Anthologie des Musiques de Danse du Monde Volume 1 : Europe et Amérique du Nord
Coffret de 10 CD
Jazz années 20-30 Charleston, Black Bottom, Swing… Jazz années 40-50 Lindy Hop, Boogie… Rock and Roll 1953-1959 Slow 1945-1959 Valse Musette années 20 et 30 Valse Musette années 40 et 50 Javas 1939-1959 Polkas et Mazurkas du bal populaire français Valses en tous genres 1931-1959 Valse lente, anglaise, “couleur locale”, “1900”, créole, française… Valse Viennoise 1930-1959 et “à la viennoise” Cancan… 1951-1959 Quadrilles, Galops, Polkas rapides…
Frémeaux & Associés présente sous la direction de Noël Hervé réalisé par Benjamin Goldenstein Avec : Philippe Baudoin, Franck Bergerot, Bruno Blum, Dany Lallemand, Isabelle Marquis, Alain Tomas, Pierre-Marcel Ondher
De tous temps, la danse a été rythmée par la musique, et les danseurs ont toujours attendu des musiciens qu’ils leur donnent le meilleur de leur art. Dans cet échange, la danse – véritable représentation physique de la musique – s’est développée pour être aujourd’hui un art à part entière. Le jazz, le rock, le tango, ainsi que bien d’autres expressions musicales majeures, devenues musiques de concert, de spectacle, de film... n’auraient sans doute jamais existé si la danse n’en avait pas été la fonction première. Une musique composée et jouée pour la danse doit absolument requérir toutes les qualités pour toucher tout à la fois le corps, le cœur et l’âme. Cette collection de musiques de danse du monde, réalisée grâce à la contribution des spécialistes de chaque domaine, le confirme et le démontre. Pour la première fois est ainsi réuni un panorama historique, présenté par esthétique, des classiques incontournables de la danse, spécialement pensé pour magnifier la relation des danseurs à la musique. Noël Hervé & Patrick Frémeaux
Throughout the ages, people have danced to the rhythms of music, and dancers have always expected musicians to perform at their artistic best. In their exchanges, dancing – music’s authentic physical representation – has today developed into an entirely separate art-form. Jazz, rock, tango – and many other major forms of musical expression now familiar in concerts, shows or films – would doubtless have never existed if dancing hadn’t been music’s primary function. To reach the body, heart and soul at the same time, music composed and played for dancing fully requires all of music’s qualities. This collection of dances from around the world – an anthology selected by specialists in each one of these styles – proves how true this is, thanks to the best titles in dance-history. The selections here, sorted by aesthetic form, were chosen with one thing in mind: to show the relationship between dancing and music. Noël Hervé & Patrick Frémeaux
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REVUE DE PRESSE "Coffret 10 CD : Anthologie des musiques de danse du monde - Volume 1. Europe et Amérique du Nord" par Michel LAROCHE - ON MAG
Vol. 1. Jazz. Années 20-30 Jazz, charleston, black bottom, swing… Durée : 1h 5’ 24’’
Le premier CD de cette anthologie monumentale (le premier volume comporte dix CDs) couvre les danses des années 20-30, soit le charleston, le black bottom (un Spike Jones hilarant), le lindy hop, le jitterbug, le lambeth walk et le swing. Une belle occasion d’écouter, mais aussi de danser, car ça vous met des fourmis quelque part, avec des orchestres qui comportent la crème des musiciens. Les énumérer reviendrait à recopier le dictionnaire du jazz. Sachez quand même qu’il ya le Duke, Artie Shaw, Fletcher Henderson, Johnny Hodges, Benny Goodman, Chick Webb, Jimmie Lunceford, Glenn Miller et que parmi les musicos, on trouve des Cootie Williams, Ben Webster, Roy Eldridge ou Ella Fitzgerald, entre autres. C’est l’époque des grands big bands. Des airs que même les plus jeunes ont déjà rencontrés, ne serait-ce qu’occasionnellement, car on les entend partout. Ainsi « Christopher Columbus », « Sing sing sing » ou « In the Mood ». Impossible de rester en place avec ce CD, mais de quoi se réjouir les oreilles.
Le deuxième CD, lui aussi de vingt titres, comme tous les autres, est du même domaine, sauf que les big bands se raréfient – il reste encore ceux du Duke, de Lionel Hampton, de Count Basie, de Tommy Dorsey, de Louis Jordan, de Cab Calloway, de Quincy Jones – mais la tendance est aux formations plus réduites, quintets et autres. Mais écoutez un peu le « Blue Stompin ‘ » de Hal Singer, ils sont cinq et jouent comme s’ils étaient quinze. Là aussi, des musicos exceptionnels, des Earl Bostic, Ernie Fields, Tiny Grimes, Benny Golson, Paul Chambers ou Art Blakey, en plus de ceux cités précédemment. Parmi eux, le premier disque soixante-dix-huit tours que j’achetai d’occasion à treize ans pour épater ma cousine : « Martinique », de Teddy Buckner. Ces musiques afro-américaines de danse annonçaient le rock ‘n roll qui allait arriver, et, souvent, procédaient déjà du même esprit. Breaks spectaculaires qui faisaient espérer la note qui allait continuer la mélodie. Et accentuation du deuxième temps. Le retour du boogie-woogie convergeait vers ce point futur, le rock. En attendant, on lindy hopait, on bebopait, mais c’était de la même farine. Des musiques entraînantes qui, surtout, évitaient l’esprit de la guerre et distillaient de la bonne humeur. Et de la liberté loin des corsets puritains. Et dans ces combats, les Afro-Américains n’étaient pas les derniers… Le CD en regorge.
