This tree which remains green, even in the warmest period of the year, symbolizes in the song the perpetuity of love. 5 THE HAZEL TREE Do Montebello - Sergio Farias Behind the old house There was a lovely hazel tree In the hottest hours of summer Shelted by leaves Compass and bread in hand I traveled in a world of images The sea of wheat rippled At the foot of my boat Swallows became seagulls Flapping their wings in my heart The whole earth was turning Drunken Each time your voice called out to me It was already pitch dark The lights in the house were flickering Like stars in the vast universe And suddenly paradise It was you, who held my hand The years have gone by so fast Swaying the hazel tree Lifting generations Beautiful souls which in summer Leave in the clear sky The lightning of childhood 6 EARTH Do Montebello - Sergio Farias Earth, you devour me You wash me You love me I name you earth Convulsive beauty Who from suffering will bite Earth, our only chance Earth, my thirst My hammock Made from your silt Earth, our mother, our song Sail hoisted towards the mute universe Erath, as the dot of the i Of the cries of life Earth, earth Turn, turn Musical jive Earth, earth Turn, turn Celestial rythm Earth, earth, Turn, turn 7 ADAMAH Do Montebello - Sergio Farias One day, tongues will remain silent From having spoken so much Outraged by the voracious power Of so many war ridden centuries One day, tongues will remain silent Allowing everyone their silence Soft as down And in the distance we will hear The voice of an ancient traveler Sitting at the edge of our soul. 8 HILDA FRANCISCO ACENA Do Montebello - Sergio Farias On the table, one hibiscus flower In the shanty town of Sandy-Ground On the Carribean coast The blue colour of the sea didn’t make any difference for money was running out In this shattered life How many years did you work In this boutique on the marina Where, barefoot, you cleaned An Italian marble floor Your land is the earth Your singing so light Where are you now Hilda Francisco Acena 9 MANKIND HAS ITS WAY Do Montebello - Patrick Favre Quando Num Gesto Ela Desfaz Na Pauta Seus Cabelos Azuis E Todo O Oceano Que Traz A Dor Das Vozes Do Blues Ela É Só Musicalidade E Você Pergunta Baixinho Como Se Juntam Com Tanta Força Corpo, Balanço E Poesia Num Movimento, Ela Te Leva Aos Jardins Do Mar De Couro Onde Se Refletem Raios De Ouro E De Tanto Amar, Você Chora Ela É Só Musicalidade E Você Pergunta Baixinho Como Se Juntam Com Tanta Força Corpo, Balanço E Poesia 10 STARS Tico da Costa Stars, stars, stars, stars in the sky Beyond time, time, time, time, When my song was beyond time I remember, I remember, I remember I was smiling, I was singing And until today I spend my life singing Let the stars light up my road I am a small bird, stars Twittering at dawn, stars For the world to be better 11 MINAS Do Montebello - Ivans Silva Clear night, your voice creates A skin deep journey between you and me At this very moment, you’re inviting me To the heaven of the body To the immensity of a cry Minas carries me off in its movement Infinite thoughts of valleys and hills Days of red earth which slowly become night And these purple flowers Colouring the air This air which races Through valleys and hills And flows into the sea 12 THE CAULKERS’ ALLEY Tico da Costa The caulkers’ alley Leads to the sea The sea, the sea oh, oh, the sea And the caulker’s life, Is to seal the cracks at sea At sea, at sea oh, oh, at sea If the caulker did not exist, The boat would sink at sea At sea, at sea oh, oh, at sea In the caulker’s samba The shark shimmies at sea at sea, at sea, oh, oh, at sea Take care of your boat Caulker, seal the gap Seal the gap in the timber So water won’t seep in Coat the oakum with tar And your stern gripped by fear For it’s late And already, the tide is rising Moving askew Face to face The crab and the porcupine fish Are picking at me, pinching my heel My heel, my support Tic-tac, if I can play the guitar It’s because my father caulked it Pinnace, pinnace, struggling with the tide Nasty gnat, leave my foot alone. DO MONTEBELLO CHANT, AUTEUR SERGIO FARIAS GUITARE, COMPOSITION & ARRANGEMENTS PATRICK FAVRE PIANO & COMPOSITION RICARDO FEIJÃO BAIXOLÃO CHRISTOPHE DE OLIVEIRA BATTERIE JULIO GONÇALVES PERCUSSION JEAN FERRY VIOLONCELLE SUR « ESTRELAS » Production DO MONTEBELLO & Axololt Jazz pour Label La Lichère/ Frémeaux & Associés. Enregistrement Studio Sextan la Fonderie novembre 2012 & Studio Audiolane février 2013 Enregistrement & Mixage : ALBAN SAUTOUR | Mastering : RAPHAËL JONIN OSSIANE www.ossiane.fr : © Photos 2ème de couverture, page des remerciements, avant dernière de couverture du livret, Mar Humano, Musicalidade, Aveleira, Adamah, Estrelas, pages des textes en traduction anglaise, Minas, Travessa dos calafates. CLARA ANTONELLI www.claraantonelli.fr : © Photos avant dernière de couverture jaquette extérieure, Correnteza, Juazeiro, Terra, Hilda Francisco Acena. VINCENT COPYLOFF www.vincentcopyloff.book.fr : © Photo 1ère de couverture réalisée au Mont sacré du Donon & photo de la jaquette extérieure. MARCELLO LUNIERE : © Photo studio. IVANS SILVA : © Photo Mankind has its way. Conception graphique : FRED KEMPF pour FKweb.net Traductions : GERMAINE MANDELSAFT WWW.DOMONTEBELLO.COM Ma gratitude à JEAN-LOUIS WIART pour son soutien à ADAMAH. Merci à BRIGITTE PERY EVENO et à GÉRARD SIMOES pour l'élan avec lequel ils ont ouvert les champs de la faisabilité. Merci à VINCENT MAHEY et à HERVÉ MARTIN pour leur accueil chaleureux à Sextan. Merci à ALBAN SAUTOUR, magicien du son. Merci à toute l'équipe musicale pour son talent et sa générosité ! Merci à SERGIO FARIAS et PATRICK FAVRE, mes complices. Merci à LYDIE CALLIER pour son accompagnement sur mesure. CE DISQUE EST DÉDIÉ AUX ENFANTS ACCUEILLIS, SOIGNÉS ET GUÉRISGRÂCE À L’ASSOCIATION MÉCÉNAT CHIRURGIE CARDIAQUE Le cœur d’ADAMAH bat aussi grâce à Barbara Albasio, Gérald André, Robert Antoine, Clara Antonelli, Sonia Araujo, Fleur Arcaro, Paulette Assié, Mireille Badou, Agnès Bastien, Saadane Benbabaali, Chantal Bendimerad, Braham Benmerabet, Elisabeth Besset, Renée Besset, Christian Billon, Erick Boccara, Lorena Borges da Rocha, David Bortolotti, Karine Bourdeleau, Carlos Braga, Virgil Brill, Patricia Bucco, Jocelyne Cabaret, Yolande Cazaux, Myriam Charon, Corinne-Marie Chatonnet, Bruce Cherbit, Michel Ciucci, Jean-Pierre Claudon, Marie-Laeticia Claudon, Gérard Colin, Vincent Copyloff, Tico da Costa, José da Rocha, Daphné Dauvillier, Monique de Saint-Ghislain, Michèle Deschamps, Catherine Duvauchelle, Anne Dijon, Dominique Dubé, Philippe Fabre, Laure Fauchard, Jean Ferry, Françoise Fognini, Luc Fouarge, Sara Fracchia, Sylviane Friederich, Claudine Gross, Christophe Guiot, Georges Grunenwald, Gerald Henry, Jacotte Houplain, Dominique Javel, Gilles Jucla, Camille Julien, Elisabeth Kerhervé, Sophie Khiar, Suzy Kremp, Elisabeth Kerherve, Michel Kirch, Noémie Knauss, Anne Lebeaupin, Francine Leca, Martine Legrand, Joël Le Maux, Brigitte Le Meur, Michèle Lemoux, Adèle Le Roux, Marc Loescher, Yanou Loescher, Yves Lesieur, Laura Limido, Laura Littardi, Marcelo Luniere, Frédérique Machy, Henri Magne, Odile Magne, Brigitte Maillard, Myra Mandana, Germaine Mandelsaft, Pascal Mary, José Matos Da Silva, Nicole Montineri, Nathalie Morel, Jean-François Mousseau, Christine Mysselin, Pierre Myszkowski, Marie-Aude Nallard, Alzeny Nelo, Paulo-henrique Nelo Farias, Caroline Neumann-Nassoy, Salim Nour, Jeanne Orient, Ossiane, Richard Palomo, Monica Passos, Francis Pearron, Michèle Pérez, Paule Pérez, Brigitte Pery-Eveno, Benoît Philippe, Pierre Philippon, Fabienne Piotet, Monica Plaza, Hélène Poincin, Macha Polivka, Mariana Polivka, Felipe Quaglietta, Ligia Quaglietta, Isabelle Prost, Marie Reveillaud, Virginia Rigot-Muller, Bénédicte Rivet, Francisco Rocco, Henri-Pierre Rodriguez, Marie-Pascale Rogier, Fabiola Ruggiero, Jean-Paul Sabatier, Julia Sarr, Nourdine Senoussi, Anne-Lise Schmitt, Kyara Schmitt-Luniere, Chantal Sciubukgian, Guta Severino Clerisse, Ivan Silva, Gérard Simoes, Catherine Smet, Hervé Stanciu, Françoise Tartainville, Nuno Teixeira, Jérôme Teyssier, Stéphane Thomas, Claude Touili, Valerio Vantaggi, Céline Villette, Angelo Visconti, Jean-Louis Wiart, Annie Yankébian, Nicolas Zeller, Xavier Zimbardo. Voici le premier disque de Do Montebello, artiste à l’âme vagabonde, dont la poésie sensible et onirique questionne l’humanité en profondeur sur son rapport au monde et à la vie. Une œuvre produite avec le talent et la rigueur de Jean-Louis Wiart (Axolotl jazz), pour laquelle Do Montebello s’est entourée du guitariste et arrangeur Sergio Farias (Edu Lobo, Márcio Faraco, Dominique Fillon, San Severino) et du pianiste Patrick Favre («Valse nomade», « Humanidade » et « Origines », sur le label La Lichère). Un disque d’une rare justesse, voluptueux, organique et aérien, dans lequel l’auditeur se laisse bercer avec quiétude par des mélopées savoureuses aux confins du jazz et des musiques brésiliennes. Augustin BONDOUX. This is the first album from Do Montebello, an artist with a nomad soul whose sensitive, dreamily poetic songs raise deep questions for humanity about our relationships with the world and life. The production owes much to the talent and rigour of Jean-Louis Wiart (AxolOtl Jazz), and Do Montebello is accompanied here by guitarist and arranger Sergio Farias (Edu Lobo, Márcio Faraco, Dominique Fillon, San Severino), and pianist Patrick Favre (cf. "Valse nomade", "Humanidade" and "Origines", on the La Lichère label). A rare record, precise, voluptuous, organic and ethereal, which cradles the listener in songs whose savours lie at the confines of jazz and Brazilian music. Augustin BONDOUX. CD Adamah, Do Montebello © Frémeaux & Associés 2014 PRESSE Interview de Do Montebello sur Culturebox (France télévisions) par Annie YANBEKIAN La chanteuse Do Montebello a sorti au printemps son premier album intitulé "Adamah", un disque poétique, politique, empreint de ses convictions écologistes et de ses inquiétudes pour l'avenir de la Terre. Elle présente ce disque très brésilien, essentiellement enregistré en portugais, trois soirs de suite à Paris. Rencontre avec une citoyenne du monde. Native d'Albi, installée à Paris depuis des années, Do Montebello a grandi bercée par les musiques arabo-andalouses, la chanson française puis le jazz, avant que son cœur ne s'ancre au Brésil où elle a passé plusieurs années. Chanteuse voyageuse et baroudeuse, voyant la nature de plus en plus malmenée, cette écologiste dans l'âme a pensé ce disque comme un appel à destination de ses prochains, les enjoignant à se souvenir de leur connexion avec la nature et à reprendre leurs esprits avant qu'il ne soit trop tard. Dans son disque, Do Montebello signe les paroles portugaises de chansons composées par le pianiste Patrice Favre et les guitaristes Sergio Farias et Ivans Silva. L'album comporte aussi une chanson de Luis Gonzaga ("Juazeiro") et deux de Tico Da Costa ("Estrelas", "Travessas dos Calafates"). Presque tout le disque est en portugais - le livret du CD renferme les traductions - excepté un titre en anglais ("Mankind has its way") et un couplet de la chanson "Adamah" récité en français. - Culturebox : Que signifie "Adamah" ? - Do Montebello : C'est un terme hébreu qui parle de la terre rouge dans laquelle l'Adam, c'est-à-dire le coeur de la vie, l'être, est enfermé. Il est dedans et à un moment donné, cette terre le nourrit, le fabrique. L'être est à la fois fabriqué de cet Adamah et s'en nourrit. J'ai voulu à la fois crier mon amour pour cette Terre et le péril que nous lui faisons vivre. - Pourquoi avoir employé l'hébreu ? - Parce que ce mot est venu, je l'ai rêvé, curieusement. Je me suis réveillée avec ce mot, je suis allée voir ce qu'il voulait dire. Or je connais très peu l'hébreu. Je connais surtout, comme tout le monde, la magnificence de certains auteurs, les Écritures, j'essaye de comprendre un peu, même si je suis néophyte. - Avez-vous écrit les paroles directement en portugais ? - Absolument. Pour rappeler une phrase de Valéry, le premier vers est un don des dieux. C'est comme pour le mot "Adamah". Quand cela me vient, je le prends, comme un enfant. On ne le choisit pas, on est choisi. Je suis le canal. Quand j'ai reçu par exemple les mots "Terra, você me devora" (première phrase de la chanson "Terra", ndlr), je n'ai pas pensé une seconde "Terre, tu me dévores". C'est venu en portugais, comme tout le