Vol. 3. Rock and roll. 1953-1959 Rock and roll Durée : 53’ 43’’
“A-wop-bop-a-loo-bop-a-lop-bom-boo”, c’est comme ça que ça a commencé et c’est aussi comme ça que commence le troisième CD de cette anthologie de la danse. Après Little Richard, l’allumé de choc, arrivent Bill Haley, Chuck Berry, Elvis Presley et la suite. Ceux qui faisaient du rock depuis des lustres, Big Joe Turner, Fats Domino, Bill Doggett, Louis Jordan, Louis Prima et ceux qui se distinguent maintenant, Buddy Holly, Eddie Cochran, Gene Vincent, Jerry Lee Lewis, et puis les incontournables comme Ray Charles. Et ça y va du saxo en délire, du piano et de la guitare électrique qui ne sentent plus. Ah, ça changeait des « Roses blanches » de Berthe Sylva ! Le rock and roll, outre que c’était différent de la musique des aînés, cela apportait un souffle nouveau, un air de liberté, comme disait d’Ormesson en parlant d’autre chose, une volonté d’être (mais peu l’avaient alors compris), qui venait des Afro-Américains et dont Elvis n’était qu’une pâle copie. La volonté de vivre comme des hommes et de ne plus être enrégimentés. Le livret intelligent d’Alain Tomas et le choix des titres sont symptomatiques d’une excellente compréhension de ce qu’a été le phénomène rock.
Vol. 4. Slow. 1945-1959 Slow Durée : 56’ 19’’
« Only You », « Petite fleur », « Blueberry Hill », rien à dire, ça part sur les chapeaux de roues, pour ce quatrième tome consacré au slow. Ah, nous en avons usé des chaussures italiennes effilées (ou des ballerines), sur ces tubes faits essentiellement, ne nous cachons pas les yeux, pour se rouler des pelles et se (faire) peloter – la version féminine est entre parenthèses. Le but du jeu, c’est vrai, était davantage dédié à Aphrodite qu’à Terpsichore. Cela dit n’enlève rien à la qualité musicale des morceaux et le choix des titres, ainsi que le livret, écrit aussi par Alain Tomas, sont d’une rare perfection. De Nat King Cole à Dinah Washington, ce CD passe en revue les hits qui forment l’apogée de la « danse à deux » que constitue le slow. Car on n’a pas fait mieux, en fait de danse, que le slow pour le rapprochement des peuples, que ce soit le « Moonlight Serenade » de Glenn Miller ou le « Bad Boy » de Clarence Palmer.
Place aux trois temps avec le cinquième CD de cette anthologie. On arrive à la valse et l’on change d’instrument. La cabrette des Auvergnats de Paris sera remplacée par l’accordéon des immigrés italiens, non sans difficultés, les immigrés étant (la connerie n’a pas d’âge ni de nationalité) des gens dangereux pour ceux qui sont en place. Ce CD reprend les titres des années vingt et trente. Une période où deux écoles vont s’affronter, celle de l’accordéon vulgaire, désaccordé et poissard, héritier des bals de mauvais garçons, et celle du bel accordéon, brillant, plus aérien qui admet que le banjo (joué par un débutant à l’orthographe hésitante, un certain Jiango Renard) cède la place à la guitare, que la pissotière (le porte-voix) soit remplacée par le micro, que la cadence bien marquée, sautillante et vibrante, devienne fluide et que le swing musette conquière ses lettres de noblesse, avec Gus Viseur, par exemple. Avec la présence impressionnante des guitaristes comme la famille Ferret (écoutez le départ de « Brise napolitaine », avec Baro au manche), ou Gusti Malha dans la superbe « Valse des niglots ». Cette période voit les deux écoles se disputer les faveurs du public qui, bien des fois, n’a pas le meilleur goût. Mais le choix effectué par Franck Bergerot, sans ostracisme, fait la part belle aux belles mélodies.
Ce CD, le sixième, continue historiquement le précédent. La valse musette a conquis le public, avant de se faire balayer par le rock, et le bel accordéon se déploie. Les grands maîtres sont là (Gus Viseur, bien sûr, mais aussi Jo Privat, Tony Murena ou Marcel Azzolla) qui doivent se battre contre les marchands de soupe pour faire triompher leur conception du bel accordéon. C’est « Indifférence », « Swing valse », « Sa préférée », « Délicatesse », « Flambée montalbanaise », « Passion », « Mystérieuse » ou « Nuit blanche ». Ou encore « Coin de rue » ou « L’âme des poètes » du grand Charles. Ou encore le magique « Mon amant de St Jean ». Le choix fait par Franck Bergerot évite les danses du balai et autres succès commerciaux de . l’époque, qui ont fait tant de mal à l’instrument.