reste. Je parle tout le temps le portugais. Je le parle à la maison. - Et la musique brésilienne est le genre musical de prédilection dans lequel vous vous exprimez depuis des années... - Quand j'entend les accords de la musique brésilienne, j'ai l'impression de nager dans des draps en soie ! Je ne vais pas me priver de luxe ! Surtout que c'est un luxe gratuit, une chose vaporeuse, subtile, intelligente, fine, racée... Je ne vais pas dire non à ça, je ne peux pas. - Toutes les chansons vous sont-elles inspirées par des vers et des mots ? - Oui, ou par des images. Patrick Favre (pianiste et compositeur, ndlr) me dit souvent que dans mes textes, on voit des séquences de films. J'ai toujours des images qui me viennent. C'est le cas pour "Hilda Francisco Acena", le texte que j'ai écrit pour les migrants. La première image qui m'est venue, c'est une fille qui marchait, que je voyais de dos. Il s'avère que la photographe Clara Antonelli, qui a travaillé pour l'album, avait photographié une femme de dos qui m'a interpellée et m'a rappelé cette image (la photo illustre les paroles dans le livret du CD, ndlr). Pour moi, migrer, ça ne veut pas dire se courber, ça veut dire regarder vers son destin. C'est l'image que j'ai eue, cette femme face à son destin. - Votre disque semble donc raconter une véritable histoire... - C'est venu comment on fabrique un enfant, c'est d'abord un ovule et un spermatozoïde. Quand la vie naît, l'ovule n'est pas passif, contrairement à ce qu'on croit. Tous les principes sont actifs, homme, femme. Les chansons se sont fabriquées comme un être humain. Petit à petit, la terre Adamah s'est faite. L'être Adamah s'est fait. L'album s'est fait. - L'enchaînement des chansons était donc mûrement réfléchi... - J'ai voulu commencer par les courants ("Correnteza"), je crois que nous ne sommes que courants. Le sang qui circule, la salive que nous avalons, les larmes que nous versons... La mer humaine ("Mar humana"), c'est aussi ça, un mouvement, comme la musicalité ("Musicalidade"). Ensuite, l'ancrage. De ce mouvement, naissent les choses, les arbres ("Juazeiro" de Luis Gonzaga, "Aveleira"), les forêts primaires... Ensuite, parler du péril. Donc il y a "Adamah". Puis "Hilda Francisco Acena", pour parler de ces migrants qui viennent nous aider, et sur qui on tire à bout portant. - C'est alors que surgit un titre en anglais. Pourquoi ce choix ? - Parce que quand on ne ratifie pas les accords de Kyoto et qu'on s'appelle l'Amérique, quand on est aussi intelligent que ce pays, je veux croire que les Américains portent en eux une force incroyable de retournement, qu'ils peuvent nous surprendre. J'ai voulu leur dire en anglais ce qu'ils pouvaient entendre, et ce vers, "Mankind has its own way", m'est venu ainsi. C'était politique. Bien sûr, l'humanité a ses raisons, et le sang existe dans la naissance comme dans le crime, nous ne sommes qu'à notre balbutiement d'existence. Je demande à cette Amérique de bien vouloir amener le monde à évoluer, puisque c'est elle qui a la parole forte actuellement, qu'on le veuille ou pas. - Le disque s'achève sur une touche plus optimiste... - Il arrive cette chose incroyable, au-delà du péril qui plane... "Estrelas", c'est quand on peut regarder la voûte étoilée, ces étoiles qui guident nos pas et qu'on devrait regarder tout le temps, comme dit Tico Da Costa, l'auteur de la chanson. Enfin, "Minas", c'est cette Terre qui m'a tellement appris. Et "Travessas dos Calafates" parle de ces bateaux, les jangadas, qui prennent la mer. Avant, les barques étaient réparées avec du goudron et de l'étoupe, cette espèce de chanvre : pour ne pas que le bateau prenne l'eau, on le "calfatait". Tico compare les calfats à son père qui avait réparé sa guitare pour qu'elle prenne la haute mer... C'est une très belle image. Et en effet, j'ai envie de dire que je suis optimiste parce que je pense que les millions de personnes que nous sommes sont beaucoup plus nombreuses que les intrigants au pouvoir. J'espère que cela nous donnera la chance, à un moment donné, de renverser la vapeur. Par Annie Yanbékian - CULTUREBOX |
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