Vol. 7. Javas. 1939-1959 Javas. Polkas et Mazurkas du bal populaire français Durée : 51’ 31’
Le tome 7 est consacré aux javas, aux mazurkas et aux polkas du bal populaire français, le paso-doble et le tango y étant bien pâles aux côtés de leurs homologues respectivement espagnols et argentins, qui seront dans le second volume de cette anthologie des musiques de danse du monde. Le choix des morceaux nous a évité la grosse cavalerie et nous donne des airs musicaux de qualité avec les accordéonistes sus-nommés : MarcelAzzolla, Gus Viseur, Tony Murena, Jo Privat. Des mazurkas brillantes, comme la « Migliavacca » ou la « Mazurka des champions ». Des javas, toujours à trois temps, qui appartiennent au folklore fantasmé du pays, avec ses voyous et leurs voyelles, « La Bague à Jules », « La Belote », «Le p’tit bal du sam’di soir » et « Rue de Lappe ». A noter une Java 43, avec Andrex au micro, peu connue et qui résume bien la vie sous l’Occupation. Des polkas enfin, à deux temps, piquées ou pas, à variations, que les plus grands accordéonistes pouvaient se défier de jouer en combats singuliers. Avec les inévitables « Perles de cristal ». L’ensemble est cohérent et virtuose.
Le huitième tome en décevra certains. Probablement, même, ils diront que c’est de la soupe. Mais les amateurs de musique légère, comme on disait, de grands orchestres de violons, ainsi que les danseurs, apprécieront ce tome réservé aux valses, disons, populaires. Sont convoqués les grands orchestres comme celui d’Annunzio Mantovani, qu’on entend aussi bien dans du Georges Auric (« Moulin Rouge ») que dans le célèbre « Ramona », comme celui de Barnabas von Geczy, qui joue aussi bien des « Noces bavaroises » que la valse créole « Mon amour t’appartient » ou encore de Werner Müller (« Valse du Tennessee », « Joli Ohio ») qui signe aussi un « La Seine », mais sous le nom de Ricardo Santos. Car l’exotisme y est de pacotille et ce sont pas les Hawaiens de contrebande de Tau Moe qui peuvent prétendre le contraire. Peu importe, pour danser, c’est idéal et les violonades du Grand Orchestre Bohémien s’adaptent bien à « Fascination » (Je t’ai rencontrée simplement) et le « petit cœur de Ninon » se dévoile joliment sous « Mon Trésor ».
Même musique dite légère, avec de grands orchestres de violons, pas les orchestres symphoniques du Nouvel An mais bien plutôt des orchestres comme ceux du CD précédent. Certains sont les mêmes, d’ailleurs, (Marek Weber). De grands auteurs de la musique classique comme Johann Strauss (« Sang viennois », « Valse de l’empereur », « Roses du sud », « Histoires de la forêt viennoise ») ou Emile Waldteufel (la célébrissime « Valse des patineurs ») et de l’opérette comme Imre Kalman (« Princesse Czardas »). Pour les danseurs, c’est le rêve, bien sûr. Pour les mélomanes, on reste un peu trop dans une imagerie digne des contes de fées, de l’Autriche-Hongrie de Sissi impératrice ou des mariages monégasques ou britanniques. C’est comme les choux à la crème, quand on en mange trop, on est vite saturé. Et le sucre et le miel, c’est très mauvais pour la santé.
Le tome 10, consacré à des musiques de danse convenant à merveille aux farandoles et chahuts pour relancer l’ambiance lors de soirées qui ont tendance à s’enliser, fait la part belle aux grands noms du style : les frères Strauss, tout d’abord, Johann, Josef et Eduard, qui occupent le maximum du CD, puis Jacques Offenbach, l’as de la musique joyeuse et entraînante de la fin du XIXème, ou Rossini, dans un cancan-galop très étonnant, mais aussi par des compositeurs plus obscurs. Ces musiques légères, ces musiques d’opérette (« La vie parisienne », « Le baron tzigane », « Geneviève de Brabant », sont jouées par de grands orchestres, parfois très grands (Orchestre de Philadelphie, Orchestres d’Etat du Wurtemberg ou de Vienne, mais également par des formations plus modestes. Du côté des curiosités, on notera un siffleur exceptionnel, Johnny Nelson, sur un « Tritsch-Tratsch de Johann Strauss, qui en surprendra plus d’un. L’ensemble de ce premier volume de dix CDs est plutôt satisfaisant, et l’on attend avec curiosité le second, qui couvrira le reste du monde (Boléro, Tango, Samba, Calypso, Biguine, Danses espagnoles, etc….) par Michel LAROCHE - ON MAG